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Carmen Aguirre

Carmen Aguirre, actrice, réalisatrice, dramaturge et écrivaine (Chili, 1967). En 1973, sa famille immigre à Vancouver dans la foulée du coup d'État qui marque le début du régime de terreur d'Augusto Pinochet.

Carmen Aguirre

Carmen Aguirre, actrice, réalisatrice, dramaturge et écrivaine (Chili, 1967). En 1973, sa famille immigre à Vancouver dans la foulée du coup d'État qui marque le début du régime de terreur d'Augusto Pinochet. En 1979, en réponse à l'appel des révolutionnaires, sa mère et la famille quitte le Canada pour se joindre au mouvement révolutionnaire. Pendant plusieurs années, ses parents établissent des refuges secrets en AMÉRIQUE LATINE pour les compatriotes de la résistance, alors que Carmen et sa sœur fréquentent des écoles privées, aux côtés des enfants d'amis et des collaborateurs les plus puissants du dictateur chilien. À 18 ans, Carmen Aguirre devient « coureuse », livrant messages et denrées au Pérou, en Bolivie et dans tout le Chili. Aujourd'hui, elle se déclare chanceuse « d'avoir consacré [sa] jeunesse à une cause plus grande [qu'elle] ».

Sa sécurité étant compromise, elle retourne à Vancouver à l'âge de 22 ans et s'inscrit au prestigieux programme de THÉÂTRE du Studio 58, au Collège Langara, où elle entame sa carrière théâtrale (voirTHÉÂTRE D'EXPRESSION ANGLAISE, THÉÂTRE MULTICULTUREL), réalisant un rêve qu'elle caresse depuis longtemps. Elle fait des apparitions au CINÉMA et à la TÉLÉVISION, jouant entre autres le rôle-titre dans Quinceanera, un film indépendant qui remporte le Grand prix du jury et le Prix du public au Festival du film de Sundance en 2006.

Sa pièce The Trigger, qui est unanimement saluée par le public, traite d'AGRESSION SEXUELLE et a été présenté pour la première fois en 2005. À partir de sa propre expérience, Carmen Aguirre dépeint la victime comme un être inébranlable et intelligent qui subit les répercussions en chaîne (contrechocs) d'un viol et surmonte le traumatisme en en parlant avec une honnête dignité. En 2008, Carmen Aguirre entreprend l'écriture de sa pièce la plus connue, The Refugee Hotel. De façon à la fois humoristique et émouvante, elle raconte l'histoire de huit RÉFUGIÉS arrivant dans un hôtel de Vancouver et en proie aux troubles émotionnels liés à l'exil politique : l'ivresse de la survie et l'angoisse liée à ce bouleversement. C'est l l'épouvantable culpabilité d'être perçu comme un traître par ceux qu'on laisse derrière que le personnage de Carmen Aguirre, Fat Jorge exprime : « Ce n'est pas une traîtresse. C'est moi qui suis un traître.. Je suis ici alors que je pourrais être là-bas. Oh! mon Dieu ». Considéré par de nombreux critiques comme un drame poignant à portée internationale, The Refugee Hotel est en nomination pour un prix Dora Mavor Moore en 2010.

Carmen Aguirre commence à noter ses expériences révolutionnaires au début de 2003. En 2009, ces notes deviennent des mémoires (voirÉCRITS À CARACTÈRE INTIME DE LANGUE ANGLAISE), Something Fierce: Memoirs of a Revolutionary Daughter. Il y a, au début du récit, une description de son vol spectaculaire vers le Canada en compagnie d'autres réfugiés en fuite : « Nous avons traversé la frontière et sommes entrés au Pérou. Nous ne sommes plus au Chili. Des passagers... pleuraient... quelqu'un s'est mis à entonner l'hymne national chilien et tous ont emboité le pas. Mes parents ont mis leurs bras entour de nous et ont dit : "Vous n'oublierez jamais cela. Vous. N'oublierez. Jamais" ». Something Fierce remporte le concours CBC Canada Reads en 2012. Le concours est marqué par un vif débat parmi les membres du jury de Canada Reads, dont certains se sont portés à la défense du mémoire de Carmen Aguirre, en se focalisant sur la famille Aguirre et son rôle dans la résistance face au régime Pinochet soutenu par les Américains.

Carmen Aguirre déclare « On ne se remet jamais d'une dictature. On l'accepte comme faisant partie de son histoire personnelle]. Je ne ressens aucune colère, aucune haine ». Son spectacle solo Blue Box est inauguré à Ottawa en février 2012. Elle y explore le thème de la poursuite et de la fuite avec un humour cru et une émotion pure et simple. Elle s'adresse directement au public, sans costume ni mise en scène, et son monologue très structuré et intime s'ouvre sur l'histoire du fantôme de sa grand-mère, qui apparaît de son propre chef pour aider Aguirre à chasser la douleur d'un cœur brisé : « Regarde devant toi! », gronde-t-elle. Ce message continue de résonner tandis que l'héroïne invoque les forces qu'elle a héritées de sa famille pour vivre dans le moment présent, et aller de l'avant.

Carmen Aguirre enseigne à l'École de cinéma de Vancouver et a été dramaturge en résidence au VANCOUVER PLAYHOUSE, au Touchstone Theatre et au BELFRY THEATRE de Victoria. Fondatrice et directrice du Latino Theatre Group, elle a animé des ateliers pour Theatre of the Oppressed et a écrit et coécrit plus d'une douzaine de pièces. Carmen Aguirre habite à Vancouver, continue à écrire - et à se produire au théâtre, à la télévision et au cinéma.