Statut de Westminster | l'Encyclopédie Canadienne

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Statut de Westminster

Le Statut de Westminster est une loi britannique qui a été adoptée le 11 décembre 1931. Il s’agit de l’accession quasi définitive du Canada à l’indépendance vis-à-vis de la Grande-Bretagne. Il a promulgué les recommandations du rapport Balfour de 1926, qui avait déclaré que la Grande-Bretagne et ses dominions étaient constitutionnellement « égaux en statut ». Le Statut de Westminster a donné au Canada et aux autres dominions du Commonwealth l’égalité législative avec la Grande-Bretagne. Ils jouissaient ainsi désormais d’une liberté juridique totale, sauf dans les domaines de leur choix. Le statut précisait également les pouvoirs du Parlement canadien et ceux des autres dominions. (Voir aussi Éditorial: Le Statut de Westminster: la déclaration d’indépendance du Canada.)

Statut de Westminster

Première page.
(avec la permission de BibliothЏque et Archives Canada, Division des manuscrits)


Désir d’autonomie

Avant 1931, le gouvernement britannique a certains pouvoirs mal définis sur les lois adoptées par les dominions du Commonwealth (le Canada, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, l’Afrique du Sud, l’État libre d’Irlande et Terre-Neuve). Il a également une autorité prépondérante sur ces assemblées législatives.

Les choses commencent à changer après la Première Guerre mondiale. Les sacrifices du Canada et d’autres dominions sur les champs de bataille européens suscitent en effet un désir accru d’identité nationale et d’autonomie.

Le Canada commence à affirmer son indépendance en matière de politique étrangère au début des années 1920. En 1922, le premier ministre William Lyon Mackenzie King refuse d’aider les forces d’occupation britanniques en Turquie sans avoir obtenu au préalable l’approbation du Parlement. (Voir Affaire Chanak.) En 1923, le Canada signe un traité de pêche avec les États-Unis sans la participation des Britanniques. (Voir Traité du flétan.) En 1926, le Canada crée une ambassade à Washington. Vincent Massey en est le premier ministre canadien (ambassadeur). Il devient ainsi le tout premier envoyé diplomatique canadien en poste dans une capitale étrangère. (Voir aussi Représentations diplomatiques et consulaires.)

Le Red Ensign canadien (1921-1957)

Image: CC Wikimedia Commons.fr.


Conférences impériales

La Conférence impériale de 1926 est une étape plus formelle. Elle donne une substance juridique au rapport Balfour du début de cette année-là. Ce rapport déclare que la Grande-Bretagne et ses dominions sont constitutionnellement « égaux en statut ». Le travail de modification du système juridique complexe du Commonwealth se poursuit lors de la Conférence de 1929 sur le fonctionnement de la législation des dominions et de la Conférence impériale de 1930. (Voir aussi Conférences coloniale et impériale.)

Changement graduel

Le 11 décembre 1931, le Statut de Westminster est adopté par le Parlement britannique, à la demande et avec le consentement des dominions. Cela permet de clarifier et de cimenter davantage l’indépendance législative des dominions.

Cependant, certaines limites subsistent. Les gouvernements fédéral et provinciaux du Canada n’arrivaient pas à s’entendre sur la manière dont ils allaient modifier l’Acte de l’Amérique du Nord britannique (aujourd’hui appelé Loi constitutionnelle de 1867). En conséquence, le Parlement britannique est invité à conserver le pouvoir de modifier la Constitution du Canada jusqu’à ce que les Canadiens puissent trouver leur propre façon de le faire. Le Parlement britannique conserve le pouvoir de modifier la Constitution jusqu’à l’adoption de la Loi constitutionnelle de 1982. (Voir Rapatriement de la Constitution.)

parlement-britannique

(avec la permission de Rennett Stowe, flickr)


D’autres parties du statut donnent aux législatures du Dominion le pouvoir de promulguer des lois même si elles violaient la politique coloniale. Cela permet au Canada d’appliquer la législation à l’extérieur du pays. Par exemple, il pouvait établir des lois de navigation pour les navires canadiens en mer, ou appliquer le droit pénal aux forces armées canadiennes servant à l’étranger. Le statut affirme également (du moins selon les provinces) que la compétence provinciale ne peut pas être modifiée unilatéralement par le gouvernement fédéral. (Voir aussi Répartition des pouvoirs; Relations fédérales-provinciales.)

Le Canada n’adopte pas immédiatement tous les nouveaux pouvoirs que lui confère le Statut de Westminster. Par exemple, le comité judiciaire du Conseil privé, un organisme britannique, reste la dernière cour d’appel pour les Canadiens jusqu’en 1949. Ce pouvoir est ensuite transféré à la Cour suprême du Canada.

Voir aussi: Statut de Westminster, document de 1931; Histoire constitutionnelle; Droit constitutionnel; Renvoi sur le rapatriement; Rapatriement de la Constitution; Loi constitutionnelle de 1867: document; Loi constitutionnelle de 1982: document.

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