Complexes universitaires (ou campus) | l'Encyclopédie Canadienne

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Complexes universitaires (ou campus)

Le mot « campus » a acquis une portée et une résonance considérables. Il peut maintenant s'appliquer à presque tout groupe de bâtiments dédiés à une fin commune sur un site aménagé.

Complexes universitaires (ou campus)

Le mot « campus » a acquis une portée et une résonance considérables. Il peut maintenant s'appliquer à presque tout groupe de bâtiments dédiés à une fin commune sur un site aménagé. Il existe des campus de bureaux, des campus d'établissements de soins de santé, des campus industriels et des campus de recherche. « Campus »est aussi un raccourci pratique pour désigner les activités, les personnes et l'esprit d'un établissement postsecondaire. C'est aux États-Unis, à la fin du XIXe siècle, que le mot est pour la première fois appliqué aux universités et aux collèges. Le mot latin signifie « champ », et « campus » fait référence à une vaste étendue de terres sur lesquelles sont érigés des bâtiments. Par association, le mot désigne maintenant l'établissement lui-même et toute structure physique l'accueillant, avec ou sans espaces verts. Les universités existent depuis près d'un millénaire, et beaucoup n'ont jamais occupé de terres ouvertes ni même de bâtiments.

L'histoire des universités canadiennes remonte au XVIIIe siècle ou avant, si l'on tient compte du Séminaire de Québec, qui est à l'origine de l'Université Laval. Les modèles les plus caractéristiques des bâtiments universitaires à cette époque sont les universités d'Oxford et de Cambridge. Elles permettent d'héberger les groupes d'étudiants qui en constituent l'élément fondamental, contrairement aux modèles continentaux européens dans lesquels les professeurs forment le cœur de l'établissement. Ces universités sont des fondations urbaines généralement situées dans des bâtiments urbains non classés ou, à Paris, dans des églises. Le King's College, situé à l'origine à Windsor, en Nouvelle-Écosse, ressemble à l'Université d'Oxford, tandis que l'Université Laval rappelle le modèle français.

Premières universités

Le programme d'arts libéraux des premières universités peut être facilement logé dans différentes structures. Les espaces requis sont des salles de classe et de conférence, des bureaux et des salles de réunion ainsi que des logements pour les étudiants. Ceci change grandement avec l'expansion, au XIXe siècle, de l'enseignement et de la recherche en sciences et en génie. Les laboratoires nécessitent de nouveaux types de bâtiments qui transforment bon nombre de campus. De plus, des universités à plusieurs campus font leur apparition après la Deuxième Guerre mondiale. L'Université du Québec est fondée en tant qu'établissement provincial à plusieurs campus, tout comme l'Université de la Californie et la State University of New York. Celles-ci incluent aussi des constituantes suburbaines d'universités plus anciennes et des campus d'universités suburbaines situés dans les centres-villes.

Les premières universités sont notamment le King's College, en Nouvelle-Écosse, et l'Université Laval, à Québec. L'Université King's College, fondée sous le nom King's College en 1789 à Windsor (Nouvelle-Écosse), consiste en un seul bâtiment constitué de cinq baies séparées par des murs mitoyens épais. Le plan d'origine comprend deux ailes formant un quadrangle, mais dont la construction s'est avérée trop dispendieuse. Chaque baie dispose d'une entrée et d'un escalier, comme dans le modèle de l'Université d'Oxford. D'autres bâtiments y sont ajoutés dans la deuxième moitié du XIXe siècle pour accueillir la salle de conférences, la bibliothèque, la chapelle et pour héberger les professeurs. Au début du XXe siècle, un bâtiment consacré aux sciences, une résidence pour les femmes et un rectorat y sont aussi ajoutés. En 1920, un incendie détruit le bâtiment principal et provoque un déménagement précipité à Halifax et une association avec l'Université Dalhousie.

L'Université Laval est encore plus ancienne. En effet, elle remonte au Séminaire de Québec, fondé en 1663 par Monseigneur de Laval, mais elle ne devient un établissement indépendant que lorsqu'elle reçoit sa charte royale de la reine Victoria. Elle devient l'Université Laval en 1852. Ses programmes et son corps professoral prennent de l'expansion au début du XXe siècle, et elle devient graduellement un campus à plusieurs bâtiments situé sur un terrain octogonal dans la banlieue de Ste-Foy. Cela dit, l'École d'architecture se trouve toujours au Vieux-Séminaire. À l'origine, le bâtiment est planifié et construit au XVIIe siècle au moyen de caves de pierres en voûte, de petites fenêtres à battants et de murs de pierres massifs recouverts de stucco ou de crépi, un recouvrement de murs extérieurs composé de pierres et de stucco.

Universités récentes

Par la suite, les établissements continuent d'occuper un seul bâtiment, pour des raisons de taille et d'économie. Le Victoria College de 1841, plus tard fédéré avec l'Université de Toronto, est au départ un bâtiment néoclassique construit dans les années 1830, sous le nom de l'Upper Canada Academy, par l'Église méthodiste à Cobourg, en Ontario. Plus tard au XXe siècle est construit le bâtiment de l'Université de Winnipeg, qui englobe l'ancien bâtiment du United College.

Dans les années 1960 apparaît la mégastructure (appelée « campus à structure unique » par Stefan Muthesius dans le chapitre nord-américain de son étude internationale intitulée The Postwar University et publiée en 2001), un développement ambitieux du bâtiment unique influencé par les développements internationaux. Il s'agit d'une entité qui englobe et relie différents usages, comme des laboratoires scientifiques, des grandes salles de conférences, des installations sportives, des salles de classe et des bureaux, le tout au sein d'une construction continue plutôt que dans des bâtiments distincts. Mentionnons par exemple le Scarborough College, l'Université de Lethbridge, l'Université Mount Royal et le campus d'origine de l'Université Simon Fraser. Ces derniers utilisent tous de diverses façons le béton comme matériau architectural inspiré de Le Corbusier, en France, ainsi que son intégration d'un ensemble complexe d'usages dans une seule structure, comme dans l'Unité d'Habitation, à Marseille.

Habituellement, les universités de toutes tailles et de toutes disciplines accueillent les différents usages et activités dans des bâtiments distincts. Lorsque le site est assez grand, l'aménagement paysager pittoresque britannique des XVIIIe et XIXe siècles est un modèle attrayant. Les bâtiments sont disposés le long de routes, de trottoirs, de plantations et d'étendues d'eau, et on profite du relief pour aménager des campus comportant des belvédères offrant une vue sur les espaces verts, les bois, les jardins et les bâtiments afin de créer une impression d'activité humaine dans un milieu naturel. Le plan de Ron THOM pour l'Université Trent en est le meilleur exemple. Des concepteurs-paysagistes travaillent à l'aménagement de nombreuses universités, du campus d'origine de l'Université King's College jusqu'au Collège d'agriculture de l'Ontario (plus tard l'Université de Guelph), en adoptant différents styles, du pittoresque et du jardinier (gardenesque) jusqu'à l'approche plus formaliste privilégiée par le MOUVEMENT CITY BEAUTIFUL et, plus récemment, par les architectes et les concepteurs visant un environnement universitaire plus dense et urbain.

Beaucoup de campus semblent être une accumulation désordonnée de bâtiments et d'autres structures plutôt qu'un environnement conçu sciemment. L'augmentation de l'utilisation de l'automobile à la fin du XXe siècle fait apparaître de vastes stationnements et parfois des garages aériens. La bienfaisance des gouvernements et de donateurs individuels mène à des possibilités de bâtiments qui ne sont pas toujours bien coordonnées avec les plans des universités et qui sont parfois difficiles à intégrer de façon ordonnée aux routes et aux bâtiments existants. L'inclusion de collèges existants ainsi que d'installations et d'établissements de recherche régis séparément produit parfois des campus secondaires adjacents ou éloignés. La plupart des grandes universités de recherche sont la preuve de cette diversité, qui étend la signification de campus à bien plus qu'un seul emplacement.

Même au-delà de l'enceinte des universités, certains campus s'étendent à des terrains utilisés principalement à des fins autres qu'académiques. Mentionnons par exemple les logements privés et les établissements commerciaux construits sur les terres de l'Université de la Colombie-Britannique ainsi que les propositions de développement du campus ouest de l'Université de Calgary pour y inclure une zone commerciale, des logements, des locaux à bureaux, un hôtel et d'autres installations, tous dans le but de compléter et d'élargir le campus principal existant, mais aussi de générer des revenus utiles grâce au développement privé.

Planificateurs de campus

La planification des campus est devenue un secteur important d'activité professionnelle nécessitant, entre autres, les compétences d'architectes, d'architectes-paysagistes, de planificateurs et d'ingénieurs. En plus du travail réalisé par G.L.T. Sharp et Charles J. Thompson à l'Université de la Colombie-Britannique ainsi que Percy NOBBS et George Taylor Hyde, de Montréal, à l'Université de l'Alberta au début du XXe siècle, Thomas Mawson travaille à des plans de campus pour l'Université Dalhousie (1912), l'Université de la Saskatchewan (1912), un projet d'université à Calgary (1912) et l'Université de la Colombie-Britannique (1913), dont certains avec H.B. DUNINGTON-GRUBB, concepteur-paysagiste bien connu.

Dans les années 1960, un consortium des sociétés d'architecture de Gordon Adamson, de John B. PARKIN, de Leonard Shore et de Bob Moffat, en collaboration avec l'éminent architecte-paysagiste de Harvard Hideo Sasaki, dresse les plans des campus principaux de l'Université York et de l'Université Brock. En 2007, la société fondée par Sasaki prépare le plan du campus ouest de l'Université de Calgary. Toujours établie à Boston, la société inclut des diplômés de l'Université McGill et de l'Université de Toronto.

En 1991, Brian MACKAY-LYONS, qui travaille avec un groupe exceptionnel de conseillers du monde entier (dont William Mitchell, Charles W. Moore et Giancarlo De Carlo), produit pour l'Université Dalhousie un plan songé, représentatif de la pensée avant-gardiste de l'époque. Du Toit Allsopp Hillier, de Toronto, travaille aux plans de l'Université McGill et de l'Université Queen's, entre autres. Son rapport de 1992, Canadian University Campuses, est une étude comparative comprenant des statistiques, un contexte et des plans de fond et de forme concernant les campus de tout le pays. D'autres planificateurs et architectes ont élaboré des plans de campus, dont un grand nombre n'ont jamais été concrétisés. La mise en œuvre est une étape qui est trop souvent négligée dans la planification. L'économie, la politique, l'inconfort face au changement et la simple inertie sont des obstacles majeurs à surmonter.

Services des campus

Dans les campus traditionnels, l'aménagement des services mécaniques et électriques requiert non seulement des bâtiments auxiliaires, mais aussi de longs passages de tuyaux, de câbles électriques et de fibres optiques. À l'Université Carleton et à l'Université de Calgary, ils sont situés dans des tunnels souterrains qui, à Carleton (et à une époque à Calgary), servent de connexions abritées pour les piétons entre les bâtiments. Des passages en surface, des ponts et des bâtiments accolés inspirés des cloîtres médiévaux permettent aussi de protéger les piétons des intempéries. Des services de navettes et d'autres moyens de transport mécanisés relient certains campus à des installations éloignées.

De telles installations contribuent peut-être à un campus vert, mais elles restent une possibilité ambitieuse qui n'a pas encore été concrétisée. Toutefois, un certain nombre de nouveaux bâtiments de campus sont construits dans le respect des normes LEED (Leadership in Energy and Environmental Design), et d'autres caractéristiques écologiques sont de plus en plus souvent intégrées dans la construction de nouvelles universités.

Des bâtiments spécialisés peuvent soulever des exigences particulières. Le Centre Chan de l'Université de la Colombie-Britannique, d'autres grandes salles de conférences et des musées comme le MUSÉE D'ANTHROPOLOGIE, requièrent une facilité d'accès par le public, y compris le stationnement. Les importantes structures sportives, comme les gymnases, les piscines, les stades et les patinoires, qui présentent des besoins similaires, sont présentes sur beaucoup de campus.

À l'ère d'Internet et de l'éducation à distance, l'université s'étend dans le cyberespace et peut-être sur des cybercampus. D'ailleurs, il s'agit maintenant du campus principal de l'Université Athabasca, inspirée à l'origine de l'Open University, au Royaume-Uni.

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