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Espace Libre. Lieu de création et de diffusion voué au théâtre expérimental et à la recherche, l'Espace Libre célèbre ses trente premières années d'existence en 2009.

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Espace Libre. Lieu de création et de diffusion voué au théâtre expérimental et à la recherche, l'Espace Libre célèbre ses trente premières années d'existence en 2009. Aujourd'hui considéré comme l'un des théâtres incontournables de Montréal, on y vient l'esprit ouvert, prêt à toutes les audaces, au délire et aux expérimentations farfelues comme aux réalisations artistiques novatrices. Ses compagnies résidentes et sa direction artistique s'assurent de garder vivante la mission première du lieu, en y produisant et en y invitant des projets hors normes, amusants ou dérangeants.

Trois compagnies en devenir, le Nouveau Théâtre Expérimental (NTE), né de la scission du Théâtre Expérimental de Montréal cette année-là, Omnibus, compagnie de mime corporel, et Les Enfants du Paradis, bientôt rebaptisés CARBONE 14, s'unissent, en 1979, autour d'un projet commun : vivre et créer en un même lieu. Toutes trois identifiées au théâtre de recherche, ces troupes, pourtant distinctes par la facture de leurs productions et par leur style, sont engagées dans le renouvellement des formes et des discours théâtraux. Elles se reconnaissent un « cousinage artistique » qui les autorise à ce rapprochement. Après avoir fait l'acquisition de l'ancienne caserne 19 sur la rue Fullum, près d'Ontario, à Montréal, elles transforment l'endroit pour en faire un lieu théâtral : ce sera l'Espace Libre.

Les fondateurs, issus des trois compagnies associées, sont au nombre de huit : Jean Asselin, Denise Boulanger, Robert Claing, Danielle de Fontenay, Robert GRAVEL, Gilles Maheu, Anne-Marie Provencher et Jean-Pierre RONFARD. En novembre 1981, les travaux de rénovation achevés, a lieu l'inauguration officielle de l'Espace Libre avec la création publique des pièces IV et V du cycle Vie et mort du Roi Boiteux, une œuvre écrite et mise en scène par Ronfard, qui totalisera 15 heures de représentation et marquera notre histoire théâtrale. Un nombre impressionnant de créations inédites et d'événements artistiques feront de l'Espace Libre un carrefour de l'expérimentation tous azimut.

Parmi les spectacles mémorables des premières années, notons l'Homme rouge (1982), le Rail (1983), Hamlet-machine (1987), le Dortoir (1988), Peau, chair et os (1991) et la Forêt (1993) pour Carbone 14, Alice (1982), La dame dans l'auto avec des lunettes et un fusil (1984), le Jeu de Robin et Marion (1985) et le Cycle des rois, d'après Shakespeare (1988), pour Omnibus, et, outre le Roi Boiteux, pour le NTE : les Mille et Une Nuits (1984), Autour de Phèdre (1988), le Grand Théâtre du monde (1989), puis Durocher le milliardaire (1990), L'homme qui n'avait plus d'amis (1991) et Il n'y a plus rien (1992), une trilogie signée Robert Gravel, l'un des principaux animateurs de l'Espace Libre, avec Jean-Pierre Ronfard.

En 1994, Carbone 14 quitte l'Espace Libre et va fonder l'Usine C, où la compagnie aura désormais pignon sur rue. Les deux autres compagnies mettent alors sur pied un volet Accueil, s'assurant que les installations de l'Espace Libre seront utilisées à leur maximum durant toute l'année. On invite des compagnies et des artistes investis dans le théâtre de création à soumettre des projets. On favorise les propositions artistiques radicales et les collaborations à long terme. Le poste de direction artistique est créé à la fin des années 1990 : Diane Dubeau l'occupe jusqu'en 2002, puis Anne-Marie Provencher de 2002 à 2006; Olivier Kemeid lui succèdera. Matroni et moi (1994), Thérèse, Tom et Simon (1995), Matines : Sade au petit déjeuner (1996), la Baronne et la Truie (1998) et les Mots (1998) sont parmi les spectacles marquants créés à cette époque.

Au tournant des années 2000, l'Espace Libre est fermé temporairement pour rénovation. Entièrement transformé, modernisé, il rouvre ses portes en septembre 2002 avec une création d'Alexis Martin et Jean-Pierre Ronfard, Parade du temps qui passe. Une nouvelle dynamique est insufflée au lieu. S'y révèle notamment l'auteure Evelyne de la Chenelière, dont plusieurs textes sont produits par le NTE. Le Théâtre Il va sans dire, la compagnie Trois Tristes Tigres, le Théâtre Complice et d'autres s'y produisent. S'y tiennent également des éditions du Festival les 20 jours du théâtre à risque, du Festival de courtes pièces, du festival Les Voies du mime, la salle accueillant aussi des productions inscrites au programme du Festival de théâtre des Amériques (FTA). L'ambiance conviviale et les expériences scéniques les plus éclatées caractérisent ce théâtre.