Transport maritime, industrie du | l'Encyclopédie Canadienne

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Transport maritime, industrie du

Le transport maritime est souvent le moyen le plus économique de transporter de grandes quantités de marchandises sur de longues distances. L'existence d'un transport fiable par voie d'eau est la clé du bien-être politique et économique de la plupart des nations au cours de l'histoire.
Le Regina (paquebot)
Le Regina fut l'un des 13 navires qui coulèrent dans le lac Supérieur au cours de la tempête de 1913.\r\n \r\n
Port de Montréal
Le transport maritime est encore l'un des moyens les plus économiques de transport de marchandises (Corel Professional Photos).
Samuel Cunard
Samuel Cunard, 1881, lithographie, de la Canadian Portrait Gallery, à Toronto (avec la permission des Bibliothèque et Archives Canada/C-7044).
Cargos
Sur le fleuve Saint-Laurent (Corel Professional Photos).

Transport maritime, industrie du

Le transport maritime, l'acheminement de marchandises par voie d'eau, joue un rôle important dans le développement de la société humaine au fil des siècles. Il constitue un lien crucial permettant d'établir des relations commerciales entre différentes parties du monde très éloignées. Il existe deux principaux types de services de transport maritime : des services de cargaisons en vrac, qui acheminent des marchandises en vrac pour un ou quelques expéditeurs; et des services de lignes régulières, qui assurent le transport de cargaisons diverses et relativement petites, selon un horaire régulier, pour de nombreux expéditeurs. Certains navires appartiennent à des entreprises actives dans la production ou la transformation des marchandises en vrac. Par exemple, des sociétés pétrolières possèdent des navires-citernes, et certains navires transporteurs de vrac appartiennent à des entreprises sidérurgiques. Toutefois, la majorité des navires sont la propriété d'entreprises dont l'activité principale est le transport. Ces armateurs mettent leurs vaisseaux à la disposition des importateurs et des exportateurs grâce à un réseau international très efficace de courtiers maritimes.

Historique et développement

Par exemple, la flotte marchande de la Grande-Bretagne a contribué à l'édification de ce pays comme puissance mondiale. Les services de transport maritime et fluvial sont toujours d'une importance économique vitale pour les Canadiens. Pour les premiers colons, les navires assurent l'approvisionnement en produits de première nécessité provenant des vieux pays et permettent d'acheminer les fourrures ainsi que les produits agricoles, forestiers et miniers vers les marchés. L'Est du Canada, et en particulier les Maritimes, développent une vocation traditionnelle dans les industries de la construction navale (voir Construction Navale et Reperation de Navires), de la pêche et du commerce maritime.


En 1840, Samuel Cunard, de Halifax, crée un service transocéanique qui deviendra la Cunard Company, société de renommée mondiale. En 1878, le Canada se classe quatrième parmi les pays du monde qui font de l'exploitation commerciale de navires. Toutefois, dans les dernières décennies du XIXe siècle, la présence canadienne dans la construction navale et le transport maritime diminue, car les ressources en acier et les compétences en ingénierie, qui font défaut au Canada, deviennent essentielles à la croissance de l'industrie de la construction navale. Les deux guerres mondiales amènent une période de prospérité temporaire dans le transport maritime sous pavillon canadien, mais depuis 1949, année où le gouvernement décide de se départir de sa flotte, la plus grande partie des marchandises vendues et achetées outre-mer est transportée par des navires étrangers. Les activités de la majorité des navires immatriculés au Canada se cantonnent maintenant dans les voies intérieures telles la Voie Maritime du Saint-Laurent, les Grands Lacs et le long des côtes du pays.

Importance économique

Le transport par voie d'eau est particulièrement important pour le Canada en raison de la place qu'occupe le commerce dans son économie et du rôle que jouent les navires pour faciliter ce commerce. En effet, en 1996, les exportations représentent 33,5 p. 100 du produit intérieur brut (PIB) et les importations, 29,2 p. 100. Environ un tiers de la valeur des exportations et plus d'un quart de la valeur des importations sont acheminées par voie maritime; les navires de ligne transportent plus de la moitié de ce total. Même si le commerce avec les États-Unis prédomine et que la plupart de ces marchandises sont expédiées par voie terrestre, le transport maritime est vital pour la compétitivité des produits à base de matières premières sur les marchés internationaux. La navigation de ligne équivaut à plus de la moitié de la valeur des exportations. Toutefois, à cause du volume des exportations de matières premières et des importations de pétrole, la quantité de marchandises transportées en vrac dépasse de beaucoup celle transportées par navires de ligne.

Bien que la flotte canadienne de navires de haute mer soit petite, on compte de nombreux officiers et équipages, car ce sont eux qui doivent piloter les navires sur les voies intérieures. Les navires arrivant de l'étranger ont besoin de divers services, y compris ceux de remorqueurs et de pilotes canadiens pour les conduire à destination, ainsi que d'installations de réparation et de services de ravitaillement situés dans les ports. La manutention des cargaisons est elle-même une source d'emplois importante. Par exemple, des débardeurs participent au chargement et au déchargement des cargaisons sur les quais, et de nombreuses personnes, comme des agents en douane et des agents d'assurance, s'occupent des documents et autres formalités. Des agents maritimes, établis dans les villes portuaires, vendent des services de transport et prennent les dispositions relatives aux navires et à la manutention des marchandises.

Voies intérieures et transfrontalières

Le transport maritime et fluvial intérieur peut se diviser en trois catégories. Le trafic de la côte Est transporte essentiellement du carburant, du bois à pâte et des cargaisons diverses vers Terre-Neuve, le long des côtes des provinces Maritimes et sur le Saint-Laurent. Le trafic sur le Saint-Laurent et les Grands Lacs est de loin le plus considérable. Les principaux mouvements de denrées sont celui des céréales provenant de la tête des Grands Lacs et acheminées vers des ports du Saint-Laurent et celui du minerai de fer entre le Canada et les États-Unis (voir Canaux et Voies Navigables). Les services maritimes de la côte Ouest assurent entre autres le transport de produits forestiers et d'autres produits tirés des ressources naturelles, souvent à l'aide de chalands et de remorqueurs. Il existe un réseau étendu de services de Traversiers, tant sur la côte Est que sur la côte Ouest. D'autres services incluent à l'occasion le transport intercôtier de denrées en vrac, le transport par barge sur le Fleuve Mackenzie et l'approvisionnement de communautés de l'Arctique. Le transport maritime s'avère crucial pour le développement du Nord canadien et un moyen d'atteindre ses ressources naturelles (voir Transports dans le Nord). Les navires de ligne qui assurent l'approvisionnement de maintes localités éloignées du Nord circulent tant que les conditions climatiques le permettent. En 1969, le navire-citerne américain SS Manhattan réussit à traverser le Passage due Nord-Ouest avec l'aide d'un navire de la Garde côtière canadienne, prouvant ainsi que l'on peut atteindre par voie maritime les ressources pétrolières et les richesses minérales des régions éloignées du Nord (voir Brise-Glace).

Transport maritime outre-mer

Les principaux partenaires commerciaux du Canada outre-mer sont le Japon, la Grande-Bretagne et d'autres pays de l'Europe de l'Ouest. Les routes de transport maritime les plus empruntées sont donc l'Atlantique Nord et le Pacifique Nord. Les routes maritimes maintiennent des liens appréciables avec toutes les parties du monde, et des services de transport de cargaisons en vrac sont offerts au besoin. Les expéditions commerciales du Canada sont acheminées à bord de navires immatriculés dans de nombreux pays. Beaucoup de ces navires de transport en haute mer ont leur port d'attache dans des pays qui accordent des pavillons de complaisance, comme le Libéria et Panama, et où le climat fiscal et le régime juridique permettent des coûts d'exploitation moins élevés.

Navires et installations portuaires

Le commerce canadien bénéficie de navires et d'installations portuaires efficaces, dont certains sont construits spécialement pour accommoder certaines marchandises. Dans l'Est du Canada, par exemple, on construit des navires, appelés Cargos des Grands Lacs, spécialement adaptés aux dimensions maximums que permet la circulation sur la voie maritime. Les cargos de gabarit maximum peuvent transporter près de 29 000 t (28 000 de capacité de charge, 1 000 de carburant et autres fournitures). Sur la côte Ouest, on a mis au point le chaland à billes autobasculant pour les besoins de l'industrie forestière. À Roberts Bank, en Colombie-Britannique, se trouve un vaste superport charbonnier particulièrement conçu pour la manutention des grandes quantités de charbon qui arrivent par chemin de fer pour l'exportation outre-mer. Des terminaux à conteneurs modernes sont essentiels pour les services de ligne de Halifax, de Montréal et de Vancouver.

Le transport maritime canadien actuel

Peu de navires battant pavillon canadien s'occupent de transport hauturier. Au 31 décembre 1994, la flotte de navires de plus de 100 tonneaux de jauge brute (tjb) immatriculés au Canada totalisait 2 500 000 tjb. En comparaison, les trois plus grandes flottes sont celles de Panama (64 200 000 tjb), du Libéria (57 600 000 tjb) et de la Grèce (30 200 000 tjb). La flotte américaine, qui totalise 13 700 000 tjb, se classe au 11e rang, tandis que celle du Royaume-Uni, avec 6 500 000 tjb, vient au 16e, selon le Llyods Register of Ships. La plupart des navires marchands immatriculés au Canada circulent sur des voies intérieures, quoique plusieurs bâtiments construits pour naviguer sur les Grands Lacs et la Voie maritime du Saint-Laurent puissent effectuer des voyages transocéaniques.

Le gouvernement applique les recommandations du Groupe de travail sur le transport maritime de haute mer (1985) en modifiant les règlements de l'impôt sur le revenu, de façon que la gestion des services de transport maritime international puisse s'effectuer au Canada sans que les bénéfices ne soient soumis à l'impôt sur les sociétés avant leur répartition. Cette mesure rend le Canada concurrentiel par rapport aux autres pays, puisque la plupart des armateurs ne paient pas d'impôt. Elle entraîne aussi une augmentation du nombre d'armateurs au Canada et des possibilités d'emploi. Alors que plusieurs sociétés canadiennes existantes conservent leurs structures antérieures, par exemple, la Canada Maritime, filiale du Canadien Pacifique, et Fednav Limitée, d'autres entreprises ont pu prendre de l'expansion et acquérir des navires, comme la Canadian Transport Company, filiale de Macmillan Bloedel  LTÉE, jusqu'en 1997. Un certain nombre de sociétés se sont établies au Canada, dont la plus importante est la Teekay Shipping, société ouverte spécialisée dans les navires pétroliers.

Réglementation

La plus grande part du transport maritime est par nature international, puisque les marchandises circulent entre les pays et traversent des eaux internationales. On peut être propriétaire d'un navire dans un pays et le financer, l'immatriculer, l'assurer et le gérer dans des pays différents. Lorsqu'on immatricule un navire dans un pays donné, il doit se conformer en tout temps aux lois de ce pays. Chaque pays a le droit de décider de ses propres lois en matière de transport maritime. Il existe des conventions sur le transport maritime international, établies par un certain nombre d'organisations intergouvernementales, comme l'Organisation internationale du travail (OIT) et l'Organisation maritime internationale (OMI). Le Canada a souscrit à plusieurs de ces conventions (voir Droit International; Droit de la Mer).

La Conférence des Nations Unies sur le droit de la mer (UNCLOS) instaure un nouveau régime de droit maritime international à l'intention des armateurs et des expéditeurs. L'UNCLOS définit les délimitations maritimes internationales et, ainsi, l'étendue des pouvoirs des États riverains en matière de protection de l'environnement et de transport côtier.

Au Canada, les navires relèvent de la compétence du ministère fédéral des Transports. La Loi sur la marine marchande du Canada énonce les règles de base pour les navires battant pavillon canadien ou naviguant dans les eaux canadiennes. La Garde Cotiere Canadienne veille à ce que les navires respectent les exigences de la Loi sur la marine marchande et la procédure à suivre en ce qui a trait à la prévention de la pollution. L'OFFICE NATIONAL DES Transports (ONT) est chargé de la réglementation financière et exige, par exemple, que les prix des conférences maritimes lui soient communiqués. La Loi maritime du Canada de 1997 vise à décentraliser la gestion des ports en permettant aux principaux d'entre eux de former des sociétés portuaires autofinancées.

Développements récents

Le transport maritime connaît des progrès technologiques importants. Au Canada, on note entre autres la mise au point du transporteur autodéchargeant utilisé à l'échelle internationale pour le transport commercial sur les Grand Lacs et la Voie maritime du Saint-Laurent. La taille des navires transportant des conteneurs entre pays ne cesse d'augmenter. Les navires les plus gros transportent au-delà de 6000 conteneurs, mesurés en unités équivalentes de conteneurs (UEC). Les compagnies de ligne intègrent leurs services au moyen de fusions ou de regroupements d'entreprises. On continue de mettre au point de grands navires destinés à des fins précises, dont les plus spécialisés sont les transporteurs de gaz naturel liquéfié. Les services portuaires et de transport intérieur s'adaptent aux besoins changeants. L'expansion du commerce est liée, comme toujours, aux techniques de réduction des coûts du transport maritime.