Doug Ford | l'Encyclopédie Canadienne

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Doug Ford

Douglas Robert Ford, 26e premier ministre de l’Ontario depuis 2018, conseiller municipal, homme d’affaires (né le 20 novembre 1964 à Etobicoke, en Ontario). Doug Ford a passé la plus grande partie de sa vie active chez Deco Labels and Tags, une entreprise fondée par son père. Il a monté en rang chez Deco jusqu’à finalement remplacer son père comme président de la compagnie. Quand son frère Rob Ford s’est présenté à la mairie de Toronto et a été élu en 2010, Doug a été élu conseiller municipal du quartier que son frère avait quitté pour se présenter à la mairie. En mars 2018, Doug Ford a remporté la course à la chefferie du Parti progressiste conservateur d’Ontario. Quelques mois plus tard, le Parti conservateur ontarien a formé un gouvernement majoritaire et Doug Ford est devenu premier ministre.

Doug Ford

Jeunesse et carrière dans le monde des affaires

Doug Ford naît le 20 novembre 1964 à Etobicoke, en Ontario, un des quatre enfants de Douglas Bruce Ford Sr. et Ruth Diane Campbell. Il passe l’ensemble de sa vie dans la banlieue de Toronto. Doug Ford fait ses études secondaires au Scarlett Heights Collegiate Institute. Jeune adulte, il commence à travailler chez Deco Labels and Tags, une entreprise d’imprimerie d’étiquettes et de produits adhésifs cofondée par son père. Doug Ford passe la plus grande partie de sa vie active chez Deco et s’élève jusqu’à remplacer son père comme président de la compagnie. Il supervise également l’expansion de Deco aux États-Unis, ouvrant des bureaux à Chicago et dans le New Jersey.

Politique municipale

Doug remplace son plus jeune frère Rob Ford comme conseiller municipal du quartier Etobicoke North de Toronto en octobre 2010 quand Rob est élu maire de Toronto (voir gouvernement municipal). Rob Ford détenait le siège d’Etobicoke North depuis 10 ans. Doug Ford remporte la circonscription facilement, obtenant 71,7 % du vote contre cinq opposants.

Son frère étant assis dans le fauteuil de maire, Doug Ford devient l’un des plus puissants membres du conseil municipal. Il défend le programme socialement et fiscalement conservateur du maire et lui sert souvent de porte-parole et de défenseur. Doug Ford siège à plusieurs comités importants, dont celui du budget et celui des nominations civiques. Il siège également au conseil de Build Toronto, une entreprise immobilière qui développe et vend des terrains appartenant à la Ville. Doug Ford promeut des mesures d’économie comme la privatisation de la cueillette des ordures ainsi qu’un énorme projet de réaménagement riverain comprenant un monorail et une grande roue.

Scandale et controverses

Pendant le premier mandat de Doug Ford au conseil, de 2010 à 1014, son frère Rob est impliqué dans un scandale international en raison de sa consommation de drogue, dont le crack, et est surnommé le « crack mayor » du Canada.

Doug Ford se retrouve lui-même au cœur de plusieurs controverses locales. Après avoir affirmé qu’il fermerait « en un clin d’œil » une bibliothèque publique de son quartier pour réduire les dépenses, il est pris à partie publiquement par la célèbre écrivaine Margaret Atwood. Ford affirme qu’il ne reconnaîtrait même pas Margaret Atwood s’il la croisait.

Le chef de la police Bill Blair l’ayant menacé d’une poursuite en diffamation, Doug Ford s’excuse d’avoir affirmé que Bill Blair avait pris son frère Rob pour cible et laissé filtrer délibérément des informations à la presse à son sujet.

En 2013, le Globe and Mail soutient que Doug Ford était un trafiquant de haschisch pendant les années 1980, s’appuyant sur des sources confidentielles. Il n’existe aucune trace d’accusations de trafic de drogue à son égard, et Doug Ford nie catégoriquement les allégations.

Doug Ford est aussi critiqué pour avoir laissé entendre qu’une résidence d’Etobicoke aidant des jeunes ayant un handicap intellectuel avait « ruiné » le voisinage.

En 2016, longtemps après qu’il ait quitté le conseil municipal, le commissaire à l’intégrité de la ville tranche que Doug Ford a violé le code de conduite du conseil en faisant du lobbying dans l’hôtel de ville pour deux compagnies ayant des liens avec l’entreprise de sa famille.

Campagne à la mairie

En septembre 2014, Rob Ford doit se retirer de l’élection à la mairie du 27 octobre 2014 après qu’on lui ait diagnostiqué une tumeur abdominale. (Rob Ford mourra le 22 mars 2016.) Doug Ford, qui est directeur de la campagne du maire, s’inscrit quelques minutes avant la date limite pour le remplacer comme candidat à la mairie.

Au cours de la campagne, Doug Ford invoque son expérience à l’hôtel de ville et se présente comme le successeur naturel de son frère, sans les scandales. Doug Ford termine deuxième devant John Tory avec 33,7 % des votes. John Tory reçoit 40,3 % des suffrages. « Nous n’avions pas les poches profondes, et nous n’avons eu que six semaines… mais ensemble, nous avons changé le portrait politique de Toronto » déclare Doug Ford à ses partisans le soir de l’élection.

Doug Ford retourne à sa carrière d’homme d’affaires. En novembre 2016, il publie le livre Ford Nation: Two Brothers, One Vision — The True Story of the People’s Mayor, coécrit avec son défunt frère. En faisant la promotion du livre, il qualifie Rob Ford de « meilleur politicien, sans exception, que quiconque dans le pays ». Il ajoute : « Je préfère le jugement de Rob avec un coup de scotch sous la cravate à celui de 44 personnes là-bas à l’hôtel de ville, n’importe quel jour, n’importe quelle heure. »

En septembre 2017, au « Ford Fest barbecue », une rencontre des partisans de la famille Ford, qui s’appellent eux-mêmes la nation Ford, il annonce son intention de se présenter à nouveau à la mairie de Toronto à l’élection d’octobre 2018.

Leadership du Parti conservateur d’Ontario

Les événements de janvier 2018 l’amènent à changer ces projets. Le chef du Parti conservateur d’Ontario, Patrick Brown, démissionne à la suite d’accusations d’inconduite sexuelle par deux femmes, des événements qui auraient eu lieu alors qu’il était député fédéral. Le 29 janvier 2018, Doug Ford tient une conférence de presse dans la cave de la maison de sa mère à Etobicoke pour annoncer qu’il se présentera à la campagne au leadership du Parti conservateur. « Je voulais vraiment me présenter à la mairie de cette grande ville, mais je ne pouvais rester à regarder le parti que j’aime tomber entre les mains de l’élite », déclare Doug Ford, dont le père a été député provincial pendant un mandat dans les années 1990.

Durant cette campagne au leadership qui ne dure que six semaines, il promet de ramener le parti plus près de ses membres de la base. Il affirme qu’il s’opposera à toute tentative du gouvernement fédéral de mettre en place une taxe sur le carbone, une « ponction fiscale » néfaste pour les affaires et les gens selon lui. Recherchant le soutien des membres les plus socialement conservateurs du parti, il annonce qu’il réviserait le programme d’éducation sexuelle introduit en 2015 qui comprend un enseignement au sujet des couples homosexuels.

Le 10 mars 2018, Ford est élu chef du Parti conservateur d’Ontario au troisième tour d’un scrutin préférentiel, durant un congrès à la direction controversé. Une contestation du vote retarde la publication de résultat pendant sept heures, et sa plus proche concurrente, Christine Elliott, prétend que le scrutin a été marqué par de « sérieuses irrégularités ». « Je vais remettre notre parti sur la voie », dit Doug Ford dans son discours. « Au gens de l’Ontario, je dis : la relève s’en vient. »

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Élection provinciale

Le nouveau chef du Parti conservateur a peu de temps pour s’acclimater à son nouveau rôle. La campagne pour l’élection générale du 7 juin 2018 commence moins de deux mois plus tard. Doug Ford promet de réduire le prix de l’essence de 10 cents et de combattre toute tentative du gouvernement fédéral d’imposer une taxe sur le carbone dans la province. Il promet aussi de se retirer du Système d’échange des droits d’émission de l’Ontario, de la Californie et du Québec, et de réduire de 12 % la facture d’électricité pour les familles, les cultivateurs et les petites entreprises.

Doug Ford affirme qu’il laissera plus de dépanneurs, d’épiceries et de grandes surfaces vendre de la bière et du vin et qu’il ramènera le prix de la bière à un dollar, le prix d’avant 2008, en accroissant la concurrence. Il dit vouloir apporter des milliards de dollars de nouveau financement pour le métro et agrandir le réseau de transport en commun GO.

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Se positionnant lui-même comme le défenseur des « petits », Doug Ford affirme qu’il ordonnera une enquête sur les dépenses du gouvernement et trouvera près de 6 milliards de dollars en améliorant l’efficacité. Il promet aussi de réduire les taxes pour les entreprises, les sociétés et les personnes à revenu moyen et supérieur (voir Imposition) et s’engage à annuler une augmentation prévue du salaire minimum. Il ne publie aucune estimation du coût de son programme durant la campagne.

Dès le début de la campagne, Doug Ford est surnommé le « Donald Trump canadien » par les médias et ses adversaires. La comparaison tient à son populisme conservateur et au fait qu’il a soutenu que Kathleen Wynne serait en prison si elle n’était pas première ministre. (Trump a dit à plusieurs reprises que son opposante Hillary Clinton devrait être en prison.)

Doug Ford voit diminuer son avance dans les sondages d’opinion publique tout au long du mois que dure la campagne, le Nouveau Parti démocratique arrivant nez à nez avec le Parti conservateur.

Trois jours avant l’élection, la veuve de Rob Ford, Renata Ford, lance une poursuite contre le chef du Parti conservateur. Elle soutient que son beau-frère a enlevé de l’argent de la succession et de la police d’assurance de Rob Ford à elle et ses deux enfants, et soutient qu’il gère l’entreprise familiale Deco de manière « négligente ».

Cependant, la controverse ne semble pas nuire à Doug Ford. Son parti remporte 40,5 % du vote et un gouvernement majoritaire, avec 76 des 124 sièges de la législature. Doug Ford, qui vit à Etobicoke avec son épouse Karla et ses quatre filles (Krista, Kara, Kayla et Kyla), remporte aussi sa circonscription d’Etobicoke North.

« Nous avons repris l’Ontario, nous avons apporté un gouvernement pour le peuple », dit-il dans son discours de victoire. « Une journée nouvelle se lève en Ontario, une journée de possibilités, une journée de prospérité et une journée de croissance. » Doug Ford évoque aussi son défunt frère : « Je sais que mon frère Rob nous regarde du paradis. J’ai des frissons, rien qu’à parler de lui maintenant. Je sais que Rob célèbre avec nous ce soir. Nous devons tant à ce que Rob nous a laissé. »

Premier ministre de l’Ontario

Peu après son élection, le gouvernement Ford entreprend des réformes radicales et controversées, mettant rapidement fin à sa lune de miel de début de mandat. Il retire le système de plafonnement limitant la quantité de pollution que certaines industries peuvent générer. (VoirTarification du carbone au Canada.) Il annonce son intention d’abolir un programme d’éducation sexuelle impopulaire chez les conservateurs sociaux. Il effectue en outre plusieurs coupures très impopulaires dans son premier budget. Le gouvernement Ford réduit aussi de plus de la moitié le nombre de conseillers municipaux à Toronto. Plus encore, il menace d’utiliser la clause dérogatoire de la Constitution si les tribunaux essaient de l’en empêcher. La réforme entraîne des manifestations devant la législature.

Les partis d’opposition dénoncent aussi les tactiques du gouvernement Ford à la législature et durant les conférences de presse. Les députés conservateurs se lèvent régulièrement dans la législature pour ovationner le premier ministre. Dans les conférences de presse, le personnel du parti conservateur applaudit Ford et tente d’étouffer les questions trop négatives des journalistes.

Quelques mois après son élection, Doug Ford provoque la colère des francophones d’Ontario en annonçant la fermeture du bureau du Commissaire aux services en français. Son gouvernement annule aussi le projet de financement de la première université francophone de la province, l’Université de l’Ontario français. Les Franco-Ontariens protestent. En septembre 2019, toutefois, l’Ontario et le gouvernement fédéral annoncent une entente pour financer conjointement l’université.

Les sondages révèlent que le gouvernement Ford est devenu au moins aussi impopulaire que le gouvernement libéral qu’il a remplacé. La preuve concrète en est apportée le 17 juin 2019, quand Doug Ford est hué par les amateurs de basketball célébrant la victoire des Raptors de Toronto au championnat de la NBA. Peu après, le premier ministre effectue un remaniement ministériel et remplace son chef de cabinet.

Doug Ford, qui a souvent critiqué les politiques du premier ministreJustin Trudeau durant les premières années de son mandat, est attaqué à son tour par Trudeau pendant la campagne électorale fédérale de 2019. Il reste toutefois silencieux durant la campagne, jugeant que les attaques sont « seulement politiques, pas personnelles ». Doug Ford, qui s’est aussi querellé avec le maire de Toronto John Tory, se réconcilie avec celui-ci autour du projet de construction d’une nouvelle ligne de métro dans la ville. Plusieurs projets impopulaires sont abandonnés ou révisés, comme les modifications au programme d’autisme de la province et les coupures dans le financement des garderies.

Après l’élection d’un gouvernement libéral minoritaire au fédéral, émerge un nouveau Doug Ford, plus conciliant. Après sa première rencontre avec Trudeau depuis son élection, Doug Ford appelle le gouvernement fédéral et les provinces de l’Ouest (mécontentes de la politique énergétique du gouvernement) à s’entendre. « Nous devons trouver un terrain d’entente et soutenir nos amis de l’Ouest », dit-il aux journalistes. « Nous devons calmer la température, baisser la température et, encore une fois, nous tenir ensemble comme un pays. »

À la fin de 2019, Doug Ford est soutenu par seulement 28 % des Ontariens, le taux d’approbation publique le plus bas de tous les premiers ministres canadiens.