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Parti conservateur

Le Parti conservateur a été le parti politique fondateur du Canada; il a été au pouvoir pendant les 29 premières années de la Confédération . Depuis, le parti n’a pas eu autant de succès électoral que son rival, le Parti libéral . Les conservateurs ont eu des périodes au pouvoir et de longues périodes passées à l’opposition. Le parti a connu le plus de succès lorsqu’il a formé une coalition nationale de conservateurs anglophones de l’ouest du pays et de l’Ontario, ainsi que de nationalistes du Québec. Le parti est actuellement dirigé par Pierre Poilievre.

Parti conservateur du Canada

John A. Macdonald

Le Parti conservateur du Canada épouse les valeurs et les traditions du parti britannique du même nom. Au 19e siècle, les conservateurs britanniques, surnommés les Tories, sont loyaux à la monarchie et à l’Église anglicane; ils croient généralement au maintien des traditions plutôt qu’au changement. (Voir Conservatisme.) Les conservateurs canadiens sont également influencés par d’autres courants politiques. L’un des premiers d’entre eux prend la forme d’une coalition libérale-conservatrice qui gouverne la province du Canada en 1854.

John A. Macdonald se joint à la coalition de 1854 en tant que conservateur modéré. Il façonne le parti libéral-conservateur qui est à l’origine de la Confédération . En tant que 1er premier ministre du Canada, John A. Macdonald met sur pied un parti déterminé à mener à bien la Confédération et à mettre en œuvre une politique de développement économique national (voir Politique nationale). Le nom du parti, écrit avec un trait d’union, symbolise la croyance de John A. Macdonald en l’équilibre et la modération. Ce nom met également l’accent sur tout ce que les Canadiens ont en commun tout en occultant les questions qui les divisent. John A. Macdonald parvient à regrouper au sein d’un même parti les catholiques ultramontains du Québec , les Tories, les orangistes et les hommes d’affaires des quatre provinces fondatrices. En 1872, cependant, les nombreuses régions du pays en pleine expansion sont devenues trop différentes pour qu’il soit possible de les unifier. Cette année-là, les conservateurs de John A. Macdonald remportent 103 sièges contre 97 pour les libéraux de l’opposition. Toutefois, cette majorité ne tient pas et le gouvernement s’effondre en 1873.

Le scandale du Pacifique qui renverse le gouvernement Macdonald met en évidence les problèmes de son approche. Le chemin de fer du Canadien Pacifique est essentiel à son rêve d’édification de la nation; cependant, la construction de ce chemin de fer, et des politiques de développement similaires lient trop étroitement le gouvernement et certains intérêts privés qui ne servent pas toujours l’intérêt public. Alors membre de l’opposition, John A. Macdonald devient convaincu que son parti doit représenter quelque chose de plus qu’un simple appui envers le Canada. À cette époque, le parti a déjà abandonné l’étiquette libéral-conservateur pour celle de conservateur.

Affiche de la campagne de Macdonald

Pendant la campagne électorale de 1878, John A. Macdonald engage son parti dans la Politique nationale , qui met l’accent sur le protectionnisme , l’expansion dans l’Ouest et un gouvernement central affirmé. (Voir aussi Fédéralisme.) Ceci plaît aux manufacturiers du Québec et de l’Ontario , de même qu’à tous ceux qui craignent l’expansionnisme des États-Unis. (Voir Destinée manifeste.) Un message fortement pro-britannique est ajouté au programme conservateur. L’efficacité de cette approche est prouvée lorsque John A. Macdonald est réélu en 1882, 1887 et 1891.

La Politique nationale de John A. Macdonald s’accompagne d’un favoritisme habile et entendu, de même que d’une volonté de compromis, bien que celle-ci lui échappe lors de l’affaire de Louis Riel après la Rébellion du Nord-Ouest de 1885. L’exécution de Louis Riel et la faiblesse du leadership chez les conservateurs du Québec entraînent la baisse du soutien dans cette province. La réaction de John A. Macdonald aux événements provoqués par Louis Riel découle de sa perspective centraliste, qui maintient les provinces et les intérêts locaux à l’arrière-plan. La conséquence en est que les provinces deviennent de plus en plus libérales et qu’elles appuient la position pour les droits provinciaux du chef libéral Wilfrid Laurier .

Après la mort de John A. Macdonald en 1891, son parti n’est plus en mesure de soutenir les attaques sur autant de fronts. Les gouvernements conservateurs de John Abbott , de John Thompson , de Mackenzie Bowell et de Charles Tupper luttent pour maintenir la suprématie. Les enjeux de langue et de religion (voir Question des écoles du Manitoba ) de même que les problèmes de favoritisme au Québec se révèlent être des obstacles importants. Les conservateurs perdent les élections de 1896. Ils mettront de nombreuses années à regagner leur prééminence.

Louis Riel

Après la mort de Macdonald, en 1891, son parti n’est plus en mesure de soutenir les attaques sur autant de fronts. Les gouvernements conservateurs de John Abbott, de John Thompson, de Mackenzie Bowell et de Charles Tupper luttent pour se maintenir au pouvoir, mais les questions de langue et de religion (voir Question des écoles du Manitoba) de même que les problèmes de favoritisme au Québec constituent des obstacles importants. Les conservateurs perdent les élections de 1896 et mettront de nombreuses années à regagner leur suprématie.

Robert Borden

L’avocat néo-écossais Robert Borden est chef du Parti conservateur de 1901 à 1920. Il cherche à pousser le parti au-delà de l’héritage de John A. Macdonald. Il nomme, à titre expérimental, un lieutenant Québécois et prône la réforme de la fonction publique et de la propriété publique. Il perd les élections de 1904 et de 1908. Pour remporter celles de 1911, il revient aux sources du parti; il met l’accent sur la Politique nationale et sur les liens avec l’Empire britannique. Il gagne ainsi le soutien du parti en Ontario, en Colombie-Britannique et dans certaines régions des Maritimes .

Au Québec, les conservateurs s’allient aux nationalistes francophones anti-Laurier . Les conservateurs remportent les élections, mais la coalition impérialiste-nationaliste s’effondre. En 1913, les nationalistes du caucus de Robert Borden sont amèrement désillusionnés en constatant que celui-ci se range du côté des impérialistes anglophones qui sont plus nombreux et désireux de soutenir la Grande-Bretagne et l’Empire.

Les élections de 1917 en temps de guerre sont cruciales pour le conservatisme canadien. Afin d’assurer le maintien de sa politique de conscription , Robert Borden conclut une alliance avec des libéraux conscriptionnistes. Le gouvernement d’union qui en résulte triomphe, mais la victoire suscite toutefois un ressentiment durable chez les Canadiens français. Après la Première Guerre mondiale , les libéraux désertent la coalition. Ceci laisse les conservateurs avec une base plus faible que jamais. De plus, la nationalisation des lignes de chemin de fer Grand Trunk et Canadian Northern entraîne la défection du milieu des affaires de Montréal , probablement la plus grande source de financement du parti.

Sir Robert Borden

Arthur Meighen

Le successeur de Robert Borden, Arthur Meighen , tente immédiatement de convertir les restes de l’unionisme au conservatisme. Aux élections de 1921, les conservateurs arrivent en troisième position avec 50 sièges, derrière le Parti progressiste et les libéraux. En raison du soutien qu’il porte à la conscription, Arthur Meighen perd l’appui des francophones. Dans l’Ouest canadien, les progressistes s’identifient plus facilement aux libéraux parce qu’ils associent les conservateurs à la Politique nationale tant méprisée. Arthur Meighen est brièvement premier ministre en 1926, mais une majorité libérale revient rapidement (voir L’affaire King-Byng ). Les conservateurs sont trop étroitement liés à la Grande-Bretagne, à une époque où le caractère britannique du Canada, ainsi que son statut de dominion impérial, est en train de disparaître. Arthur Meighen ne réussit pas non plus à adapter la Politique nationale aux conditions économiques de l’après-guerre.

Arthur Meighen

R.B. Bennett

En 1927, R.B. Bennett , un riche homme d’affaires de Calgary, succède à Arthur Meighen comme chef du Parti conservateur. En 1930, il obtient une majorité, dont 25 sièges au Québec. La crise des années 1930 crée le climat propice à la victoire de R.B. Bennett, mais elle assure également sa défaite cinq ans plus tard. Sa réaction initiale à la crise est une tentative typiquement conservatrice de protéger l’industrie et d’obtenir des avantages commerciaux impériaux. Cela ne fonctionne pas. En 1935, il change de cap et fait appel à de nombreuses réformes sociales pour venir en aide aux Canadiens pauvres et en difficulté. Cependant, ses propositions arrivent trop tard pour être convaincantes (voir New Deal de Bennett ). De nombreux conservateurs réformistes ont déjà quitté le parti pour se joindre au Parti de la reconstruction fondé par H.H. Stevens, l’ancien ministre de R.B. Bennett. Deux nouveaux partis de droite et de gauche, le Crédit social et la Co-operative Commonwealth Federation , font également appel au Canada anglais. Les élections de 1935 infligent aux conservateurs leur pire défaite à cette date; ils n’obtiennent que 40 sièges, contre 173 pour les libéraux.

Richard Bedford Bennett

Les conservateurs ont de la difficulté à reconstruire une coalition fructueuse. La colère du Canada français perdure même si, en 1938, le parti choisit comme chef Robert J. Manion . Celui-ci est opposé à la conscription, il est catholique et est marié à une Canadienne française. Ses tentatives de conciliation avec le Québec ne font qu’irriter ses collègues anglophones, maintenant que la Deuxième Guerre mondiale est déclarée. Les fonds du parti sont épuisés, et l’organisation s’atrophie. En 1940, les conservateurs ne remportent à nouveau que 40 sièges. La défaite de Robert J. Manion pousse le parti à se tourner à nouveau vers Arthur Meighen, mais toujours sans succès.

Parti progressiste-conservateur (PC)

Encouragé par Arthur Meighen, le premier ministre du Manitoba , John Bracken , un membre du Parti progressiste qui n’a aucune expérience conservatrice, se présente comme chef du Parti conservateur et remporte les élections en 1942. Le nom du parti est alors changé pour Parti progressiste-conservateur (PC). Celui-ci tente un virage vers la gauche; cependant, les libéraux et le CCF en font tout autant.

En 1944, les conservateurs se trouvent encore dans le mouvement proconscription de la Deuxième Guerre mondiale . Bien que le premier ministre libéral, William Lyon Mackenzie King , ait instauré la conscription, l’enthousiasme des conservateurs à son égard fait en sorte qu’ils en portent le blâme. Lors des élections de 1945, ils ne réussissent même pas à trouver de candidats pour la plupart des circonscriptions du Québec. Au même moment, dans les Prairies, le Parti PC se classe quatrième, derrière le CCF, le Parti libéral et le Crédit social .

John Bracken

John Diefenbaker

Avec de piètres résultats dans l’ouest du pays et au Québec, le Parti PC devient peu à peu un parti ontarien. En 1948, l’ancien premier ministre de la province, George Drew , est choisi comme chef du parti. Il est toutefois incapable d’en élargir l’électorat. Après deux cuisantes défaites en 1949 et en 1953, le parti décide de miser sur John Diefenbaker . Celui-ci est un homme de l’Ouest, un populiste et un personnage doté d’un remarquable sens de la mise en scène. John Diefenbaker offre à la fois un leadership fougueux et un programme visionnaire. Il enthousiasme les Canadiens blasés par deux décennies d’administration libérale. En 1957, John Diefenbaker remporte une minorité. L’année suivante, il surprend les Canadiens en s’emparant de 208 des 265 sièges à la Chambre des communes, dont 50 au Québec. (Voir Élections de 1957 et 1958.) Pour la première fois depuis 1911, le Parti conservateur redevient un véritable parti national.

Malgré un fort soutien de la part du Québec, John Diefenbaker n’arrive pas à composer avec la nature biculturelle du Canada. Ses initiatives politiques semblent être éclectiques au lieu de faire partie d’une vision plus vaste. En 1962, il perd sa majorité. En 1963, son gouvernement tombe aux mains des libéraux. Le populisme de John Diefenbaker lui fait perdre le soutien du monde des affaires, puis de la population générale, particulièrement dans les milieux urbains. Encore une fois, les Canadiens français boudent les progressistes-conservateurs. La destitution forcée de John Diefenbaker comme chef de parti en septembre 1967 nuit à l’unité du parti. Son successeur, le premier ministre de la Nouvelle-Écosse , Robert Stanfield , doit tenter de panser les blessures.

La Déclaration des droits de l'Homme de Diefenbaker

Joe Clark

Le Parti progressiste-conservateur bénéficie d’un soutien solide dans l’Ouest canadien et d’une popularité considérable au niveau provincial. Ceci est particulièrement vrai en Ontario, où le parti est au pouvoir de 1943 à 1985. En 1979, le Parti PC gouverne l’Ontario, le Manitoba , l’Alberta , la Nouvelle-Écosse, l’Île-du-Prince-Édouard , le Nouveau-Brunswick et Terre-Neuve . Malgré cet intérêt national, Robert Stanfield ne parvient pas à mener le parti fédéral au pouvoir. En 1972, il arrive à trois sièges près de la victoire contre le premier ministre libéral Pierre Elliot Trudeau .

En 1976, Joe Clark , un Albertain, devient chef fédéral du Parti PC. En mai 1979, il mène le parti vers un gouvernement minoritaire. Cependant, le parti est vaincu à la Chambre des communes en décembre et perd les élections de février 1980. (Voir Élections de 1979 et 1980.)

Joe Clark, politicien

Brian Mulroney

La défaite des conservateurs en 1980 remet en question le leadership de Joe Clark . En 1983, le parti le rejette et choisit un Québécois bilingue, Brian Mulroney , comme chef. Malgré son manque d’expérience parlementaire, Brian Mulroney possède de superbes compétences organisationnelles et une connaissance approfondie de sa province natale. Les progressistes-conservateurs, si souvent divisés, s’unissent derrière ce nouveau chef alors qu’il affronte le successeur de Pierre Elliot Trudeau , John Turner , lors des élections fédérales de 1984. Brian Mulroney fusionne la base du parti dans l’Ouest canadien au soutien renouvelé des Québécois nationalistes qui sont désillusionnés par le fédéralisme de Pierre Elliot Trudeau. Le Parti progressiste-conservateur remporte alors la plus grande majorité écrasante de l’histoire canadienne, remportant 50 % du vote populaire et 211 des 282 sièges, incluant 58 des 75 circonscriptions du Québec.

Bien que le parti soit en proie à la démission de plusieurs ministres et à des scandales, le gouvernement Mulroney met en œuvre une grande partie de son programme commercial. Il privatise des sociétés d’État et conclut un accord de libre-échange avec les États-Unis. (Voir Le Canada et l’ALENA.) Néanmoins, son incapacité à atteindre son objectif d’un fédéralisme renouvelé par des négociations constitutionnelles (voir Accord du lac Meech et Accord de Charlottetown), ainsi que son incapacité à réduire la dette publique ou à libérer le Canada d’une persistante récession érode le soutien du parti au cours de son deuxième mandat. La popularité personnelle de Brian Mulroney chute à des niveaux inférieurs à celle de tout autre premier ministre précédent.

Brian Mulroney et Margaret Thatcher

Éclatement du parti

Vers la fin des années 1980, le Parti progressiste-conservateur commence à se dissoudre sous Brian Mulroney. En 1987, Preston Manning forme le Parti réformiste populiste de droite sous le slogan général, « l’Ouest veut sa part. » Preston Manning guide le Parti vers une performance respectable en Alberta lors des élections de 1988. Des faiblesses apparaissent également au Québec lorsqu’un ami de Brian Mulroney et collègue du Cabinet, Lucien Bouchard , démissionne en raison de son désaccord sur les modifications proposées à l’Accord du lac Meech . Plusieurs députés conservateurs du Québec le suivent; ils forment un autre parti politique, le Bloc Québécois .

En 1993, la coalition de Brian Mulroney se désintègre sous la nouvelle chef du Parti progressiste-conservateur et première ministre, Kim Campbell . Elle se révèle incapable de prendre ses distances par rapport au régime précédent de Brian Mulroney. Les partisans québécois se tournent vers Lucien Bouchard et le Bloc Québécois. Les partisans de l’Ouest se tournent vers le Parti réformiste. Les élections entraînent la défaite la plus dévastatrice de l’histoire de la politique canadienne. Le Parti progressiste-conservateur ne remporte que deux sièges à la Chambre des communes et perd son statut de parti politique officiel.

Campbell, Kim

En 1995, Jean Charest devient le premier canadien-français à diriger le Parti conservateur. Le jeune Jean Charest est perçu comme étant la clé de la reconstruction du Parti. Lors des élections fédérales de 1997, le parti remporte 20 sièges et retrouve ainsi son statut de parti officiel au Parlement . Malgré ce progrès, Jean Charest quitte le PC fédéral en 1998 pour remplacer Daniel Johnson à la tête du Parti libéral du Québec. Jean Charest est remplacé par Joe Clark qui fait un retour à la politique fédérale et remporte aisément la course à la direction du parti.

En 1999, l’Alternative unie, un effort de coalition commencé par le Parti réformiste, décide d’unir les partis conservateurs pour tenter de créer des progrès politiques contre le Parti libéral fédéral. Le Parti PC refuse de participer au mouvement. Toutefois, le mouvement continu avec le soutien de certains des membres du PC de l’Ontario et d’une poignée d’hommes d’affaires de Toronto.

Entre-temps, l’Alliance canadienne est formée en 2000 avec pour chef l’ancien trésorier de l’Alberta, Stockwell Day . Lors des élections de cette année-là, Stockwell Day mène son parti à l’obtention de 66 sièges; le Parti progressiste-conservateur de Joe Clark conserve de justesse son statut de parti officiel avec 12 sièges, principalement au Canada atlantique . La stratégie de Joe Clark de reconstruire le Parti PC sur la base de l’Alliance canadienne en ruines échoue.

Jean Charest

Parti conservateur du Canada

En mai 2000, le Parti progressiste-conservateur choisit Peter MacKay comme nouveau chef. Celui-ci remporte le poste en promettant de ne jamais chercher à créer une fusion avec l’Alliance canadienne. Quelques semaines plus tard, il rompt sa promesse et entame des pourparlers de fusion avec l’Alliance, qui à ce moment-là est dirigée par Stephen Harper . Un accord de fusion est conclu; il est ratifié par une écrasante majorité en décembre 2003 lors de votes séparés par les membres des deux partis. Le Parti conservateur du Canada fusionné voit le jour en décembre 2003. Stephen Harper est élu en tant que son premier chef l’année suivante.

Les partis progressistes-conservateurs provinciaux, dont plusieurs sont toujours présents dans diverses provinces, maintiennent la marque PC; mais ils ont tendance à soutenir le nouveau Parti conservateur au niveau fédéral.

La fusion fédérale a de farouches opposants dans certains endroits, tout particulièrement auprès des Tories conservateurs traditionnels. Joe Clark et d’autres députés conservateurs quittent le parti. Ils croient que la fusion est moins une union d’égal à égal qu’une prise de contrôle par l’Alliance canadienne. La décision de supprimer le terme « progressiste » du nom du parti est perçue comme plus que symbolique; pour certains, le nouveau Parti conservateur du Canada ressemble davantage au Parti républicain américain qu’au Parti des Tories traditionnel.

Harper, Stephen

Stephen Harper

La droite politique est unie pour la première fois depuis une décennie. Lors des élections de 2004, le Parti conservateur remporte 99 sièges, incluant des victoires importantes en Ontario, où les votes sont nombreux, ce qui est suffisant pour obtenir le statut d’opposition officielle.

Vers la fin de l’année suivante, le gouvernement libéral minoritaire tombe. Steven Harper mène son parti à une victoire de gouvernement minoritaire aux élections de 2006. De nombreux observateurs considèrent les résultats de cette élection comme le début d’un déplacement à long terme du pouvoir politique vers les provinces de l’ouest, en particulier l’Alberta, siège électoral de Steven Harper.

Le gouvernement de Steven Harper poursuit la mission canadienne de combat en Afghanistan , il réduit les impôts, il saborde le soutien du Canada au Protocole de Kyoto sur les changements climatiques et il met en œuvre la réforme du Sénat . Il fait également adopter une loi qui établit des élections à date fixe. Pendant ce temps, le régime de Steven Harper est critiqué pour son comportement excessivement conflictuel et partisan lorsqu’il interagit avec les autres partis à la Chambre des communes , ainsi que pour son caractère secret et contrôlant avec les médias.

28e gouvernement canadien

À l’été 2008, Steven Harper ignore sa propre loi sur les élections à date fixe et déclenche des élections pour le mois d’octobre. Le Parti conservateur est réélu avec un deuxième gouvernement minoritaire. À la suite des élections, il s’accroche au pouvoir grâce à une tentative ratée des partis de l’opposition de former un gouvernement de coalition libéral-néo-démocrate soutenu par le Bloc Québécois.

Au cours de son deuxième mandat, le Parti conservateur de Steven Harper est contraint de réagir à la récession provoquée par la crise financière mondiale de 2008. On annonce l’instauration de dépenses massives pour la stimulation de l’économie, y compris plusieurs milliards de dollars destinés au sauvetage de l’industrie automobile. Ceci donne lieu à d’importants déficits fédéraux. Le Parti conservateur propose également des mesures sévères contre la criminalité, des allégements fiscaux ciblés et il met fin au formulaire obligatoire détaillé du recensement.

En 2011, les conservateurs sont reconnus coupables d’outrage au Parlement pour avoir refusé de présenter des estimations de coûts pour divers programmes. En conséquence, ils sont défaits lors d’un vote de censure qui mène à des élections fédérales. Les conservateurs de Steven Harper font campagne sur une plateforme mettant de l’avant la stabilité économique en période d’incertitude. En mai, le parti émerge avec la majorité qu’il recherche depuis longtemps et remporte 166 des 308 sièges. Steven Harper semble bien placé pour faire avancer la cause de l’intégration des politiques et principes conservateurs au cœur du système politique canadien.

Stephen Harper

Mandat de 2011

Bien qu’il soit au pouvoir pour la première fois, le gouvernement conservateur résiste à une série de scandales et de mauvaises nouvelles. Principalement, il fait face à des allégations de mauvaise gestion relativement à son administration d’approvisionnement en nouveaux avions de combat militaires. En 2012, un scandale de dépenses éclate également autour d’un certain nombre de sénateurs conservateurs et libéraux de haut niveau. Ce scandale éclabousse le Cabinet du premier ministre et mène à la démission de son chef de cabinet. Le ministre des Finances Jim Flaherty , un pilier ontarien des conservateurs, démissionne en mars 2014 et meurt peu de temps après.

Le parti est également impliqué dans une série de scandales électoraux. À l’automne 2011, les conservateurs plaident coupables à des accusations de tactiques illégales commises pendant la campagne de 2006 (ils ont dépassé les limites de dépenses publicitaires permises en transférant les dépenses pour publicités nationales vers les comptes de circonscriptions locales). En 2014, un ancien membre du personnel du parti est condamné pour son rôle dans l’utilisation d’une banque de données des conservateurs afin de détourner les électeurs potentiels de l’opposition d’une circonscription ontarienne vers les mauvais bureaux de vote lors des élections de 2011.

Pendant ce temps, les conservateurs continuent d’annoncer des déficits, comme ils l’ont fait lors de la récession de 2008-2009. Ceci comprend à la fois les réductions d’impôts et l’enracinement d’un bon nombre d’augmentations nominales de dépenses mises en place durant les années de récession. Les dépenses gouvernementales consacrées à la défense constituent une exception importante; elles stagnent après le retrait des troupes de combat canadiennes d’Afghanistan en juillet 2011.

Défaite de 2015

Vers le milieu de l’année 2015, le Parti conservateur est en pleine lancée de sa campagne, se préparant pour les élections d’octobre. Le soutien du Québec demeure faible, mais les conservateurs parviennent à créer un attrait pour certains groupes d’électeurs importants autrefois fidèles aux libéraux. On compte parmi ceux-ci les Canadiens des banlieues du sud de l’Ontario, et les communautés d’immigrants.

Pour la première fois depuis des décennies, toutefois, des questions sont soulevées au sujet d’un éventuel changement de vote parmi les principaux conservateurs loyalistes de l’Ouest; plus particulièrement en Alberta, où 44 ans de gouvernement conservateur ont pris fin suite à la victoire majoritaire du NPD lors des élections provinciales de mai 2015. L’économie canadienne stagne et l’industrie pétrolière de l’Alberta subit de fortes réductions en raison de la faiblesse des prix mondiaux du pétrole et des matières premières. Il est difficile de prédire si les conservateurs fédéraux, qui affirment être les meilleurs gestionnaires du pays, peuvent convaincre les Canadiens de leur confier un quatrième mandat fédéral.

Les élections fédérales d’octobre démontrent qu’après neuf ans sous la gouverne de Steven Harper, et malgré un retour final à l’équilibre budgétaire, les Canadiens sont prêts pour un changement. Les libéraux de Justin Trudeau obtiennent un gouvernement majoritaire. Ils renversent les conservateurs, qui retournent au statut d’opposition officielle à la Chambre des communes. Stephen Harper démissionne de son poste de chef du Parti conservateur. L’ancienne ministre du Cabinet Rona Ambrose devient chef du parti par intérim.

La course au leadership de 2016

La course pour remplacer Stephen Harper débute sérieusement en 2016. Le vote à la chefferie est prévu pour le mois de mai 2017. En avril 2016, Kellie Leitch, ancienne ministre du Travail et ministre de la Condition féminine, est la première à lancer sa campagne électorale. Ultimement, 14 candidats sont présents sur le bulletin de vote; Andrew Scheer , ancien président de la Chambre des communes , Maxime Bernier , ancien ministre des Affaires étrangères et ministre de l’Industrie, Erin O’Toole, ancien ministre des Anciens Combattants , et le député Brad Trost. Kevin O’Leary, personnalité de la télévision et homme d’affaires, se joint à la course au leadership en janvier 2017. Il se retire avant le vote du mois de mai, en dépit de plusieurs sondages le révélant comme favori.

Les principaux enjeux de la campagne électorale incluent le maintien des valeurs fondamentales du gouvernement conservateur précédent, le rôle des conservateurs sociaux au sein du parti, ainsi que les enjeux de gestion de l’offre et de l’immigration. Maxime Bernier, qui se trouvait à égalité avec Kevin O’Leary en avril, cherche à guider le parti dans une direction plus libertaire. Kellie Leitch suscite de vives critiques en suggérant que les immigrants arrivant au Canada doivent être soumis à un test des valeurs canadiennes. Andrew Scheer, conservateur social, fait la promesse de poursuivre les politiques du gouvernement conservateur de Stephen Harper.

Le 27 mai 2017, Andrew Scheer est élu chef du parti. Il remporte la victoire contre Maxime Bernier suite au retrait de tous les autres candidats du système de scrutin préférentiel. C’est une victoire serrée, Andrew Scheer récolte 50,95 % des points disponibles selon les règles du scrutin; il remporte la victoire par 62 593 voix contre 55 544 pour Maxime Bernier. L’élection de Andrew Scheer démontre la force des conservateurs sociaux au sein du parti conservateur. Il est largement considéré comme étant un choix plus sûr que Maxime Bernier.

En août 2018, Maxime Bernier quitte le caucus conservateur. Il qualifie le parti de « moralement corrompu » et déclare que celui-ci a abandonné ses principes. Maxime Bernier fonde un nouveau parti, le Parti populaire du Canada , et annonce son intention de présenter une liste complète de candidats lors des élections fédérales de 2019. Andrew Scheer, ainsi que d’autres députés conservateurs, accuse Maxime Bernier de faire passer ses ambitions personnelles avant le parti.

Opposition officielle, 2015 à aujourd’hui

En tant qu’opposition officielle, les conservateurs concentrent l’essentiel de leurs critiques sur le premier ministre Justin Trudeau . Le parti et ses alliés provinciaux critiquent plus particulièrement l’implantation de la taxe sur le carbone de Justin Trudeau. Les conservateurs fédéraux promettent de l’abolir s’ils sont élus en octobre 2019. Ils accusent également Justin Trudeau d’avoir mal géré l’achat et la construction du projet d’expansion du pipeline Trans Mountain et de ne pas tenir tête au président américain Donald Trump dans les négociations commerciales (voir Le Canada et l’ALENA ). Les conservateurs protestent aussi contre la décision de Justin Trudeau d’indemniser Omar Khadr .

Tout au long de l’année 2019, une grande partie des critiques des conservateurs portent principalement sur le rôle de Justin Trudeau dans l’affaire SNC-Lavalin . Les chefs conservateurs l’accusent d’ingérence politique dans cette affaire. Ils font appel au commissaire à l’éthique ainsi qu’à la Gendarmerie royale du Canada pour ouvrir une enquête plus approfondie. Avant les élections générales de 2019, le parti publie également une série de documents de campagne électorale et d’énoncés de vision. En septembre 2019, il devient le premier parti à annoncer une liste complète de candidats.

Andrew Scheer

Élections fédérales de 2019

Les conservateurs remportent 121 sièges aux élections fédérales du 21 octobre 2019. Le parti renforce sa présence à la Chambre des communes et remporte le vote populaire, obtenant plus de 34 % des suffrages contre 33 % pour les libéraux . Le soutien aux conservateurs est en hausse dans la plupart des provinces, notamment en Saskatchewan , en Alberta et au Manitoba . Cependant, ce n’est pas le cas au Québec et en Ontario . Les libéraux font une conquête considérable de la plupart des circonscriptions de la région du Grand Toronto , tel qu’ils l’avaient fait en 2015. La part des votes des conservateurs diminue dans cette région. Au total, les libéraux remportent 157 sièges, remportant ainsi un gouvernement minoritaire. Le Parti conservateur conserve son statut d’opposition officielle.

La course au leadership de 2020

Immédiatement après les élections de 2019, Andrew Scheer est critiqué au sein de son parti pour ne pas avoir renversé le premier ministre Justin Trudeau. Nombreux sont ceux qui considèrent que le chef libéral est extrêmement vulnérable suite à l’affaire SNC-Lavalin. Ceci est aggravé par des révélations durant la campagne selon lesquelles Justin Trudeau se serait maquillé le visage tout en noir à plus d’une occasion. Peter Mackay déclare que la défaite électorale d’Andrew Scheer est comme « d’avoir une échappée sur un filet ouvert et de rater le filet. » Les appels à la démission d’Andrew Scheer s’intensifient. Le 12 décembre, celui-ci annonce qu’il démissionne. Il demeure chef du parti jusqu’à ce qu’un congrès à la chefferie soit tenu; le congrès est prévu pour le 27 juin 2020.

Le leadership est contesté par quatre candidats : Peter MacKay, Erin O’Toole, le député d’arrière-ban Derek Sloan, et l’avocate torontoise Leslyn Lewis. Derek Sloan devient le premier adventiste du septième jour à être élu à la Chambre des communes lorsqu’il est élu dans la circonscription ontarienne de Hastings — Lennox and Addington lors des élections de 2019. Il se marginalise rapidement avec ses propos perçus largement comme étant racistes et homophobes. Leslyn Lewis, qui ne parle qu’une langue, cherche à ouvrir à nouveau le débat sur l’avortement. Elle devient également la première femme noire à se présenter à la tête du parti conservateur.

La course devient par conséquent une course à deux, entre Peter Mackay et Erin O’Toole. En raison de la pandémie de COVID-19, le congrès à la chefferie est reporté et les votes se font par la poste. Plus de 170 000 bulletins de vote sont déposés, et les résultats sont retardés de plusieurs heures à cause de la défaillance mécanique d’une machine de tri du courrier. Le 23 août, Erin O’Toole est nommé chef du parti conservateur après avoir remporté 57 % des voix au troisième tour de scrutin.

Erin O’Toole

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