La Grande Guerre | l'Encyclopédie Canadienne

Éditorial

La Grande Guerre

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Chaque nation qui s’engage dans une guerre en ressort changée et diminuée sur plusieurs plans. Certains coûts, tels que les pertes humaines et financières directes, sont évidents. Plus tardivement, d’autres font surface tels que les marques émotionnelles et psychologiques de ceux qui ont survécus, ainsi les rémanences des répercussions sur une société dont nombre de ses meilleurs et plus brillants éléments ont été arrachés subitement et ne reviendront jamais.

Cela fut le cas pour le Canada, malgré le fait que le pays ait été du côté gagnant pour les deux guerres mondiales du siècle dernier. Peu d’historiens ont décrit les conséquences plus en profondeur et avec plus de compétences que Tim Cook. Auteur de cinq livres sur le sujet et de nombreux essais, il est professeur auxiliaire de recherches à l’Université Carleton à Ottawa et le directeur des recherches au Musée canadien de la guerre.

Comme il l’a écrit : « la Grande Guerre a changé le Canada à tout jamais ». Une nation de moins de huit millions de personnes en 1914 a envoyé 630 000 de ses habitants à la guerre, dont plus de 66 000 sont décédés. D’un autre côté, une guerre combattue à cause du soutien indéfectible du Canada pour la Grande Bretagne et s’est conclue avec un plus grand sentiment d’indépendance du pays. Chaque canadien a été touché d’une manière ou d’une autre. Comme nous pouvons le voir dans ces essais sur le 100 ème anniversaire du début de la guerre, le conflit a changé notre pays et le monde pour toujours ; d’une manière qui s’en ressent encore à présent.

Anthony Wilson-Smith

Les soldats du Canada

Le Canada avait une armée professionnelle de seulement 3 100 hommes lorsque le pays s’est retrouvé en guerre en 1914. Le Corps expéditionnaire canadien consistait de soldats citoyens de tout le Dominion.

Des hommes engagés par goût de l’aventure, à cause de la pression mise par des amis ou des représentants de l’autorité, pour échapper à des métiers ingrats ou à une vie de famille malheureuse et parce qu’il était communément pensé que la guerre serait terminée avant Noël. Cependant, en quelques mois, mitrailleuses, carabines et artillerie en ont tué des centaines de milliers sur les fronts de l’Ouest. Pourtant, même s’il paraissait que la guerre était sans fin, les Canadiens continuaient de s’engager par dizaines de milliers jusqu’à la fin de 1916, ce qui indiquait que beaucoup croyaient en la justesse de la guerre. D’autres s’engagèrent simplement pour bien d’autres raisons comme le fait de servir en uniforme et de toucher un salaire stable de 1,10 $ par jour pour les soldats.

Les 425 000 Canadiens qui ont été envoyés outremer ont payé le prix fort pour leur service avec un nombre total de morts et de blessés s’élevant à 234 741.

Pistolets et jardins

La Première Guerre mondiale s’est immiscée dans tous les aspects de la vie des enfants. À l’école, on apprenait aux élèves que l’Empire britannique combattait pour la liberté contre le mal et les « Huns » militaires allemands.

On encourageait les filles à se réunir en groupe de couture. Des récits patriotiques circulaient sur la jeunesse généreuse qui cultivait des Jardins de la victoire, et des bannières dans les écoles prônaient que la jeunesse du Dominion combattait l’Allemagne de Kaiser à coups d’artichauts et de betteraves avec leurs Légumes de la victoire.

Quelques 20 000 garçons mineurs s’engagèrent même pour servir outremer. Des milliers ont servis dans les tranchés dont un garçon de 12 ans. À la fin de la guerre, prêt de 2 000 soldats canadiens mineurs furent tués.

Art, film et photos

A. Y. Jackson, Maisons d’Ypres, 1917

Le Bureau canadien des archives de guerre envoyait des photographes, des peintres et des cinématographes sur les fronts pour capturer les actions des soldats pour l’Histoire.

Les photographes canadiens ont commencé à prendre en photo plus de 6 500 images de l’évidence flagrante de la destruction et de l’héroïsme des soldats canadiens dans les tranchées. Des cameramen de films de combat ont aussi déambulé sur les fronts et les arrières.

Les Canadiens A.Y. Jackson, William Beatty, C.W. Simpson, Arthur Lismer, Frank Johnston, et F.H. Varley, faisaient partie de ceux engagés pour peindre la guerre. Cette opportunité rare a eu une influence profonde sur les carrières post-guerre des artistes et dans le développement de l’art canadien.

Guerre aérienne

W.A. Bishop

« L’avion est une invention du diable et ne jouera jamais un rôle important dans tout affaire sérieuse que ce soit pour la défense de la nation » s’était indigné le ministre canadien de la Milice et de la Défense, Sam Hughes, au début de la Première Guerre mondiale. En fait, les avions subirent une évolution technologique massive durant la guerre et ont changés à jamais la nature de la guerre.

Le Canadien William Barker devint le pilote éclaireur le plus brillant sur le Front italien en se voyant décerner la croix de Victoria.

Raymond Collishaw commanda un groupe de quatre autres Canadiens qui étaient connus sous le nom de « Black Flight » qui combattaient la crème des forces armées allemandes, ils formaient une équipe fatale.

Encore plus célèbre, le canadien William ‘Billy’ Bishop qui s’avéra être un observateur courageux face aux lignes ennemies. Bishop a terminé la guerre en en ayant tué 72, le second plus important nombre de l’empire britannique.

Dirigeants

La plupart des officiers supérieurs du Corps expéditionnaire canadien (CEC) étaient pris parmi la classe moyenne du pays ; ils étaient avocats, ingénieurs, soldats professionnels, hommes d’affaires, fermiers et il y avait même un dentiste. Ces hommes guidaient les forces combattantes du Canada dans la guerre la plus coûteuse que le Dominon n’ait jamais connu.

Le ministre canadien de la Milice et de la Défense, Sam Hughes, choisissait initialement les commandants les plus supérieurs du CEC. Les trois nominations les plus importantes appointées par Hugues étaient les trois brigadiers d’infanterie du CEC : Malcolm Mercer, Richard Turner, et Arthur Currie. Chacun commanda une brigande de quatre bataillons d’infanterie, environ 4 000 hommes au total (et en 1917 Currie prit sous sa responsabilité la commande générale du Corps canadien, la force combattante principale du Canada).

Les brigadiers rassemblèrent des officiers d’état-major qui les assistèrent dans les tâches administratives cruciales. Ces officiers d’état-major étaient d’importance vitale pour assurer une formation appropriée, un mouvement efficace d’hommes et de matériel ainsi que suivre les ordres des commandants et les traduire dans en des tâches concrètes. Nombre des officiers d’état-major étaient des soldats professionnels nés britanniques, prêtés aux Canadiens. Une fois les Canadiens suffisamment matures dans leurs rôles, ils prirent les commandes et les postes d’état-major.

Résoudre les tranchées

WWI-Vimy-troops

Le Corps canadien, une force de 100 000 soldats en fin 1916, s’est battu pendant toute la guerre sur le Front de l’ouest. Le Front stagnait alors que les vastes armées se confrontaient les unes aux autres dans des forteresses souterraines à travers ce qui ressemblait à des champs de bataille vides. Sortir à la surface était une invitation à la mort en masse, tel que le témoignent les batailles de 1914-1916.

Mais la guerre, dans son progrès, a vu les armées introduire de nouvelles armes et tactiques pour tenter de mettre fin à l’impasse. Les Canadiens étaient à l’avant-garde de cette évolution, gagnant ainsi une réputation de troupes de choc dont les innovations ont aidé dans le casse-tête des tranchées.

Ces réformes étaient la base de victoires telles que celles de la crête de Vimy en 1917 et plus tard celle d’Amiens en 1918. Cette opération était le point culminant de quatre ans de réformes tactiques, soudées par une stratégie interarmées qui a vu l’avance de l’infanterie derrière des barrages d’infanterie insidieux ayant des chars d’assauts, des véhicules blindés avançant, des avions de chasse bombardant des cibles au sol et informant les quartiers généraux sur les avances ou les cibles ennemies, les mitrailleuses et les tirs au mortier ainsi que les agents chimiques qui accroissaient l’épuisement des positions ennemies.