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Rogers Communications

Rogers Communications Inc. est une société diversifiée de communications et de médias qui opère presque entièrement au Canada. Fondée en 1960 avec une seule station de radio FM à Toronto, c’est aujourd’hui le plus grand fournisseur de services sans-fil du pays, un câblodistributeur de premier plan, ainsi qu’un acteur majeur de la radiodiffusion et du divertissement sportifs. Parmi ses nombreuses marques, on trouve Citytv et les Blue Jays de Toronto.

Ted Rogers fonde la compagnie : 1960

Rogers Communication est une compagnie créée et bâtie par Edward Samuel (Ted) Rogers Jr., l’un des entrepreneurs canadiens les plus prospères que le Canada ait jamais eus. Fils d’un pionnier de l’électronique et de la radio qui est mort jeune, Ted Rogers fait ses études au Upper Canada College, au Trinity College de l’Université de Toronto, et au Osgoode Hall Law School. Toutefois, durant la majeure partie de ces années, il est plus intéressé par les affaires que par ses études.

En 1960, alors qu’il fait un stage au cabinet d’avocats Torys à Toronto, Ted Rogers emprunte 85 000 dollars pour acheter CHFI, la première station de radio FM du Canada, avec un partenaire, Joel Aldred, un radiodiffuseur bien connu à l’époque. Cette même année, Ted Rogers et Joel Aldred s’associent aux familles Bassett et Eaton et à la suite d’un processus d’appel d’offres, et ils obtiennent la licence pour CFTO, la première chaîne de télévision privée établie à Toronto. CFTO commence à diffuser le 1er janvier 1961. Trois ans plus tard, Ted Rogers élargit la portée de son entreprise en ajoutant une station AM qui devient plus tard 680 News.

Entrée sur le marché de la télévision par câble : années 1970

Bien que les stations de radio et de télévision de Ted Rogers gagnent un public croissant au cours de leurs premières années d’existence, elles perdent de l’argent en raison des coûts élevés. Ted Rogers raconte plus tard qu’en 1967, « j’étais déjà endetté jusqu’aux oreilles ». À la recherche d’opportunités plus vastes, il réalise le potentiel de la télévision par câble, une industrie qui n’en est encore qu’à ses premiers balbutiements. Toujours en partenariat avec les familles Bassett et Eaton, il obtient les licences nécessaires pour la télévision par câble pour trois marchés de l’Ontario : des parties de Toronto, de Brampton et de Leamington.

Ted Rogers doit alors emprunter encore plus d’argent pour la construction d’un réseau câblé. En 1969, ses entreprises de radiodiffusion et de câblodiffusion sont endettées de 11 millions de dollars.

Cette même année, l’organisme de réglementation de la radiodiffusion nouvellement fondé, le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC), s’inquiète de la concentration de la propriété des médias et annonce qu’il ne renouvellera la licence de Rogers Cable qu’à la condition que les familles Bassett et Eaton ne soient plus impliquées. Ceci oblige Ted Rogers à acheter leurs parts de 50 % dans l’entreprise, ce qui le pousse au bord de la faillite en 1971.

Cependant, Ted Rogers est bien placé pour capitaliser sur le marché en plein essor de la télévision par câble, et l’entreprise se développe tout au long des années 1970 bien que ses dettes demeurent un problème. En 1980, Ted Rogers fait l’acquisition de deux compagnies de câblodistribution plus grandes, Canadian Cablesystems et Premier Cablesystems, catapultant Rogers Cable de sa position de sixième plus grande entreprise de câblodistribution au Canada à la première place, avec 1,3 million d’abonnés. En même temps, l’entreprise devient une société publique et ses actions sont négociées à la Bourse de Toronto.

Construire un réseau cellulaire : années 1980

Au début des années 1980, Ted Rogers élargit son entreprise et s’étend aux États-Unis en construisant et acquérant des systèmes de câblodistribution dans plusieurs États alors que l’industrie continue de se développer. Durant un certain temps, Rogers Cable est la plus grande compagnie de câblodistribution du monde, mais son niveau d’endettement a gonflé, en particulier à cause des taux d’intérêt qui atteignent des niveaux records. Pour aider à atténuer la pression des banques, Ted Rogers commence à émettre des obligations à haut rendement (également appelées obligations de pacotille) comme moyen alternatif de lever des fonds pour financer son entreprise. À cette époque, Ted Rogers est l’une des rares personnes à reconnaitre le potentiel des téléphones cellulaires, ou téléphones sans fil, mais le conseil d’administration de la compagnie refuse initialement d’investir dans cette nouvelle, et non éprouvée, technologie. En 1983, Ted Rogers achète 25 % de parts dans un nouveau partenariat, Cantel, qui obtient la première licence nationale du gouvernement fédéral pour mettre sur pied un réseau pancanadien de téléphonie cellulaire, un projet qui coûte plusieurs centaines de millions de dollars. Cantel lance le premier service de téléphone cellulaire le 1er juillet 1985.

En 1986, la compagnie nouvellement nommée Rogers Communications Inc. acquiert le contrôle opérationnel de Cantel, et deux ans plus tard, elle en prend le contrôle total, pour 600 millions de dollars. La construction d’un réseau cellulaire national va coûter à Rogers 700 millions de dollars de plus sur cinq ans.

Achats de Unitel et de Maclean Hunter

En 1989, Rogers Communications vend ses services de câble qui sont aux États-Unis, il investit le milliard de dollars de profit dans son entreprise canadienne de sans-fil, et fait une incursion vouée à l’échec dans le marché des appels interurbains.

Ted Rogers achète une part de CNCP Telecommunications, qui est plus tard renommé Unitel, et qui est lancée pour faire concurrence à Bell Canada dans le secteur de la téléphonie interurbaine, qui est jusqu’alors le monopole de Bell. Cependant, des désaccords surgissent entre les partenaires, et lors de la restructuration d’Unitel en 1995, Rogers se retire, abandonnant les 500 millions de dollars qu’il avait investis dans Unitel.

Une autre transaction majeure est conclue en 1994 lorsque Rogers lance une offre d’achat hostile pour Maclean Hunter, un important câblodistributeur et conglomérat médiatique possédant plusieurs chaînes de radio et de télévision, des magazines spécialisés ou destinés aux consommateurs, ainsi que les journaux Sun. Après des négociations compliquées, Rogers paie 3,1 milliards de dollars pour l’acquisition de Maclean Hunter, devenant ainsi l’une des plus importantes compagnies médiatiques du Canada ainsi que son premier fournisseur de services de câbles et de sans-fils. Cependant, en 1996, la compagnie vend les journaux Sun.

Expansion du domaine du sans-fil : années 1990 et début des années 2000

À la fin des années 1990, les opérations sans-fil de Rogers continuent à perdre de l’argent alors que la compagnie investit massivement dans la construction de son réseau cellulaire. Le cours de ses actions chute alors que les investisseurs craignent que la compagnie ne s’effondre sous ses dettes de 5 milliards de dollars. Ces préoccupations sont allégées en 1999 lorsque Microsoft, AT&T, et British Telecom investissent un total de 2 milliards de dollars dans Rogers.

Les ententes se poursuivent dans le nouveau millénaire. En 2000, Rogers offre 5 milliards de dollars pour acheter le Groupe Vidéotron, le plus important câblodistributeur du Québec. Bien que l’offre échoue, Rogers obtient une indemnité de rupture de 241 millions de dollars, et cette même année, fait l’acquisition des Blue Jays de Toronto et de Cable Atlantic, qui dessert la plus grande partie de Terre-Neuve-et-Labrador. De plus, Rogers et Shaw Communications Inc. échangent des actifs de câblodistribution d’une valeur totale de 4 milliards de dollars pour implanter leurs groupements de câblodistributions respectifs dans le centre et l’ouest du Canada.

En 2004, Rogers rachète 33 % des parts qu’a AT&T dans Rogers Wireless pour une valeur de 1,8 million de dollars, puis verse 1,4 milliard de dollars pour acquérir Microcell Solutions, qui offre des services sans-fil sous la marque Fido. Ted Rogers affirme que cette transaction est le plus gros succès de sa carrière; sans elle, Rogers Communications n’aurait que la moitié de sa taille actuelle.

À la fin de 2007, la petite entreprise de radiodiffusion devenue un géant du câble est désormais essentiellement un fournisseur de services cellulaires, ses opérations sans-fil représentant 54 % de ses revenus et 70 % de ses profits. Grâce à la croissance du marché du sans-fil, Rogers repose maintenant sur des bases financières plus solides et ses actions sont considérées comme étant « investment-grade » (de premier ordre pour investir).

Le secteur des médias de l’entreprise s’élargit également en 2007, avec l’acquisition de cinq chaînes de Citytv.

Décès de Ted Rogers : 2008

Ted Rogers

Lorsque Ted Rogers meurt d’un arrêt cardiaque le 2 décembre 2008 à l’âge de 75 ans, la compagnie qu’il a fondée est l’une des sociétés les plus connues au Canada, avec à son actif un chiffre d’affaires de plus de 11 milliards de dollars de revenus par an, plus d’abonnés au service sans-fil et au câble que n’importe quelle autre compagnie, ainsi qu’un large éventail de ressources médiatiques d’un bout à l’autre du pays.

Bien que deux des quatre enfants de Ted Rogers occupent des postes de cadres supérieurs dans l’entreprise, le conseil d’administration remplace Ted Rogers en tant que président et chef de la direction par quelqu’un à l’extérieur de la famille.

Nadir Mohamed, choisi par le conseil, s’était joint à Rogers en 2000, lorsque Ted Rogers l’avait recruté alors qu’il travaillait pour une compagnie sans-fil concurrente, Telus. Nadir Mohamed a supervisé la croissance explosive du marché du sans-fil et a joué un rôle clé lors de l’acquisition de Fido en 2004.

Négociations avec la NHL et la MLSE : 2011-2013

Les investissements importants de Rogers Media dans l’industrie des divertissements sportifs sont les faits marquants du mandat de Nadir Mohamed en tant que PDG. En 2011, dans le cadre d’un partenariat à parts égales avec son rival en communications Bell, Rogers achète Maple Leaf Sports & Entertainment (MLSE), le propriétaire des équipes de hockey des Maple Leafs de Toronto et des Marlies de Toronto, l’équipe de basket-ball des Raptors de Toronto et l’équipe de soccer du Toronto FC, ainsi que plusieurs sites sportifs. Également en 2011, Rogers lance une nouvelle version de Sportsnet, inaugurant une marque de médias sportifs à cinq plateformes de diffusion, intégrant la télévision, la radio, les journaux, l’internet et les téléphones cellulaires.

En février 2013, Nadir Mohamed annonce son intention de démissionner du poste de PDG plus tard dans l’année, et le conseil d’administration commence à chercher à nouveau un remplaçant possédant une expérience à l’échelle mondiale. Durant cette période, Rogers Media fait un autre investissement majeur dans son secteur des sports en achetant les droits de diffusion des matchs de hockey de la LNH pour une période de 12 ans. Cette entente vaut 5,2 milliards de dollars.

Vente de la division de l’édition : 2019

En 2016, Rogers Media annonce une nouvelle stratégie de contenu et la réduction de ses placements en médias imprimés. Les éditions de Flare, Sportsnet, MoneySense et Canadian Business sont disponibles exclusivement en ligne et sur des applications en janvier 2017. Les horaires d’impression des magazines, comme Maclean’s, sont également réduits en janvier 2017. Les interentreprises et les médias francophones, comme Châtelaine, Loulou, et L’actualité, sont également vendus.

En mars 2019, une entente est conclue entre Rogers Media et St. Joseph Communications (SJC), une compagnie de communication privée. Pour une somme non divulguée, SJC acquiert la division de l’édition de Rogers Media. Cet achat comprend les publications imprimées et numériques de Rogers Media, incluant les publications en français et anglais comme Châtelaine.

Achat de Shaw : de 2021 à aujourd’hui

En 2021, Rogers Communications et Shaw Communications Inc. concluent une entente et annoncent que Rogers va acquérir Shaw pour environ 26 millions de dollars. La transaction et l’acquisition nécessitent l’approbation des actionnaires, du Bureau de la concurrence du Canada, du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC), et du ministère de l’Innovation, des Sciences et du Développement économique Canada. En mai 2022, le Bureau de la concurrence dépose une demande au Tribunal de la concurrence et tente de bloquer la transaction en invoquant des préoccupations concernant les services et les prix pour les consommateurs. En décembre 2022, le Tribunal rejette la demande du Bureau de la concurrence. Suite à cette décision, le Bureau de la concurrence dépose un avis d’appel auprès de la Cour d’appel fédérale. En janvier 2023, la Cour d’appel fédérale rejette la demande du Bureau de la concurrence d’annuler la décision du Tribunal.

La date limite pour la fusion proposée, qui a été prolongée jusqu’au 17 février 2023, nécessite l’approbation de François-Philippe Champagne, ministre de l’Innovation, de la Science et de l’Industrie.

Changements au sein de la direction

Le premier PDG non canadien de Rogers Communications, Guy Laurence, vient de la Grande-Bretagne pour remplacer Nadir Mohamed en décembre 2013. Guy Laurence a de l’expérience dans le domaine des médias et des télécommunications, et plus récemment en tant que président-directeur général de Vodafone UK, une filiale du deuxième plus grand fournisseur de services sans-fil du monde.

En 2014, Guy Laurence annonce un nouveau plan stratégique, nommé Rogers 3.0, qui comprend un engagement pour améliorer le service à la clientèle, un domaine dans lequel les divisions câble et sans-fil de la compagnie éprouvent des difficultés. Sous la direction de Guy Laurence, le nombre d’abonnés au service sans-fil augmente, mais la compagnie continue de perdre des clients du service du câble, ce qui est dû en partie à la croissance des services de diffusion en continu comme Netflix.

En octobre 2016, Rogers annonce que Joe Natale, l’ancien directeur général de Telus, remplacera Guy Laurence en tant que président et chef de la direction. Ce changement en surprend plus d’un étant donné le fait que Guy Laurence n’occupe son poste que depuis trois ans. Le conseil d’administration de Rogers prend cette décision en partie parce que Joe Natale, qui a quitté Telus en 2015, est disponible et est considéré comme un candidat idéal pour le poste. Cependant, d’autres, incluant le Globe and Mail, rapportent que la relation ente Guy Laurence et la famille Rogers était de plus en plus tendue, un facteur qui a probablement également contribué à son départ.

En novembre 2021, Joe Natale quitte son poste de président et de chef de direction. Tony Staffieri, qui est directeur général des finances depuis plus de neuf ans, est nommé président et chef de direction par intérim. En janvier 2022, Rogers annonce officiellement que Tony Staffieri est nommé président et chef de direction de la compagnie.

Opérations actuelles

En 2021, Rogers Communications déclare des revenus d’exploitation totaux de 14,7 milliards de dollars et des profits de 5,9 milliards de dollars. Le total de ses actions représente 41,9 milliards de dollars et la compagnie emploie approximativement 23 000 personnes.

Les trois secteurs d’exploitation de la compagnie sont Rogers Sans-Fil (59 % des revenus en 2021), Rogers Cable (27 % des revenus en 2021), et Rogers Media (13 % des revenus en 2021). Les actions de la société sont négociées sous le nom RCI à la bourse de Toronto et la bourse de New York.

Le 31 décembre 2021, Rogers fournit des services de communication vocale et de données à 11,3 millions d’abonnés sous les marques Rogers, Fido, et Chatr, sur un réseau qui couvre 96 % des Canadiens, en plus de services d’itinérance sans-fil.

Rogers Cable offre des services de télévision, d’internet et de téléphone à 4,7 millions de foyers en Ontario, au Nouveau-Brunswick et à Terre-Neuve.

Les marques de télévision de Rogers Media comprennent City, Omni, FX Canada, Sportsnet et The Shopping Channel. En 2021, Rogers Media exploite également 54 chaînes de radio à travers le pays. Ses propriétés de divertissement sportif incluent certaines des meilleures équipes professionnelles de Toronto.

Interruptions de services

Le 19 avril 2021, les abonnées subissent une panne de service qui perturbent les services d’appels sans-fil, les SMS et les services de données. La panne est causée par une mise à jour logicielle.

Le 8 juillet 2022, une panne de service a un impact sur les services de cellulaire et d’internet qui affecte les clients d’affaires et les clients résidentiels à travers le Canada. Cette panne, qui aurait été causée par une mise à jour logicielle, affecte également les transactions de débit et les appels aux services d’urgences. Rogers a présenté des excuses et a offert un crédit à ses clients.

Rogers Communications Inc. // Mots clés

Obligation

Les sociétés, les municipalités et les gouvernements vendent des obligations aux investisseurs et utilisent l’argent de ses ventes pour financer des projets. Une obligation est une promesse de payer la somme d’argent emprunté ainsi que les intérêts accompagnant cet emprunt.

Obligation à haut rendement

Une obligation associée à un taux d’intérêt plus haut que la normale, qui rapporte donc plus à l’investisseur. Les obligations à haut rendement sont des obligations émises par des sociétés à la réputation douteuse, qui ne seront peut-être pas capables de rembourser l’argent prêté par l’investisseur.

Offre (OPA) hostile

C’est le type d’offre présentée par une société qui tente d’acquérir, par l’intermédiaire d’une offre publique d’achat (OPA), une autre société en négociant avec les actionnaires de la société ciblées plutôt qu’avec la direction de celle-ci.

Action

un titre de propriété sur une partie du capital d’une société.

Revenu

la quantité d’argent reçue par une société durant une période déterminée.

Profit

la quantité d’argent qui reste dans les coffres d’une société une fois soustraites de son revenu les dépenses liées à ses opérations.

Filiale

une société qui appartient à une autre société (la « société mère »).

Biens

les ressources, telles qu’une propriété foncière et d’autres possessions ayant une valeur économique.

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