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Jim Balsillie

James Laurence (Jim) Balsillie, cochef de la direction de Research In Motion, dirigeant d’entreprise, comptable agréé, philanthrope (né le 3 février 1961 à Seaforth, en Ontario). Jim Balsillie est connu comme ancien président et cochef de la direction de Research In Motion (RIM), une entreprise implantée à Waterloo, en Ontario, aujourd’hui renommée BlackBerry. Philanthrope de premier plan, il a également créé de nombreuses organisations à but non lucratif, notamment l’Arctic Research Foundation (qui a retrouvé, en 2016, l’un des navires perdus de l’expédition de John Franklin), l’Institut Perimeter pour la recherche en physique théorique, la Balsillie School of International Affairs et le Centre for International Governance Innovation. Passionné de hockey, il a tenté, à trois reprises, d’acheter une équipe de la LNH et de la déménager à Hamilton, en Ontario.
Jim Balsillie

Jeunesse et formation

Jim Balsillie naît à Seaforth, en Ontario. Son père, Raymond, travaille comme technicien en électronique pour Hydro Ontario, tandis que Laurel, sa mère, se consacre à élever Jim, son frère et sa sœur. En 1966, la famille déménage à Peterborough, en Ontario, où Jim grandit. Dès son plus jeune âge, il démontre son goût pour les affaires, vendant, alors qu’il n’est âgé que de sept ans, des cartes de Noël en faisant du porte‑à‑porte. Dans son adolescence, il réussit à jongler entre plusieurs itinéraires de livraison de journaux et gère des services de peinture. En parallèle, il prête main‑forte lors d’un camp des Grands Frères du Canada, travaille dans une station de ski et fait de l’entretien dans un terrain de caravaning.

En 1984, il obtient un baccalauréat en commerce du Trinity College de l’Université de Toronto.

Début de carrière

Après l’université, Jim Balsillie est embauché comme comptable agréé par le cabinet de comptabilité et d’audit de Toronto Clarkson Gordon (devenu aujourd’hui Ernst & Young). En 1987, il quitte son emploi pour reprendre ses études en vue d’obtenir un MBA à Harvard. C’est durant cette période qu’il rencontre Rick Brock, propriétaire de Sutherland‑Schultz, une petite entreprise technologique implantée à Cambridge, en Ontario. Après l’obtention de son diplôme en 1989, le natif de Seaforth revient au Canada et intègre Sutherland‑Schultz dont il devient premier vice‑président.

En 1992, Sutherland‑Schultz est rachetée par une autre entreprise et Jim Balsillie perd son poste. Au cours des négociations de reprise, Rick Brock lui suggère d’utiliser ses indemnités de départ pour investir dans une petite entreprise, lui signalant la société Research In Motion (RIM), l’un des fournisseurs locaux de Sutherland‑Schultz pour qui elle conçoit, à l’époque, des cartes de circuits imprimés.

Research In Motion et BlackBerry

Research In Motion

RIM est fondée en 1984 par Mike Lazaridis, un ingénieur électricien, et Douglas Fregin. La société débute ses activités dans le logiciel et le conseil informatique, mais rapidement, dès la fin des années 1980, elle élabore un système de transmission de données sans fil utilisé dans des téléavertisseurs et des systèmes de paiement sans fil. RIM est alors la première entreprise en Amérique du Nord à travailler sur une technologie de ce type, et jette ainsi les bases de ce que sera le futur téléphone intelligent BlackBerry.

Mike Lazaridis

Après avoir étudié en profondeur les activités de l’entreprise, qui n’est alors qu’une petite entité implantée au‑dessus d’une boutique vendant des bagels, Jim Balsillie est fermement convaincu du potentiel de RIM. Toutefois, l’entreprise éprouve des difficultés financières et a besoin de liquidités, notamment en raison de retards de paiement de gros clients. En 1992, Jim Balsillie, alors âgé de 31 ans, décide d’utiliser ses indemnités de départ de Sutherland‑Schultz et de réhypothéquer son logement afin d’investir 125 000 $ dans RIM. Son investissement lui permet d’acquérir 33 % du capital de l’entreprise, qu’il rejoint alors en tant que président et cochef de la direction aux côtés de Mike Lazaridis. Son sens aiguisé des affaires complète parfaitement les connaissances techniques pointues de Mike Lazaridis et va jouer un rôle important dans l’expansion de RIM qui n’est, à son arrivée, qu’une toute petite structure. Ses responsabilités dans l’entreprise comprennent la stratégie, le commerce et les finances.

Inter@ctive Pager 900

En 1996, RIM introduit un nouveau produit appelé Inter@ctive Pager 900, un téléavertisseur bidirectionnel capable d’envoyer des télécopies et des courriels. L’année suivante, l’entreprise entre en bourse, ce qui lui permet de mobiliser 105 millions de dollars auprès d’investisseurs.

En 1999, RIM lance le BlackBerry, un ordinateur de poche qui deviendra un téléphone intelligent, dont la réussite va être foudroyante. Ce succès est notamment dû aux efforts de Jim Balsillie en matière de marketing et de commercialisation. Afin de faire connaître l’utilité du nouvel appareil, il décide notamment, à l’occasion de congrès et de conférences de l’industrie des technologies, de le distribuer gratuitement, ciblant les « adopteurs précoces ». Il met également le BlackBerry à la disposition de banquiers d’investissement de Wall Street et d’hommes politiques américains. Pendant cette période, RIM signe des accords pour fournir son ordinateur de poche à BellSouth Wireless, IBM, American Mobile et Rogers Cantel.

En 1999, RIM est cotée au NASDAQ, où la société récolte plus de 250 millions de dollars. L’année suivante, elle collecte 870 millions de dollars supplémentaires.

Antidatage d’options d’achat d’actions

Le 5 mars 2007, Jim Balsillie démissionne de son poste de président de RIM tout en en restant cochef de la direction après que l’entreprise est contrainte de retraiter ses données financières passées et de réduire ses résultats de 250 millions de dollars américains à la suite de l’antidatage d’options d’achat d’actions attribuées à ses cadres de haut niveau. (Cette opération consiste à dater les options d’achat octroyées à une date à laquelle leur cours était plus faible, d’où un profit plus élevé; il s’agit, à l’époque, d’une pratique courante parmi les cadres supérieurs du secteur des hautes technologies, Steve Jobs d’Apple ayant, lui‑même, été impliqué dans un scandale de ce type.) Jim Balsillie et Mike Lazaridis versent chacun 5 millions de dollars à l’entreprise pour contribuer à l’enquête interne d’une durée de plusieurs mois portant sur cette affaire d’attribution d’options d’achat d’actions. Le premier s’exprime ainsi à ce sujet dans le Globe and Mail : « Mike et moi sommes responsables en tant que cochefs de la direction de l’entreprise et nous ne nous déroberons pas à nos responsabilités, y compris en mettant notre propre argent sur la table. » En 2009, RIM accepte de payer une amende de 77 millions de dollars, essentiellement réglée par les deux cochefs de la direction et par le directeur financier de RIM, Dennis Kavelman, pour solder son différend avec la Commission des valeurs mobilières de l’Ontario. Mis en accusation par la Securities & Exchange Commission des États-Unis pour la même infraction, ils vont également conclure une transaction avec le régulateur de la bourse américaine.

Départ de RIM

En octobre 2007, RIM est valorisée plus de 67 milliards de dollars, ce qui en fait, pendant une courte période, l’entreprise ayant la capitalisation boursière la plus importante au Canada. Cependant, le marché des téléphones intelligents évolue rapidement, surtout après l’introduction, en 2007, par Apple de l’iPhone, un appareil doté d’un écran tactile, d’un lecteur multimédia et d’un appareil photo. RIM poursuit toutefois sa croissance au cours des quelques années suivantes, atteignant près de 20 milliards de dollars américains de chiffre d’affaires en 2011. Cependant, l’entreprise ne va pas être au rendez‑vous de nombreuses innovations et des nouvelles tendances du secteur dont ses concurrents tirent un avantage maximum. Il faudra en effet attendre 2006 pour que RIM propose des téléphones dotés d’un appareil photo, 2008 pour qu’elle offre des BlackBerry à écran tactile et 2009 pour qu’elle mette en place une boutique d’applications en ligne.

Fin 2011, la part de marché de RIM s'est effondrée et la société subit la cinquième perturbation majeure de son service en autant d’années. Dans ce contexte, l’action connaît, cette année‑là, une chute brutale de près de 75 %, amenant les actionnaires à réclamer des changements à l’échelon de la haute direction.

Le 22 janvier 2012, Jim Balsillie et Mike Lazaridis annoncent qu’ils abandonnent leur poste de cochef de la direction et sont remplacés dans ces fonctions par Thorsten Heins, directeur des opérations de l’entreprise; ils restent toutefois tous deux membres du conseil d’administration, jusqu’à ce que Jim Balsillie démissionne le 29 mars 2012. Début 2013, il vend toutes les actions de la société qu’il possède encore.

Les rêves de LNH de Jim Balsillie

En 2006, Jim Balsillie fait les gros titres de l’actualité lorsqu’il tente d’acheter les Penguins de Pittsburgh pour 175 millions de dollars américains. Il retire toutefois son offre quand la LNH l’informe qu’elle a l’intention de restreindre ses pouvoirs sur l’équipe. Il tente à nouveau sa chance en 2007, avec une offre potentielle de 238 millions de dollars américains pour les Predators de Nashville. Cependant, les négociations avec le propriétaire sont interrompues par la LNH lorsqu’il apparaît clairement que son intention est de déménager sa nouvelle équipe à Hamilton, en Ontario. En 2009, il s’efforce, pour la troisième fois, d’amener une équipe de la LNH à Hamilton lorsque les Coyotes de Phoenix se placent sous la protection de la loi américaine sur les faillites. Toutefois, son offre de 242,5 millions de dollars américains pour reprendre l’équipe est rejetée par un juge des faillites de l’Arizona (voir Le marché de la LNH au Canada).

Arctic Research Foundation et recherche de l’expédition de Franklin

En 2012, Jim Balsillie crée l’Arctic Research Foundation (ARF), qu’il dote d’un certain nombre de moyens financiers. Cette organisation à but non lucratif participe à la recherche des navires perdus de l’expédition arctique de 1845 conduite par sir John Franklin (voir Recherche de l’expédition Franklin). L’un des navires de recherche de l’ARF, le Martin Bergmann, fait partie de la flottille qui réussit à localiser le HMS Erebus début septembre 2014. Cela faisait des années que Parcs Canada, l’ARF et d’autres partenaires tentaient de retrouver ces navires disparus. Ces acteurs de la première heure sont rejoints en 2014 par la Société géographique royale du Canada (SGRC) qui réussit à prendre une place prépondérante dans la couverture de l’expédition par les médias.

Particulièrement irrité par la façon dont la découverte du navire de l’expédition Franklin est présentée dans un documentairediffusé à l’émission The Nature of Things sur la CBC, Jim Balsillie va jusqu’à parler de « récit alternatif » au profit de la SGRC « trompeur pour le public canadien ». Il fait part de ses préoccupations dans une lettre qu’il envoie à la ministre de l’Environnement, Leona Aglukkaq, avec copie au Cabinet du Premier ministre (CPM).

En 2015, il déclare à Buzzfeed  :

La plupart des gens m’ont soutenu lorsque j’ai envoyé cette lettre; toutefois, quelques fonctionnaires m’ont mis en garde en me précisant que si j’insistais trop le CPM pourrait « me détruire et détruire mes amis ». L’idée que j’aie pu être intimidé par des « gamins en culottes courtes » pour avoir remis en cause l’exactitude du récit de la SGRC est tout simplement risible.

Le 12 septembre 2016, l’ARF annonce qu’elle a localisé le HMS Terror dans la baie Terror, au Nunavut, au nord de l’endroit où l’Erebus avait été trouvé en 2014. Parcs Canada confirme cette découverte le 26 septembre 2016.

Philanthropie

Institut Perimeter de Recherche

En 2000, Jim Balsillie accorde une dotation de 10 millions de dollars à l’Institut Perimeter pour la recherche en physique théorique du Canada qui, notamment grâce à ce don, inaugure un nouvel édifice en 2004. En 2001, il fonde le Centre for International Governance Innovation (CIGI) auquel il apporte 20 millions de dollars, Mike Lazaridis fournissant, de son côté, 10 millions supplémentaires. Le CIGI est un groupe de réflexion international non partisan et sans but lucratif installé dans l’ancien Musée Seagram à Waterloo (voir Seagram). L’année suivante, Jim Balsillie mobilise 50 millions de dollars afin que l’Université de Waterloo, l’Université Wilfrid Laurier et le CIGI puissent créer, conjointement, la Balsillie School of International Affairs. En 2011, il fait don de 25 millions de dollars à l’Institute for New Economic Thinking, un groupe de réflexion new‑yorkais à but non lucratif créé par le magnat américain des affaires George Soros peu après la crise financière de 2007‑2008.

Jim Balsillie effectue également de nombreux autres dons conjointement avec sa femme Heidi. Le couple fait notamment partie des mécènes de l’hôpital Grand River, au sein duquel un nouveau centre de traitement du cancer, The Balsillie Family Building, peut être construit grâce à leur don d’un montant de 5 millions de dollars. Ils apportent également leur aide au Musée régional des enfants de Waterloo et au Child Witness Centre de Waterloo.

Vie personnelle

Jim Balsillie vit à Waterloo avec sa femme Heidi et leurs deux enfants. Il est connu pour sa passion du sport et pour entraîner les équipes dans lesquelles jouent ses enfants, lui‑même pratiquant le hockey pour son plaisir dans une « ligue de garage ». Compte tenu de sa fortune personnelle, il a souvent été décrit comme un milliardaire habitant une maison modeste et évitant de faire étalage de sa richesse. Lorsqu’il sort de la liste des milliardaires du monde entier en 2011, Luisa Kroll, du magazine Forbes, déclare que sans sa générosité exceptionnelle, il appartiendrait certainement encore à ce club des personnes les plus riches de la planète.

Distinctions

Jim Balsillie reçoit des diplômes honorifiques de l’Université Wilfrid Laurier en 2003, de l’Université Dalhousie en 2006, de l’Université de Toronto en 2007 et de l’Université Trent également en 2007. En 2003, il est élu membre de l’Institut des comptables agréés de l’Ontario, un organisme dont la mission consiste à maintenir des normes professionnelles et réglementaires parmi les comptables agréés. En 2006, il est intronisé au Marketing Hall of Legends de l’American Marketing Association et, en 2009, au Temple de la renommée de l’entreprise canadienne conjointement avec Mike Lazaridis. Il est également capitaine honoraire de la Marine royale canadienne.

Prix

  • PDG de l’année au Canada, Bennett Jones (2006)
  • Dirigeant de l’année d’une entreprise internationale, Chambre de commerce du Canada (2006)
  • Prix d’excellence pour les chefs d’entreprise, Université Wilfrid Laurier (2008)
  • International Distinguished Entrepreneur Award, Associates of the Asper School of Business de l'Université du Manitoba (2009)
  • Prix du président pour une contribution exceptionnelle, Global Mobile Awards de la GSM Association (2009)

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