Guerre du golfe Persique (1990-1991) | l'Encyclopédie Canadienne

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Guerre du golfe Persique (1990-1991)

En 1991, le Canada s’est joint à une coalition militaire internationale afin d’affronter l’Irak à la suite de son invasion du Koweït. Le Canada a fourni des navires de guerre et des avions de chasse dans une campagne victorieuse pour la libération du Koweït. C’était la première fois que le Canada envoyait des femmes au combat, et c’était également la première fois depuis des décennies que les forces navales et aériennes canadiennes se soutenaient mutuellement dans une zone de guerre. Plus de 5100 militaires canadiens ont servi durant cette guerre, atteignant un maximum de 2700 militaires dans la région en même temps. Aucun membre des Forces armées canadiennes n’est mort durant ce conflit.

Guerre du golfe Persique
Un groupe d’opérations navales du Canada procède à un ravitaillement en route en mer (RAS), en chemin vers le golfe Persique en septembre 1990. De gauche à droite : les navires NCSM Athabaskan, Protecteur et Terra Nova.

L’invasion du Koweït

La guerre du golfe Persique éclate après que les forces militaires irakiennes ont envahi la petite, mais riche nation du Koweït dans la nuit du premier au deux août 1990. Malgré sa taille, le Koweït est l’un des plus grands producteurs et exportateurs de pétrole au monde. En 1990, l’Irak est lourdement endetté en raison de son implication dans la guerre Iran-Irak de 1980 à 1988. L’Irak a financé cette guerre en empruntant massivement à ses voisins, dont le Koweït. Lorsque le dirigeant irakien Saddam Hussein exige qu’ils annulent sa dette, le Koweït et les autres États du golfe refusent. Une dispute territoriale entre les pays ainsi que l’attrait des vastes réserves de pétrole du Koweït contribuent à la décision de Saddam Hussein d’envahir le pays.  

 Le président des États-Unis George H.W. Bush, soutenu par la première ministre de l’Angleterre Margaret Thatcher, commence rapidement à assembler une coalition multinationale de 35 nations pour exiger le retrait irakien et prévenir de nouvelles incursions militaires en Arabie saoudite. En conformité avec les résolutions du Conseil de Sécurité des Nations Unies, l’opération Desert Shield est bientôt déclenchée dans le but de libérer le Koweït de l’occupation irakienne.

Les résolutions de l’ONU autorisent un embargo contre l’Irak, de même qu’un blocus naval dans le golfe Persique pour s’assurer qu’il soit respecté, autorisant également « tous les moyens nécessaires » si les forces irakiennes ne le respectent pas et ne se retirent pas du Koweït avant le 15 janvier 1991.

Lorsque le dirigeant irakien Saddam Hussein refuse de céder, la coalition menée par les États-Unis déclenche l’opération Desert Storm. Elle commence par un bombardement massif de l’Irak le 17 janvier 1991, suivi d’une campagne impliquant des troupes, des chars d’assaut et d’autres forces terrestres, déclenchée le 24 février.

L'Organisation des Nations Unies
Bureau central, New York.
Brian Mulroney et Margaret Thatcher
Margaret Thatcher et Brian Mulroney sur la Colline du Parlement à Ottawa, le 22 juin 1988 (domaine public).

Le rôle du Canada : l’opération Friction

À l’époque, le Canada siège au Conseil de sécurité, le plus influent des organismes décisionnaires de l’ONU. Le premier ministre Brian Mulroney soutient une coalition mandatée par l’ONU en réponse à l’invasion du Koweït. Nombreux sont ceux qui s’attendent à ce que le Canada exerce un rôle de premier plan dans les opérations de maintien de la paix dans la région, après le retrait des forces irakiennes du Koweït. Toutefois, Brian Mulroney ordonne à un groupe opérationnel naval de se joindre aux forces de l’embargo dans le golfe Persique. Les destroyers NCSM Athabaskan et NCSM Terra Nova, ainsi que navire de ravitaillement NCSM Protecteur, avec cinq hélicoptères CH-124, quittent Halifax le 24 août, et commencent leurs opérations dans le golfe Persique le 1er octobre.

Les navires de guerre canadiens effectuent plus du quart du total des inspections de la coalition des cargos et d’autres navires soupçonnés de faire barrage. Ils sont assistés par un groupe opérationnel aérien de 24 chasseurs CF-18 Hornet, qui commencent à effectuer des patrouilles aériennes de combat le 14 octobre. La plupart appartiennent au 439e escadron de la base des Forces canadiennes de Baden-Soellingen en Allemagne. Le groupe opérationnel aérien devient éventuellement connu sous le nom de « Desert Cats » en raison de l’insigne du 439e escadron.

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Un CF-18 Hornet circule le long d'une voie de circulation temporaire prévue par les ingénieurs militaires canadiens pour augmenter l'espace disponible à l'aéroport de Doha, au Qatar, au cours de la guerre du Golfe de 1990-1991.

Pour la première fois depuis l’unification des Forces canadiennes en 1968, les unités navales et aériennes se soutiennent mutuellement dans une zone de guerre. Un quartier général canadien conjoint est ouvert le 6 novembre à Manama, au Bahreïn, pour assurer la surveillance et la coordination. Il est commandé par le commodore Kenneth J. Summers. Le nom de code des Forces canadiennes pour ces efforts collectifs est « opération Friction ».

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Minuit, le 17 janvier 1991: le commodore canadien Ken Summers s’adresse au personnel du quartier général des Forces armées canadiennes au Moyen-Orient afin de les prévenir que la campagne aérienne des alliés de la guerre du Golfe va débuter.

Les rôles canadiens changent avec le lancement de l’opération Desert Storm, à la mi-janvier. Le commandant du groupe opérationnel naval, le capitaine Duncan « Dusty » Miller, est chargé de protéger et de coordonner les forces de ravitaillement naval de la coalition (approvisionnement en carburant) dans le sud du golfe et dans la mer d’Oman. Et comme, à ce moment-là, la coalition a établi une supériorité aérienne, les Desert Cats passent à des opérations offensives, d’abord avec des missions de reconnaissance et d’escorte en Irak, et ensuite avec de réelles missions de bombardement. L’une des missions confirmées de tuer des Desert Cats est une attaque, de la part du major Dave Kendall et du capitaine Steve Hill, sur un bateau de patrouille rapide irakien, le 30 janvier.

Les attaques de missiles Scud avaient lieu presque tous les soirs. C’était plutôt un irritant qu’une peur, parce qu’à chaque fois, nous devions courir à l’abri de béton le plus proche. Un abri de béton n’offrait pas beaucoup de protection contre un coup direct, parce qu’un missile Scud est de la grosseur d’un autobus Greyhound. Les choses ont changé très rapidement au cours des trois derniers jours de la guerre, car les CF-18 canadiens ont été chargés de vraies bombes pour la première fois. Nous avons écrit des messages sur les enveloppes de métal vert des obus avec de la craie, comme « Au revoir Saddam » ou « Bonne année » (Extrait tiré d’une entrevue avec Daniel Wilson, de l’Aviation royale canadienne. Pour l’entrevue complète, visitez Le projet mémoire).

Aucune des forces terrestres canadiennes ne participe à l’invasion de l’Irak, en grande partie parce que l’armée est préoccupée par la Crise d’Oka. Cependant, le 1er Hôpital de campagne du Canada de la base de Petawawa (personnel de 530 personnes) arrive à al-Qaisumah dans le nord de l’Arabie saoudite à partir du 24 janvier. L’hôpital est rattaché à une unité de l’armée britannique, et soigne les blessés de la coalition ainsi que les Irakiens. Les membres du Royal Canadian Regiment et du Royal 22e Régiment assurent également la sécurité des installations canadiennes à Doha, au Qatar.


Conséquences

Le 28 février 1991, environ cent heures après le déclenchement de la phase offensive terrestre de Desert Storm, le président Bush déclare que le Koweït est libéré, et il ordonne un cessez-le-feu immédiat. Un armistice est négocié le 3 mars.

Après le cessez-le-feu, les Forces canadiennes participent au rétablissement de la mission diplomatique canadienne dans Koweït City. Elles aident aussi aux opérations de déminage et de neutralisation de bombes non explosées dans les champs de pétrole du Koweït, que les forces irakiennes avaient truffés de mines. Ils aident également les réfugiés kurdes dans le nord de l’Irak. Les civils canadiens jouent aussi un rôle important, en aidant à éteindre les feux de pétroles allumés par les forces irakiennes en retrait. Au total, plus de 600 puits de pétrole ont été incendiés dans le but de ralentir la progression des alliés et de détruire l’infrastructure pétrolière du Koweït. La société Safety Boss, de Calgary, couvre de nombreux puits de pétrole, éteignant finalement le dernier incendie en novembre 1991.

De mai 1991 à août 2001, les Forces canadiennes participent également à la mission d’observation des Nations Unies pour l’Irak et le Koweït (MONUIK), tandis que la marine fournit un navire de guerre de façon irrégulière pour l’embargo permanent de l’ONU contre l’Irak.

Femmes au combat

La guerre du Golfe est le premier conflit auquel des femmes membres des Forces armées canadiennes ont participé dans des rôles de combat. Lorsque le navire de ravitaillement HMCS Protecteur est déployé dans le golfe, son équipage est mixte. Bien que les femmes aient servi sur les navires de la Marine canadienne pendant plusieurs années, c’est la première fois qu’elles le font dans une zone de combat. Les Forces armées canadiennes ont ouvert tous les postes militaires aux femmes en 1989, à l’exception des sous-marins (qui ont été ouverts aux femmes en 2001). L’équipage féminin du Protecteur a attiré beaucoup d’attention de la part des médias, notamment un reportage de Sally Armstrong dans le Homemaker’s Magazine de janvier 1991. Les femmes font également partie du groupe opérationnel aérien, au quartier général et au 1er Hôpital de campagne du Canada, durant la guerre.  

Legs

Plus de 5100 militaires canadiens servent durant la guerre du golfe Persique de 1990 à 1991, atteignant un maximum de 2700 militaires dans la région en même temps. Parallèlement au premier déploiement d’un quartier général interarmées, c’est également la première fois que des femmes des Forces canadiennes sont envoyées dans une zone de guerre dans des rôles de combat. 

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