Beecroft, Norma | l'Encyclopédie Canadienne

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Beecroft, Norma

Norma (Marian) Beecroft. Compositrice, réalisatrice, commentatrice, administratrice (Oshawa, Ontario, 11 avril 1934). D.Litt. h.c. (York) 1996. Son père, Julian Balfour Beecroft, est musicien, inventeur et un pionnier de la mise au point du ruban magnétique.

Beecroft, Norma

Norma (Marian) Beecroft. Compositrice, réalisatrice, commentatrice, administratrice (Oshawa, Ontario, 11 avril 1934). D.Litt. h.c. (York) 1996. Son père, Julian Balfour Beecroft, est musicien, inventeur et un pionnier de la mise au point du ruban magnétique. Sa mère, Eleanor (Chambers) Beecroft (née Norton), qui a étudié la musique et la danse, est comédienne. Norma Beecroft étudie le piano, d'abord en cours particuliers avec Aladar Ecsedy (1950-1952), puis au RCMT (1952-1958) avec Gordon Hallett et Weldon Kilburn, prenant en même temps des leçons de composition avec John Weinzweig. Elle étudie aussi la flûte en 1957-1958 avec Keith Girard et poursuit ses études de composition au Berkshire Music Center de Tanglewood (été 1958) avec Aaron Copland et Lukas Foss, grâce à une bourse, puis à l'Accademia di Santa Cecilia à Rome (1959-1961) avec Goffredo Petrassi. Entre 1959 et 1962, elle prend des leçons particulières de flûte à Rome avec Severino Gazzelloni. Elle suit les cours (1960, 1961) de Bruno Maderna à Darmstadt, en Allemagne, et à la Dartington School, en Angleterre, de même que les cours de musique électroacoustique de Myron Schaeffer à l'Université de Toronto (1962-1963) et elle travaille avec Mario Davidovsky au centre de musique électroacoustique Columbia-Princeton, à New York (1964).

Elle obtient son premier emploi en musique à la SRC, comme script-assistante (1954-1957) aux émissions musicales de la télévision et, par la suite, comme conseillère musicale (1957-1959). Après ses études en Europe, elle revient à la SRC, d'abord comme script-assistante (1962-1963) puis, successivement, comme agent de relations avec les artistes (1963-1964), organisatrice des programmes nationaux à la radio (1964-1966) et réalisatrice (1966-1969) de séries telles que « Music of Today », « Organists in Recital » et « RSVP », de même que « From the Age of Elegance », qui est consacrée à la musique de l'époque baroque. Lorsqu'elle démissionne comme réalisatrice (1969), elle demeure animatrice et commentatrice à « Music of Today ». En 1976, son documentaire « The Computer in Music », production indépendante, remporte un Major Armstrong Award comme meilleure émission FM. Dans une autre initiative indépendante, elle prépare 13 phonogrammes, « Music Canada » (1975), à l'aide de bandes sonores des phonothèques de RCI et CAPAC. En tant que productrice à la pige, Beecroft crée des documentaires sur de nombreux compositeurs canadiens pour la radio de la SRC, notamment Weinzweig, Barbara Pentland, Harry Somers, Jean Coulthard, Bruce Mather, Harry Freedman et Gilles Tremblay et ensuite pour CJRT-FM, sur Murray Adaskin et Violet Archer.

Elle réalise des bandes sonores électroacoustiques pour les productions de Macbeth (1982) et Midsummer Night's Dream (1983) du Festival de Stratford. Dévouée à la cause de la musique canadienne, Norma Beecroft est présidente (1956-1957) des Canadian Music Associates (le comité torontois des concerts de la LCComp), présidente (1965-1968) des Ten Centuries Concerts, ainsi que cofondatrice (avec Robert Aitken), présidente et directrice (1971-1989) des NMC. Elle enseigne la musique électronique et la composition à l'Université York de 1984 à 1987.

La plupart des compositions de Beecroft sont le résultat de commandes d'organismes ou d'individus, notamment l'Orchestre symphonique de l'Atlantique (Pièce concertante no 1), les Ten Centuries Concerts (Elegy et Two Went to Sleep), les marionnettistes Dora et Leo Velleman (Undersea Fantasy), le choeur de l'Université luthérienne de Waterloo, auj. Université Wilfrid Laurier (The Living Flame of Love), la SMCQ (Rasas I), l'OCNA (Improvvisazioni Concertanti no 2), la SRC (Rasas II, 11 and 7 for 5+, Piece for Bob, Accordion Play, Evocations), le TS Junior Women's Committee (Improvvisazioni Concertanti no 3), l'Ontario Youth Choir (Three Impressions), les NMC (Rasas III, Collage '76, Jeu II, Jeu IV), le Canadian Electronic Ensemble (Consequences for Five), Music Inter Alia (Collage '78), James MacDonald (Quaprice), Days, Months and Years to Come (Cantorum Vitae), Rivka Golani (Troissonts, Jeu III), les Grands ballets canadiens (Hedda), le Bach 300 (Jeu de Bach), les York Winds (Images), CKLN Radio, Toronto (The Dissipation of Purely Sound), et la Music Gallery (Hemispherics, Quatuor à cordes no 2).

La nature et la variété des oeuvres de Norma Beecroft proviennent de ses fortes réactions à des stimuli particuliers, qu'il s'agisse des impressions musicales de son enfance, des influences successives de ses principaux professeurs, des talents de ses amis exécutants ou des défis inhérents aux commandes.

Parmi toutes ces influences, il y en a une, profonde et soutenue, qui la marque dans son enfance : celle de la musique de Debussy. La sensualité et le coloris subtil de cette musique continuent à influencer ses prédispositions esthétiques, en dépit de l'apport marquant de quatre influences subséquentes : le souple contrepoint de Weinzweig, le néoacadémisme de Petrassi (fondé sur des analyses de partitions de Stravinsky, Hindemith et Bartók), les préceptes du dodécaphonisme modifié de Maderna et l'attrait des nouveaux moyens électroacoustiques. Chacun de ces courants élargit ses horizons, modifie son vocabulaire ou développe ses aptitudes. Néanmoins, son choix des timbres et leur mélange demeurent néodebussystes, même dans ses pièces dodécaphoniques et électroacoustiques. Elle utilise des sons générés ou transformés électroniquement comme un prolongement des sons vocaux et instrumentaux, plutôt que comme un simple substitut (From Dreams of Brass en est le premier exemple évident). L'interêt de Beecroft dans l'exploration de ce genre de mélange provient en grande partie d'avoir entendu Kontakte de Stockhausen, une pièce pour bande magnétique à quatre canaux et percussions en direct sur scène, à Darmstadt en 1961. « Ce fut le coup de foudre. Lorsque je suis retournée au Canada en 1962, cette direction me semblait la plus intéressante à poursuivre, mélanger des sons électroniques avec des instruments en direct pour qu'on puisse avoir un intérêt visuel sur scène, mais aussi quelquefois, se demander si ce qu'on vient d'entendre était sur une bande ou joué en direct. » Au milieu des années 1980, son travail fait une place à la complexité additionnelle du traitement numérique, avec des instruments ou seul. Elle déclare : « Le plus important pour moi est la qualité du son du produit fini, peu importe comment il a été réalisé ou à partir de quoi, et c'est là je présume, l'influence de Debussy sur la couleur et la texture ».

Sa soeur, Jane Beecroft (Toronto, 1932), poète et peintre, collabore avec elle, à titre d'auteure et de traductrice, pour diverses œuvres (From Dreams of Brass, Rasas II, The Living Flame of Love).

Norma Beecroft remporte à deux reprises le prix Lynch-Staunton du Conseil des arts du Canada. Elle est membre du jury pour les prix de la SOCAN (1996) et pour le Prix Jules-Léger (1997) et conférencière invitée sur la nouvelle musique à l'Université de Montréal et à l'Université York. En 2003, Beecroft compose toujours.

RCI lui consacre un coffret de sa collection Anthologie de la musique canadienne, paru en 1982 (4-ACM 13). Ses œuvres Troissants et Jeu II peuvent être entendues sur le disque de 1990, New Music 90 (NMC-001). Elle est membre de la LCComp, compositrice agréée du Centre de musique canadienne et membre honoraire de la Communauté électroacoustique canadienne. Elle fait don de ses documents et enregistrements à l'Université de Calgary en 1988.

Bibliographie
« From Dreams of Brass », CBC Times (19-25 fév. 1966).

« Norma Beecroft : compositrice et grande voyageuse », CompCan, 9 (mai 1966).

« Le Monde nouveau de la musique électronique ». ibid., 22 (oct. 1967).

« Norma Beecroft », Mcan, 19 (mai 1969).

Kenneth WINTERS, « Une production musicale limitée mais riche, digne et personnelle », CompCan, 64 (nov. 1971).

Peter SUCH, « The Suspended sounds of Norma Beecroft », Soundprints(Toronto 1972).

CAPAC, « Norma Beecroft », dépliant et enregistrement (1975).

Karen KIESER, « Norma Beecroft's open mind », Fugue, I (fév. 1977).

« A conversation with Norma Beecroft », CFMTA Newsletter (août 1982).

William LITTLER, « Composer Beecroft adds new tricks », Star (Toronto, 29 nov. 1994).

Compositeurs canadiens contemporains.

Compositions

Théâtre

Undersea Fantasy, spectacle de marionnettes : 1967 (Mtl 1967); bande.

Hedda, ballet : 1982 (Tor 1983); orch, bande; ms.

Orchestre

Fantasy for Strings : 1958 (Tor 1958); ms.

Two Movements : 1958 (Tor 1971); ms.

Improvvisazioni Concertanti no 1 : 1961 (Rome 1961); fl, orch moy; Leeds 1973; Audat 477-4001 (Fiore fl).

From Dreams of Brass (J. Beecroft) : 1963-64 (Tor 1965); sop, narr, SATB, orch, bande; ms; RCI 214, RCA CCS-1008 et 4-ACM 13 (Orchestre symphonique de la SRC).

Pièce concertante no 1 : 1966 (Charlottetown 1966); ms.

Improvvisazioni Concertanti no 2 : 1971 (Ott 1971); Leeds 1974; RCI 382, RCA KRL-1-007 et 4-ACM 13 (OCNA).

Improvvisazioni Concertanti no 3 : 1973; fl, orch; UE 1976.

Jeu de Bach : 1985 (Tor 1985); ht, picc, tpt, cdes, bande; ms.

Esprit Eternel : 1994; perc, p, hp, cdes, bande DAT à 2 pistes.

Musique de chambre

Tre Pezzi Brevi : 1960-1961;fl, hp (guit ou p); Universal 1962; Dominion S-69005 et 4-ACM 13 (Aitken fl).

Contrasts for Six Performers : 1962; ht, al, xylorimba, vib, perc, hp; ms.

Elegy et Two Went to Sleep (Cohen) : 1967; sop, fl, perc (p), bande; ms; RCI 404 et 4-ACM 13 (Lyric Arts Trio).

Rasas I : 1968; fl, hp, trio cdes, perc, p; ms; RCI 301 et 4-ACM 13 (SMCQ).

Rasas II et III (J. Beecroft et autres) : 1973 (rév 1975), 1974; v, ens chamb, bande; ms.

11 and 7 for 5+ : 1975; quin cuivres, bande; ms; CBC SM-320 et 4-ACM 13 (Canadian Brass).

Piece for Bob : 1975; fl, bande; ms; 4-ACM 13 (Aitken).

Collage '76 : 1976; fl, fl solo, ht, cor, vc, cb, 3 perc, hp, p, bande; ms; 4-ACM 13 (Aitken).

Consequences for Five : 1977; p, synth, musique électroacoustique en direct; 4-ACM 13 (Canadian Electronic Ensemble).

Collage '78 : 1978; bn, p, 2 perc, bande; ms.

Quaprice : 1980; cor, perc, bande; 4-ACM 13 (James MacDonald cor, R. Hartenberg perc).

Cantorum Vitae : 1981; fl, vc, 2 p, perc, bande; 4-ACM 13 (Days, Months and Years To Come).

Troissants : 1981; al, 2 perc; ms; NMC 001 (NMC Ens).

Jeu II : 1985; fl, al, bande; ms; NMC 001(CD) (NMC Ens).

Images : 1986; quin vent; ms.

Jeu III : 1987; al, bande; ms.

Accordion Play : 1989; acc, 2 perc; ms.

Hemispherics : 1990; tpt, trb, p (synth), guit, 2 perc, al, vc, cb; ms.

Jeu IV (Mozart) : 1991; pianoforte, fl, cl, tpt, trb, cor, quin cdes, bande; ms.

Amplified String Quartet : 1992; quatuor cdes, bande.

Face à Face : 1994; 2 fl basses amp, perc.

Choeur

The Living Flame of Love (saint Jean de la Croix, version anglaise J. Beecroft) : 1968; SATB; Waterloo 1969; Polydor 2917-007 (Festival Singers).

The Hollow Men (1956) et Three Impressions (1973), mss.

Aussi un opéra radiophonique pour bande, The Dissipation of Purely Sound (1988), et une pièce électroacoustique, Evocations : Images of Canada (1991).

Écrits

« Un compositeur canadien raconte deux aventures musicales en Italie », CompCan, 76 (janv. 1973).

« Tributes on Weinzweig's 60th birthday », Canada Music Book (print. 1973).

« Canadian music in Bonn », Musicanada II (avr. 1978).

« Anniversary for New Music Concerts », CanComp (sept. 1980).

« Serge Garant and New Music Concerts », Cahiers de la Société québécoise de recherche en musique (déc. 1997).

Lecture supplémentaire