Boîtes à chansons | l'Encyclopédie Canadienne

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Boîtes à chansons

Boîtes à chansons. Nom donné à de petites salles modestes situées hors des circuits réguliers de spectacles où, à partir du milieu des années 1950, la plupart des jeunes chansonniers québécois se produisirent pour la première fois.

Boîtes à chansons

Boîtes à chansons. Nom donné à de petites salles modestes situées hors des circuits réguliers de spectacles où, à partir du milieu des années 1950, la plupart des jeunes chansonniers québécois se produisirent pour la première fois. Dans ces endroits exigus (50 à 100 places) et enfumés, on servait du café et rarement de l'alcool, toutes boissons consommées sur des tables branlantes nues ou recouvertes de nappes à carreaux. Les spectateurs, en majorité des étudiants, occupaient des chaises inconfortables, mais l'enthousiasme était grand dans ces salles intimes où la décoration se limitait souvent à un filet de pêche au mur. C'est là que furent révélés Pierre Calvé, Claude Gauthier, Sylvain Lelièvre, Pierre Létourneau, Raymond Lévesque, Monique Miville-Deschênes et Gilles Vigneault.

Plusieurs revendiquent l'honneur d'avoir ouvert la première boîte à chansons. Le cabaretier François Pilon est considéré par certains comme l'inventeur du terme. Au début des années 1950, il ouvrit une boîte attenante au Café Saint-Jacques à Montréal. En 1959, six jeunes chansonniers (les Bozos) fondèrent à Montréal la boîte Chez Bozo dont le succès incita Gilles Mathieu à tenter une expérience semblable à Val-David, dans les Laurentides. La Butte à Mathieu permit à plusieurs jeunes de faire leurs premières armes et à des chansonniers comme Raymond Lévesque de s'y produire régulièrement. Elle fit faillite en 1974 et fut par la suite transformée en théâtre d'été. À Québec, Renée Claude fit en 1960 ses débuts sur scène à la Boîte à chansons, et Gilles Vigneault interpréta sa première chanson devant le public de L'Arlequin. Ces premières boîtes engendrèrent un mouvement à la grandeur du Québec. Leur prolifération constitua un phénomène à la fois artistique, culturel et social. La plupart de ces établissements avaient cependant une existence éphémère. Claude Léveillée en inaugura pas moins d'une cinquantaine, dont Le Chat noir à Montréal. Parmi les autres chansonniers qui devinrent propriétaires de boîtes, mentionnons Tex Lecor (La Poubelle) et Raymond Lévesque (Le P'tit caporal) à Montréal, ainsi que Raoul Roy (Le Pirate) à Saint-Fabien-sur-Mer. Félix Leclerc, le premier à avoir lancé l'idée de se présenter seul sur scène avec ses chansons, accompagné d'une guitare ou d'un piano, se fit aussi entendre dans des boîtes à chansons.

Dans sa forme originale, le phénomène perdit peu à peu de sa vigueur et, à toutes fins pratiques, s'éteignit de lui-même vers 1967. Devenus vedettes, les chansonniers avaient besoin de salles plus vastes; ils devaient aussi faire face à des exigences techniques plus complexes. C'est pourtant vers la fin de la vague des boîtes à chansons que s'ouvrit Le Patriote dans l'est de Montréal. Plus spacieuse, cette boîte a présenté les grands noms de la chanson du Québec ainsi que plusieurs artistes français, et ouvert ses portes à la relève. Avec les années, le répertoire des boîtes à chansons s'est élargi. En plus des auteurs-compositeurs-interprètes, on pouvait y entendre des ensembles de jazz, des groupes de musique folklorique, des chanteurs-instrumentistes, etc. Dans les années 1980, L'Évêché et l'Imprévu (Montréal), le Créneau, Le Gaulois et l'Ostradamus (Québec), le Café Virgule (Sherbrooke), le Théâtre de l'Île (Hull), Le Chat gris (Eastman), La Lucarne (Rimouski), le Café Carcajou (Baie-Comeau), Le Mouton noir (Baie-Saint-Paul) et l'Épave (Cap-aux-Meules) ont perpétué la tradition des boîtes à chansons. Plus récemment, le Bistro d'autrefois, la Butte Saint-Jacques et la Licorne (à Montréal) s'apparentent toujours aux boîtes des années 1960, même si leur clientèle et les artistes qui s'y présentent ont changé. Le 23 juin 1989, date du 30e anniversaire de la Butte à Mathieu, les nouveaux propriétaires ont inauguré le Musée de la parole québécoise, écrite et chantée, qui a fermé ses portes l'année suivante. La plupart des cégeps et des universités possèdent aussi des établissements du même genre. Au Canada anglais, les coffeehouses sont, dans une certaine mesure, l'équivalent des boîtes à chansons.

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