Éducation, accès à l' | l'Encyclopédie Canadienne

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Éducation, accès à l'

Avant l'apparition de l'école élémentaire publique obligatoire au début du XIXe siècle, l'accès à l'éducation dans les sociétés de l'Europe de l'Ouest se limite généralement à certaines classes sociales. Pendant des siècles, l'éducation de base se donne principalement à la maison.

Éducation, accès à l'

Avant l'apparition de l'école élémentaire publique obligatoire au début du XIXe siècle, l'accès à l'éducation dans les sociétés de l'Europe de l'Ouest se limite généralement à certaines classes sociales. Pendant des siècles, l'éducation de base se donne principalement à la maison. La formation poussée, destinée à un groupe choisi de garçons, est la chasse gardée des guildes médiévales, des monastères et des universités élitistes. Le HAUT-CANADA et le BAS-CANADA reproduisent des formes similaires d'éducation.

L'émergence du mode capitaliste de fabrication manufacturière, qui s'accompagne d'une demande grandissante de travailleurs industriels et professionnels et de conflits de plus en plus manifestes entre les classes sociales, présente des défis de taille pour l'ordre civil et éducationnel établi. Ce sont surtout les classes possédantes qui demandent à l'État d'accroître les possibilités de formation par la création d'écoles publiques élémentaires, et cela tant pour répondre à la demande que pour contribuer à l'harmonie sociale.

Vision canadienne

Selon A. Egerton RYERSON, principal artisan du réseau d'écoles publiques du Haut-Canada, on verra dans les écoles publiques « les enfants des riches et des pauvres ... partir dans la vie sur un pied d'égalité et entretenir des sentiments de respect mutuel et de sympathie de nature à dépouiller la propriété de sa connotation de mesquinerie et de haine, et la richesse, de son arrogance et de son égoïsme ». Les revendications selon lesquelles les écoles doivent offrir des possibilités égales, et partant, assurer un ordre social démocratique tout en répondant aux besoins exprès de perfectionnement des habiletés, sont depuis ce temps au coeur du discours public dominant sur l'accès à l'éducation.

Réalisation de cette vision

Dans la réalité, les choses se passent quelque peu différemment. Si les possibilités d'accès à l'éducation augmentent en volume de manière presque constante à partir des années 1830, les progrès sont plutôt chimériques sur le plan de l'égalité entre les classes sociales, les sexes ou les ethnies.

Au milieu du XXe siècle, la plupart des enfants canadiens terminent l'école élémentaire. Seule une minorité d'entre eux poursuivent et terminent leurs études secondaires et moins de 5 p. 100 fréquentent l'UNIVERSITÉ. L'arrivée de la génération du BABY-BOOM dans une économie marquée par une croissance rapide de la demande de main-d'oeuvre qualifiée entraîne une poussée massive de la scolarisation postsecondaire durant les années 60. On assiste alors à la création des COLLÈGES COMMUNAUTAIRES, à l'agrandissement des universités existantes et à la construction de nouvelles universités. Le taux de fréquentation dans les établissements postsecondaires continue de progresser de manière constante.

Dès le début des années 90, la grande majorité des jeunes Canadiens terminent leurs études secondaires. Plus de la moitié de ces jeunes entrent au collège ou à l'université, soit un taux de fréquentation que seuls les États-Unis peuvent égaler. Le taux de participation aux programmes organisés d'ENSEIGNEMENT AUX ADULTES connaît lui aussi une croissance rapide. Il est passé d'environ 4 p. 100, en 1960, à près du tiers de la population adulte dans les années 90.

Dans ce contexte de croissance économique et de changements technologiques, le mot d'ordre de l'accès à l'éducation devient « l'apprentissage permanent ». Toutefois, plus le niveau de scolarité et la classe ou le statut social du père sont élevés, plus le nombre d'années de scolarité des enfants risque d'être élevé. Les chances d'atteindre le niveau postsecondaire demeurent au moins deux fois plus grandes pour ceux dont les parents ont fait des études postsecondaires que pour ceux dont les parents n'ont pas dépassé la dixième année.

Bon nombre de minorités visibles, comme les AUTOCHTONES et les NOIRS, affichent encore des taux de décrochage scolaire beaucoup plus élevés que la moyenne. Les femmes, quant à elles, reviennent de loin. Leur champ d'études, d'abord centré principalement sur les arts ménagers, s'est élargi si bien que leur niveau de fréquentation des établissements postsecondaires égale celui des hommes. Toutefois, elles restent grandement sous-représentées dans bien des programmes d'études supérieures. De manière générale, celles qui terminent des études postsecondaires sont beaucoup plus susceptibles de s'inscrire à des programmes d'éducation des adultes que celles qui ont mis fin à leurs études au secondaire ou avant. Celles qui sont plus scolarisées cherchent à poursuivre leur apprentissage.

Transitions

Depuis les années 50, le centre du débat public sur l'accès à l'éducation a évolué, passant de la promotion de « l'égalité des chances » pour les personnes de toutes origines sociales à une préoccupation pour « l'égalité des conditions » des personnes dont les origines sociales sont différentes lorsqu'elles commencent l'école, à « l'égalité dans la réussite » des études secondaires, puis à « l'égalité d'accès » aux études postsecondaires. Comme davantage de gens terminent les études des niveaux inférieurs, le centre du débat se déplace maintenant vers les niveaux supérieurs, où les inégalités d'exclusion demeurent plus évidentes.

Rétrospective

Les critiques de l'école officielle allèguent souvent que le bagage acquis pendant les études formelles a peu à voir avec les connaissances qui sont véritablement nécessaires pour vivre et travailler dans les sociétés industrielles à économie de marché. Des recherches sur l'éducation des adultes révèlent que peu importe leur niveau de scolarité, la grande majorité des Canadiens s'adonnent à une forme quelconque d'apprentissage autodirigé.

Toutefois, la perception voulant que les études postsecondaires soient nécessaires pour réussir dans la vie est maintenant largement répandue au Canada, et pendant que la demande populaire d'accès à un tel niveau d'éducation ne cesse d'augmenter, les gouvernements, préoccupés par la réduction de la dette publique, cherchent à faire payer directement par les étudiants une part plus grande des frais de scolarité. L'étendue de l'accès à l'éducation a radicalement changé depuis le début du XIXe siècle, mais la lutte pour l'égalité d'accès se poursuit.

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