Danse folklorique | l'Encyclopédie Canadienne

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Danse folklorique

L'un des effets de la tradition orale, par opposition à la tradition écrite, est que les individus voient, entendent et exécutent différemment. Ils transmettent donc le matériel de diverses façons. En danse folklorique, aucune version d'une danse n'est définitive.
Danseurs ukrainiens
À l'Ukrainian Festival à Dauphin, au Manitoba (photo de Menno Fieguth).
Danseuses folkloriques espagnoles
Les danses folkloriques sont souvent exécutées par des groupes qui désirent conserver ou exprimer un sentiment d'appartenance nationale ou ethnique (photo de James Marsh).

Danse folklorique

 La danse folklorique est un style de danse à multiples facettes, et ses adeptes la perçoivent de différentes façons. Elle est vernaculaire en ce qu'elle témoigne d'une époque et d'un lieu particuliers et qu'elle est associée à un aspect populaire d'une culture plutôt qu'à son côté élitaire. Au sein de la « grande » tradition d'une société, elle appartient à la « petite » tradition, soit la tradition orale, non officielle. Les danses folkloriques de « survie » jouent un rôle à part entière au sein d'une communauté, tandis que les danses folkloriques de « résurgence » sont exécutées par un groupe fermé pour diverses raisons personnelles. Plusieurs traditions de danse comprennent des éléments à la fois de survie et de résurgence.

Évolution à partir des rituels religieux

L'un des effets de la tradition orale, par opposition à la tradition écrite, est que les individus voient, entendent et exécutent différemment. Ils transmettent donc le matériel de diverses façons. En danse folklorique, aucune version d'une danse n'est définitive. S'il n'y a pas de variantes, c'est qu'elle a été transmise de façon non traditionnelle, soit par un écrit officiel, soit par un groupe qui, par souci de « pureté » l'a conservée scrupuleusement. Malgré la rareté des documents sur l'évolution de la danse folklorique, certains spécialistes croient que plusieurs formes de danse découlent de rites religieux. Chacune région culturelle a connu sa propre évolution, mais certaines ont été plus que d'autres en contact avec des influences extérieures.

La danse sociale, bien que généralement pas considérée comme telle, est une forme de danse folklorique existant à plusieurs niveaux. Les studios de danse prétendent enseigner la « bonne » façon, mais en pratique les gens improvisent, simplifient et modifient, créant ainsi des variantes de danses telles que la valse, le cha-cha-cha, le disco ou le jitterbug. La danse sociale fait partie de la « petite » tradition d'une culture et est vernaculaire. Dans la tradition de l'Europe occidentale, la danse sociale est exécutée en couple et sert habituellement de parade de séduction, un rituel précieux. Souvent appelée « danse de salon », elle donne lieu à des spectacle ou à des concours.

De nombreuses danses sociales jouissent d'une flambée de popularité puis tombent dans l'oubli. D'autres cependant, comme la valse, la polka, le quadrille, la contredanse et le menuet, héritage des XVIIIe et XIXe siècles, font preuve d'une longévité inhabituelle. Moins populaire que jadis, la danse sociale est encore considérée comme un moyen propice et acceptable de rencontrer des gens. Compagnies, clubs, groupes universitaires, écoles secondaires et centres communautaires organisent régulièrement des événements.

 

La danse folklorique de survie au Canada

Au Canada, hormis la danse sociale, il existe très peu de danses folkloriques de survie, et il est difficile de déterminer précisément ce qu'il en reste. On les retrouve toutefois chez des groupes relativement isolés (géographiquement ou psychologiquement) tels que les autochtones, les francophones et les hassidiques. Les minorités urbaines (indienne, chinoise, italienne, portugaise, ukrainienne, macédonienne, grecque, allemande, polonaise, arménienne, irlandaise, latino-américaine et antillaise) arrivent malgré tout à conserver certaines danses typiques de leur pays d'origine. Cependant, à mesure que disparaissent les première et deuxième générations d'immigrants, les générations suivantes ont tendance à s'assimiler à la société majoritaire, et les danses qui étaient autrefois un aspect important de leurs activités sociales, professionnelles et religieuses disparaissent avec les aînés.

Les danses de résurgence sont plus fréquentes et plus visibles. Elles se pratiquent particulièrement chez les groupes qui sont très attachés à leurs racines. Les danses « nationales » ou « ethniques » représentent une façon de préserver, d'exprimer et de perpétuer cet attachement. Ils les apprennent soit en ayant recours aux aînés du groupe qui se souviennent des danses du passé, soit en faisant appel à un spécialiste de l'extérieur qui leur enseigne ces danses. Celles-ci sont alors « réglées » pour le groupe, qui s'amusera à les exécuter lors d'occasions spéciales.

Un autre genre d'activité est la danse folklorique internationale, pratiquée pour le plaisir que procure les danses de plusieurs pays et sans recherche d'identité culturelle. La majorité de ces danses sont d'origine balkanique, car les danses en ligne, faites de pas compliqués, semblent les plus populaires. Là encore, les danses sont « réglées » par un expert et, en tant que telles, ne montrent qu'une seule des variantes possibles que l'on peut trouver dans leur milieu d'origine.

Un troisième type de danse de résurgence se pratique chez les groupes dont l'objectif est de l'exécuter « parfaitement », comme les clubs de danse carrée. Dans ce cas, les participants ne dansent que pour le plaisir de danser entre eux, bien que certains aient des costumes pour les grandes occasions. D'autres, qui prétendent aussi à la perfection, sont les troupes de danses folkloriques présentant des spectacles, où la chorégraphie, les costumes et l'éclairage concourent à créer un effet particulier. Les danses sont présentées d'une manière tout à fait théâtrale et, parfois, plusieurs danses sont combinées en une seule.

Dans ce cas, l'appellation « danse folklorique » est trompeuse, car tout est « réglé » et les variantes ne sont pas de mise. Il serait plus juste de la désigner comme « inspirée » ou « dérivée » du folklore, ce qui permettrait au public de faire la différence entre la danse spectacle et la danse folklorique de résurgence. En dépit de ces distinctions, les groupes axés sur la perfection expriment une forme de danse vernaculaire propre à la « petite » tradition d'une société, ce qui est, en fait, de la danse folklorique.

La tradition de danse des Canadiens français est un bon exemple de danse folklorique à la fois de résurgence et de survie. Au Québec, les danses folkloriques sont dérivées de quadrilles, de contredanses, de rondes chantées et de gigues (mouvements syncopés et rythmés des pieds). Beaucoup de ces danses sont de descendance noble, comme le quadrille complexe de l'île d'Orléans. Des quadrilles plus simples, et d'autres comme la contredanse et le brandy, sont probablement d'influence américaine ou britannique. Tous ces styles sont devenus des danses folkloriques complètes avec des variantes, mais peu de documents décrivent leur évolution.

La gigue est transmise de père en fils. D'origine incertaine, elle dériverait vraisemblablement de la gigue irlandaise. Comme la gigue a toujours été une forme de danse orale, les exécutions contemporaines démontrent clairement le processus d'une tradition folklorique : une danse vivante où on trouve d'innombrables variantes stylistiques et structurales. La ronde chantée, autrefois populaire chez les adultes, appartient maintenant au répertoire enfantin. Quelques rondes pour adultes ont été répertoriées dans certaines communautés isolées, et, à l'occasion, elles sont reprises dans des ateliers. Quelques-unes de ces danses témoignent du riche apport culturel laissé par les Français au XVIIe siècle. Au Québec, la danse folklorique de survie est pratiquée dans les veillées, au même titre que la conversation, le repas, la partie de cartes et la musique.

La danse est un catalyseur social, aspect important du développement individuel et collectif. Aujourd'hui, avec l'avènement de la télévision, les familles moins nombreuses et l'abandon des traditions, on ne danse plus dans la majorité des familles. Toutefois, il y a un regain d'intérêt marqué pour la danse folklorique. La Fédération des loisirs-danse du Québec parraine des ateliers qui mettent l'accent sur l'apprentissage des danses folkloriques.

La troupe de spectacle

Au Québec, les troupes folkloriques offrent des spectacles très appréciés du public. Dans les années 50, Les Folkloristes du Québec ont été les premiers à revêtir des costumes d'époque. Plus tard, des troupes comme LES FEUX FOLLETS, les Danseurs du Saint-Laurent, les Gens de mon pays et, aujourd'hui, les Sortilèges se produisent devant des auditoires enthousiastes.

Du côté anglophone, le quadrille est la danse la plus populaire de Terre-Neuve à la Colombie-Britannique. Toutefois, la récente popularité des concours de gigue, particulièrement en Ontario, a projeté ce genre de danse à l'avant-scène. La gigue est un mélange intéressant, car c'est à la fois un médium de performance et une danse en constante évolution. Les jeunes participants suivent généralement les leçons d'experts ou apprennent dans leur famille. Seuls les « vieux de la vieille » prétendent connaître le style traditionnel ou vieux jeu, tandis que les autres semblent influencés par la danse à claquette et portent des chaussures à claquettes non traditionnelles pour accentuer le son. La musique demeure dans le genre folklorique, soit un mélange à parts égales de hornpipe, de gigue et de reel. Seul le tempo est accéléré.

Danse autochtone

Chez les autochtones, la danse est très souvent reliée à des rituels importants. Ils partagent certaines danses avec d'autres tribus ou avec des non-autochtones. La manifestation la plus connue de leur folklore est le POW-WOW panamérindien. Des prix y sont attribués aux meilleurs danseurs concurrents, et les amateurs y dansent également. Lors de ces rassemblements, les GENS-DU-SANG de l'Alberta, par exemple, exécutent deux sortes de danses : les danses de groupe à solos successifs (danse des Sioux, danse des herbes sacrées et danse de guerre) et les danses de couples en cercle (danse du hibou). La DANSE DU SOLEIL attire chaque année de nombreux jeunes participants connaissant peu les danses rituelles. Les danses des pow-wows limitent l'attention accordée aux danses particulières des clans, mais favorisent le sentiment d'appartenance à la culture autochtone.

Les danses folkloriques non autochtones sont aussi très populaires dans certaines clans. Les quadrilles sont certainement les plus répandues, et on rapporte que les Gens-du-Sang les dansent comme étant des Spi-ye-Buska (danse mexicaine), de même que les LIÈVRES, de Fort Good Hope. Ces derniers apprécient également le pas de deux, la valse, le swing et le reel écossais.

Il existe donc plusieurs genres d'activités de danse folkloriques dans tout le pays. Elles sont généralement représentatives d'une communauté ethnique, et les parents encouragent leurs enfants à prendre part aux danses folkloriques afin qu'ils connaissent leur héritage culturel et s'identifient à leurs origines. À l'école élémentaire, on enseigne les quadrilles et même quelques autres danses folkloriques, selon les connaissances personnelles de l'enseignant en cette matière. Les éducateurs intéressés disposent de séries de manuels et d'enregistrements soigneusement gradués. Les enfants exécutent habituellement ces danses sans connaître leur contexte culturel d'origine.

Organisations, clubs et sociétés

Des organisations, des clubs et des sociétés participent à la réhabilitation de la danse folklorique. Dans une publication des années 80, People's Folk Dance Directory, on a compilé une liste impressionnante de lieux, de professeurs et de sociétés de danse folklorique au Canada et États-Unis. Ce répertoire, bien que fort utile, est loin d'être exhaustif, car plusieurs groupes n'y figurent pas.

Les amateurs de danses folkloriques ont un grand choix d'activités à leur disposition, des classes de danse aux festivals, sans oublier les fêtes ethniques. Parmi les festivals les plus connus, on retrouve l'Irish feis, les concours de danses écossaises, les festivités du May Day (auxquelles participent souvent des équipes de morris-dance anglaise), le carnaval d'hiver de Québec, Caribana et la fête de l'indépendance d'Israël. D'autres manifestations, comme la caravane de Toronto, Terre des hommes à Montréal et le Folk Fest de la Colombie-Britannique, sont multiculturelles et offrent l'occasion de voir et de participer aux activités de diverses cultures.

Le campus universitaire est souvent un catalyseur important dans le milieu de la danse folklorique et parraine souvent des clubs qui sont ouverts à tous. Les étudiants de l'U. Laval et de la Memorial University of Newfoundland ont fait des recherches approfondies dans leurs régions respectives, et les départements de danse des université York et Waterloo y ont également apporté leur contribution.

Plusieurs organismes d'encadrement préparent des activités et agissent comme centre de renseignements sur le plan régional. Le Conseil canadien des arts populaires a des filiales dans tout le Canada, et ses deux bureaux principaux, à Montréal et à Toronto, possèdent des banques de documentation. L'Ontario Folk Dance Association publie Ontario Folkdancer, un bulletin qui annonce tous les événements qui se produisent au Canada et dans certaines parties des États-Unis. À Montréal, la Fédération des loisirs-danse du Québec organise des ateliers de fins de semaine et des soirées, recueille des documents d'archives et publie le journal La Jarnigoine.

Voir aussi MUSIQUE FOLKLORIQUE CANADIENNE-FRANÇAISE.

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