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Ornementation autochtone au Canada

L’ornementation, dans les cultures autochtones, fait référence aux vêtements, aux accessoires et aux artefacts traditionnels et souvent sacrés qui sont portés ou exhibés lors de différentes cérémonies, comme les pow-wow, les célébrations et les rassemblements nationaux. La conception, le type et la signification de l’ornementation varient grandement selon la personne qui la porte, la culture dont elle est issue et l’événement durant lequel on la porte.

Ornementation de pow-wow
Un danseur autochtone en tenue traditionnelle à l’occasion du pow-wow de New York à Brooklyn, New York, États-Unis, le 8 juin 2014.

Origine et définition

L’ornementation se compose des symboles, emblèmes et artefacts matériels traditionnellement associés à une personne d’importance ou détenant un titre officiel ou des pouvoirs particuliers. Bien qu’elle soit propre à une culture particulière, l’ornementation reflète généralement l’autorité, la légitimité ou le statut d’initié des personnes qui la portent ou à qui elle appartient.

L’ornementation existe dans différentes cultures du monde Il fait souvent référence au statut des monarques, des chefs d’État et des chefs religieux. Les couronnes, les bijoux, les sceptres et les armoiries sont quelques exemples d’ornementation européenne.

reine Elizabeth II
La reine Elizabeth II portant sa tenue de couronnement et son ornementation, le 2 juin 1953.

Chez les peuples autochtones d’Amérique du Nord, l’ornementation s’entend des articles portés par les chefs, comme les coiffes, ou par les chefs spirituels, comme les masques de cérémonie. Il peut également s’agir d’articles vestimentaires qui confèrent à des citoyens ordinaires un honneur particulier, comme une robe à clochettes ou une ceinture fléchée.

En plus des vêtements, l’ornementation peut comprendre des tissus, des bijoux, du maquillage, des chaussures (par exemple, mocassins) et des  accessoires, dont des bandeaux, des brassards, des plastrons, des houppes, des châles, des bracelets de cheville, des bâtons de danse et des piquants de porc-épic.

Incorrectement désignée comme un « déguisement » (particulièrement dans la littérature plus ancienne), l’ornementation autochtone est un art vivant qui incorpore divers matériaux, comme le cèdre, le coton, la peau de daim, les perles, les rubans, les piquants de porc-épic, les plumes d’aigle, les os et le cuir, ainsi que certains métaux précieux brillants, comme l’argent, le laiton et le cuivre. (Voir aussi Art autochtone au Canada.)

Ornementation de pow-wow
Festival des Autochtones de 2016 au complexe The Forks à Winnipeg, au Manitoba.
Ornementation de pow-wow
Festival des Autochtones de 2016 au complexe The Forks à Winnipeg, au Manitoba.

But et utilisation

Il n’existe aucune pratique normalisée quant à l’utilisation de l’ornementation chez les peuples autochtones au Canada, en raison des variations dans les pratiques culturelles des différentes communautés métisses, inuites et des Premières nations. De manière générale, cependant, on porte l’ornementation lors d’événements spéciaux comme les rassemblements politiques, les célébrations de la vie (naissances, mariages, remise de diplômes, etc.), les cérémonies religieuses, les funérailles et les pow-wow.

Un autre trait commun, entre les différentes cultures autochtones, est l’importance des pièces d’ornementation tant sur le plan de l’identité personnelle que sur celui de l’identité culturelle. L’ornementation raconte une histoire, perpétue le patrimoine et sert d’insigne d’honneur. L’ornementation peut symboliser le lien que nourrit une personne avec ses ancêtres, les membres de sa famille et son clan. Les matériaux utilisés et leur style ou esthétique peuvent également représenter certaines nations autochtones particulières. La fabrication de l’ornementation, avec ses motifs d’une grande complexité, est un processus profondément personnel et exigeant qui met en valeur le grand talent des artisans autochtones.

Effets de la colonisation

Ornementation de potlatch
Masques et autres articles confisqués ayant autrefois appartenu aux Kwakwaka’wakw (Kwakiutl) ayant assisté au potlatch de Dan Cranmer en 1921, dans le village d’Alert Bay, aux Territoires du Nord-Ouest. (avec la permission du Royal British Columbia Museum)

De la fin du 19e siècle jusqu’en 1951, la Loi sur les Indiens réprime les cérémonies autochtones, qu’il s’agisse du potlatch ou de la danse du soleil, ce qui a pour effet d’empêcher le port de l’ornementation généralement associée à ces événements. Les tenues traditionnelles sont également interdites dans les pensionnats. Avant la modification de la Loi sur les Indiens en 1951, les Autochtones qui souhaitent porter une tenue de cérémonie hors réserve doivent obtenir l’autorisation de l’agent local chargé des Indiens (un administrateur fédéral des affaires autochtones).

Dans les années 1960, pendant une période caractérisée par des efforts d’activisme en faveur des droits des Autochtones, on tente de raviver des coutumes et des cérémonies autochtones autrefois rendues illégales. (Voir aussi Autochtones : organisations et activisme politiques.) C’est ainsi que les peuples autochtones recommencent graduellement à porter leur ornementation traditionnelle lors de tels événements. Aujourd’hui, les peuples autochtones portent leur ornementation en guise de symbole de leur autonomie et de leur patrimoine.

Appropriation culturelle

De nombreux peuples autochtones considèrent le port d’ornementation traditionnelle par les non-Autochtones comme une forme d’appropriation culturelle, surtout lorsque cela se produit pendant des événements ne requérant aucune ornementation. Par exemple, le port de coiffes non authentiques lors de concerts de musique attire à plusieurs occasions l’attention de militants autochtones. En réponse à ces protestations, différents festivals de musique canadiens comme l’Edmonton Folk Music Festival et le Festival Musique et Arts Osheaga à Montréal interdisent aux visiteurs le port de coiffes autochtones. De façon similaire, les propriétaires des Jets de Winnipeg, une équipe de la LNH, en viennent à interdire eux aussi l’utilisation de tels accessoires.

La vente de produits distribués à grande échelle imitant l’ornementation autochtone est également considérée comme un affront par plusieurs peuples autochtones. Cela concerne notamment certains costumes d’Halloween et certains articles touristiques qui dévalorisent des créations autochtones profondément symboliques.