Guerres iroquoises | l'Encyclopédie Canadienne

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Guerres iroquoises

Les guerres iroquoises, ou guerres franco-iroquoises, ont été une série de conflits  opposant, au 17e siècle, la Confédération haudenosaunee (aussi appelée Iroquois ou Cinq-Nations et dont à cette époque faisaient partie les Mohawks, les Oneidas, les Onondagas, les Cayugas et les Sénécas), d’autres groupes des Premières Nations et les forces coloniales françaises. Le déclenchement de ces guerres est associé à la concurrence dans le commerce des fourrures. Vers 1640, les Haudenosaunee ont lancé une campagne afin d’élargir leurs possessions territoriales et l’accès aux animaux comme le castor et le cerf. Les hostilités ont continué jusqu’à 1701, lorsque les Haudenosaunee ont conclu un traité de paix avec les Français. Ces guerres témoignent de la lutte intense pour le contrôle des ressources au début de l’ère coloniale et ont pour résultat la dispersion et la destruction permanentes de plusieurs premières nations des forêts de l’Est.

Attaque d'un village d'onondagas
L'esquisse réalisée par Champlain montre que les Iroquois ont élaboré une structure complexe de fortification (avec la permission de The Champlain Society).
Défaite des Iroquois au lac Champlain
Le 30 juillet 1609, armé de son harquebuse, Champlain tue trois chefs mohawks. Cette bataille ne fait qu'augmenter l'hostilité de la confédération iroquoise. Ce dessin de Champlain fait preuve de beaucoup d'imagination, particulièrement dans les détails (avec la permission des Bibliothèque et Archives Canada/C-5750).
Discussions du Conseil iroquois
Conseil composé de familles réunies pour discuter de sujets importants touchant le village, tels que la guerre (oeuvre de Lewis Parker).

Origines

Au 17e siècle, l’économie haudenosaunee se met à dépendre du commerce des fourrures européen. Ils commencent à commercer avec des marchands britanniques et néerlandais au début du siècle, fournissant des peaux d’animaux en échange d’outils en fer, d’armes à feu, de couvertures et d’autres articles. Leurs ennemis traditionnels, notamment les Hurons-Wendats et les Algonquins, établissent quant à eux des relations et des alliances commerciales avec les marchands et les colons français. Le commerce des fourrures est très concurrentiel et entraîne une hostilité accrue entre les Premières Nations.

Vers le milieu du 17e siècle, les Haudenosaunee ont épuisé la population de castors dans leur région. Ils lancent donc une campagne afin d’élargir leur territoire et ainsi obtenir l’accès à de nouvelles terres de chasse et de trappe. Encouragés et armés par les colons hollandais de la rivière Hudson (aujourd’hui l’État de New York), les Haudenosaunee commencent à exercer leur pouvoir militaire. En 1628, ils repoussent les Mohicans vers l’est et, durant les années 1630, les Mohawks commencent à attaquer les Algonquins dans la vallée d’Ottawa. Dès le début des années 1640, les Mohawks et les Oneidas s’en prennent aux colonies de la Nouvelle-France et à leurs alliés algonquins de part et d’autre de la vallée du Saint-Laurent.

Dès 1642, les Français se mettent à bâtir une succession de villages fortifiés le long du fleuve jusqu’à Montréal pour contrer les attaques. Ils tentent aussi de se défendre contre l’armement des Mohawks en faisant de même avec les Hurons et les Algonquins. Les Jésuites, cependant, persuadent les autorités de restreindre la vente d’armes aux convertis, qu’ils jugent plus « fiables ».

Dispersion des Premières Nations

Une des conséquences des guerres iroquoises est la dispersion de plusieurs Premières nations. La politique des Sénécas est de déloger les Hurons, qui les laissent libres de piller les peuples chasseurs au nord. Leurs raids contre les villages hurons commencent dès 1642 et atteignent leur apogée en 1649, lorsque plus de 1 000 Mohawks et Sénécas s’attaquent à deux villages importants. Des groupes de Hurons résistent en se réfugiant sur une île voisine, mais sont forcés de se disperser. Certains fuient vers Québec, alors que d’autres vont grossir les rangs des Neutres, qui sont eux-mêmes défaits en 1651. À l’hiver 1649-1650, les Haudenosaunee prennent pour cible les Nipissing et les Pétuns.

Après la destruction des Hurons et l’écrasement des Neutres, les Haudenosaunee s’en prennent aux Mohicans, aux Sokokis et aux Abénakis. Au Québec, ils s’affairent de part et d’autre du territoire, de Tadoussac à l’est, jusqu’au nord du lac Mistassini. En 1653, bloqués par les Susquehannock et les Ériés qui se défendent férocement, les Haudenosaunee décident de faire la paix avec les Français. Après moult attaques, les Ériés sont finalement conquis en 1657. Un retour des hostilités entre 1659 et 1660 sur un large front réveille la tension dans la Confédération qui cherche à nouveau la paix avec les Français. Un traité impliquant toutes les nations n’est toutefois signé qu’en 1667, après que le régiment Carignan-Salières brûle plusieurs villages mohawks et leurs provisions. Dès 1675, les Haudenosaunee assimilent finalement les Susquehannock au sud et partent vers l’ouest, dans la vallée de l’Ohio, où ils combattent les Illinois et les Miamis.

Patrimoine

En l’espace de cinq conflits, les Haudenosaunee réussissent à vaincre les cinq peuples qui entourent leur territoire. Toutefois, ces victoires n’amènent pas la prospérité espérée. En effet, le traité de 1667 permet aux Français d’étendre leur commerce au nord et, grâce à l’explorateur Louis Jolliet, de traverser les Grands Lacs et de se rendre jusqu’à la rivière Mississippi. Dans le cadre d’un plus grand conflit entre les Français et les Britanniques, les Haudenosaunee attaquent Lachine en 1689 (voir Massacre de Lachine). Toutefois, aidés des Troupes de la Marine, les défenseurs de Lachine forcent éventuellement les Haudenosaunee à restaurer la paix ; dans un traité ratifié en juillet 1701 à Montréal, ils s’engagent à rester neutres dans les guerres entre les Britanniques et les Français (voir;Grande Paix de Montréal [1701]).

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