Roland Michener | l'Encyclopédie Canadienne

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Roland Michener

Daniel Roland Michener, P.C., C.C., O. Ont., gouverneur général du Canada de 1967 à 1974, avocat, politicien et diplomate (né le 19 avril 1900 à Lacombe, en Alberta; décédé le 6 août 1991 à Toronto). Roland Michener a été le premier ancien député à devenir gouverneur général, un mandat commencé à l’année du centenaire du Canada en 1967. Il a inauguré l’Ordre du Canada et a été mécène des sports et du conditionnement physique.
Journée d
La photographie montre la journée d'ouverture \u00e0 Expo 67, avec le Gouverneur général du Canada Roland Michener, le Premier Ministre du Québec Daniel Johnson, le maire de Montréal Jean Drapeau et le Commissaire Général d'Expo 67 Pierre Dupuy.

Enfance, formation et famille

Roland Michener naît en Alberta le 19 avril 1900 de Mary E. Roland et Edward Michener. Il grandit dans la ville de Red Deer, où son père est maire, puis membre de la législature provinciale pour Red Deer (Edward Michener devient éventuellement le chef de l’opposition officielle en Alberta, les conservateurs, de 1910 à 1917, et est sénateur de l’Alberta de 1918 à 1947).

Après des études dans les écoles locales, Roland Michener étudie à l’Université de l’Alberta, où il obtient en 1920 un baccalauréat ès arts. Il fréquente ensuite l’Université d’Oxford à titre de boursier de la Fondation Cecil Rhodes. À Oxford, il s’acoquine et joue au hockey avec Lester B. Pearson, futur premier ministre du Canada. Après avoir étudié le droit à Oxford, Roland Michener revient au Canada et commence sa pratique à Toronto en 1924. Il fonde le renommé cabinet Lang Michener.

En 1927, Roland Michener épouse à Toronto Norah Willis, une philosophe politique et universitaire fort respectée en devenir. De leur union naissent trois filles. En 1969, une de leur fille, la célèbre journaliste et critique d’art Wendy Michener, décède prématurément à 34 ans, alors que Roland Michener est gouverneur général.

Politique

Roland Michener se décrit lui-même comme un « libéral avec un petit “l” et un conservateur avec un grand “C” ». Il se lance pour la première fois en politique en 1943 en tant que candidat conservateur à l’Assemblée législative de l’Ontario, mais est défait. Il tente à nouveau sa chance en 1945 et remporte le comté torontois de St. David. Il défend le mandat de député provincial jusqu’en 1948, dont quelques années au sein du Cabinet du premier ministre ontarien George Drew.

En 1949, Roland Michener entre en politique fédérale. Il ne parvient pas à se faire élire à sa première fois, mais obtient un siège en 1953 à titre de député progressiste-conservateur pour le comté de Toronto St. Paul’s, qu’il représente jusqu’en 1962.

De 1957 à 1962, il est président de la Chambre des communes et instaure le service d’interprétation simultanée, tant en anglais qu’en français, à la Chambre en 1959. En tant que président, il est courtois et décontracté, mais croise souvent le fer avec le premier ministre John Diefenbaker, qui l’accuse d’être trop gentil avec les partis de l’opposition. Au cours d’un incident, John Diefenbaker refuse de s’asseoir lorsque Roland Michener le rappelle à l’ordre. Impressionnés par ce dernier, un groupe de professeurs universitaires et d’alliés lancent une campagne pour faire de lui le président permanent en Chambre. Selon ce plan, il se présenterait comme candidat indépendant aux prochaines élections fédérales et les autres partis ne présenteraient aucun candidat contre lui. L’entente, cependant, n’est jamais conclue.

Roland Michener est défait en 1962; il s’agit de la première fois, depuis la Confédération, qu’un président de la Chambre perd son comté dans une élection où son parti forme le gouvernement (les conservateurs de Diefenbaker gagnent l’élection, mais doivent se contenter d’un gouvernement minoritaire). Lorsque le premier ministre Lester Pearson remporte un gouvernement libéral minoritaire en 1963, il offre à son ami le poste de président de façon permanente, mais Roland Michener décline l’offre. En lieu et place, en juillet 1964, Lester Pearson le nomme haut-commissaire du Canada en Inde et, six mois plus tard, premier ambassadeur du Canada au Népal. Il défend les deux mandats jusqu’en 1967, tout en étudiant l’hindi.

Gouverneur général

À la mort subite du gouverneur général fort aimé Georges Vanier en 1967, Roland Michener est appelé en renfort. Il devient ainsi le premier ancien député à occuper Rideau Hall, et le troisième gouverneur général né au Canada. « Je ne crois pas que quiconque à l’intérieur ou à l’extérieur de la fonction publique se qualifie mieux que Roland Michener pour le poste », se souvient le ministre du Cabinet libéral Paul Martin Sr. « Les gens approuvent tous cette nomination. »

Cérémonie d
Cérémonie d'ouverture de l'Expo 67 avec le tr\u00e8s Honorable Lester B. Pearson, premier ministre du Canada; le tr\u00e8s honorable Roland Michener, gouverneur-général; Monsieur Daniel Johnson, premier ministre du Québec et Monsieur Jean Drapeau maire de Montréal

C’est en 1967 qu’ont lieu les célébrations du centenaire du Canada. Seulement quelques jours après être devenu gouverneur général, Roland Michener inaugure officiellement l’Expo 67 à Montréal. Pendant sa première année en fonction, il accueille un nombre impressionnant de dignitaires étrangers : quelque 53 chefs d’État se rendent au Canada pour célébrer le centenaire et visiter l’Expo 67, dont le président américain Lyndon Johnson, Jacqueline Kennedy et la princesse Grace de Monaco. Il accueille également le président français Charles de Gaulle lors de son premier arrêt en sol canadien à Québec, juste avant qu’il ne fasse son controversé discours à Montréal, durant lequel il proclame « Vive le Québec libre ». La foule à Québec accueille Charles de Gaulle chaudement, mais hue Roland Michener lorsqu’on fait jouer l’hymne God Save the Queen.

C’est également en 1967 que l’Ordre du Canada est fondé. Roland Michener est le premier à présider l’inauguration des lauréats canadiens en novembre 1967 à Rideau Hall. « Ils désirent un pays meilleur », dit-il des lauréats, qui incluent Arthur Lismer, Jean Drapeau, Pauline Vanier (voir Georges Vanier), Maurice Richard, Louis St-Laurent et l’artiste inuit Kenojuak. « Notre intention est de rendre hommage à ceux et celles qui, de différentes façons, ont servi le Canada avec grande distinction et ont ainsi contribué au bien-être de leurs semblables. »

Loi sur les mesures de guerre

En octobre 1970, le Front de libération du Québec (FLQ) — qui, au cours des années précédentes, a fait détonner un certain nombre de bombes à Montréal — kidnappe le délégué commercial britannique James Cross et enlève (et assassine) le ministre du Travail du QuébecPierre Laporte. En réponse à ce que l’on appelle aujourd’hui la crise d’octobre, le premier ministre Pierre Trudeau proclame la Loi sur les mesures de guerre, en vertu de laquelle les droits civils de base sont suspendus.

La Loi requiert la signature de Roland Michener pour être instaurée. Le fonctionnaire Jack Cross, responsable de livrer le document à Rideau Hall pour la signature, se souvient de l’ambivalence de Roland Michener, qui l’attendait dans sa robe de chambre et en pyjama. Jack Cross doit lui expliquer la loi de long en large avant qu’il accepte de la ratifier : « Il hésitait à signer un document ayant une force exécutoire aussi importante ».

En 2010, il est dévoilé que Roland Michener est aussi une des cibles des kidnappeurs du FLQ.

« Le gouverneur général coureur »

Au cours de son mandat, Roland Michener et sa femme, Norah, démocratisent Rideau Hall en abolissant les révérences que les femmes doivent faire devant le gouverneur général. Parmi les autres innovations de Roland Michener, on compte de fréquentes visites à l’étranger et des réunions régulières avec les lieutenants-gouverneurs provinciaux. En 1972, les Michener déplacent également le lever du Nouvel An du gouverneur général à Rideau Hall, plutôt qu’au Sénat.

Roland Michener est un athlète accompli qui suit un programme d’exercices réguliers; il jogge tous les matins, si bien qu’on le surnomme parfois le « gouverneur général coureur ». Il est un fier défenseur de l’activité physique pour les Canadiens et soutient le programme ParticipACTION, qui vise à améliorer la condition physique des citoyens. Nommé « Antilope qui court » par la Première Nation des Gens-du-Sang, Roland Michener encourage encore davantage les sports en fondant le Trophée Roland Michener pour le championnat de hockey mineur « AAA » en Ontario et le Trophée Michener du thon, un championnat de pêche sportive. Il crée également les prix Michener de journalisme, en l’honneur de sa défunte fille Wendy Michener.

Dans un discours donné en 1972, il déclare : « Nous, les Canadiens, avons beaucoup à espérer et peu à craindre, sauf de nous-mêmes lorsque nous amplifions nos différences et sous-évaluons nos traditions et notre identité collective. »

En 1973, la reine Elizabeth remet à Roland Michener le collier royal de Victoria. Il devient ainsi le deuxième Canadien de l’histoire à recevoir cet honneur, après l’ancien gouverneur général Vincent Massey.

La vie après le poste de gouverneur général

Lorsque son mandat de gouverneur général prend fin en 1974, Roland Michener déménage avec sa famille à Toronto, où il pratique le droit et devient administrateur de société. De 1974 à 1980, il est chancelier de l’Université Queen’s, puis secrétaire général de la Fondation Cecil Rhodes, qui remet les bourses Rhodes.

En 1979, le premier ministre de l’AlbertaPeter Lougheed nomme une montagne dans la vallée de la rivière Saskatchewan Nord en l’honneur de Roland Michener. L’année suivante, Roland Michener, alors âgé de 80 ans, en escalade le sommet afin d’assister à la cérémonie de baptême. En 1990, l’Institut de technologie médicale de Toronto est renommé l’Institut Michener.

Roland Michener décède le 6 août 1991. Ses cendres et celles de sa femme, décédée en 1987, sont enterrées à l’église anglicane St. Bartholomew à Ottawa, en face de Rideau Hall de l’autre côté de Sussex Drive.