Ginette Laurin | l'Encyclopédie Canadienne

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Ginette Laurin

Laurin entreprend sa propre carrière de chorégraphe en 1979 avec Sept fois passera. En 1984, elle fonde sa propre compagnie, O Vertigo Danse, où elle crée des œuvres pleines d'humour qui intègrent la performance physique et le risque comme Olé et Crash Landing.

Ginette Laurin

 Ginette Laurin, danseuse, chorégraphe et directrice artistique (Montréal, Québec, 3 janvier 1955). Après avoir étudié le ballet, le jazz, la danse moderne, le mime et la gymnastique, Ginette Laurin devient une personnalité importante du GROUPE NOUVELLE AIRE à partir de 1977. Elle y danse de nombreux rôles créés par des chorégraphes comme Édouard LOCK, Paul-André FORTIER, Daniel Léveillé et Daniel Soulières, qui deviendront, comme elle, des leaders du mouvement de danse contemporaine québécois. Elle danse aussi pour les pionnières de la danse québécoise Françoise SULLIVAN et Françoise Riopelle ainsi que pour Jean-Pierre PERREAULT. Ses talents d'interprète lui assurent de nombreux débouchés de 1978 à 1984, et elle part en tournées en Europe, au Moyen-Orient et au Canada où elle interprète de nombreux rôles.

Laurin entreprend sa propre carrière de chorégraphe en 1979 avec Sept fois passera. En 1984, elle fonde sa propre compagnie, O Vertigo Danse, où elle crée des œuvres pleines d'humour qui intègrent la performance physique et le risque comme Olé et Crash Landing. Sa compagnie entreprend presque immédiatement une tournée européenne. Au cours des deux années qui suivent, O Vertigo Danse se produit au prestigieux festival de Bagnolet (France), au Festival international de nouvelle danse (Montréal) et à Expo 86, pour laquelle Laurin crée Chevy Dream. En 1986, elle reçoit le prix Jean A. Chalmers.

« Ma danse est celle du vertige, de la fascination de l'abîme, de l'euphorie, du surgissement des émotions », écrit Laurin. Dans cette veine, elle compose 40 œuvres qui privilégient jusqu'à récemment une théâtralité énergique allant jusqu'à l'étourdissement. La ville de Munich, en Allemagne, lui commande en 1998 une réécriture pour dix danseurs d'En dedans, à partir d'une œuvre plus réduite du même nom. En dedans marque un virage important dans l'œuvre de Laurin, qui abandonne les prouesses physiques audacieuses au profit de la quête du monde intérieur de la spiritualité, comme en témoigne Déluge (1994). L'œuvre la plus imposante de Laurin, La vie qui bat, pour vingt danseurs et musiciens de la Société de musique contemporaine du Québec, est jumelée à Drumming, une composition de 90 minutes de Steve Reich. La première a lieu à Montréal en 1999. Deux ans plus tard, Laurin lance Luna, une chorégraphie poétique qui utilise une technologie optique pour déformer la silhouette humaine et la projeter comme un paysage à explorer dans ses infinis détails.

Depuis 2000, ses œuvres sont de plus en plus intimes et pensives, comme le montre son Étude no 3 pour cordes et poulies (2007). Inspiré du traitement du corps de l'auteur Samuel Beckett, Études explore un univers où les humains sont contraints et projetés par le rythme des mots.

Son intérêt accru pour le multimédia et son éternel goût pour le partage des expériences artistiques poussent Laurin à marquer le 20e anniversaire de sa compagnie, en 2004, avec The Resonance of the Double, une série de six installations combinant la danse, la photographie et la vidéo. La fascination pratique qu'exercent la photographie et la vidéo sur Laurin est évidente dans ses œuvres plus récentes.

En 2005, elle fonde un centre de création au cœur de Montréal, à la Place des Arts. Depuis, elle fait la promotion du mandat de création et de recherche de sa compagnie dans les studios d'avant-garde du Centre de Création O Vertigo. Elle y organise des laboratoires et des ateliers et y encourage la collaboration avec des artistes des domaines de l'éclairage, du son, du théâtre, de l'architecture et de la danse.

Laurin, qui participe toujours à la formation et au perfectionnement, enseigne aussi régulièrement à l'Université du Québec à Montréal (UQAM) et dans le cadre de festivals européens.

O Vertigo fait de nombreuses tournées sur les scènes internationales en Asie, au Moyen-Orient et en Europe. Elle se produit régulièrement à des festivals en Hollande, en Allemagne et en Italie, ainsi qu'à New York, à Ottawa et à Montréal. Ses installations font souvent des tournées indépendantes.

Laurin crée des œuvres pour LES GRANDS BALLETS CANADIENS DE MONTRÉAL, MONTRÉAL DANSE, la Judith Marcuse Danse Project Society (voir MARCUSE, JUDITH ROSE), Introdans (Hollande), le Ballet contemporaneo de San Martin (Argentine) ainsi que pour des danseuses et danseurs indépendants tels Gioconda Barbuto, Kathy Casey et Sylvain Lafortune. Elle réalise les chorégraphies de plusieurs films et téléfilms tels que Night of the Flood (v. f. La nuit du déluge, inspiré de Déluge), La Chambre blanche, September Songs: The Music of Kurt Weill et Dans, Tanz, Dance, Danse. Déluge et La Bête (The Beast Within) bénéficient d'une diffusion plus large grâce aux disques compacts présentant la musique de Jocelyn Pook et de Jean Derome.

Vers 2000, Laurin, qui est curieuse et flexible, commence à réaliser des films inspirés de ses productions sur scène. Passare remporte le prix de la meilleure réalisation au Moving Pictures Festival de Toronto en 2003, et son long-métrage, Wire Frame, obtient le titre de la meilleure œuvre canadienne au Festival international du film sur l'art de Montréal en 2006. Parallèlement, avec une étonnante capacité d'inventer du vocabulaire et des styles nouveaux pour mettre en valeur ses thèmes toujours diversifiés, Laurin ajoute Angels (2006), Études pour cordes et poulies (2007) et Onde de choc (2009) à son répertoire d'œuvres pour la scène et recrée deux de ses premières œuvres, La Chambre blanche et La Vie qui bat. Toutes ces œuvres profitent d'une longue diffusion dans le monde entier. Chambre est interprétée en tournée européenne à cinq reprises après avoir été présentée pendant trois semaines à Montréal.

Laurin reçoit plusieurs récompenses, dont le prix de reconnaissance en 1999 et les grands prix en 1992 et en 1998 du Conseil des arts de la Communauté urbaine de Montréal, ainsi que le prix Jean A. Chalmers en 1986, le prix Dora Mavor Moore en 1994 et le Prix de reconnaissance de l'UQAM en 2002.

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