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Enbridge

Enbridge est une multinationale canadienne qui produit, transporte et distribue de l’énergie, et qui investit de plus en plus dans l’énergie éolienne, solaire et géothermique. Elle détient et exploite le plus vaste réseau de pipelines au monde, qui transporte 28 % du pétrole brut de l’Amérique du Nord. Chef de file dans la collecte, le traitement, le transport et la distribution de gaz naturel sur le continent, la multinationale compte environ 3,6 millions de clients au Canada et dans l’État de New York. Son siège social est à Calgary, en Alberta, et elle emploie près de 16 000 personnes. En 2016, elle affiche 34,5 milliards de dollars de revenus, 85,8 milliards de dollars d’actifs et 2,1 milliards de profit. Enbridge est une société ouverte cotée à la Bourse de Toronto et à la Bourse de New York sous le symbole ENB.
Compteur \u00e0 gaz d

Historique et développement

Le 13 février 1947, la Compagnie Pétrolière Impériale Ltée trouve du pétrole brut à son puits Leduc no 1, à environ 15 km au sud d’Edmonton, en Alberta (voir La découverte du pétrole à Leduc : L’or noir coule... enfin!). Annonçant le début de l’industrie pétrolière de l’Alberta, la trouvaille n’est alors que la première étape. Il faut acheminer le pétrole vers des raffineries qui vont quant à elles le transformer en produits utilisables (voir Exploration et production du pétrole).

Découverte de pétrole \u00e0 Leduc
Puits de pétrole no 1 de Leduc, champs de pétrole de Leduc, le jour o\u00f9 le puits a explosé, le 13 février 1947 .

Le 30 avril 1949, l’Impériale fonde la Pipeline Interprovincial Inc., dont le premier pipeline, construit au coût de 73 millions de dollars, transporte du pétrole brut d’Edmonton à Superior, dans le Wisconsin, dès octobre 1950. Au cours de la première année, la compagnie achemine 30,6 millions de barils de pétrole par cet oléoduc. En 1953, elle construit un nouveau pipeline, la canalisation no 5, qui relie Superior aux raffineries de Sarnia, en Ontario, pour que le pétrole albertain contribue à l’essor du secteur manufacturier en Ontario. Au cours des années 1950 et 1960, la compagnie et sa filiale états‑unienne, la Lakehead Pipe Line Company, ajoutent des pipelines au réseau pour y relier d’autres villes des États‑Unis, y compris Buffalo, Chicago et Detroit.

La compagnie prend aussi de l’expansion au Canada. En 1972, le réseau de pipelines de la compagnie transporte plus d’un million de barils de pétrole brut par jour en Amérique du Nord. En juin 1976, un investissement de 247 millions de dollars mène à la construction d’un oléoduc acheminant le pétrole albertain vers Montréal. En avril 1985, un autre oléoduc relie les champs de pétrole de Norman Wells, dans les Territoires du Nord‑Ouest, et Zama, en Alberta, et ainsi au reste du Canada et aux États‑Unis.

En 1988, la compagnie est rebaptisée Énergie Interhome Inc. En 1996, elle acquiert Consumers’ Gas, et elle se lance alors dans le transport et la distribution de gaz naturel, depuis sa source jusqu’aux entreprises et aux habitations. C’est à cette époque que la compagnie change son nom pour IPL Engergy Inc.

Les activités de la compagnie s’étendent aussi à l’international avec l’acquisition d’un pipeline en Colombie. À l’été 1996, l’oléoduc OCENSA de 829 km transporte du pétrole brut des champs de pétrole de Cusiana et de Cupiagua, au centre de la Colombie, jusqu’à la côte ouest.

Enbridge

En 1998, Pipeline Interprovincial Inc. est finalement rebaptisée Enbridge Inc. La désignation renvoie aux secteurs d’activités de la compagnie en combinant les mots anglais « energy » (énergie) et « bridge » (ponts). Peu de temps après, Enbridge se lance dans l’exploitation des sables bitumineux d’Athabasca dans le nord de l’Alberta, près de Fort McMurray. Dans cette région, l’extraction laborieuse du pétrole brut des roches et du sol commence en 1964; dans les années 1990, les sables bitumineux promettent d’être le plus grand dépôt de pétrole brut en Amérique du Nord; en 1999, Enbridge construit un pipeline de longue distance pour relier les sables bitumineux à son réseau de pipelines existant à Edmonton et Hardisty, en Alberta, lui permettant du coup d’acheminer du pétrole ailleurs au Canada et aux États‑Unis.

En 1999, Enbridge développe un réseau de distribution de gaz naturel au Nouveau-Brunswick. Après son acquisition, en 2001, de la Midcoast Energy Resources de Houston, son réseau de distribution de gaz naturel aux États‑Unis prend de l’expansion. En 2005, Enbridge acquiert Shell Gas Transmission LLC, y compris les droits de propriété de 11 gazoducs dans 5 couloirs de pipeline dans la zone extracôtière du golfe du Mexique.

À partir de 2002, Enbridge investit dans des énergies renouvelables. Elle finance d’abord le projet d’énergie éolienne de SunBridge, en Saskatchewan. En date de 2012, elle se retrouve finalement à financer dix parcs éoliens, quatre installations d’énergie solaire, quatre systèmes de récupération de chaleur résiduelle et un projet d’énergie géothermique —un investissement de cinq milliards de dollars. C’est alors qu’Enbridge modifie de nombreuses pratiques en vue d’être plus respectueuse de l’environnement (voir Environnement). La compagnie est d’ailleurs reconnue comme étant l’une des meilleures entreprises en matière de développement durable huit années de suite. En 2016, selon le magazine états‑unien Newsweek, Enbridge est la 12e société la plus durable au monde.

Controverse

Même si les pipelines sont très importants pour le transport du pétrole brut et du gaz naturel de leurs sites d’extraction aux raffineries, puis aux clients, ils sèment la controverse parce qu’ils peuvent briser, causant ainsi des déversements sur le sol et dans l’eau. Depuis la création d’Enbridge, plusieurs de ses canalisations ont fui. En 2017, la région des Grands Lacs de la National Wildlife Federation (la fédération) affirme que la vieillissante canalisation no 5 d’Enbridge — qui relie Superior, dans le Wisconsin, et Sarnia, en Ontario — a connu 29 fuites entre 1968 et 2015, ce qui représente un déversement total de plus d’un million de gallons de pétrole et de gaz liquide en 64 ans. La fédération insiste sur le fait que les fuites menacent l’approvisionnement en eau de plus de 40 millions de personnes (voir Pollution de l’eau).


Pipeline Northern Gateway d

En 2005, Enbridge conclut une entente avec PetroChina sur l’achat de pétrole provenant des sables bitumineux en Alberta. Ainsi, un oléoduc de 1 172 km, le Northern Gateway, transporte le pétrole brut du nord de l’Alberta au petit port de Kitimat, au nord de la Colombie‑Britannique. Sa construction coûte 6,6 milliards de dollars. Des groupes environnementaux s’opposent immédiatement au projet. Ils craignent que des déversements se produisent le long de la canalisation, dans le port et sur la côte. Plusieurs collectivités des Premières Nations se prononcent aussi contre le passage de l’oléoduc sur leurs terres (voir Mouvements écologistes).

Pipeline de la canalisation 3 d
Hardisty, Alberta, le 10 ao\u00fbt 2017.

Pendant ce temps, Enbridge amorce un processus d’approbation du gouvernement à propos de la reconstruction et le prolongement de sa vieille canalisation no 3 de 1 659 km, qui achemine du pétrole brut de Hardisty, en Alberta, à Superior, dans le Wisconsin. Ce projet de 7,5 milliards de dollars vise à régler les problèmes soulevés, à rendre l’oléoduc plus sécuritaire et à augmenter sa capacité pour permettre le transport de 760 000 barils par jour. Des groupes de protection de l’environnement et des collectivités devant être traversées par l’oléoduc soulèvent des objections contre le projet, notamment beaucoup de collectivités autochtones. (Voir Projet de remplacement de la canalisation 3.)


Projet de remplacement de la canalisation 3 d

La controverse concernant les projets de la Northern Gateway et la canalisation no 3 donne lieu à des audiences publiques houleuses, de même qu’à de longues et complexes présentations à l’Office national de l’énergie du gouvernement fédéral, l’autorité responsable de la délivrance des permis requis. Enbridge admet que, pour les deux projets, il existe toujours un « risque résiduel ». La compagnie promet donc de prendre toutes les précautions nécessaires pour atténuer ce risque. Par exemple, elle affirme qu’elle utilisera des bateaux‑remorqueurs pour tirer les gros pétroliers hors du port de Kitimat et dans le chenal Douglas, qu’elle utilisera de nouveaux radars et autres outils de navigation et qu’elle respectera des règles strictes pour voir à la qualité des bateaux autorisés à transporter du pétrole.

En juillet 2010, l’oléoduc d’Enbridge dans le canton de Marshall, au Michigan, se fissure, déversant 20 000 barils de pétrole dans le bassin de la rivière Kalamazoo. Le National Transportation Safety Board des États‑Unis enquête sur le déversement et accuse Enbridge d’un manque de rigueur dans l’application de ses normes de sécurité et de vigilance de la part de ses employés aux stations de surveillance, qui sont en changement de quarts de travail et ne surveillent pas l’état de l’oléoduc. Enbridge promet des ajustements, mais le mal est fait : le déversement nuit à l’environnement, à la population de la région et à la réputation de la compagnie.

En novembre 2016, le gouvernement fédéral refuse le projet de la Northern Gateway. Le premier ministre Justin Trudeau indique qu’il approuve plutôt une proposition du compétiteur d’Enbridge, Kinder Morgan Energy Partners, concernant la construction d’un pipeline reliant l’Alberta à un plus gros port, plus au sud de la Colombie‑Britannique. « Il est évident, affirme‑t‑il, que ce projet [de la Northern Gateway] n’est pas dans l’intérêt supérieur des collectivités concernées, y compris des peuples autochtones. » Le premier ministre annonce aussi que le gouvernement donne son approbation à la reconstruction de la canalisation no 3.

Croissance continue

En septembre 2016, Enbridge achète la société Spectra Energy Corporation à Houston, au Texas, pour 37 milliards de dollars. L’acquisition fait grimper la valeur d’Enbridge à 166 milliards de dollars et en fait la plus grande entreprise d’infrastructures énergétiques en Amérique du Nord. Enbridge gère dès lors ses activités commerciales dans l’industrie du gaz naturel à partir de Houston et celles dans l’industrie du gaz liquide à partir d’Edmonton, mais son siège social demeure àCalgary. La restructuration de la compagnie mène à la mise à pied d’environ 1 000 employés. Les licenciements, les économies possibles en impôts et les possibilités de développement d’Enbridge au Canada et aux États‑Unis augmentent les actions de l’entreprise et les dividendes des investisseurs.

En novembre 2017, Enbridge dépose une demande auprès de la Commission de l’énergie de l’Ontario pour fusionner avec Union Gas. Elle avance que la fusion des deux entreprises de distribution de gaz naturel assurera l’amélioration de la distribution aux clients. Les opposants soulignent que la fusion donnera le monopole à Enbridge, qui détiendra ainsi un trop grand pouvoir sur la distribution et les tarifs.

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