Libération des Pays-Bas | l'Encyclopédie Canadienne

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Libération des Pays-Bas

Durant les derniers mois de la Deuxième Guerre mondiale, les Forces canadiennes se sont vu confier une tâche aussi importante que dangereuse : libérer les Pays-Bas de l’occupation nazie. De septembre 1944 à avril 1945, la Première Armée canadienne a combattu les forces allemandes sur l’estuaire de l’Escaut, ouvrant le port d’Anvers pour l’usage des alliés, puis a chassé les Allemands du nord et de l’ouest des Pays-Bas, permettant à des millions de gens désespérés de recevoir de la nourriture et de l’aide humanitaire. Plus de 7600 soldats, marins et pilotes canadiens sont morts au combat dans les Pays-Bas. Aujourd’hui encore, les Néerlandais se souviennent avec reconnaissance que le Canada les a délivrés de l’oppression des nazis.


La libération des Pays-Bas : faits saillants

Date

De septembre 1944 à avril 1945

Lieu

Pays-Bas, Belgique, Allemagne

Participants

Alliés : Canada, Royaume-Uni, États-Unis, Pologne, Belgique, Pays-Bas

Axe : Allemagne

Pertes

7600 morts canadiens


Opération Market Garden

Les troupes britanniques et américaines pénètrent pour la première fois dans le sud des Pays-Bas au début de septembre 1944, trois mois après les débarquements du Jour J en Normandie. À la mi-septembre, les alliés lancent l’opération Market Garden, une campagne massive visant à sécuriser les ponts sur la Meuse, le Waal et le Rhin. Si les Alliés s’emparent de ces ponts, ils pourront libérer les Pays-Bas, contourner les défenses allemandes de la ligne Siegfried et avancer en Allemagne. Cependant, l’opération Market Garden échoue, l’avancée alliée est ralentie et la majorité des Pays-Bas demeure sous le contrôle allemand.

Colin Brown

Le saviez-vous?
Un certain nombre d’officiers canadiens ont participé à l’opération Market Garden, même si aucune unité canadienne n’était impliquée dans la campagne. Les officiers étaient rattachés à des régiments britanniques par l’intermédiaire de CANLOAN. Il s’agissait d’un programme de volontariat dans le cadre duquel des officiers canadiens étaient prêtés à l’armée britannique. Colin Brown, d’Ancaster en Ontario, était l’un de ces officiers. Vous pouvez écouter son histoire sur le site du Projet Mémoire.


Bataille de l’Escaut

Alors que les alliés cherchent une autre manière d’envahir l’Allemagne, ils ont besoin d’un grand port capable d’approvisionner leurs armées en mouvement. La ville belge d’Anvers, un des plus grands ports d’Europe, a déjà été libérée. Cependant, Anvers est reliée à la mer par les 70 km de l’estuaire du fleuve Escaut, qui sont toujours tenus par les Allemands. La tâche de chasser les forces ennemies de l’estuaire revient à la Première Armée canadienne.

La Première Armée canadienne est la plus importante armée canadienne dans le nord-ouest de l’Europe. C’est une puissante force de frappe formée par le 2e Corps canadien ainsi que par plusieurs contingents de fantassins et de blindés britanniques, polonais, américains et néerlandais commandés par le général canadien Harry Crerar. Cette armée constitue l’aile gauche des alliés dans leur avancée vers l’Allemagne, depuis la bataille de Normandie de l’été 1944. La Première Armée canadienne a donc libéré plusieurs villes et ports le long de la côte de la Manche, en France et en Belgique.

En atteignant les Pays-Bas, la Première Armée canadienne reçoit l’ordre de sécuriser les rives de l’Escaut, un large fleuve à plusieurs chenaux reliant le port d’Anvers à la mer du Nord. C’est un terrain plat, boueux, parfois inondé, bordé par un système de digues qui permet au pays d’exister sous le niveau de la mer. Bref, un terrain peu accueillant pour des troupes en offensive.

Sous la direction du lieutenant-général canadien Guy Simonds, le remplaçant temporaire de Harry Crerar, les soldats canadiens et britanniques livrent plusieurs combats acharnés en octobre et en début novembre, dont plusieurs assauts amphibies dans de petites embarcations, contre les défenses allemandes le long de l’estuaire. Quand l’utilisation de bateaux est impossible, les hommes, les blindés et le matériel doivent emprunter des chemins étroits en haut des digues qui sont souvent exposés au feu allemand.

En tout, 13 000 hommes de la Première Armée canadienne sont tués, blessés ou portés disparus pendant la bataille de l’Escaut, dont plus de 6300 Canadiens. Cependant, le 8 novembre, l’estuaire et ses grandes îles sont sécurisés. Le fleuve est alors déminé, et le 28 novembre, les premiers convois de navires de charge alliés entrent dans le port d’Anvers. (Voir Canada et la bataille de l’Escaut.)

Le saviez-vous?
On estime que 301 000 Néerlandais sont morts pendant la Deuxième Guerre mondiale, dont au moins 280 000 civils. Environ 104 000 ont été victimes de l’Holocauste, et 20 000 autres sont morts de causes liées à la famine (voir Canada et l’hiver de la faim).


La bataille du Rhin

La Première Armée canadienne passe l’hiver à patrouiller sa partie de ligne de front aux Pays-Bas et en France, se battant occasionnellement avec l’ennemi, tandis que les forces américaines en Belgique repoussent l’attaque-surprise des Allemands dans la forêt des Ardennes. En février 1945, les alliés reprennent leur avancée dans le nord-ouest de l’Europe et lancent une énorme offensive visant à chasser l’ennemi au-delà du Rhin. La Première Armée canadienne est chargée de nettoyer la région entre la Meuse et le Rhin et de repousser les forces allemandes à travers le Rhin, vers l’est.

En mars, la Première Armée canadienne est renforcée par plusieurs unités alliées, dont le 1er Corps canadien, arrivant des champs de bataille d’Italie. Pour la première fois de l’histoire, deux corps d’armée canadiens combattent côte à côte. Avec une force internationale de 450 000 hommes, la Première Armée canadienne devient la plus grande armée jamais commandée par un officier canadien. (Voir Bataille du Rhin.)

L’hiver de la faim : Peter Melkert
Les soldats canadiens avaient déjà libéré une partie de la Hollande en huit mois. Et on attendait toujours. Amsterdam, La Haye et Rotterdam, on attendait toujours que les Canadiens arrivent pour nous libérer. On n’était plus ravitaillés et il était clair que les Allemands n’allaient pas nous nourrir alors qu’il leur fallait nourrir leurs propres hommes. Alors ça voulait dire qu’on devait manger des bulbes de tulipes. J’ai mangé des bulbes de tulipe et des betteraves à sucre. J’ai mangé d’autres choses dont je ne veux même pas parler, mais je veux dire, on se battait pour survivre. On était affamés. (Peter Melkert, Rotterdam, Le Project Mémoire.)


Nourriture et secours

À la fin mars, tandis que d’autres armées alliées traversent le Rhin pour entrer en Allemagne, la Première Armée canadienne commence à éliminer les forces allemandes dans le reste des Pays-Bas. Les Canadiens font face à des combats acharnés à certains endroits, et les Allemands en fuite détruisent les routes, les ponts et les autres infrastructures, en plus de faire sauter des digues dans l’ouest des Pays-Bas, inondant ainsi une partie de la campagne.

Libération des Pays-Bas

Les Canadiens sont accueillis en héros à Amsterdam, Rotterdam et La Haye, au fur et à mesure qu’ils libèrent les petits villages et les grandes villes. Des millions de Néerlandais ont terriblement souffert pendant « l’hiver de la faim » en 1945, et c’est à une population en pleine famine que les troupes canadiennes distribuent de la nourriture, du carburant et d’autres formes d’aide humanitaire.

Le 5 mai, le général Charles Foulkes, commandant du 1er Corps canadien, accepte la reddition des forces allemandes aux Pays-Bas. Deux jours plus tard, l’Allemagne capitule officiellement et la guerre en Europe prend fin.

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Libération des Pays-Bas

Le saviez-vous?
Après la libération, des milliers de Néerlandaises (1886) épousent des soldats canadiens. Marguerite Blaisse d’Amsterdam, par exemple, rencontre le lieutenant Wilf Gildersleeve du Seaforth Highlanders le 7 mai 1945. Ils se marient un an plus tard et s’installent à Vancouver, en Colombie-Britannique. Si vous souhaitez en savoir plus sur ces « épouses de guerre », consultez les articles Épouses de guerre et Arrivée des épouses de guerre et de leurs enfants au Canada.



Commémoration

Plus de 7600 soldats, marins et pilotes canadiens sont morts au combat dans les Pays-Bas. Ils reposent aujourd’hui dans les nombreux cimetières militaires aux quatre coins du pays. Le plus grand d’entre eux est le cimetière de guerre canadien de Groesbeek près de la ville de Nimègue, où sont enterrés plus de 2300 Canadiens. Les cimetières sont régulièrement visités par des citoyens néerlandais et des membres de la famille royale néerlandaise ainsi que par d’anciens combattants, des dignitaires et des touristes canadiens. Chaque année, les Néerlandais rendent hommage à près de 1400 soldats enterrés au cimetière de guerre canadien de Holten. Le 4 mai, les écoliers déposent une tulipe sur chaque concession funéraire; le 24 décembre, la veille de Noël, ils déposent une bougie.

Les Néerlandais se souviennent avec affection des Canadiens comme des libérateurs et des sauveurs qui ont secouru des millions de gens de la maladie et de la faim en 1945. Le joyeux « été canadien » qui suit forge des liens d’amitié solides et durables entre les deux pays.

Chaque année depuis, les Pays-Bas envoient des milliers de tulipes à Ottawa, en reconnaissance des sacrifices des Canadiens, ainsi que pour avoir hébergé la famille royale hollandaise, qui s’était exilée au Canada pendant la guerre. (Voir aussi Princesse Margriet des Pays-Bas.) Le lien entre Canadiens et Néerlandais est aussi célébré chaque été pendant les Marches de Nimègue, un concours international de défilé militaire qui commémore chaleureusement et avec reconnaissance la libération des Pays-Bas par les soldats canadiens.