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Evergon

  Evergon, photographe (Niagara Falls, Ont., 1946). Cet artiste abandonne son nom de famille au début de sa carrière professionnelle.
\u00ab Terry and Big Muffin \u00bb
Evergon, 1976, impression xérographique couleur (avec la permission de l'artiste).

Evergon

  Evergon, photographe (Niagara Falls, Ont., 1946). Cet artiste abandonne son nom de famille au début de sa carrière professionnelle. Il obtient un baccalauréat en beaux-arts de l'UNIVERSITÉ MOUNT ALLISON à Sackville, au Nouveau-Brunswick, en 1970, et une maîtrise en beaux-arts du Rochester Institute of Technology en 1974. Depuis lors, Evergon a acquis une réputation internationale en tant qu'artiste et enseignant. Il est particulièrement reconnu pour son utilisation d'une gamme complète de techniques photographiques traditionnelles et innovatrices. Il explore en effet diverses techniques d'impression abandonnées depuis longtemps et utilise de façon avant-gardiste la photocopie couleur, la photographie au Polaroïd et l'holographie. Ses oeuvres font partie des collections des principaux musées du Canada et de l'étranger.

Accessoires exotiques

Parmi les diverses explorations des procédés photographiques d'Evergon, la constante que l'on trouve est son intérêt pour leurs possibilités imaginaires plutôt que documentaires. Dans ses oeuvres, Evergon dispose des modèles et des accessoires exotiques, ou fait des collages, afin de créer des tableaux s'approchant davantage des traditions de la peinture européenne que des conventions de la photographie. Tel un peintre, son intérêt pour la couleur est marqué. C'est d'ailleurs ce qui le caractérise pendant une bonne partie de sa carrière. Comme bon nombre d'artistes, Evergon travaille à des motifs successifs, réalisés à l'aide de techniques spécifiques ou dans des formats définis. Ces motifs sont regroupés au sein d'ensembles d'oeuvres connexes, dont la production s'étale souvent sur plusieurs années.

L'artiste entame sa carrière en utilisant des procédés d'impression photographique sans sels d'argent, comme la cyanotypie, puis il passe ensuite au collage avec des photocopies couleur. Après avoir travaillé avec des images polaroïd composites au début des années 80, il utilise pour la première fois, au Boston Museum of Fine Arts, un appareil Polaroïd grand format lui permettant de produire des tirages de 40 po sur 80 po. Ce format le conduit à des agencements de plus en plus théâtraux de la lumière, des costumes, des modèles et des accessoires dans ses retouches de peintures de styles Renaissance et baroque. Il explore ensuite les motifs du cirque. Plus récemment, il a créé des tableaux illustrant par des détails réalistes une race imaginaire de « Ramboys », mi-satyres, mi-aventuriers urbains. Dans ses oeuvres les plus récentes, il continue à explorer le thème des Ramboys dans des tirages en noir et blanc.

Diversité sexuelle

L'une des préoccupations de l'artiste est d'exprimer avec franchise son homosexualité, ce qu'il faisait d'abord avec audace. Participant dès les débuts au mouvement canadien pour les droits des homosexuels, Evergon joue un rôle important en tentant de créer un climat positif et ouvert face à la représentation de la diversité sexuelle au sein des institutions culturelles canadiennes. Même si l'on considère qu'une bonne partie de son oeuvre est caractérisée par l'homoérotisme, l'exploration de sa propre sexualité l'a conduit à constamment étudier la manière dont la société établit et impose une identité sexuelle, surtout en ce qui a trait à la masculinité, bien qu'il ait régulièrement travaillé avec des modèles féminins. Sa représentation directe des sujets sexuels lui a mérité un public enthousiaste tant au sein du milieu gai qu'à l'extérieur de celui-ci, de même que des détracteurs qui voient dans son oeuvre, et à juste titre, une attaque portée aux valeurs conservatrices qu'ils chérissent.

En 1989, Evergon et ses images ont été au centre d'un débat passionné sur la liberté artistique, les normes sociales et l'autonomie des institutions culturelles recevant des deniers publics. Ce débat a été soulevé par la présentation d'une rétrospective itinérante de ses oeuvres de 1971 à 1987, organisée par le Musée canadien de la photographie contemporaine la même année à Saskatoon. Fortement idiosyncratique, l'oeuvre d'Evergon n'en demeure pas moins très accessible. Populaire sans être populiste, elle explore en permanence les problèmes sociaux contemporains dans le cadre d'un discours d'une imagination profondément subjective.