Tim McIsaac | l'Encyclopédie Canadienne

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Tim McIsaac

Timothy (Tim) McIsaac, nageur, fonctionnaire (né le 10 janvier 1959 à Winnipeg, au Manitoba). Timothy McIsaac a remporté plus de médailles que n’importe quel autre athlète paralympique canadien. Il compte en effet à son actif 28 médailles en natation (dont 14 médailles d’or) décrochées aux Jeux paralympiques entre 1976 et 1988, ainsi que 17 médailles gagnées durant les Jeux mondiaux de 1979 et de 1986. Il est le premier nageur aveugle à utiliser le virage-culbute avec un assistant « tapeur », une technique devenue plus tard obligatoire en compétition pour les nageurs malvoyants. Tim McIsaac a été nommé athlète junior canadien de l’année en 1976 et athlète manitobain de l’année en 1982. Il est membre du Temple de la renommée des sports du Manitoba, du Temple de la renommée paralympique canadien et du Cercle d’excellence de Natation Canada. En 2022, il a été intronisé au Panthéon des sports canadiens.

Tim McIsaac avec cinq médailles

Enfance

Tim McIsaac est né à Winnipeg, au Manitoba, le 10 janvier 1959. Aveugle de naissance, il est envoyé à l’Ontario School for the Blind (école pour les aveugles de l’Ontario), aujourd’hui appelée l’école W. Ross MacDonald, à Brantford, en Ontario (à l’époque, les enfants aveugles du Manitoba, de l’Alberta et de la Saskatchewan étaient tous scolarisés en Ontario, à l’école de Brantford). À partir de six ans, le jeune Tim passe 10 mois par an dans le pensionnat de l’école, loin de sa famille restée au Manitoba. « Le plus dur, pour moi, a été le début, lorsque j’étais encore très jeune, raconte-t-il dans une entrevue enregistrée en juin 2015 pour L’Encyclopédie canadienne. Ma famille me manquait beaucoup. » Mis à part les visites de son père qui passe le voir lorsque ses déplacements professionnels l’amènent près de Toronto, ses contacts avec sa famille se limitent à un coup de téléphone tous les quinze jours.

Tim McIsaac participe à plusieurs activités sportives dans le cadre du programme d’éducation physique de l’école, notamment la course à pied et un certain nombre de sports d’équipe. Les sports d’équipe ont cependant tendance à être dominés par les enfants possédant une vision partielle et Tim McIsaac admet lui-même qu’il n’était « pas le coureur le plus rapide ». Doté d’un goût prononcé pour la compétition, il se concentre donc sur la lutte libre.

Conversion à la natation

Tim McIsaac raconte qu’il n’a commencé à nager qu’à l’âge de 13 ans. C’est un accident dont il est victime en 1973 qui le pousse fortuitement à essayer la natation :

« Le 1er septembre 1973, une voiture m’a percuté alors que je marchais le long de la route avec un ami, près du chalet de ses parents. Je m’en suis sorti avec des fractures aux deux jambes, dont une fracture ouverte à ma jambe droite. J’ai dû être transporté à Winnipeg par ambulance et j’y ai passé six jours à l’hôpital avant de pouvoir récupérer à la maison, pendant quatre mois. [Durant cette période] ma jambe droite est restée dans le plâtre [pendant trois mois]. Je ne suis retourné à l’école qu’après Noël, et il m’était alors interdit par mon médecin traitant de participer à un quelconque sport nécessitant de courir ou occasionnant des contacts violents. »

Le jeune nageur peut cependant continuer à nager et il se rend vite compte qu’il excelle dans la piscine. Les installations disponibles à l’Ontario School for the Blind ne sont pas idéales. Les élèves ne peuvent s’entraîner que trois fois par semaine, lors de séances de 45 minutes dans une piscine qui n’est pas toujours ouverte ou disponible. Tim McIsaac confie plus tard que ces conditions n’ont rien à voir avec celles offertes à l’époque dans les clubs de natation accessibles aux athlètes voyants.

Premiers succès

Malgré les conditions d’entraînement relativement mauvaises à Brantford, Tim McIsaac obtient d’excellents résultats lors de sa première grande compétition, les premiers Jeux de l’Ontario pour athlètes handicapés physiques, en juin 1975, organisés à Cambridge, en Ontario. Bien qu’à l’époque, il ne nage que depuis trois ans, Tim McIsaac remporte cinq médailles d’or à ces Jeux.

Environ une semaine après les Jeux de l’Ontario de 1975, Tim McIsaac revient chez lui à Winnipeg et commence à s’entraîner sous les soins des entraîneurs Kevin Hill et Tony Fraser, au Cardinal Swim Club. Son passage au club le convainc que l’année scolaire suivante (1975–1976) sera sa dernière à l’école de Brantford. À l’époque, l’école publique du Manitoba est déjà intégrée et McIsaac décide de poursuivre ses études secondaires au Manitoba, où il pourra aussi avoir accès à de meilleures installations et à des entraîneurs.

Entre-temps, il lui reste à faire une année en pensionnat à l’école de Brantford. Tim McIsaac s’entraîne dur cette année-là, car il est déterminé à intégrer l’équipe canadienne pour les Jeux olympiques pour handicapés physiques de 1976 (aujourd’hui appelés les Jeux paralympiques).

Jeux olympiques pour handicapés physiques de 1976

La détermination de Tim McIsaac porte ses fruits puisqu’il est choisi pour représenter le Canada aux Jeux olympiques pour handicapés physiques de 1976 à Toronto, en Ontario. Ce sont ses premiers Jeux paralympiques et il y gagne une médaille d’or, deux médailles d’argent et deux médailles de bronze.

À la suite de son succès aux Jeux de 1976, Tim McIsaac reçoit le Prix Viscount Alexander du meilleur athlète masculin junior canadien de l’année. « J’ai été vraiment surpris de recevoir ce prix, se remémore-t-il. Je rentrais chez moi après l’école, le jour de mes 18 ans, et je me souviens de mon père m’annonçant qu’ils avaient reçu un coup de téléphone disant que j’avais décroché le prix. Je me souviens m’être dit “Je ne suis pas vraiment un athlète”. »

St. James Seals Swim Club

Lorsque Tim McIsaac apprend qu’il a été élu meilleur athlète masculin junior de 1976, il est déjà de retour au Manitoba, où il vit et s’entraîne. En septembre 1976, il entame sa dernière année du secondaire dans une école intégrée de Winnipeg, sa ville natale. Il commence également à nager avec les entraîneurs Wilf et Audrey Strom du St. James Seals Swim Club, dans le district de St. James-Assiniboia, à Winnipeg. Ils collaborent pendant 16 ans. Les Strom entraînent éventuellement l’équipe nationale des aveugles aux Jeux paralympiques (Audrey Strom, directrice technique officielle de l’équipe, est l’auteure de Swimming for the Blind, un manuel destiné aux entraîneurs publié par l’Association canadienne des sports pour aveugles en 1985).

Le travail des Strom avec Tim McIsaac leur permet de développer un système consistant à donner une légère tape sur le dos du nageur pour l’avertir de la proximité de la fin du bassin : les « tapeurs » se positionnent aux extrémités de la piscine et touchent les nageurs malvoyants à l’aide d’une perche dont le bout est recouvert de mousse lorsque le nageur s’approche du mur. Cette méthode permet aux nageurs de s’entraîner plus efficacement et d’atteindre ainsi leur niveau optimal de performance, tout en leur évitant des blessures. Ce système, aujourd’hui obligatoire en compétition, a aidé McIsaac à devenir le premier nageur aveugle à faire des virages-culbutes.

Succès paralympiques

Tim McIsaac a participé à trois autres Jeux paralympiques. Il a gagné sept médailles (quatre d’or, une d’argent et deux de bronze) aux Jeux paralympiques de 1980, à Arnhem, aux Pays-Bas; sept médailles (trois d’or et quatre d’argent) aux Jeux paralympiques de 1984 à Long Island, dans l’État de New York; et neuf médailles (six d’or et trois de bronze) aux Jeux paralympiques de 1988 à Séoul, en République de Corée.

Au total, Tim McIsaac a remporté 28 médailles de natation dans le cadre des Jeux paralympiques, dont 14 médailles d’or. Il a également dominé les compétitions nationales de natation et gagné plusieurs médailles aux Jeux mondiaux (une compétition pour les nageurs malvoyants). En 1979, Tim McIsaac gagne quatre médailles d’or et deux médailles d’argent aux Jeux mondiaux, à Stoke Mandeville, en Angleterre, et en 1986, il rafle une médaille d’or, deux médailles d’argent et huit médailles de bronze aux Jeux mondiaux de Göteborg, en Suède.

Tim McIsaac se retire de la natation de compétition en 1992, mais il participe depuis à des triathlons et à des masters de natation. « Tim (…) est une personne très compétitive, explique son entraîneur, Audrey Strom, lors de l’enregistrement d’une vidéo, en 2013, à l’occasion de son intronisation au Temple de la renommée paralympique canadien. Il aime être le premier, et il n’aime pas être second. »

Médailles paralympiques

Année

Épreuve

Médaille

Record du monde

1976

100 m dos A

Bronze

1976

100 m nage libre A

Bronze

1976

Relais 4x100 m quatre nages A

Or

1976

100 m papillon A

Argent

1976

4x100 m quatre nages individuelles A

Argent

1980

100 m brasse A

Or

1 : 27,51 (1re manche)

1980

100 m papillon A

Or

1 : 11,86

1980

4x100 m quatre nages individuelles A

Or

5 : 44,49

1980

4x50 m quatre nages individuelles A

Or

1980

100 m nage libre A

Argent

1980

Relais 4x100 m nage libre A-B

Bronze

1980

Relais 4x100 m quatre nages A-B

Bronze

1984

400 m brasse B1

Or

1984

400 m quatre nages individuelles B1

Or

5 : 52,37

1984

Relais 4x100 m quatre nages B1-B3

Or

4 : 42,81

1984

Relais 4x100 m nage libre B1-B3

Argent

1984

100 m brasse B1

Argent

1984

200 m quatre nages individuelles B1

Argent

1984

400 m nage libre B1

Argent

1988

100 m nage libre B1

Bronze

1988

200 m brasse B1

Bronze

1988

50 m nage libre B1

Bronze

1988

Relais 4x100 m nage libre B1-B3

Or

1988

Relais 4x100 m quatre nages B1-B3

Or

1988

100 m dos B1

Or

1988

100 m papillon B1

Or

1988

200 m quatre nages individuelles B1

Or

1988

400 m nage libre B1

Or

Formation et carrière professionnelle

En 1983, Tim McIsaac devient la première personne aveugle à recevoir un baccalauréat en Éducation de l’Université de Winnipeg. Il reçoit un baccalauréat ès arts en sociologie et en psychologie de la même université en 1985. Il obtient par la suite une maîtrise ès arts sur la condition des personnes présentant un handicap (2011) à l’Université du Manitoba. En mai 2011, il devient agent d’expansion des affaires auprès du gouvernement du Manitoba. En 2020, il obtient une maîtrise en psychologie de l’orientation de l’Université du Manitoba. Depuis décembre 2021, il est coordonnateur de programme à la Commission de la fonction publique du Manitoba.

Contribution et importance

Tim McIsaac, l’un des athlètes paralympiques canadiens les plus décorés et le premier nageur aveugle à effectuer le virage-culbute, fait figure de pionnier et de modèle. Son succès, et celui de son coéquipier Michael Edgson, ont contribué à jeter les fondements qui ont permis l’émergence des nouvelles étoiles de la piscine, notamment Donovan Tildesley, Valérie Grand'Maison et Amber Thomas.

Pour Tim McIsaac, la natation a cependant joué un rôle plus large. « Je suis reconnaissant pour tout ce que la natation m’a permis de découvrir, confie-t-il à L’Encyclopédie canadienne en2015. Je me suis entraîné avec des personnes valides, ce qui m’a fait découvrir le monde des voyants. Cette expérience m’a permis de vivre comme une personne qui est aveugle plutôt que comme un aveugle. »

Ses entraînements et ses performances dans les compétitions internationales lui ont de plus apporté d’importantes leçons de vie qu’il ne manquera pas d’exploiter dans sa seconde carrière. « La natation m’a aidé à me forger le caractère et la résilience dont on a besoin dans le milieu du travail, en particulier lorsqu’on est malvoyant. » Pour résumer, il espère que le public verra dans son succès une « raison d’oser et de prendre des risques ».

Engagement communautaire

Tim McIsaac a travaillé comme bénévole au sein de plusieurs conseils d’administration et de comités d’organisations telles que l’Association nationale des étudiant(e)s handicapé(e)s (NEADS), la Misericordia Health Centre Foundation, le Comité consultatif de la Ville de Winnipeg sur l’accessibilité et un des comités consultatifs sur la santé communautaire de l’Office régional de santé de Winnipeg (ORSW). Franc-maçon, Tim McIsaac a servi dans sa loge locale et au sein de la Grande Loge du Manitoba. Il est également membre du Order of the Eastern Star, une organisation connexe ouverte aux hommes comme aux femmes.

Distinctions honorifiques et prix

  • Prix Viscount Alexander du meilleur athlète masculin junior canadien de l’année (1976)
  • Athlète de l’année, Manitoba (1982)
  • Temple de la renommée des sports du Manitoba (2000)
  • Cercle de l’excellence, Natation Canada (2012)
  • Médaille du jubilé de diamant de la Reine Elizabeth II (2012)
  • Temple de la renommée paralympique canadien (2013)
  • Panthéon des sports canadiens (2022)