Sir Alexander Cambridge, comte d’Athlone | l'Encyclopédie Canadienne

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Sir Alexander Cambridge, comte d’Athlone

Sir Alexander Augustus Frederick William Alfred George Cambridge, major-général, comte d’Athlone, gouverneur général du Canada de 1940 à 1946. Né le 14 avril 1874 à Londres, au Royaume-Uni, où il meurt le 16 janvier 1957. Le comte d’Athlone occupe le poste de gouverneur général pendant la Deuxième Guerre mondiale et préside les conférences de Québec à la Citadelle en 1943 et 1944. C’est pendant ces rencontres que le premier ministre canadien William Lyon Mackenzie King, le premier ministre britannique Winston Churchill et le président américain Franklin D. Roosevelt décident la stratégie alliée pour assurer la victoire contre l’Allemagne et le Japon. Oncle maternel du roi George VI, le comte d’Athlone est le dernier proche parent du souverain à occuper le poste de gouverneur général du Canada.
Le comte d
Gouverneur général du Canada de 1940 \u00e0 1946.

Jeunesse et carrière militaire

Le comte d’Athlone, alors appelé Son Altesse Sérénissime (S.A.S.) le prince Alexander de Teck, voit le jour à Kensington Palace en 1874. Il est le cadet des quatre enfants de Francis, duc de Teck, et de la princesse Mary Adelaide de Cambridge, petite-fille du roi George III. En 1893, sa sœur aînée, la princesse Mary de Teck, épouse le prince George, petit-fils de la reine Victoria et duc de York, qui devient le roi George V en 1910.

Le prince Alexander fait son éducation secondaire à Eton College avant d’entrer à l’Académie royale militaire de Sandhurst, où il reçoit la commission de sous-lieutenant. En 1896 et 1897, il participe à la Seconde Guerre des Matabélés au Zimbabwe actuel et reçoit l’Ordre du service distingué en 1901 pour son service pendant la guerre des Boers.

Voyage au Canada, 1901

En 1901, le prince Alexander accompagne sa sœur et son beau-frère, qui deviendront plus tard la reine Mary et le roi George V, dans leur tournée du Canada. Durant la tournée, le prince fait les manchettes quand il se perd pendant une chasse au canard à Delta Marsh, au Manitoba. Joseph Pope, qui accompagne la troupe royale, écrit qu’à « leur retour au pavillon il fut découvert qu’un membre distingué du groupe, à savoir, le prince Alexander de Teck, était manquant… Des lanternes furent dressées et des fusils tirés, mais ce ne fut que longtemps après le coucher du soleil que le prince Alexander arriva, revenant de sa petite aventure comme si de rien n’était. »

Mariage et famille

Le 10 février 1904, le prince Alexander épouse la princesse Alice d’Albany à la chapelle St-George, au château de Windsor. La princesse Alice est la fille du prince Léopold, duc d’Albany et fils cadet de la reine Victoria. Le prince Léopold visite le Canada en 1880 et se montre intéressé à devenir gouverneur général. Malheureusement, il meurt dans la trentaine à la suite de complications causées par l’hémophilie, une maladie génétique qui empêche le sang de coaguler après une blessure. Alice est porteuse de cette maladie et la transmet à son fils Rupert.

Le couple a trois enfants : lady May Cambridge (1906-1994), qui épouse sir Henry Abel Smith; Rupert Cambridge, vicomte de Trematon (1907-1928), qui meurt d’une hémorragie cérébrale à la suite d’un accident de voiture; et Maurice (1910), mort en bas âge. L’année de la mort de Maurice, le prince Alexander devient président du Middlesex Hospital.

Première Guerre mondiale et nouveaux titres

Pendant la Première Guerre mondiale (1914-1918), le prince Alexander est lieutenant-colonel dans les Life Guards et sera plus tard promu au rang de brigadier général.

Sa famille renonce aussi à ses titres allemands et adopte des titres britanniques pendant la guerre, conformément à un décret royal. En juillet 1917, George V change le nom de la famille royale, abandonnant le nom de Saxe-Coburg et Gotha pour celui de Windsor. Les Tecks, quant à eux, prennent le nom de Cambridge, en l’honneur de leur grand-père maternel le duc de Cambridge. Le prince Alexander de Teck devient donc sir Alexander Cambridge. En novembre 1917, George V nomme son beau-frère comte d’Athlone et vicomte de Trematon, et il est ensuite appelé comte d’Athlone.

Après la Première Guerre mondiale, le comte d’Athlone quitte l’armée et s’implique dans l’éducation et la philanthropie, continuant d’occuper le poste de président au Middlesex Hospital et présidant en 1921 un comité sur les études supérieures en médecine.

Gouverneur général d’Afrique du Sud

Le comte d’Athlone occupe le poste de gouverneur général de l’Union sud-africaine de 1924 à 1930, habitant à Cape Town et à Pretoria avec la princesse Alice et leur fille lady May. Les Athlone traitent tous les Sud-Africains avec courtoisie et respect, peu importe leurs origines, ce qui leur vaut l’admiration générale à une époque de tensions entre les communautés britanniques et afrikaners et de discrimination officielle contre la population africaine. En 1927, le Times décrit le comte d’Athlone comme étant « modeste et sans prétention, parfaitement abordable, toujours prêt à parler avec tous les types d’hommes ou de femmes qu’il rencontre dans ses constants voyages à travers l’Union… Aucun soupçon de partisannerie ne lui a jamais été reproché. »

À son retour en Grande-Bretagne, le comte d’Athlone est nommé gouverneur et constable du château de Windsor (1931 à 1957) et chancelier de l’Université de Londres (1932 à 1955).

Gouverneur général du Canada

Le comte d’Athlone est d’abord considéré pour le poste de gouverneur général du Canada en 1914. Cependant, l’idée est peu populaire au Canada, puisqu’il est vu comme un prince allemand peu qualifié pour le rôle. Quand éclate la Première Guerre mondiale, le mandat du duc de Connaught est prolongé et le comte d’Athlone part se battre sur le front de l’Ouest.

En 1939, le premier ministre William Lyon Mackenzie King conseille au roi George VI, alors en visite au Canada, de désigner le comte d’Athlone en tant que prochain gouverneur général. Le comte d’Athlone annonce que « nous sentons que nous aimerons le Canada et espérons être dignes des grands privilèges et de la possibilité qui nous sont offerts. » Le comte d’Athlone et la princesse Alice arrivent à Halifax le 20 juin 1940, après un itinéraire sinueux en navire à vapeur à travers l’Atlantique afin d’éviter les U-boats allemands (voir aussi Bataille de l’Atlantique). Le comte d’Athlone devient gouverneur général le lendemain après une cérémonie à Ottawa. Sa fille, lady May, et ses trois enfants, Richard, Elizabeth et Anne Abel-Smith, habitent aussi à Rideau Hall, où la princesse Alice remarque que ses petits-enfants ont adopté « l’autonomie naturelle des enfants canadiens. »

Le comte d
Des ouvriers et des ouvri\u00e8res décrivent le matériel au comte d'Athlone, Gouverneur général du Canada, lors de sa visite dans une fabrique de munitions (probablement la société Robert Mitchell Co.) Montréal, 1941.

Le comte d’Athlone et la princesse Alice entreprennent de fréquents voyages d’un bout à l’autre du Canada, encourageant l’effort de guerre en rencontrant le personnel militaire et en visitant les usines de munitions. Ils voyagent à bord du train royal utilisé lors de la visite royale du roi George VI et de la reine Elizabeth en 1939, la première visite au Canada d’un monarque régnant. Le comte d’Athlone donne plusieurs discours pour encourager l’effort de guerre canadien, avec des paroles inspirantes telles que « prouvons à l’humanité, comme nous le prouvons tous les jours, que nous n’avons jamais été aussi grands qu’en cette heure d’épreuve. » Lors d’un de ses voyages, le comte d’Athlone est nommé « chef arc-en-ciel » par les Ojibwés.

Le couple vice-royal encourage également la culture canadienne, finançant des concerts et des représentations théâtrales. De plus, le comte d’Athlone crée la bourse Athlone-Vanier en génie à l’Institut canadien des ingénieurs, afin de récompenser l’excellence académique, le leadership et le potentiel de gestion.

Conférence de Québec (1943)
Franklin D Roosevelt, le comte d'Athlone, William Lyon Mackenzie King, Winston Churchill.

Les conférences de Québec, 1943-1944

En 1943 et 1944, le comte d’Athlone préside les conférences de Québec, où Winston Churchill, Franklin D. Roosevelt et William Lyon Mackenzie King se rencontrent afin de décider de la stratégie alliée contre l’Allemagne et le Japon. En 1943, les dirigeants alliés commencent à planifier les invasions du Jour-J en France et, en 1944, ils discutent de la stratégie navale contre le Japon ainsi que l’occupation de l’Allemagne par les Alliés.

Le comte d’Athlone prend soin de rester discret pendant les conférences. Cependant, on note une certaine tension entre William Lyon Mackenzie King et le comte d’Athlone lors des Conférences de Québec, le premier ministre craignant d’être éclipsé par le couple vice-royal. William Lyon Mackenzie King est particulièrement offensé quand le comte d’Athlone se dit content que le premier ministre « soit venu », sous-entendant que sa présence n’est pas vraiment nécessaire. De son côté, le comte d’Athlone considère le premier ministre comme « un vrai puzzle. » Néanmoins, les deux hommes maintiennent une relation cordiale, du moins en public, pendant le mandat du comte d’Athlone.

La famille royale hollandaise

Pendant la Deuxième Guerre mondiale, les Athlone accueillent des membres des familles royales européennes chassés de leurs pays par les nazis. Lors du mandat du comte d’Athlone, Rideau Hall accueille donc des invités tels le prince héritier Olav et la princesse héritière Martha de Norvège, la grande duchesse Charlotte et le prince Félix du Luxembourg, le roi Pierre de Yougoslavie et le roi George de Grèce. L’ex-impératrice Zita d’Autriche-Hongrie et ses filles passent une bonne partie de la guerre dans la ville de Québec et sont invitées par les Athlone à la Citadelle.

Les plus célèbres membres de la royauté européenne qui visitent le Canada pendant la guerre sont la princesse héritière Juliana des Pays-Bas et ses filles. La femme du comte d’Athlone, Alice, est une des cousines germaines de la reine Wilhelmina des Pays-Bas (leurs mères étant sœurs) et Juliana et ses filles sont d’abord logées à Rideau Hall en 1940 avant de s’installer au 120 chemin Lansdowne, puis à Stornoway (maintenant la demeure du chef de l’opposition) pour le reste de la guerre. En 1943, le comte d’Athlone déclare un coin de la maternité de l’Hôpital Civic d’Ottawa zone internationale lors de la naissance du troisième enfant de Juliana, la princesse Margriet, afin de s’assurer que l’enfant ait uniquement la nationalité hollandaise. Après son retour aux Pays-Bas en 1945, Juliana envoie 100 000 bulbes de tulipes à Ottawa pour remercier les Canadiens pour leur rôle dans la libération des Pays-Bas et pour avoir hébergé la famille royale hollandaise, ce qui sera ensuite commémoré annuellement par le Festival des tulipes à Ottawa.

Dernières années

Après leur retour en Grande-Bretagne en passant par les Caraïbes en 1946, le comte d’Athlone et la princesse Alice résident chez la reine Mary à Marlborough House, puis reprennent leurs appartements à Kensington Palace après la réparation des dommages causés pendant la guerre par des bombes incendiaires. Ils continuent d'employer une secrétaire canadienne, Mary Goldie. Le comte d’Athlone demeure chancelier de l’Université de Londres jusqu’en 1955. Il meurt deux ans plus tard, en 1957.

Le comte d
Photo officielle du gouverneur général le comte d'Athlone et de Son Altesse Royale la princesse Alice avant de quitter le Canada \u00e0 la fin du mandat de Son Excellence \u00e0 titre de gouverneur général. Ottawa, 1946.

Héritage au Canada

À la fin du mandat du comte d’Athlone au poste de gouverneur général en 1946, William Lyon Mackenzie King déclare qu’il a « renforcé l’attachement que le pays éprouvait envers la Couronne. » L’accueil offert par les Athlone à la famille royale hollandaise renforce aussi les liens entre le Canada et les Pays-Bas, et les conférences de Québec contribuent à la victoire des Alliés lors de la Deuxième Guerre mondiale.

Lester Bowles Pearson, qui en 1945 accueille le couple vice-royal à Washington en sa qualité d’ambassadeur canadien aux États-Unis, se rappelle que « leur simplicité et leur gentillesse naturelle faisaient d’eux des invités faciles et bienvenus. » Lester B. Pearson dit que le comte d’Athlone est « un touriste né, un homme aimable et très gentil. »

Le quartier Athlone à Edmonton et Athlone, Terre-Neuve, sont nommés en son honneur.