Muskoka | l'Encyclopédie Canadienne

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Muskoka

Municipalité de district de Muskoka, Ontario, constituée en 1971; population permanente de 66 674 habitants (recensement de 2021), de 60 614 habitants (recensement de 2016); population saisonnière approximative de 85 163 habitants (en 2016). Muskoka est un secteur pittoresque de la région des chalets de l’Ontario qui se trouve à environ 200 km au nord de Toronto. Destination populaire chez les résidents saisonniers et les touristes, attirés par sa beauté naturelle depuis la fin des années 1800, Muskoka compte également plusieurs générations de résidents permanents.


Géographie

La municipalité de district de Muskoka occupe une superficie de 6 475 km2 dans le sud de l’Ontario, laquelle englobe les villes de Bracebridge, Gravenhurst et Huntsville, ainsi que les cantons de Georgian Bay, Lake of Bays et Muskoka Lakes. Les Premières Nations des Mohawks de Wahta et de Moose Deer Point possèdent également des réserves à l’intérieur des limites de Muskoka ( voir aussi Réserves en Ontario).

Muskoka constitue un secteur de la grande « région des chalets » de l’Ontario, dont la population s’élargit avec l’arrivée des résidents saisonniers et des touristes, surtout dans les mois les plus chauds. Il est connu pour ses paysages accidentés et ses splendeurs naturelles, avec ses pins balayés par le vent, ses rivages rocheux et les eaux turquoise de la baie Georgienne à l’ouest et une forêt épaisse, des lacs d’eau douce et une faune abondante là où Muskoka rejoint le parc Algonquin à l’est. Le district contient 1 600 lacs, dont les plus grands – et les mieux connus – sont les lacs Joseph, Muskoka et Rosseau. Tous trois sont interreliés. Au total, on compte à Muskoka 19 bassins hydrographiques, chacun prenant sa source dans le parc Algonquin et s’écoulant vers l’ouest avant de se jeter dans la baie Georgienne.

Bien qu’une grande partie des îles et des résidences riveraines de Muskoka soient de propriété privée, le district renferme plusieurs parcs nationaux, dont ceux des Îles-de-la-Baie-Georgienne, d’Arrowhead, de Hardy Lake, de Ragged Falls et de Six Mile Lake. Une portion de Muskoka est réservée aux terres de la Couronne; c’est le cas notamment de la réserve de conservation Torrance Barrens, la première réserve de ciel étoilé au Canada.

La rive de la baie Georgienne à Muskoka

Géologie

Enchâssé dans l’extrémité sud du Bouclier canadien, le paysage de Muskoka est jalonné de formations rocheuses accidentées, ses lacs et ses rivières sculptés à même le roc à l’époque préhistorique avec le retrait des glaciers. Les formations de gneiss, de granit et d’autres roches volcaniques que l’on y trouve, apparues il y a au moins un milliard d’années au cours de l’ère précambrienne, comptent parmi les plus anciennes sur terre. Le terrain rocheux de Muskoka offre un contraste spectaculaire avec la topographie agricole plus régulière de la plateforme de l’intérieur, immédiatement au sud. En raison du dynamitage effectué pour mettre à niveau le terrain pour la construction d’autoroutes, celles-ci sont bordées à plusieurs endroits de falaises abruptes.

Flore et faune

Trille blanc
Trille blanc au printemps. Photo prise le 7 mai 2011.

Bien qu’une grande partie du Bouclier canadien soit dominée par l’écosystème de la forêt boréale, la municipalité de district de Muskoka fait partie de la région forestière des Grands Lacs et du Saint-Laurent. Il s’agit d’une zone de transition entre les forêts de conifères du nord et les forêts de feuillus du sud. Muskoka, connu pour ses imposants pins blancs de l’Est, compte également une grande diversité d’autres arbres à feuillage persistant, dont le pin gris, le cèdre rouge de l’Est, la pruche de l’Est et les épinettes noires, rouges et blanches. Ces arbres résineux, dont la plupart ont été coupés au tournant du 20e siècle pendant la période d’essor du bois d’œuvre à Muskoka, se sont depuis régénérés. Les espèces de feuillus de la région incluent le tilleul, l’érable rouge, l’érable à sucre, le hêtre, le chêne rouge, le chêne blanc et l’emblématique bouleau jaune. À l’automne, les forêts multicolores de Muskoka attirent des touristes venus du monde entier.

De la mousse et du lichen tapissent le sol forestier et les roches de Muskoka. Au printemps, le trille y est abondant, puis ce sont les framboises et les bleuets sauvages qui lui volent la vedette une fois l’été venu (voir aussi Baies sauvages).

Le couvert forestier de Muskoka – présent de janvier à décembre –, ses plantes diversifiées et les milliers de kilomètres de rives de la région fournissent un habitat idéal pour une multitude d’animaux sauvages. La région abrite plus de 250 espèces d’ oiseaux, près de 50 espèces de mammifères, 25 types différents de reptiles et d’ amphibiens et plusieurs dizaines d’espèces de poissons. Il n’est pas rare de voir des ours noirs, des cerfs de Virginie, des tamias, des grands hérons et des huards dans les environs. On peut entendre le crotale massasauga de l’Est le long des rives est de la baie Georgienne. Les pêcheurs à la ligne apprécient particulièrement la truite, le brochet et l’achigan des lacs de Muskoka.

Le développement résidentiel est l’une des principales menaces aux écosystèmes de Muskoka. En réponse à ce défi, la Muskoka Lakes Association se fait le défenseur du développement durable et surveille de près la qualité de l’eau. Des espèces végétales envahissantes, comme le roseau commun, la renouée japonaise et la berce du Caucase, viennent également menacer l’équilibre écologique de la région.

Peuples autochtones

La municipalité de district de Muskoka se trouve sur le territoire traditionnel des Anishinaabeg, plus précisément des Ojibwés. On présume que le nom « Muskoka » dérive de Misquuckkey (ou Mesqua Ukie), le nom d’un chef ojibwé au nombre des signataires du Traité n° 16 en novembre 1815. Ce traité concerne une parcelle de terre au sud de Muskoka, près du lac Simcoe.

La Première Nation de Moose Deer Point, établie à l’ouest de Port Carling, sur la baie Georgienne, descend d’un groupe de Pottawatomi du Midwest américain ayant migré dans les années 1830 vers ce qui est aujourd’hui le sud de l’Ontario, sur invitation du gouvernement britannique (qu’ils appuient pendant la guerre de 1812).

Le territoire ojibwé d’Obajewanung (mot qui signifie « lieu de rassemblement »), aujourd’hui Port Carling, précède l’arrivée des Européens dans la région de Muskoka. Il est arpenté en 1860 par Vernon Wadsworth, qui y documente vingt maisons ojibwées et des terres agricoles. Avec l’arrivée d’un nombre croissant de colons blancs, les résidents d’Obajewanung sont forcés de déménager à Parry Island, près de Parry Sound. Le paysage rocheux de l’île ne se prête pas à l’agriculture, ce qui rend la survie difficile pour cette communauté. Des Ojibwés continuent à passer les étés à Port Carling pendant plusieurs décennies après le déménagement.

En 1881, un groupe de Haudenosaunee (Iroquois) protestant de Kanehsatà:ke, près d’Oka, au Québec, vient s’installer à Muskoka à la suite d’un différend avec l’Église catholique portant sur leurs terres et leur religion. La communauté qu’ils y fondent existe toujours aujourd’hui sous le nom de réserve mohawk de Wahta; elle se trouve juste à l’ouest de la ville de Bala. Les Mohawks de Wahta partagent une réserve additionnelle, appelée Indian River, avec les Chippewas de Rama. Elle occupe un hectare avoisinant Port Carling. (Voir aussi Réserves en Ontario; Premières Nations en Ontario.) Les Premières Nations de la région sont signataires des traités Williams, créés en 1923. En outre, la municipalité de district de Muskoka est habitée par les Métis de Moon River, dont les bureaux administratifs sont situés à Gravenhurst.

Peuplement européen

Les premiers Européens à visiter la région sont l’explorateur Samuel de Champlain en 1615, puis le lieutenant-gouverneur John Graves Simcoe en 1793. En 1837, David Thompson parcourt la région pour trouver un trajet pratique entre Ottawa et le lac Huron.

Les premiers établissements à Muskoka remontent à l’adoption de la Free Grants and Homestead Act (1868) de l’Ontario, qui met des terres à la disposition des agriculteurs. Les premiers cantons de la région, aujourd’hui fusionnés avec le canton de Muskoka Lakes, sont établis non loin de Port Carling, surnommée le « carrefour des lacs ». Plusieurs milliers de colons, attirés par les vastes terres qui leur sont offertes, affluent alors vers Muskoka. Toutefois, bien qu’ils y trouvent des terres arables entre les zones rocheuses et la forêt, le sol est généralement peu profond ou trop pauvre pour être cultivé au-delà de la simple subsistance. L’exploitation forestière et le tourisme constituent en revanche des activités beaucoup plus lucratives, et de nombreux agriculteurs locaux y voient une manière d’augmenter leurs revenus. Des charpentiers se mettent à construire des chalets, tandis que d’anciens agriculteurs exploitent avec succès des hôtels dans la région. D’autres deviennent fournisseurs d’aliments pour ces établissements.

Hôtel Royal Muskoka
Vue aérienne de l'hôtel Royal Muskoka.

Développement

Débuts du commerce du bois d’œuvre, de l’agriculture et du tourisme

En 1875, le prolongement du Northern Railway of Canada jusqu’à Gravenhurst, village situé à l’extrémité sud du lac Muskoka servant de passerelle vers la région, marque l’avènement d’un service ferroviaire à Muskoka. On peut dorénavant assurer l’expédition du bois d’œuvre et le transport des touristes par train. L’industrie du sciage connaît un essor majeur au tournant du 20e siècle. À un moment, on compte 17 scieries sur la baie de Gravenhurst, chacune fonctionnant 24 heures par jour. L’ agriculture à Muskoka connaît un sommet dans les années 1920, ses quelque 2 000 fermes appuyant l’industrie touristique toujours croissante.

Le tourisme est une industrie florissante à Muskoka vers la fin du 19e siècle, la région attirant en majorité des citadins en quête d’évasion. Une brochure imprimée en 1888 promet au visiteur rien de moins qu’une « cure de rajeunissement mentale et physique ». Les beaux paysages forestiers, les lacs paisibles et la multitude d’activités récréatives qu’offre Muskoka attirent des touristes des villes en pleine croissance du sud de l’Ontario et des États-Unis, qui se rendent d’abord à Gravenhurst en train, puis, plus tard, font le trajet en bateau à vapeur sur les lacs.

Au début, les activités offertes en région sont surtout axées sur les hôtels de luxe, où l’on trouve gastronomie, salles de danse, terrains de croquet et courts de tennis. Les clients y passent généralement l’été complet. En 1879, on compte environ 30 établissements de ce type. En 1905, il y en a plus de 50. La plupart de ces hôtels n’existent plus aujourd’hui, bien que certains exemples d’une grande opulence demeurent.

Excursion sur les lacs de Muskoka

Premiers propriétaires de chalets d’été

Les premiers propriétaires privés jettent leur dévolu sur les îles du lac Joseph vers la fin du 19e siècle. On surnomme une section du lac Muskoka à Beaumaris l’« allée des millionnaires » et « Petit Pittsburgh », en raison des riches familles américaines – dont les Carnegie et les Mellon – qui viennent y passer leurs vacances. La famille Eaton, propriétaire de l’emblématique magasin à rayons canadien Eaton, établit une résidence d’été près du lac Rosseau. Les premières résidences d’été de Muskoka, des maisons majestueuses aux larges vérandas, dotées de logements pour le personnel et de hangars à bateaux comportant plusieurs emplacements pour bateaux à vapeur, sont à mille lieues des « chalets ordinaires ».

La Muskoka Lakes Association, première organisation canadienne à représenter les propriétaires de chalet, est fondée en 1894 avec la mission de préserver la beauté naturelle sans pareille de la région. À ce jour, elle défend les intérêts de plusieurs milliers de propriétaires riverains.

En 1897, le tout premier sanatorium canadien pour les malades atteints de tuberculose, le Muskoka Cottage Hospital, ouvre ses portes à Gravenhurst. À l’époque, avant la mise au point de médicaments contre cette maladie, les sanatoriums offrent des traitements surtout axés sur l’air frais et le repos. Le chirurgien et militant Norman Bethune, originaire de Gravenhurst, consacrera une grande partie de sa carrière au traitement des patients atteints de tuberculose. La maison dans laquelle il voit le jour en 1890 est aujourd’hui un lieu historique national et un musée ouvert au public.

Four Way Lodge (1904)

Changements au 20e siècle

Le tourisme à Muskoka connaît une baisse pendant la crise des années 1930 en raison de contraintes économiques. Avec l’expansion des autoroutes et une utilisation accrue d’automobiles privées au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, toutefois, Muskoka s’ouvre encore plus, et c’est une nouvelle ère qui commence.

L’amélioration des transports dans la région se solde par une plus grande concurrence des agriculteurs locaux avec les producteurs de l’extérieur. Cette situation est rendue encore plus difficile par le déclin de l’industrie du bois d’œuvre, avec une diminution de la quantité de bois exploitable à Muskoka en première moitié de siècle. De nombreux agriculteurs qui, auparavant, complétaient leur revenu avec des travaux réalisés en hiver dans des camps de bûcherons se voient forcés de quitter la région. Ce processus se poursuit pendant plusieurs décennies, si bien qu’à la fin des années 1980, seules 225 exploitations agricoles demeurent à Muskoka.

En seconde moitié du 20e siècle, propriétaires de chalets et touristes continuent de venir visiter Muskoka en voiture, et le tourisme demeure la principale industrie en région. Le nombre de bateaux à vapeur transportant des touristes et des propriétaires de chalets vers leurs destinations en bord de lac est en baisse constante. Aujourd’hui, dans ce qui était autrefois une flotte de près de 200 navires, seuls deux bateaux à vapeur demeurent : le Wenohah II, une réplique moderne, et le RMS Segwun, le plus ancien bateau à vapeur de distribution postale en exploitation. Le Segwun, avec son sifflet au son long et grave et sa cheminée rouge caractéristique, est un véritable emblème de Muskoka.

Chaises de style Muskoka

Culture locale et région des chalets contemporaine

Muskoka attire des milliers de résidents saisonniers, du printemps à l’automne, chaque année. En plus des hôtels et des chalets que l’on y trouve, de nombreux camps d’été, centres de loisirs en plein air et retraites sont exploités à Muskoka. Plusieurs groupes religieux, organismes de bienfaisance d’importance et camps de nuit traditionnels disposent d’installations en bord de lac. Muskoka est aussi un endroit de prédilection pour les réunions : le 36e Sommet du G8, une conférence réunissant les dirigeants de huit des pays démocratiques les plus industrialisés au monde, se tient au centre de villégiature Deerhurst, à l’extérieur de Huntsville, en juin 2010 (voir Le G8 à Muskoka).

Muskoka accueille des manifestations culturelles tout au long de l’année, qu’il s’agisse de l’exposition de bateaux anciens et classiques en été, du festival des canneberges de Bala en automne ou encore du festival Fire and Ice de Bracebridge en hiver.

Bien que les propriétés saisonnières de la région soient de taille variable – allant de modestes à gigantesques –, on constate un retour de plus en plus marqué à l’opulence qui caractérisait Muskoka au 19e siècle. Dans cette région qui s’embourgeoise d’un bout à l’autre, on trouve de nombreux parcours de golf, de plus en plus de magasins de détail et de nombreux restaurants. Le prix des chalets à Muskoka grimpe en flèche, en particulier celui des chalets situés sur l’un des « trois grands lacs » (c.-à-d. Joseph, Muskoka et Rosseau).

La municipalité de district de Muskoka est donc confrontée au défi suivant : harmoniser les intérêts de ses résidents saisonniers et permanents avec la préservation de son environnement, de son histoire et de sa culture uniques.

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