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Dégel de janvier

Le dégel de janvier, ou « fonte bonspiel » comme on l'appelle dans les Prairies, est un phénomène climatique de temps chaud, non de saison, qui tend à se reproduire vers la même période chaque année, habituellement moins de 10 jours environ après la mi-janvier.

Dégel de janvier

Le dégel de janvier, ou « fonte bonspiel » comme on l'appelle dans les Prairies, est un phénomène climatique de temps chaud, non de saison, qui tend à se reproduire vers la même période chaque année, habituellement moins de 10 jours environ après la mi-janvier. En général, la fonte est graduelle et temporaire, et dure de quelques heures à une semaine. Une fonte est dite « prononcée » si elle a lieu pendant une période consécutive d'au moins deux jours à une température d'au moins 2°C.

Même si le phénomène semble se reproduire assez régulièrement d'une année à l'autre à la mi-hiver, il n'est pas reconnu des météorologues qui le classent comme étant une « singularité ». Une singularité est un épisode météorologique annuel, habituellement un écart anormal, qui revient à peu près à la même période pendant plusieurs années. Les singularités ne sont pas reconnus par les météorologues parce que même les plus importantes ne reviennent pas beaucoup plus souvent qu'une année sur deux, même si leur fréquence est plus élevée que ce qu'on pourrait attendre d'un phénomène purement aléatoire et même si un petit nombre d'hypothèses ont été avancées pour expliquer leur existence.

Une fonte prononcée de la neige n'a pas lieu tous les ans, et pas systématiquement au cours de la troisième ou de la quatrième semaine de janvier. Par exemple, seulement 40 p. 100 des fontes à Ottawa et 80 p. 100 de celle à Halifax tombent dans cette fenêtre. Si on accepte le fait que l'on peut atteindre la température de fonte n'importe quand en janvier, alors la fonte n'est presque jamais accidentelle, du moins dans l'Est du Canada. Ainsi, Toronto n'a eu de dégel de janvier qu'une seule fois en 150 ans, tandis qu'Halifax n'a jamais connu de mois de janvier sans période de dégel. À Winnipeg, par contre, on observe un dégel de janvier un peu plus d'une année sur deux et une fonte prononcée moins d'une année sur quatre.

Plus on se déplace vers l'est du pays, plus le dégel de janvier est tardif. Ainsi, il se produit respectivement entre le 16 et le 23 à Edmonton, entre le 18 et le 24 à Winnipeg, entre le 19 et le 27 à Montréal, entre le 21 et le 28 à Charlottetown et entre le 25 et le 28 à St. John's. Cette progression du réchauffement vers l'est au cours des troisième et quatrième semaines de janvier est à rapprocher d'événements similaires aux États-Unis. Habituellement, les fontes importantes durent de deux ou trois jours à une semaine, rarement plus longtemps. La situation est bien différente à Vancouver : sur la côte Est du Pacifique, la fonte dure un mois presque tous les ans. Le dégel de janvier est aussi caractérisé par sa tendance à débuter graduellement avec une hausse des températures de plusieurs jours et à se terminer par une chute de température relativement brusque qui peut descendre bien au-dessous des normales saisonnières. L'air devient extrêmement froid et il y a souvent des coups de vent du nord et des averses de neige. La fin de la fonte annonce le plus souvent l'arrivée des températures hivernales les plus basses.

On connaît les causes du dégel de janvier. La circulation atmosphérique générale vient davantage de l'ouest, ou même du sud-ouest, et l'air doux du Pacifique s'étend vers l'est du pays. Les vents d'ouest plus forts que la normale sous les latitudes moyennes tendent à confiner l'air arctique au nord et à favoriser l'invasion de l'air chaud et humide des régions subtropicales dans l'est des États-Unis et du Canada. Les vents d'ouest peuvent souffler durant plusieurs jours, mais cèdent inévitablement le pas aux vents du nord-ouest qui poussent l'air arctique froid vers le sud et vers l'est.

Cependant, on ignore toujours pourquoi la fonte a lieu en janvier. Certains chercheurs donnent des preuves statistiques qui indiquent qu'il existe une corrélation entre le dégel de janvier et l'activité des taches solaires. D'autres attribuent le redoux à un rajustement atmosphérique à grande échelle entre le début et la fin de l'hiver.