Bill Davis | l'Encyclopédie Canadienne

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Bill Davis

William Grenville Davis, C.P., C.C., O.Ont., avocat, homme politique, premier ministre de l’Ontario de 1971 à 1985 (né le 30 juillet 1929, à Brampton, en Ontario; décédé le 8 août 2021, à Brampton). Surnommé « Brampton Billy » et connu comme « premier ministre de l’éducation » de l’Ontario, Bill Davis a été ministre provincial de l’Éducation de 1962 à 1971 et premier ministre de 1971 à 1985. Son gouvernement a établi le système ontarien des collèges communautaires; a fondé plusieurs universités et plusieurs collèges, notamment l’Institut d’études pédagogiques de l’Ontario (IEPO); et a créé TVOntario, un diffuseur public d’émissions éducatives. Bill Davis a également créé le premier ministère de l’Environnement au Canada, et a joué un rôle clé dans le rapatriement de la Constitution canadienne.

William Davis, politician

Jeunesse et formation

Bill Davis est un produit de l’Ontario des petites villes. Bien qu’aujourd’hui, Brampton soit simplement devenue une cité‑dortoir de la banlieue de Toronto, quand il y voit le jour, il s’agit encore d’une petite collectivité indépendante, dont les résidents prennent la politique locale très au sérieux. Le jeune Bill s’engage en politique à l’âge de 15 ans, après avoir assisté à une réunion annuelle du Parti progressiste‑conservateur fédéral.

Le père de Bill Davis, A. Grenville Davis, un avocat, a été procureur de la Couronne pour le comté de Peel. En 1916, il fonde son propre cabinet d’avocats. Bill Davis fait ses études dans des écoles locales, à Brampton et au secondaire joue quart‑arrière de l’équipe scolaire de football. Il part ensuite étudier à l’Université de Toronto où il obtient un baccalauréat en 1951, tout en continuant à jouer au football, avant de poursuivre ses études à la faculté de droit Osgoode de l’Université York et d’être admis au barreau, en 1955.

Ministre de l’Éducation

En 1959, à l’âge de 29 ans, Bill Davis est élu député provincial conservateur dans la circonscription de Peel. En 1962, le premier ministre John Robart le nomme ministre de l’Éducation, un secteur considéré comme une patate chaude de la politique provinciale. (Voir aussi Éducation au Canada.) En tant que ministre de l’Éducation, le natif de Brampton va présider à la période de transformations la plus extraordinaire qu’ait connue la province depuis l’époque d’Egerton Ryerson. Au cours de son mandat, les universités Trent et Brock sont créées et les écoles rurales regroupées, forçant, toutefois, les enfants à faire la navette quotidiennement, en autobus, sur de longs parcours. Il inspire également l’instauration, au sein des écoles publiques, d’une nouvelle mentalité de coopération plutôt que de compétition. Calme et imperturbable, il est à la tête d’un ministère de l’Éducation qui, à cette époque, monopolise environ 40 % du budget du gouvernement.

En 1971, l’éducation en Ontario s’avère complètement transformée. Bill Davis a dit, un jour : « Montrez‑moi un bon médecin, un bon avocat, un bon ce que vous voulez et je vous montrerai un bon enseignant de maternelle, d’école secondaire et d’université. Il n’y a pas d’engagement plus important qu’un gouvernement puisse prendre que de s’engager en faveur de l’éducation. »

Premier ministre de l’Ontario

Bill Davis commence, à partir de son ministère de l’Éducation provincial, à se forger une réputation nationale. En 1967, il est président chargé des orientations lors du congrès national du Parti progressiste‑conservateur et s’impose, alors, comme le successeur de John Robarts. Lors du congrès provincial à la direction du parti, en février 1971, il est élu chef, au quatrième tour de scrutin, avec 44 votes. Le 18e premier ministre de l’Ontario, âgé de seulement 42 ans, arrive au pouvoir avec une image progressiste, dont les contours restent toutefois encore plutôt mal définis.

L’image de Bill Davis dans le public se précise toutefois lorsque, quatre mois après son élection, il met fin à la construction de la voie express de Spadina, dans un contexte où l’artère proposée, qui doit traverser le centre‑ville de Toronto, est vigoureusement combattue par des associations de quartier. (Voir Jane Jacobs.) Cette décision surprenante incarne parfaitement le style de gouvernement du nouveau premier ministre; en effet, bien que prudent, le gouvernement de Bill Davis se montre capable de changements rapides, comme l’illustre la décision prise en 1984 de financer intégralement les écoles séparées, à partir de 1985.

Le réformisme modéré du gouvernement de Bill Davis touche une corde sensible de l’électorat et répond à ses attentes. Son style de leadership serein, combiné à la « Grosse machine bleue » du Parti conservateur, constitue une puissante combinaison électorale, « Brampton Billy » remportant le droit de former un gouvernement majoritaire, en 1971; des gouvernements minoritaires consécutifs, en 1975 et en 1977; et un dernier gouvernement majoritaire en 1981. Alors qu’on lui demandait d’expliquer ses succès électoraux, il a eu cette réponse restée célèbre : « La banalité, ça fonctionne! » Cependant, quelqu’un lui ayant apporté une aide ponctuelle l’a décrit un jour comme « un “pourri” qui ne fait pas de cadeau et qui est capable de trancher dans le vif, déguisé en “bon gars” ».

Fédéraliste convaincu, Bill Davis rompt avec les conservateurs fédéraux, dans le cadre de son soutien à la tentative du premier ministre Pierre Trudeau de rapatrier la Constitution et d’y inscrire la Charte des droits et libertés. On dit que le premier ministre ontarien aurait joué un rôle central dans les négociations entre le gouvernement fédéral et les provinces ayant conduit au rapatriement. On met, à son actif, le fait d’avoir dissuadé le premier ministre fédéral d’essayer de rapatrier la Constitution unilatéralement, l’incitant plutôt à tenir une dernière conférence des premiers ministres, à la fin de 1981. (Voir aussi Renvoi sur le rapatriement.) C’est également sur son insistance que la clause dérogatoire est incluse dans la Constitution, permettant ainsi l’adhésion des autres premiers ministres provinciaux.

S’il est vrai que le bilan de Bill Davis est bon, son parcours présente également un certain nombre de faiblesses. À partir du milieu des années 1970, dans un contexte de détérioration de la situation économique et d’évolution de l’opinion publique, il « affame » littéralement le système éducatif. En dépit de son soutien à la Loi constitutionnelle de 1982, le natif de Brampton n’est pas disposé à octroyer aux 500 000 francophones de l’Ontario un statut bilingue officiel, même si les infrastructures nécessaires sont d’ores et déjà en place. (Voir aussi Francophones de l’Ontario [Franco‑Ontariens]). Son soutien au Programme énergétique national de Pierre Elliott Trudeau soulève également la colère du Parti conservateur fédéral et coûte cher, politiquement, au premier ministre de l’Ontario.

A. Grenville Davis et Bill Davis

Retraite de la vie politique

En 1984, Bill Davis et son parti ne font l’objet d’aucune contestation sérieuse et c’est donc à la surprise générale qu’il annonce sa démission, le 8 octobre 1984. En février 1985, il cède son poste de premier ministre à Frank Miller; avec ce dernier à la tête du gouvernement, le règne du Parti conservateur en Ontario, qui durait depuis 42 ans, va prendre fin.

Après son retrait de la vie politique active, Bill Davis intègre un cabinet d’avocats de Toronto en tant qu’avocat principal, tout en occupant un poste d’envoyé spécial du Canada sur les pluies acides. (Voir Pluie acide.) Il est également directeur ou membre du conseil d’administration de nombreuses organisations.

Vie personnelle

Sa première épouse, Helen, étant décédée, en 1962, après une longue bataille contre le cancer, c’est avec sa seconde femme, Kathleen, une amie d’enfance, que Bill Davis élève les quatre enfants nés de son premier mariage, ainsi qu’une fille née du deuxième.

Distinctions et héritage

Bill Davis est nommé compagnon de l’Ordre du Canada, en 1985, avant d’être intronisé à l’Ordre de l’Ontario, en 1987. En 2000, le nouveau palais de justice provincial de Brampton est nommé A. Grenville & Bill Davis Courthouse, en l’honneur de Bill Davis et de son père. Brampton lui remet une clé de la ville en 2019.

Après le décès de Bill Davis de causes naturelles à l’âge de 92 ans, le premier ministre Justin Trudeau déclare : « Cet homme d’État compétent, qui mettait la partisanerie de côté, a travaillé en collaboration avec mon père, Pierre Elliott Trudeau, pour apporter des changements concrets et défendre nos valeurs communes, telles que la diversité et les droits de la personne, en créant la Charte. » Le maire de Toronto, John Tory, déclare, de son côté, que Bill Davis « irradiait l’intégrité ». Le maire de Brampton, Patrick Brown, écrit, dans le National Post : « L’héritage de Davis en Ontario est inégalé. Il a bâti l’Ontario d’aujourd’hui tel que nous le connaissons. »

Voir aussi Premiers ministres de l’Ontario.

Récompenses et distinctions