Barbeau, Marius | l'Encyclopédie Canadienne

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Barbeau, Marius

Membre de l'American Folklore Society depuis 1911, il en devint prés. en 1918. Il fut rédacteur adj. de la revue Journal of American Folklore à partir de 1915. En 1916, il fut élu à la Société royale du Canada et devint le prés. de sa section française (1933) puis Fellow (1950).
Barbeau, Marius
Barbeau est l'instigateur des études professionnelles sur le folklore au Canada et un des premiers collectionneurs de chansons folkloriques (avec la permission des Biblioth\u00e8que et Archives Canada/C-34447).

Barbeau, Marius

 (Charles) Marius Barbeau. Anthropologue, ethnologue, folkloriste (Sainte-Marie-de-Beauce, auj. Sainte-Marie, Québec, 5 mars 1883 - Ottawa, 27 février 1969). B.A. (Laval) 1903, LL.L. (ibid.) 1907, B.Sc. (Oxford) 1910, diplôme d'anthropologie (ibid.) 1910, doctorat h.c. (Montréal) 1940, Fellow h.c. (Oriel College, Oxford) 1941, D.èsL. h.c. (Laval) 1952, D.èsL. h.c. (Oxford) 1953. Très jeune, il apprit la musique avec sa mère. Il fit ses études classiques au collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière. En 1907, grâce à la bourse Cecil Rhodes, il étudia l'anthropologie, l'archéologie et l'ethnologie au collège Oriel, Oxford (1907-10). Durant les vacances d'été, il assista à Paris aux cours de l'École des hautes Études de la Sorbonne et de l'École d'anthropologie. Toujours à Paris, il rencontra Marcel Mauss qui l'encouragea à étudier le folklore indien et Raoul et Marguerite d'Harcourt qui l'initièrent à la culture musicale des anciennes civilisations indiennes. De retour au Canada en 1910, il fut engagé l'année suivante au musée de la Commission géologique du Canada à Ottawa (devenu en 1927 le Musée national), à titre d'anthropologue et d'ethnologue. Au printemps de la même année, il commença ses travaux pratiques dans une réserve indienne de Hurons à Notre-Dame-de-Lorette, près de Québec. Il amorça des séries d'enregistrements sur des cylindres de cire Edison. Il poursuivit ses recherches chez les Hurons pendant trois ans, tant à Lorette qu'à la réserve de Quapaw, Okla. En 1912, une délégation de chefs indiens de l'ouest de l'Alberta, des montagnes Rocheuses et de Salish près des rivières Fraser et Thompson vint à Ottawa pour discuter de questions territoriales avec le gouvernement. Barbeau profita de l'occasion pour enregistrer une soixantaine de chansons. Au cours d'un autre voyage, il visita différents groupes dont les Iroquois et les Wyandots et s'intéressa à leur mythologie. Ses rencontres avec les Indiens de Lorette lui firent découvrir les traditions ancestrales des Français; certains contes indiens entremêlés de contes d'origine française l'incitèrent à aborder l'étude du folklore canadien-français. Une rencontre en 1914 avec l'anthropologue amér. Franz Boas l'encouragea également à poursuivre des recherches dans cette voie. En 1916, Barbeau partit en expédition d'enregistrement le long du fleuve Saint-Laurent afin de réfuter la rumeur voulant qu'Ernest Gagnon avait déjà épuisé le répertoire traditionnel des chansons françaises dans ses Chansons populaires du Canada (Québec 1865). Cette première enquête dans les comtés de Charlevoix et de Chicoutimi lui permit de recueillir en sténographie et sur le phonographe plus de 500 chants ainsi que plusieurs légendes folkloriques : suffisamment de matériel pour prouver son point de vue. Un premier voyage de recherches parmi les Indiens de la côte nord-ouest en 1914 fut suivi de plusieurs autres. Ce sont Edward Sapir et Ernest MacMillan qui l'aidèrent à transcrire les chansons folkloriques en notation musicale. Durant les années 1910 et 1920, Evelyn Bolduc, Gustave Lanctot, Adélard Lambert et É.-Z. Massicotte furent inspirés en grande partie par Barbeau. Ce dernier, avec Massicotte, lança les Soirées du bon vieux temps (1919) à la salle Saint-Sulpice (auj. BN du Q). François Brassard, Luc Lacourcière et Joseph-Thomas Leblanc furent ses principaux disciples dans les années 1930.

Membre de l'American Folklore Society depuis 1911, il en devint prés. en 1918. Il fut rédacteur adj. de la revue Journal of American Folklore à partir de 1915. En 1916, il fut élu à la Société royale du Canada et devint le prés. de sa section française (1933) puis Fellow (1950). En 1917, il créa deux sections pour la Société canadienne de folklore afin de pourvoir aux besoins des provinces de Québec et de l'Ontario dans la cueillette et la préservation de leurs traditions locales. Il reçut à trois reprises le Prix David pour ses oeuvres littéraires (1925, 1929, 1945). En 1937, il fut nommé prés. du comité consultatif national pour la protection de la faune du Canada. En 1939, il était membre de la Washington Academy of Sciences, de la Canadian Authors Assn et de la Société des écrivains canadiens.

Il donna une première série de cours en géographie humaine à l'Université d'Ottawa en 1942. Conférencier aux cours d'été de l'Université Laval depuis 1942, il devint en 1945 professeur agrégé à la faculté des lettres de cette même université où les Archives de folklore avaient été établies l'année précédente. Il quitta ses fonctions au Musée national en 1948 mais poursuivit des travaux personnels; pendant plusieurs années, il s'occupa à transcrire les textes et les mélodies qu'il avait recueillis durant ses expéditions et à travailler sur ses publications. Il devint prés. de la SCMF dont il était un des fondateurs (1956-63).

Barbeau reçut la médaille Parizeau (1946) lors du 14e congrès de l'Assn canadienne-française pour l'avancement des sciences, la médaille du CAC (1962), le National Award pour la musique de l'Université de l'Alberta (1965) et le Diplôme d'honneur de la CCA (1968). Il fut nommé compagnon de l'Ordre du Canada en 1967. En 1963, au réseau français de la SRC, il présenta ses souvenirs et ses découvertes dans une série de huit émissions radiophoniques, « Le Rossignol y chante », dans le cadre d'« Images du Canada ». Son vaste champ d'intérêts couvrait non seulement les domaines de la musique, du folklore et de l'ethnologie mais également celui de l'art en général - sculpture, architecture, broderie, art culinaire et peinture. Il s'intéressait aussi aux mâts-totems des Indiens du Pacifique, démontrant leur origine et leur histoire. Du côté linguistique, il établit la parenté entre les langues huronne et iroquoise. Il collabora à plusieurs revues, dont La Revue canadienne, La Revue populaire, Scientific American, The Bulletin of the Geographical Society of Philadelphia, Le Canada français, Culture, La Revue de l'Université d'Ottawa, Journal of American Folklore, Saturday Night, The Beaver, Canadian Forum, etc.

« Chercheur infatigable, il fut le premier à ouvrir le champ de la recherche scientifique dans le domaine du folklore » (Réginald Hamel et autres, Dictionnaire pratique des auteurs québécois, Montréal 1976), c'est-à-dire à recueillir une documentation précise donnant l'endroit, la date et le nom du chanteur de chaque chanson recueillie; à transcrire de façon précise, à comparer les versions, à commenter la structure, la sémantique, la prosodie, etc. Il laissa derrière lui 13 000 textes originaux et des variantes de chansons indiennes et françaises, dont 8000 avec la mélodie. Il transcrivit au-delà de 3000 chants indiens en notation syllabique pour le texte et il inventa un système pour noter cette musique. Sachant qu'il avait reçu une formation musicale largement autodidacte, il est fascinant de constater qu'il pouvait transcrire la musique enregistrée sur cylindre et qu'il chantait avec authenticité des chants indiens.

La plupart de ses archives se trouvent à la salle Marius-Barbeau du Centre canadien d'études sur la culture traditionnelle, division du Musée canadien des civilisations, où les nouvelles technologies s'appliquent à conserver ces documents; un fonds est également conservé aux ANQ à Montréal. Une succursale de la bibliothèque municipale de Laval, Québec, et une école primaire d'Ottawa portent son nom, ainsi qu'un centre de documentation à Montréal sur les arts et traditions populaires du Québec et du folklore international, attaché à la troupe de danse folklorique Les Sortilèges. En 1969, on a baptisé Barbeau Peak la plus haute montagne de l'Arctique canadien, et en 1985, Montréal obtenait sa rue Marius-Barbeau dans le quartier Rivière-des-Prairies. La médaille Marius-Barbeau, instituée en 1985 par l'Assn canadienne pour les études de folklore, a été attribuée notamment à Edith Butler, LaRena Clark et Germain Lemieux.

Voir aussi Musique folklorique canadienne-française.

Écrits

« How the folksongs of French Canada were discovered », Canadian Geographical J, XLIX (août 1954).

Je suis un pionnier (transcription d'une interview accordée à Laurence Nowry en 1965), Oracle n 43 du Musée national (Ottawa 1982).

Voir aussi BIBLIOGRAPHIES pour Ethnomusicologie, Indiens, Musique folklorique, Musique folklorique canadienne-française, Noël. Félix-Antoine SAVARD, « Marius Barbeau et le folklore », R de l'Université Laval, I (nov. 1946).

Discographie

My life in recording Canadian-Indian folklore : 1957; Folk FG 3502.

Filmographie

Marius Barbeau et le folklore canadien-français (ONF 1968).