Exploration | l'Encyclopédie Canadienne

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Exploration

L’exploration du Canada par les Européens a commencé avec les Vikings vers la fin du Xe siècle sur la côte Est canadienne. Après l’arrivée de Jacques Cartier en 1534, au cours des trois siècles suivants, des explorateurs britanniques et français se sont déplacés de façon graduelle vers le nord.
Polo, Marco
Les voyages de l'explorateur Marco Polo ont été une source d'inspiration pour les explorateurs à la recherche des richesses de l'Extrême-Orient, une quête qui mena à la découverte du continent nord-américain (avec la permission de Bibliothèque et Archives du Canada/C-11180)
Explorations de la côte atlantique
Champlain, voyages d
Explorations, côte du Nord-Ouest
Réputé pour la célèbre recherche de son expédition perdue, Franklin est un explorateur aventureux qui a tracé plus de cartes des côtes du Canada que n'importe quel explorateur, exception faite de Vancouver (avec la permission des Bibliothèque et Archives Canada/C-1352).
Vancouver, voyages d
Cartier, voyages d
Découvertes, terres intérieures de l
Arctique, carte de l
Henry Hudson
Découverte par Hudson, la voie vers l'intérieur du continent s'est révélée d'une valeur inestimable pour l'Angleterre; gravure sur bois (avec la permission des Bibliothèque et Archives Canada/C-17727).
Simon Fraser, explorateur et commerçant de fourrures
Fraser est la première personne à descendre le fleuve qui porte son nom et fonde les premières communautés dans le centre de la Colombie-Britannique (avec la permission des Public Archives of British Columbia).

L’exploration du Canada par les Européens a commencé avec les Vikings vers la fin du Xe siècle sur la côte Est canadienne. Après l’arrivée de Jacques Cartier en 1534, au cours des trois siècles suivants, des explorateurs britanniques et français se sont déplacés de façon graduelle vers le nord. Les intérêts commerciaux, souvent axés sur les ressources menaient souvent les explorations; par exemple, la route occidentale pour rejoindre l’Asie et plus tard, le commerce des fourrures. Vers le milieu du XIXe siècle, la plupart des principales caractéristiques géographiques du Canada étaient tracées par les colons européens (voir aussi Arctique, exploration de l’.)

Du Xe au XIe siècle

Jusque vers la fin du XVIe siècle, les connaissances européennes sur la partie du continent américain la plus proche, l'extrémité est de Terre-Neuve, sont floues et incertaines. Au VIe siècle, un moine irlandais, saint Brendan, aurait vu des parties du littoral atlantique du Canada. Cependant, des fouilles archéologiques effectuées à L'Anse aux Meadows, près de la pointe nord de Terre-Neuve suggèrent que des aventuriers vikings auraient été les premiers Européens à fouler le sol du continent à la fin du Xe siècle et au début du XIe siècle. Elles montrent que le premier à apercevoir le continent a sans doute été Bjarni Herjolfsson en 985 ou en 986, et que vers l'an 1000, Leif Eiriksson a foulé le sol lors de la première d'une série d'expéditions qui se termineront par l'établissement de courte durée d'une colonie viking.

Malgré ces colonies vikings, lorsque les Européens se dirigent vers le nord-est de l'Amérique, à la fin du XVe siècle, ils ignorent sans doute la route et les découvertes de leurs prédécesseurs.

XV-XVIe siècles

Terre-Neuve ou ses environs vers 1480, avant les voyages de Colomb en 1492. Cependant, la seule preuve tangible est celle de l'expédition de l'Anglais John Cabot, en 1497, qui fait le premier voyage connu vers le continent américain à l'époque des grandes découvertes. Les explorateurs de l’époque cherchaient une route occidentale pour rejoindre l’Asie.

Cabot a probablement accosté au Maine, en Nouvelle-Écosse, à Terre-Neuve et au Labrador. Il en voit certainement assez pour organiser l'année suivante une entreprise plus ambitieuse, mais qui se termine par un désastre. Les activités de la famille portugaise Corte-Real dans cette région vers 1500 et 1503 sont aussi difficiles à préciser. De plus, la rumeur, au sujet de l'expédition vers 1508-1509 du fils de John Cabot, Sebastian, peut simplement avoir été une supercherie.

Les cartes de l'époque montrent un contour sommaire et hésitant provenant des découvertes espagnoles autour du Nord-Est des Carolines jusqu'aux régions de pêche à la morue, mais on ne comprend toujours pas que Terre-Neuve est une île, et l'on n'a pas d'idée claire sur la côte séparant les découvertes espagnoles et les régions de pêche, à 3 000 km au nord, où les Anglais, les Portugais et les Bretons sont présents.

Bien que Giovanni da Verrazzano, au service de la France, navigue de la Caroline du Nord jusqu'à Terre-Neuve en 1524, il reste trop éloigné de la côte pour voir le détroit séparant le Cap-Breton de cette île, ce qui le prive de la découverte du golfe du Saint-Laurent.

Jacques Cartier

Jacques Cartier en 1534, en 1535-1536 et en 1541-1542. Lors de son premier voyage, il entre par le détroit de Belle-Isle et explore le golfe du Saint-Laurent. Lors de son deuxième voyage, il remonte le Saint-Laurent jusqu'aux villages iroquoiens de Stadacona (Québec) et d'Hochelaga (Montréal). À Hochelaga, situé à plus de 1 600 km à l'intérieur des terres, les Iroquoiens lui affirment que le fleuve, qui se transforme maintenant en rapides, s'étend vers l'Ouest et qu'il faut encore trois mois pour le parcourir. Pour la première fois, les Européens ont une idée de l'immensité du pays.

Au cours de son voyage de retour, Cartier passe par le détroit de Cabot entre le Cap-Breton et Terre-Neuve. Puisqu’il a utilisé les entrées nord et sud du golfe, il peut prouver que Terre-Neuve est une île. Le grand fleuve, avec ses affluents, va permettre aux Français d'explorer et de diriger une grande partie du Nord-Est du continent au XVIIe siècle. Il découvre aussi les hivers canadiens lorsqu'en 1535-1536 le gel le force à passer l'hiver à Stadacona, et que près du quart de ses hommes meurent de froid et de scorbut.

Durant son dernier séjour, ses relations s'enveniment avec les Premières Nations qui habitent la vallée du Saint-Laurent. À cette époque, les Iroquoiens, qui jouent un rôle si important dans l'histoire du Canada, figurent à partir de ce moment dans les carnets de voyage et l'univers des Français. Bien que Cartier n’ait pas trouvé « les grandes quantités d'or et les matières précieuses » qu'on lui demandait de rapporter, il réussit toutefois à localiser les pêches abondantes du golfe et les fourrures, attisant la convoitise des Européens. À l’instar de Cabot et Verrazzano, il n'a pas atteint pas le Pacifique, mais a trouvé la route de l'Ouest.

Pendant le restant du XVIe siècle, les Français et les autres Européens continuent d'exploiter la pêche et la traite des fourrures, mais, après Cartier, les expéditions françaises ne dépassent pas Tadoussac.

Exploration de l’Arctique et passage vers le Nord-Ouest

Les nouvelles explorations, qui débutent vers 1570, se font plus au Nord (voir Arctique, exploration de l'), où les Anglais en particulier font plusieurs tentatives le long de la côte est de l'Arctique pour trouver une voie navigable vers le Pacifique à travers les glaces.

Martin Frobisher, John Davis, William Baffin et Henry Hudson sont parmi les explorateurs qui cherchent le passage du Nord-Ouest, mais en vain. Ces recherches font découvrir à l'Europe la grande mer intérieure qu'est la baie d'Hudson, explorée par la suite en une série d'expéditions se terminant par celles de Luke Fox (1631) et de Thomas James (1631-1632), et la domination anglaise sur ces eaux.

XVIIe siècle

Une autre voie de pénétration est nécessaire si les Anglais veulent défier les Français. En effet, au début du XVIIe siècle, les expéditions de Samuel de Champlain corroborent et surpassent même les affirmations de Cartier. Le début du XVIIe siècle prend une nouvelle orientation : en 1600, le premier poste de traite européen au Canada est construit à Tadoussac. En 1603, Champlain suit l'ancienne route de Cartier menant à Hochelaga et explore plus avant le Saguenay et le Richelieu. L'année suivante, il débarque en Acadie, où il explore la baie de Fundy et, en 1605, il établit Port-Royal.

En 1607, les Français traçaient les cartes de la côte atlantique du Cap-Breton au Cap Blanc (Cape Cod). Les écrits de Champlain et sa dernière carte de 1632 montrent l'étendue de ses explorations : une route au nord du Saint-Laurent par la voie du Saguenay et du Saint-Maurice, une route qui remonte le Saint-Laurent jusqu'à l'Hudson en empruntant le lac Champlain, l'exploration d'une grande partie de la côte acadienne et l’idée des Grands Lacs fondée sur les explorations européennes et les connaissances des Premières Nations.

Missionnaires Jésuites

Les Relations des Jésuites, c’est-à-dire les documents compilés par les missionnaires jésuites au Québec, sont une source de renseignements unique pour les explorateurs pendant les 40 années qui suivent la mort de Champlain, survenue en 1635. L'intérêt premier des missionnaires est de noter le mode de vie des Amérindiens et surtout de les convertir, mais leurs voyages leur apportent aussi une connaissance poussée du pays. Dans les Relations, ils décrivent en détail fleuves, rivières, forêts, marécages et portages, hivers rudes et étés courts infestés d'insectes. Pour la première fois peut-être, la nature canadienne prend forme pour les lecteurs européens.

De leur mission en Huronie, les Jésuites s'étendent vers l'Ouest, vers 1640, jusqu'à Sault-Sainte-Marie et fondent un poste à Ville-Marie, où la rivière des Outaouais offre une nouvelle route vers l'Ouest. Les descriptions faites par les Autochtones et les missionnaires du lac Supérieur, que quelques-uns prennent pour la porte vers le Pacifique, dominent dans les récits des Jésuites. D'autres voyageurs français cherchent de nouvelles routes pour relier le lac Supérieur, la baie Georgienne et le lac Ontario, rejoignent le Niagara en partant du lac Ontario et hivernent au lac Érié (1669-1670).

Ces renseignements épars sont rassemblés par les Jésuites en une carte, celle des Grands Lacs de 1672. Les Relations font allusion aux coureurs de bois, ces aventuriers de l'expansion et des découvertes françaises, allant vers l'Ouest à la recherche de fourrures. L'importance des guides amérindiens ressort clairement des récits français.

Commerce de la fourrure

La connaissance du terrain des Autochtones, des habitants, de la vie animale et de leurs compétences à titre d'interprètes et de médiateurs est inestimable pour les explorateurs français. Les Européens observent et adoptent aussi les moyens de déplacement des Autochtones (canots d'écorce l'été, raquettes l'hiver).

Un des récits les plus authentiques et vivants de la vie parmi les Hurons et les Mohawks au milieu du XVIIe siècle est écrit par Pierre-Esprit Radisson, dont les expéditions avec Médard Chouart Des Groseilliers, bien que souvent imprécises quant à la direction et à la position, sont d'une extrême importance pour le commerce. Pendant leurs voyages, qui peuvent très bien les avoir menés jusqu'au lac Supérieur, ils apprennent que les fourrures de qualité supérieure apportées aux Français proviennent des Cris, qui vivent près de « la baie de la mer du Nord » (baie d'Hudson). Des Groseilliers et Radisson sont convaincus que la route la plus directe pour les acheminer n'est pas le long parcours en canot jusqu'au Saint-Laurent et à Montréal, mais plutôt celui du Nord jusqu'à la baie d'Hudson, puis vers l'Europe par bateau.

En 1670, cette idée ne conduisait pas à sa mise en œuvre par les Français, mais plutôt à la création de la Compagnie de la baie d'Hudson (CBH) par les Britanniques. Cela marque le début de 150 ans de rivalité entre commerçants pour la conquête des routes du pays des fourrures, celle du Saint-Laurent et celle de la baie d'Hudson, et entraîne en même temps une course à l'exploration vers la côte du Pacifique.

Bien que les Français réussissent finalement vers 1670 à parvenir à la baie James par le Saguenay et le lac Mistassini, cette route tortueuse n'a pas la même faveur que le détroit d'Hudson. Vers 1690, la nouvelle compagnie dispose de postes de traite sur les rives de la baie James, mais elle fonde aussi York Factory aux embouchures du fleuve Nelson et de la rivière Hayes, voies navigables pénétrant loin dans l'ouest du continent.

Henry Kelsey

Compagnie de la baie d'Hudson montre peu d'intérêt pour l'exploration à l'intérieur du continent, mais de 1690 à 1692, un de ses employés, Henry Kelsey, fait un périple remarquable. Voyageant avec les Cris, il atteint la rivière Saskatchewan, empruntée par les Autochtones qui s'adonnent à la traite, et de là, les grandes plaines, où il aperçoit d'immenses troupeaux de bisons et où vivent les Assiniboines, qui parlent le sioux, et les Pieds-Noirs, qui parlent l'algonquien. Vers le Nord, la prairie cède la place à la forêt peuplée d'une multitude d'orignaux, de chevreuils et de castors : c'est un pays riche, comparativement à la région de York Factory.

Le succès de Kelsey tient au fait qu'il parle le cri, qu'il vit et voyage avec les Autochtones. Il est le premier Européen à atteindre la rivière Saskatchewan et les Prairies canadiennes, et le premier à donner une description de l'ours gris et du bison. Les historiens ne découvrent qu’en 1926 The Kelsey Papers, qui relatent ses voyages. Hormis Kelsey, les seules expéditions intérieures anglaises connues partant de la baie d'Hudson sont celles, en direction du Nord-Ouest, de William Stuart (1715-1716) et de Richard Norton (1717-1718), chez les Chipewyans.

XVIIIe siècle

Dans la seconde moitié du XVIIe siècle, les Français prennent la tête en termes d’exploration de l'ouest du lac Supérieur. En 1688, Jacques de Noyon atteint le lac à la Pluie et, peut-être l'année suivante, le lac des Bois. Au cours de ces voyages, il entend des récits trompeurs au sujet de la rivière et du lac Winnipeg. À ce stade, le mouvement vers l'Ouest cesse jusqu'au Traité d'Utrecht (1713), qui met fin aux guerres prolongées entre les Anglais et les Français en Amérique du Nord.

Les Français sont convaincus qu'il y a, pas très loin vers l'Ouest, une sorte de Méditerranée nord-américaine, rejoignant le Pacifique par un détroit (peut-être celui prétendument découvert sur la côte ouest par Juan de Fuca en 1592) et reliée de l'autre rive aux fleuves, aux rivières et aux lacs de l'Est fréquentés par les Français. Cette opinion déforme toutes les conceptions géographiques de l'Ouest du Canada, car elle ne peut pas coexister avec une chaîne de montagnes s'étendant du Nord au Sud. Les Rocheuses n'apparaissent sur les cartes qu'à la fin du XVIIIe siècle.

La tâche des derniers grands explorateurs français, La Vérendrye et ses fils, est de chercher cette mer de l'Ouest et de trouver de nouvelles régions de traite. Ils parcourent surtout la partie « américaine » de l'Ouest, et avant la mort du père, remontent vers le Nord. En 1739, un des fils, Louis-Joseph, atteint la rivière Saskatchewan. Comme on ne connaît pas les expéditions de Kelsey, Louis-Joseph est souvent considéré comme le premier Européen à avoir découvert la rivière.

Les Autochtones lui parlent d'une grande chaîne de montagnes à l'Ouest, mais les géographes, obsédés par l'idée de mers intérieures, de rivières et de fleuves coulant vers l'Ouest et un océan Pacifique proche, ne sont pas convaincus de ces affirmations. Ce qui importe surtout, c'est l'érection de forts français d'Est en Ouest, près des lacs à la Pluie, Winnipeg, Cedar, et finalement, en 1753, celle du fort Saint-Louis, près de Forks.

Anthony Henday

Bien que les Français semblent sur le point de prendre possession de la traite des fourrures du Nord-Ouest, la réaction de la CBH est lente. Les tentatives, faites par l'Amirauté, par des groupes privés et par la compagnie (sans grand enthousiasme) pour trouver un détroit sur la côte ouest de la baie d'Hudson rejoignant la mer du Sud, suivant le concept traditionnel anglais du passage vers le Nord-Ouest, cessent vers la fin des années 1740, mais au cours de la décennie suivante, la compagnie change de stratégie.

Des efforts sont faits pour explorer les côtes mornes de la péninsule du Labrador et parcourir la rive est de la baie d'Hudson. Cependant, à long terme, ce sont les voyages à l'intérieur du continent en provenance de York Factory qui revêtent le plus d'importance. Anthony Henday accomplit l'expédition la plus fructueuse (1754-1755). Ses modes de déplacement et ses objectifs ressemblent beaucoup à ceux de Kelsey. Avec une femme d’origine crie, qu'il a prise pour compagne, il suit les Cris en canot de York Factory jusqu'aux basses-terres de la rivière Saskatchewan, en traverse les branches Sud et Nord, atteint les plaines où paissent d'immenses troupeaux de bison et où vivent les Pieds-Noirs.

Au point le plus à l'Ouest de son voyage, quelque part près de ce qui s'appelle aujourd'hui Innisfail, en Alberta, il aperçoit sans doute les Rocheuses. On se demande pourquoi ses récits de voyage ne font pas mention de la grande chaîne de montagnes. Tout comme dans les expéditions précédentes de La Vérendrye et de ses fils, on ne possède pas de preuve tangible quant au nom de l'Européen qui, le premier, a aperçu les Rocheuses.

Les terres intérieures de l'Ouest

En 1760, James Cook et d’autres hydrographes publient une carte du Saint-Laurent. Ce travail, conjugué aux relevés hydrographiques ultérieurs de Cook autour de Terre-Neuve, établit de nouvelles normes et fournit aux Européens de nouvelles précisions sur la région.

Plus loin, à l'Ouest, la Conquête mène à l'abandon des forts, mais pour peu de temps. En moins de dix ans, ils sont réoccupés par des commerçants de Montréal, soutenus par des capitaux anglais et américains, employant de nombreux interprètes et des coureurs de bois français. Une fois de plus, la Compagnie de la baie d'Hudson réagit, bien que lentement, en envoyant ses employés, en particulier Matthew Cocking (1772-1773), jusqu'à la rivière Saskatchewan et même plus loin. En 1774, la Compagnie installe son premier poste à l'intérieur du continent à Cumberland House, soit à 100 km au-delà de Le Pas, au Manitoba.

Pour le commander, on choisit Samuel Hearne revenant tout juste d'un voyage avec un groupe de Chipewyans, partant de Fort Churchill, descendant la rivière Coppermine jusqu'au littoral de l'océan Arctique, devenant le premier Européen à voir la côte nord du continent le 17 juillet 1771. Bien que la latitude observée par Hearne (71° 54' N) dévie presque de 4° vers le Nord, cela donne une approximation de l'étendue du Canada dans cette direction et incite les explorateurs à rechercher un passage maritime dans le labyrinthe de glace qu'est l'archipel Arctique.

À l'exception de Hearne, les explorations les plus poussées sont faites par des commerçants de la Compagnie du Nord-Ouest (CNO). Les compagnies rivales commencent à s'affronter dans leur conquête de l'Ouest, ce qui les mène en Athabasca, dans les Rocheuses, et finalement, sur la côte du Pacifique. Pendant ce temps, des expéditions navales sont organisées en Europe en direction de la côte du Nord-Ouest, qui est inconnue. En 1741, un Russe, Vitus Bering, accoste plusieurs fois le long de la côte de l'Alaska, mais personne ne se rend plus au Sud avant 1770.

Peter Pond

En 1774 et en 1775, des Espagnols venant du Mexique suivent la côte vers le Nord, en direction de l'Alaska (voir Explorations espagnoles), et, en 1778, Cook entreprend une exploration plus poussée, mais incomplète, en direction du nord du détroit de Nootka jusqu'au détroit de Béring. Le contour et l'emplacement approximatifs de la côte sont enfin établis dans la décennie où Hearne atteint le littoral polaire, mais les Anglais et leurs prédécesseurs ne peuvent déterminer si ce qu'ils aperçoivent à travers la brume et la pluie, ce sont des îles ou la terre ferme. Ces expéditions navales n'apportent aucune réponse au problème important de l'étendue des Rocheuses vers le Nord.

En 1778, Peter Pond, de la Compagnie du Nord-Ouest, fait une percée importante vers l'Ouest. Utilisant le Grand Portage, situé à l'extrémité ouest du lac Supérieur plutôt que Montréal comme point d'approvisionnement, il se dirige vers le Nord-Ouest en traversant le terrain accidenté du portage Methye jusqu'à la région de l'Athabasca. Il traverse ainsi la ligne de partage des eaux entre la baie d'Hudson et l'océan Arctique, ouvre une région magnifique, riche en fourrures, et rapproche les entreprises européennes des montagnes et du Pacifique.

En situant le lac Athabasca 1 100 km trop à l'Ouest, Pond sous-estime grandement la distance qui le sépare du Pacifique et commet la même erreur lorsqu'il tombe sur le Grand lac des Esclaves, où pense-t-il, la rivière qui coule jusqu'à la rivière Cook (c’est-à-dire Cook Inlet, Alaska), sur la côte du Nord-Ouest, prend sa source. Ne possédant pas la compétence voulue pour l'explorer, Pond est l'un des derniers explorateurs de l'ancienne génération, des hommes moralement et physiquement forts, mais souvent incapables de reproduire fidèlement sur des cartes les endroits qu'ils ont visités.

Alexander Mackenzie et George Vancouver

En 1789, Alexander Mackenzie suit la rivière de Pond, qui part du Grand lac des Esclaves, pour finalement s'apercevoir qu'elle se jette dans l'océan Arctique et non dans le Pacifique. Il a le même pressentiment qu'Hearne lors de son voyage dans l'Arctique : la glace permanente fait disparaître tout espoir d'un passage navigable vers le Nord-Ouest. En 1793, Mackenzie cherche encore la route vers le Pacifique. Partant du lac Athabasca, il suit la rivière de la Paix jusqu'aux Rocheuses, traverse la ligne de partage des Rocheuses, descend le Fraser aux eaux turbulentes, à l'ouest des montagnes, pour finalement atteindre la côte par la rivière Bella Coola.

Ce magnifique voyage fait de Mackenzie le premier Européen à traverser les Rocheuses, mais la difficulté de la route qu'il a suivie signifie qu'on ne peut envisager d'en faire une voie commerciale. Les explorations côtières et celles de l'intérieur du continent peuvent maintenant se recouper pour établir une carte du Nord-Ouest, car l'endroit atteint par Mackenzie en juillet 1793 est indiqué sur la carte préparée sept semaines plus tôt par l'expédition navale de l'Anglais George Vancouver, parti depuis un an et demi pour un séjour d'exploration qui devait durer 3 ans.

Des explorateurs espagnols et des navires de commerce naviguent aussi le long de la côte. Cependant, c'est le relevé méticuleux de Vancouver, publié en 1798, qui constitue le rapport définitif de ce littoral compliqué. Pour la première fois, les véritables contours du Canada moderne apparaissent sur les cartes, plus particulièrement sur celles d'Aaron Arrowsmith, qui a accès aux relevés de l'Amirauté britannique, de la Compagnie de la baie d'Hudson et de la Compagnie du Nord-Ouest, dont les cartes représentant l'Amérique du Nord à partir de 1795 rendent compte du rythme accéléré des explorations sur tout le continent.

XIXe siècle

Les expéditions terrestres suivent de minces repères dans les Prairies, à travers les montagnes et jusqu'aux océans Pacifique et Arctique. Après Mackenzie, Duncan McGillivray traverse en 1801 les Rocheuses en empruntant le col White Man, mais il s'arrête bien avant d'être rendu à la mer. En 1808, Simon Fraser suit le fleuve qui allait porter son nom jusqu'à l'océan, et en 1811, David Thompson fait une découverte d'une importance capitale pour le commerce lorsqu'il suit le fleuve Columbia jusqu'à son embouchure dans le Pacifique, qui appartient déjà aux Américains.

Mais, en dehors de ces chemins, tout n'est plus qu'incertitude, ignorance et supposition. L'exploration sérieuse, quoique sporadique, continue donc des deux côtés des montagnes. Pendant que les hommes de la Compagnie du Nord-Ouest entreprennent des voyages plus spectaculaires depuis la fin de la décennie 1770, la Compagnie de la baie d'Hudson a formé et utilisé des explorateurs compétents (Philip Turnor, Thompson, Peter Fidler ) qui, avec l'aide des guides autochtones, relèvent sur cartes les cours d'eau du pays de la fourrure avec un soin et une précision auparavant inconnus.

Thompson, surtout, est un voyageur remarquable. Travaillant pour la CNO, il a, en début de siècle, entrepris l'exploration systématique des terres situées le long des rivières Saskatchewan-Nord et Sud, en Athabasca, du fleuve Churchill et autour du Petit lac des Esclaves. Il aurait parcouru approximativement, à pied, à cheval et en canot, 80 000 km.

Après l'union des deux compagnies rivales en 1821, la CBH, maintenant plus importante que jamais, continue à meubler ses cartes. La colonisation se limitant aux colonies de l'Atlantique, à la vallée du Saint-Laurent, au Haut-Canada et à la rivière Rouge, la traite des fourrures apporte la motivation et les ressources voulues pour l'exploration, découvrant de nouvelles régions pour les pelleteries et trouvant de meilleures routes dans celles qui sont explorées. À la frontière de la traite des fourrures, dans la vallée du Mackenzie et de l'autre côté des montagnes, dans ce qu'on appelait la Nouvelle-Calédonie, l'exploration des cours d'eau continue.

Samuel Black, John McLeod et Robert Campbell empruntent, de chaque côté des Rocheuses, en amont de la rivière de la Paix, la rivière Liard se jetant dans le fleuve Mackenzie, les rivières Pelly et Lewes se dirigeant vers le Yukon et la rivière Stikine, qui rejoint l'océan en Alaska. Dans l'Est, des motifs commerciaux semblables amènent James Clouston, William Hendry et John McLean à effectuer la première traversée d’Européens de la péninsule du Labrador.

Les côtes polaires

Compagnie de la baie d'Hudson s'unissent pour tracer le littoral polaire. Après les guerres napoléoniennes, l'Amirauté organise des expéditions maritimes dans l'Arctique, en vue de trouver un passage vers le Nord-Ouest pendant que les commerçants de fourrures financent John Franklin pour explorer les régions désolées, jusqu'à la rivière Coppermine, de Hearne, à partir de laquelle il parcourt la côte d'est en ouest, de 1819 à 1822 et de 1825 à 1827. De 1837 à 1839, Peter Warren Dease et Thomas Simpson, de la CBH, couvrent de grandes étendues le long du littoral polaire, partant de Point Barrow à l'Ouest jusqu'au détroit de Rae à l'Est.

À partir de 1846, John Rae, un des explorateurs du Nord les plus indépendants, dont les moyens de transport et de survie lui viennent en grande partie des Inuits, sillonne de part en part la vaste région délimitée par le Grand lac de l'Ours, la presqu'île de Boothia et la côte nord-ouest de la baie d'Hudson, à l'occasion de voyages difficiles qui ont pour but de retrouver l'expédition Franklin. Entre 1903 et 1906, l’explorateur norvégien Roald Amundsen devient le premier Européen à naviguer avec succès dans un passage vers le Nord-Ouest.

Ces explorations ont lieu en grande partie à l'intérieur et même à l'extérieur des riches territoires où se pratique la traite des fourrures, qui perd peu à peu son importance. Dans le Sud, l'intérêt porté à la colonisation surpasse la demande de pelleteries et, pour cette raison, un autre genre d'exploration s'avère nécessaire. L'agriculture, la colonisation, les lignes télégraphiques et les lignes de chemin de fer y deviennent très importantes. C'est dans ce contexte qu'il faut replacer les missions de S. J. Dawson, de H. Y. Hind et du capitaine John Palliser au milieu du siècle.

Lecture supplémentaire

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