Kay Livingstone | l'Encyclopédie Canadienne

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Kay Livingstone

Kathleen (Kay) Livingstone (née Jenkins), organisatrice et militante, animatrice radio, actrice (née le 13 octobre 1919 à London, en Ontario; décédée le 25 juillet 1975). En 1951, Kay Livingstone fonde la Canadian Negro Women’s Association et en 1973, elle organise le premier congrès des femmes noires du Canada. Animatrice radio et actrice de renom, Kay Livingstone dévoue une bonne partie de sa vie et de son énergie au militantisme et à l’organisation. Son travail acharné pour encourager la tenue d’une discussion nationale autour de la position des citoyens racialisés dans la société, en particulier des femmes noires, pousse Kay Livingstone à inventer l’expression minorité visible en 1975.

Kay Livingstone
Timbre de la Société canadienne des postes à l’effigie de Kay Livingstone, émis en 2018.

Enfance et carrière

Kay Livingstone est l’un des huit enfants de James et Christina Jenkins. James Jenkins est juge auxiliaire à London, au sein de la cour juvénile de l’Ontario. Lui et Christina publient The Dawn of Tomorrow, un journal destiné à la communauté noire. Quand James meurt en 1931, Christina et les enfants continuent de publier le journal.

Très tôt, Kay Livingstone manifeste un intérêt pour les arts de la scène. Elle étudie au Conservatoire royal de musique de Toronto et au Ottawa College of Music où elle suit des cours de diction.

Durant la Deuxième Guerre mondiale, Kay Livingstone travaille pour le Bureau fédéral de la statistique à Ottawa.

Pendant qu’elle vit à Ottawa, Kay Livingstone anime l’émission de radio The Kathleen Livingstone Show. Quand elle déménage à Toronto, elle continue d’animer des émissions de radio pour plusieurs stations, dont Radio-Canada. À cette époque, elle travaille comme actrice professionnelle et amatrice pour le cinéma et la télévision, travail qu’elle continue durant de longues années.

Canadian Negro Women’s Association

À Toronto, Kay Livingstone rejoint les Dilettantes, un petit club social pour femmes noires de la classe moyenne qui organise des goûters et des garden-party. Peu de temps après s’être jointe au club en 1950, Kay contribue à changer le nom et le mandat du groupe; en 1951, les Dilettantes deviennent le Canadian Negro Women’s Club (plus tard rebaptisé la Canadian Negro Women’s Association, ou CANEWA). Kay devient la première présidente de CANEWA. Elle reste en poste jusqu’en 1953. Le mandat de l’association est « de prendre conscience, d’apprécier et de vanter les mérites » des Canadiens noirs.

Sous la direction de Kay Livingstone, CANEWA lance un programme de bourses pour les étudiants noirs, et tient des collectes de fonds comme le Calypso Carnaval (l’ancêtre du Toronto Caribbean Carnival) et la Negro History Week (qui devient le mois de l’histoire des Noirs).

LE SAVIEZ-VOUS?
Le 13 février 1950, Stanley G. Grizzle, président du département de la Fraternité des porteurs de voitures-lits du Canadien Pacifique à Toronto, organise la première semaine de l’histoire des Noirs au Canada à l’église épiscopale méthodiste britannique de Toronto. On pense que l’événement est le premier de la sorte en sol canadien. Trois conférenciers prennent la parole : Stanley Grizzle, le révérend Stewart et Kay Livingstone. L’année suivante, Kay Livingstone fonde la Canadian Negro Women’s Association (aujourd’hui le Congrès des femmes noires du Canada) qui organise des événements pour la semaine de l’histoire des Noirs pendant de nombreuses années.

Dépliant du congrès national des femmes noires, avril 1973.

Congrès des femmes noires du Canada

En 1973, Kay Livingstone organise et préside le premier congrès des femmes noires du Canada (CBWC) à Toronto, commandité par CANEWA. Le CBWC rassemble 200 femmes noires de partout au Canada, et accueille le Coloured Women’s Club de Montréal, le Black Professional Women’s Group de Dartmouth et le Black Action Movement de Winnipeg, entre autres organisations. L’objectif du CBWC est de créer un réseau national pour les femmes noires afin qu’elles puissent discuter de préoccupations communes et partager des idées. L’événement de trois jours inclut des conférenciers invités de partout au pays qui tiennent des séminaires et des ateliers sur des sujets comme l’éducation, l’immigration, la monoparentalité et la représentation des Noirs dans les médias.

En 1980, après une série de conférences données dans diverses villes à travers le Canada, le CBWC devient une organisation nationale qui compte des chapitres aux quatre coins du pays. En 1992, le CBWC met sur pied une fondation qui « fait la promotion d’activités et de programmes modèles qui encouragent l’avancement, la reconnaissance, l’histoire et l’éducation des femmes noires et de leurs familles. »

Âge mûr et carrière

Kay Livingstone travaille à titre de consultante pour le Conseil privé du Canada. Sa tâche consiste à parcourir le pays et à discuter avec des groupes de femmes en préparation pour une conférence nationale sur les communautés racialisées au Canada. On attribue souvent à Kay Livingstone l’invention de l’expression minorité visible, expression qu’elle a développée en travaillant sur ce projet. Selon l’auteure Marcia Wharton-Zaretsky, l’expression « devient un outil organisationnel que les membres [de CANEWA] peuvent utiliser pour contester des pratiques institutionnelles injustes en éducation, en maintien de l’ordre et en immigration. Même si l’expression est aujourd’hui un sujet de controverse, à l’époque… elle est perçue comme un descriptif ‘radical’ de leur situation dans la société canadienne. »

En pleine préparation du colloque, Kay Livingstone meurt soudainement le 25 juillet 1975.

Vie personnelle
En 1942, Kay Livingstone épouse George Livingstone. Le couple a deux filles et trois fils.

Héritage

À la suite du décès de Kay, la journaliste et éditrice Carrie Best, qui a rencontré Kay Livingstone en 1975, met sur pied la Kay Livingstone Visible Minority Women’s Society, une fondation qui offre des bourses à de jeunes femmes. Le congrès des femmes noires du Canada octroie chaque année la bourse Kay Livingstone Memorial Award.

En 2011, Kay Livingstone est nommée « personne d’importance historique nationale » par le gouvernement du Canada. En novembre 2017, la Commission des lieux et monuments historiques du Canada érige une plaque dédiée à Kay Livingstone dans un parc situé sur Bedford Park Avenue à Toronto. L’année suivante, durant le mois de l’histoire des Noirs, la Société canadienne des postes émet un timbre à l’effigie de Kay Livingstone.