Énergie et société | l'Encyclopédie Canadienne

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Énergie et société

L'ÉNERGIEjoue un rôle unique et crucial dans le monde. Sans transport ou sans conversion d'énergie, aucune activité (aucun « travail ») ne peut avoir lieu.

Énergie et société

L'ÉNERGIEjoue un rôle unique et crucial dans le monde. Sans transport ou sans conversion d'énergie, aucune activité (aucun « travail ») ne peut avoir lieu. L'utilisation de l'énergie dans la société est un processus qui débute avec une source (par exemple, leCHARBON, lURANIUM, lePÉTROLE, leSOLEIL) puis qui met en jeu plusieurs processus intermédiaires de raffinage ou de conversion en une forme d'énergie différente (par exemple, en électricité, en carburant diesel ou en méthane) et qui prend finalement place dans une maison, un véhicule ou une usine, à l'intérieur d'un appareil de consommation (par exemple, une chaudière ou un moteur).

Entre la source et l'appareil de consommation, il y a des importations, des exportations et des pertes de différentes sortes, dont l'énergie nécessaire pour faire fonctionner le système énergétique lui-même. Le consommateur en bout de ligne ne veut pas de l'énergie en tant que telle mais seulement les services qu'elle peut fournir, des services qui ne se mesurent pas en litres ni en joules, mais en chaleur, en mouvement, en son, etc. Même si les pays, les provinces et les personnes ayant un revenu élevé ont tendance à consommer plus d'énergie, ceci ne signifie pas nécessairement que consommation d'énergie et niveau de vie vont de pair. Une consommation d'énergie efficace produit davantage de services pour une quantité de ressources donnée.

Deux principes thermodynamiques régissent tous les aspects de la consommation d'énergie. Le premier stipule qu'un système donné contient toujours la même quantité d'énergie. Le deuxième stipule que chaque fois qu'une quantité d'énergie est consommée, sa qualité se dégrade. Nous consommons l'aptitude de l'énergie à effectuer un travail utile et non une quantité d'énergie. En conséquence, nous devons nous préoccuper de la quantité et de la qualité de l'énergie que nous consommons. Une quantité se mesure en unités bien connues telles que le litre (l) pour le pétrole, le kilowattheure (kWh) pour l'électricité et la tonne (t) pour le charbon. Toutes ces unités peuvent être converties en une unité standard d'énergie, le joule (J).

La qualité est plus difficile à mesurer : des mesures scientifiques existent mais, bien souvent, pour dire qu'une source d'énergie est de qualité supérieure, il suffit de constater qu'elle donne plus de chaleur ou qu'elle est plus dense (c'est-à-dire que sa valeur énergétique par unité de volume est plus grande, comme l'essence) ou plus souple d'emploi (comme l'électricité). La valeur commerciale d'une énergie de haute qualité est généralement plus élevée. Conserver l'énergie consiste non seulement à économiser sur la quantité mais aussi à n'utiliser les formes de haute qualité que si c'est nécessaire. Les combustibles denses sont donc plus utiles pour le transport ; l'électricité convient mieux pour l'éclairage, l'électronique et les moteurs ; une énergie de faible qualité convient pour chauffer des bâtiments parce qu'on n'élève que très peu leur température.

Measuring Energy Efficiency

La mesure du rendement de la consommation d'énergie peut s'effectuer d'un grand nombre de façons. Le rendement découlant du premier principe indique la quantité d'énergie consommée par rapport au service fourni (par exemple, pour une voiture, la consommation d'essence en litres par 100 km parcourus). Les calculs employant cette mesure montrent que le rendement de l'économie canadienne doit approcher 40 p. 100. Une deuxième mesure, le rendement découlant du second principe, met en relation la consommation d'énergie pour obtenir un service et le minimum théorique nécessaire dans des conditions idéales. Des estimations montrent que le rendement de l'économie canadienne est inférieur à 10 p. 100 (et n'est que de 1 à 2 p. 100 si l'on prend en compte la consommation et leRECYCLAGE des matériaux).

Une troisième mesure du rendement ne dépend pas directement de la thermodynamique mais des sciences économiques. La rentabilité relie la valeur monétaire des entrées aux services que l'énergie fournit. Ce type de mesure est nécessaire pour pouvoir prendre des décisions mettant en jeu un équilibre entre l'énergie et d'autres activités économiques (par exemple, acheter plus de combustible pour chauffer un bâtiment ou améliorer son isolation). Des calculs montrent que la plupart des secteurs de l'économie dépensent deux fois trop pour l'énergie (autrement dit, leur rentabilité n'est que la moitié de ce qu'elle devrait être).

Détermination de la consommation d'énergie

Quatre ensembles de facteurs déterminent la quantité d'énergie consommée par une société. Le premier ensemble est constitué de facteurs démographiques et géographiques : toutes choses étant égales par ailleurs, plus la population et la région sont grandes et le climat est froid, plus la consommation d'énergie est grande. La population canadienne étant relativement petite et dispersée, le transport consomme beaucoup d'énergie. Il fait plus froid au Canada que dans la plupart des autres pays. Des nouvelles techniques de construction permettent néanmoins d'économiser l'énergie.

Le deuxième ensemble de facteurs influençant la consommation d'énergie est d'ordre économique. Il n'y a aucune relation directe entre le revenu national et la consommation d'énergie : des pays à revenu par habitant similaire peuvent consommer des quantités d'énergie différentes. Les pays plus industrialisés à revenu plus élevé consomment toutefois plus d'énergie que les pays plus pauvres et moins industrialisés.

L'industrie canadienne est concentrée dans le secteur primaire (pâtes et papiers, métallurgie et raffinerie, agriculture), lequel a tendance à consommer plus d'énergie par dollar de production que les secteurs secondaires (fabrication) et tertiaire (services). La consommation d'énergie reflète aussi la disponibilité et le prix des ressources énergétiques. Par exemple, historiquement, le Canada et les États-Unis ont toujours eu des ressources énergétiques à moindre prix et en plus grande abondance (telle que de plus grandes chutes d'eau facilement accessibles et, naturellement, du pétrole) que la plupart des autres pays industrialisés et les consomment donc avidement.

Les consommateurs, privés ou industriels, ont tendance à moins consommer d'énergie quand son prix augmente. Cet effet, appelé élasticité de la demande par rapport au prix, est compris entre -0,5 et -1,2 selon certaines estimations, ce qui signifie que la consommation d'énergie diminue de 5 à 12 p. 100 à chaque fois que son prix augmente de 10 p. 100. Plus une certaine quantité d'énergie est essentielle, plus l'élasticité de la demande pour cette quantité d'énergie par rapport au prix est faible. Par exemple, l'élasticité de la demande par rapport au prix est très faible pour la quantité d'énergie nécessaire pour amener la température dans une maison à, disons, 60 °F, mais elle est probablement beaucoup plus grande pour les quantités d'énergie additionnelles nécessaires pour garder la maison plus chaude.

Le troisième ensemble de facteurs est d'ordre technologique. Durant la majeure partie de l'ère industrielle, la consommation d'énergie par dollar de production a diminué. Cependant, pendant environ 25 ans, de la fin de la Deuxième Guerre mondiale jusqu'aux années 70, les prix associés à l'énergie ont été exceptionnellement bas et la technologie sous-tendant la consommation d'énergie n'a guère retenu l'attention. Des exemples de cette négligence se remarquent dans le domaine de l'habitat et de l'automobile américaine ainsi que dans l'industrie en général. L'augmentation des prix et les fausses craintes de pénuries ont réintroduit de nombreuses techniques anciennes plus rentables sur le plan énergétique et ont lancé la recherche de nouvelles techniques (voir RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT SCIENTIFIQUES). Par exemple, les Canadiens sont devenus les chefs de file mondiaux en construction de bâtiments à rendement énergétique élevé. Il fallait une énergie d'environ 175 gigajoules (1 GJ=109 J, en gros l'énergie contenue dans 4500 l de mazout) par an pour chauffer une maison unifamiliale type construite vers 1973.

Les maisons construites aujourd'hui conformément à la norme R-2000 du gouvernement fédéral consomment de 40 à 50 GJ par an. Les plus efficaces, construites sur le modèle de la Saskatchewan Conservation House (maison des économies d'énergie de la Saskatchewan) ne consomment que 15 GJ. En 1973, il fallait compter 600 kWh/m2 par an pour l'exploitation des immeubles à bureaux de grande hauteur, tandis que 200 kWh/m2 suffisent dans de nombreux immeubles construits depuis lors. La tour de Gulf Canada Square, à Calgary, ne consomme que 125 kWh/m2 et un immeuble à bureaux fédéral de Scarborough, à emmagasinage souterrain et à panneaux solaires, ne consomme que 20 kWh/m2.

La quatrième ensemble de facteurs concerne le mode de vie. Certaines personnes, par exemple, choisissent de vivre dans une plus petite maison ou un plus petit appartement, d'acheter une voiture plus économique ou d'utiliser les transports en commun, d'acheter des marchandises dans des emballages consignés ou recyclables et donc de consommer moins d'énergie. En Amérique du Nord, le style de vie penche plutôt dans l'autre sens, vers une « consommation ostentatoire » bien que certaines habitudes semblent changer.

Mesure de la consommation d'énergie

La consommation d'énergie est un flux qui se mesure en différents points et de diverses façons. On mesure la consommation d'énergie primaire au point de production. Cette mesure comprend l'énergie nécessaire à la production, mais sa définition cause des difficultés. La consommation tertiaire, quant à elle, indique la quantité d'énergie finalement disponible pour, par exemple, chauffer une pièce ou faire tourner les roues d'un véhicule, déduction faite des pertes de rendement de la chaudière ou du moteur. La consommation d'énergie tertiaire est un concept important, mais sa mesure reste difficile. Pour de nombreuses raisons, la mesure de la consommation d'énergie secondaire (qui s'effectue au point d'achat du consommateur) donne les résultats les plus utiles et les plus simples.

Les statistiques sur la consommation d'énergie secondaire sont habituellement réparties selon la forme d'énergie consommée (par exemple, essence, électricité) et selon le secteur d'utilisation (par exemple, secteurs résidentiel, commercial, industriel et des transports). La consommation dans le secteur de l'apport d'énergie, visant à compenser la consommation d'électricité ou de combustible utilisé ou perdu lors de la production, la conversion et le transport d'énergie, est complètement distincte de l'énergie secondaire. Au cours des récentes années, la consommation d'énergie du secteur de l'apport d'énergie était d'environ 20 p. 100 celle du reste de l'économie (consommation d'énergie secondaire). Toutefois, avec le passage à des ressources pétrolières et gazières plus éloignées, à des huiles plus lourdes et à du gaz naturel plus acide (plus grande teneur enSOUFRE), les besoins énergétiques pour la production d'énergie augmentent. Selon la valeur attribuée à l'électricité primaire (principalement l'HYDROÉLECTRICITÉet l'énergie nucléaire), la consommation d'énergie par le secteur de l'apport d'énergie est maintenant plus près du tiers de la consommation d'énergie secondaire.

Les techniques modernes d'analyse de l'énergie et la méthode la plus efficace de prévision énergétique dépendent d'un inventaire des utilisations de l'énergie. Les opérations de chauffage et de refroidissement comprennent toutes les procédures de chauffage d'air et d'eau et les échanges de chaleur à basse température. La production de chaleur à température plus élevée n'est utilisée que dans l'industrie. Les utilisations spécifiques à l'électricité comme l'électronique, l'éclairage ou l'électroménager dépendent des propriétés de l'électricité. Les combustibles liquides conviennent seulement à des utilisations mobiles tels que les véhicules de transport.

Cette analyse détaillée tient compte de la qualité et montre, par exemple, que les Canadiens consomment surtout de l'énergie pour le chauffage à diverses températures (55 p. 100 de la consommation totale, 75 p. 100 de la consommation industrielle) et que la consommation pour des utilisations strictement électriques représentent un peu plus de 13 p. 100 de la consommation totale. Toutefois, deux corrections sur les données énergétiques s'imposent. Il faut d'abord tenir compte de la production de matériaux non énergétiques (par exemple, plastiques, engrais, matériaux de construction, lubrifiants) à partir de matières premières énergétiques. Pour le pétrole et le gaz, la correction requise est de 10 à 15 p. 100 de la consommation intérieure totale, mais elle augmente avec le temps. Pour le charbon, elle est de 15 à 20 p. 100, la majeure partie étant employée comme charbon à coke dans les fours à fusion et dans les hauts fourneaux. Le Canada exporte aussi beaucoup de charbon à coke, mais les exportations sont exclues de ces statistiques de consommation. La deuxième correction concerne l'énergie qui reste en dehors de tout marché organisé, comme le bois vendu sur un terrain à la campagne. Les statistiques ne relèvent généralement que l'énergie commerciale. Ainsi, par exemple, l'utilisation du bois comme combustible résidentiel n'a jamais autant baissé que les statistiques canadiennes l'ont indiqué. Mieux encore, cela signifie surtout que la consommation d'énergie des pays en développement, dont un grand nombre utilisent surtout des combustibles traditionnels tels que des brindilles et des branches, des déchets agricoles et des excréments d'animaux, est nettement supérieure à celle de la plupart des statistiques.

L'ÉLECTRICITÉprésente un problème statistique particulièrement important au Canada : c'est une forme d'énergie qu'on peut obtenir à partir de diverses sources telles qu'une chute d'eau, la combustion du charbon ou des réactions nucléaires contrôlées. Chacune de ces sources a son propre taux de conversion (différence entre le contenu en énergie de la source et celui de l'électricité sortante). La façon la plus simple de dresser des statistiques sur la consommation d'énergie consiste à ne pas s'occuper de la source d'électricité et à convertir directement l'électricité sortante en joules (3,6 MJ = 1 kWh).

Cependant, dans la plupart des statistiques internationales et dans certaines sur le Canada, on convertit l'électricité en unités énergétiques qui s'expriment par la quantité de charbon ou de pétrole nécessaire pour la produire, quantité qui, pour des raisons de thermodynamique, est environ trois fois plus grande. On en déduit que 35 p. 100 de l'énergie consommée au Canada l'est sous forme électrique, alors qu'en réalité c'est environ 17 p. 100. Si, au Canada, l'électricité ne servait que pour les applications spécifiques où elle est vraiment rentable, ce pourcentage descendrait aux 13 p. 100 décrits ci-dessus.

Consommation d'énergie secondaire en 1994

La consommation d'énergie secondaire totale au Canada, en 1994, est d'environ 7,0 exajoules (1 EJ = 1018 J) en incluant le bois et divers déchets de bois utilisés comme combustibles dans l'industrie forestière, mais en excluant la consommation de combustible et d'électricité par l'industrie pétrolière et les pipelines. L'Ontario et le Québec sont responsables des trois cinquièmes environ de cette consommation. Le niveau de consommation d'énergie par habitant de chacune des deux provinces est sensiblement égal, mais la consommation d'énergie par dollar de produit provincial en Ontario est bien inférieure à celle du Québec et à celle de la plupart des autres provinces (parce que l'Ontario a relativement plus d'industries légères que d'industries primaires). Les autres variations provinciales découlent surtout de différences géographiques et économiques. La Colombie-Britannique consomme plus d'énergie dans l'industrie forestière et moins pour le chauffage que le reste du pays. La consommation par habitant la plus basse se trouve dans les provinces de l'Atlantique et la plus grande, dans les provinces des Prairies.

Consommation d'énergie dans le monde

En 1994, la consommation mondiale d'énergie et la consommation moyenne par habitant sont respectivement de 365 EJ et de 69 GJ, une augmentation d'environ 15 p. 100 chacune par rapport à la décennie précédente. La consommation moyenne par habitant varie fortement : elle est généralement de 150 à 200 GJ par habitant dans les pays industrialisés. Au Canada, elle est de 228 GJ, une baisse d'environ 10 p. 100 par rapport aux 15 dernières années. Elle est de 20 à 25 GJ dans les pays en développement et, dans les pays les plus pauvres d'Afrique, elle est de 2,5 GJ. Ce chiffre ne tient compte que de l'énergie commerciale. La consommation moyenne par habitant dans ce cas est environ cinq fois plus élevée si l'on inclut les formes traditionnelles. Dans les pays moins développés, la consommation domestique d'énergie domine et emploie surtout des combustibles traditionnels. Le transport, quant à lui, absorbe la majeure partie de l'énergie commerciale. À l'extérieur des villes, l'électricité assure un minimum d'éclairage et de pompage pour l'alimentation en eau de la population, ce qui représente 2 p. 100 de la consommation mondiale. On affirme souvent que les Canadiens consomment plus d'énergie par habitant ou par dollar de produit intérieur brut que dans tout autre pays, mais les statistiques internationales ont tendance à exagérer la consommation réelle d'énergie au Canada. Par exemple, la méthode de calcul de la consommation d'électricité surévalue notre consommation d'énergie. Nos exportations non énergétiques contiennent, pour chaque dollar, 25 p. 100 plus d'énergie que nos importations.

De plus, le Canada exporte beaucoup d'énergie sous forme de matières premières ou de produits semi-finis. En principe, cette énergie « incorporée » devrait être portée sur le compte des pays qui utilisent l'acier, le papier ou l'aluminium. Quoi qu'il en soit, le Canada est l'une des plus grandes nations consommatrices d'énergie au monde.

Changements dans la consommation d'énergie

La population, l'économie et le revenu croissant, les Canadiens prennent l'habitude de consommer de plus en plus d'énergie. Avant la Deuxième Guerre mondiale, la consommation d'énergie secondaire canadienne grimpe d'environ 3 p. 100 par année mais, après la guerre, l'énergie bon marché fait grimper ce taux à 5 p. 100 et plus. Ces taux de croissance sont freinés par la crise énergétique de 1973. Depuis, le taux chute, surtout en raison du gain en rendement. Entre 1974 et 1980, la consommation d'énergie croît en moyenne de 2,3 p. 100 par année. Depuis 1980, cette augmentation a régressé jusqu'à 1,5 p. 100 par année. La consommation de pétrole chute davantage : la crainte d'une pénurie et des prix élevés restreignent sa consommation sauf dans le transport et dans les régions où d'autres combustibles de chauffage ne pas sont pas disponibles ou bien sont beaucoup plus chers.

Les prévisions en matière de consommation future d'énergie sont nombreuses. Toutefois, une chose est frappante : les prédictions concernant la consommation future d'énergie sont en baisse constante. Un rapport de 1973 du ministère fédéral de l'Énergie, des Mines et des Ressources prévoit une croissance annuelle de 4,5 p. 100. En 1976, un autre rapport prévoit 3,7 p. 100. Le PROGRAMME ÉNERGÉTIQUE NATIONALde 1980, lui, s'attend à une croissance de 1,9 p. 100 et un rapport de 1986 du Office national de l'énergie en prédit une de 1,5 à 1,9 p. 100. En 1994, le ministère fédéral de l'Énergie (rebaptisé Ressources naturelles Canada) projette une croissance de la demande d'énergie secondaire de seulement 1,2 p. 100 par année entre 2000 et 2020. Cette diminution reflète en partie les prévisions d'une croissance économique moindre mais surtout la prise de conscience de plus en plus grande du potentiel disponible en matière d'efficacité énergétique.

Depuis 1973, au Canada, l'énergie nécessaire pour produire 1 $ de PIB a chuté d'environ 30 p. 100, un revirement important comparativement à la période antérieure. Bien que cette diminution se soit arrêté au cours de ces dernières années, dans tous les secteurs de l'économie, on porte une attention constante à la technologie destinée à l'utilisateur final, aux moyens d'utiliser les déchets et la chaleur perdue comme sources d'énergie, et à des techniques telles que la redistribution et la cogénération, dans lesquelles la même quantité d'énergie est employée pour accomplir une série de tâches à mesure que sa qualité se détériore (par exemple, d'abord pour générer de l'électricité, ensuite pour fournir de la chaleur par un procédé à haute température puis pour finalement chauffer l'air).

Même les prévisions officielles les plus modestes peuvent s'avérer trop élevées. Certaines analyses récentes commencent par la demande des utilisateurs en services énergétiques (plutôt que par l'apport, comme dans les analyses classiques) et essaient d'accorder la qualité de l'énergie fournie aux exigences des utilisateurs. Ces études sont appelées études sur l'énergie dite « douce », car elles mettent l'accent sur des moyens de production à plus petite échelle, décentralisée et moins destructrice de l'environnement. Selon les études sur l'énergie douce, le quart ou le tiers de notre consommation actuelle suffirait pour satisfaire tous nos besoins. Il en résulterait d'importantes économies et l'arrêt à l'état actuel du CHANGEMENT DE CLIMAT Plusieurs pays, dont le Canada, ont participé à l'élaboration de ces études. Même dans les pays en développement, où l'on est évidemment forcé de consommer plus d'énergie (ou, plus précisément, de consommer davantage de formes d'énergie de haute qualité) pour améliorer la qualité de vie, les analyses sur l'énergie douce montrent des augmentations beaucoup plus modérées que les études classiques.

Ce seront non seulement les lois physiques et la technologie mais aussi, et même davantage, les choix personnels et les politiques gouvernementales qui détermineront le taux de consommation énergétique des Canadiens. La physique et la géologie fixent les limites de la production et de la consommation d'énergie bien que ces limites soient larges : à l'intérieur de ces limites, les taux réellement atteints dérivent surtout de la politique et de l'économie. Alors que les valeurs changent, la CONSERVATIONoccupe une place de plus en plus grande dans laPOLITIQUE ÉNERGÉTIQUE. La demande croissante du public pour protéger l'ENVIRONNEMENTtient une place importante dans ce changement de valeur. La consommation d'énergie, aussi efficace qu'elle soit, entraîne nécessairement la dégradation de l'environnement. Ces dernières années, ses effets nocifs, qui vont du smog local au changement climatique planétaire, sont devenus des problèmes graves au Canada et dans la plupart des autres pays. La capacité de la Terre d'assimiler les déchets énergétiques, beaucoup plus que sa capacité restreinte de fournir des ressources énergétiques, sera probablement la plus grande limite à la consommation d'énergie. Il est clair que ces préoccupations environnementales joueront un plus grand rôle dans la politique énergétique de l'avenir, mais jusqu'à quel point? C'est là où se trouve la grande incertitude.

Consommation domestique

La consommation domestique s'élève à 20 p. 100 de la consommation secondaire totale du Canada. Près de 85 p. 100 de ce montant sert à chauffer l'air et l'eau. Les 15 p. 100 restants servent à faire fonctionner, le plus souvent à l'électricité, les autres appareils ménagers. Le charbon et le bois, les anciennes sources traditionnelles d'énergie pour le chauffage domestique, ont diminué en faveur de combustibles plus commodes. La consommation de charbon reste maintenant négligeable mais celle du bois a grimpé à 6 p. 100 du total. Les autres sources d'énergie pour le chauffage domestique sont le mazout avec 12 p. 100 (46 p. 100 en 1980), le gaz naturel avec 47 p. 100 (38 p. 100 en 80) et l'électricité avec 34 p. 100 (14 p. 100 en 1980). Visiblement, la consommation de produits pétroliers a fortement diminué, en raison de leur prix plus élevé et des programmes gouvernementaux qui subventionnent d'autres formes d'énergie. Il est difficile de départager les consommations d'énergie domestique et agricole. À cause de cela, elles sont souvent combinées même si l'agriculture est plutôt une industrie. Selon ces statistiques, la consommation d'énergie sur les fermes s'élève à 3 p. 100 de la consommation d'énergie secondaire au Canada, ce chiffre étant doublé pour les Prairies.

Consommation commerciale

La consommation commerciale comprend l'énergie consommée dans les bureaux, les écoles, les hôpitaux, les magasins et les hôtels, et s'élève à 13 p. 100 de la consommation d'énergie au Canada. Les deux tiers (les trois quarts en 1980) de ce montant servent à chauffer et à refroidir les bâtiments ainsi qu'à chauffer l'eau. Le tiers restant sert à des utilisations électriques bien déterminées. Le gaz naturel et l'électricité fournissent une part croissante d'énergie à ce secteur, soit environ 43 p. 100 chacun.

Consommation industrielle

La consommation industrielle, qui comprend celle des industries primaires, de la fabrication et de la construction, dépasse celle de n'importe quel autre secteur : elle atteint 36 p. 100 (37 p. 100 en 1980) du total. Bien que la part de cette consommation n'ait pratiquement pas changé depuis quinze ans, la plupart des prévisions indiquent qu'elle devrait tendre vers les 50 p. 100.

Contrairement aux autres secteurs, l'industrie consomme de l'énergie de toutes les qualités et sous toutes les formes. Près des trois quarts de l'énergie industrielle est utilisée pour la production de chaleur, dont quelque 40 p. 100 pour atteindre des températures supérieures à 260 °C. Les formes d'énergie sont divisées entre les produits pétroliers avec 18 p. 100 (36 p. 100 en 1980), le gaz naturel avec 34 p. 100 (28 p. 100 en 1980) et l'électricité avec 25 p. 100 (21 p. 100 en 1980). En dehors des services publics d'électricité et du chauffage domestique, le secteur industriel est le seul consommateur important d'énergie tirée du charbon et du bois (6 p. 100 et 17 p. 100 respectivement, 8 p. 100 chacun en 1980).

En 1994, seulement sept industries (pâtes et papiers, produits chimiques, métaux de première fusion, alimentation et boissons, exploitation minière, minéraux industriels et construction) consommaient près de 75 p. 100 de l'énergie utilisée dans le secteur industriel. Les trois premières consomment à elles seules environ la moitié de l'énergie du secteur industriel, les deux tiers de toute la production de haute températures et peut-être les trois quarts de toute l'eau utilisée par les industries. Les sous-secteurs emploient un vaste éventail de formes d'énergie : par exemple, les industries chimiques et pétrochimiques consomment de grandes quantités de pétrole et de gaz comme combustible et aussi comme matières premières pour produire du plastique et d'autres produits non énergétiques ; l'industrie de l'aluminium consomme des quantités particulièrement énormes d'électricité ; l'industrie forestière consomme ses déchets comme sources d'énergie (réduisant ainsi simultanément la quantité de déchets solides et laPOLLUTION DE L'EAU).

Consommation liée aux transports

La consommation canadienne dans le secteur des transports dépasse celle de la plupart des pays 29 p. 100 de la consommation totale (un niveau pratiquement constant depuis 1980) et, fait plus important, près de 70 p. 100 (50 p. 100 en 1980) de la consommation de pétrole. Les voitures et les fourgonnettes consomment 53 p. 100 de l'énergie liée aux transports (14 p. 100 de toute l'énergie consommée au Canada) ; les gros camions, 27 p. 100 ; les autobus, 1 p. 100. Les véhicules routiers consomment donc en tout 81 p. 100. Les autres moyens de transport consomment beaucoup moins : transports aériens, 9 p. 100 ; transports maritimes, 5,5 p. 100, transports ferroviaires, 4,5 p. 100. Cependant, dans quelques provinces, l'ordre d'importance varie quelque peu : par exemple, les transports maritimes à Terre-Neuve sont, sur le plan de la consommation, deuxièmes derrière les transports routiers.

C'est dans les zones urbaines qu'on consomme environ la moitié de l'énergie liées aux transports. Le reste est consommé entre les villes. Seul le secteur des transports dépend presque entièrement d'une forme d'énergie, le combustible liquide (surtout l'essence, le carburant diesel et le carburéacteur), tiré d'une seule source, soit le pétrole. Un minuscule pourcentage provient de l'électricité, qu'on utilise en ville pour le transport en commun. Peu de véhicules roulent au propane ou au gaz naturel comprimé, et moins encore roulent au méthanol (alcool dérivé principalement du gaz naturel). Il faut adapter les moteurs des voitures à ces combustibles. D'un autre côté, de nombreuses stations-service offrent aussi aux automobilistes de l'essence contenant, selon la saison, de 5 à 10 p. 100 d'éthanol (autre alcool tiré du gaz naturel, du maïs ou d'autres céréales renfermant beaucoup de sucre). Tous les moteurs à essence peuvent consommer ce mélange.

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