Cardiff, Janet | l'Encyclopédie Canadienne

Article

Cardiff, Janet

Janet Cardiff, artiste (Brussels, Ont., 15 mars 1957). Elle a obtenu un baccalauréat en beaux-arts de la Queen's University (1980) et une maîtrise en arts visuels de l'Université de l'Alberta (1983).

Cardiff, Janet

Janet Cardiff, artiste (Brussels, Ont., 15 mars 1957). Elle a obtenu un baccalauréat en beaux-arts de la Queen's University (1980) et une maîtrise en arts visuels de l'Université de l'Alberta (1983).Comme d'autres artistes de sa génération, Janet Cardiff choisit de travailler avec une variété de moyens d'expression tels que la vidéo, l'installation et le son enregistré. Depuis 1995, elle est reconnue dans le monde entier pour ses « randonnées » audio et vidéo, pendant lesquelles les visiteurs, tout en écoutant un appareil audio ou en regardant l'écran d'un caméscope, se déplacent en suivant ses indications dans un site choisi et deviennent des « participants » de ses histoires.

Pour faire une randonnée audio, les visiteurs sont d'abord invités à emprunter un appareil audio à la réception de la galerie, puis à se déplacer en suivant un trajet prédéterminé, guidés par la voix enregistrée de J. Cardiff. Ses récits ou murmures sont entrecoupés de bribes de sons ambiants ou d'effets sonores enregistrés à l'aide d'une technique binauriculaire. Ces enregistrements semblent être tridimensionnels et provoquent une incertitude déconcertante quant à ce qui relève de la fiction ou de la réalité.

L'artiste demande aux visiteurs de marcher avec elle, d'accorder leurs pas aux siens et de fusionner leurs pensées aux siennes. Ses ordres (« tournez à droite », « descendez les marches », « suivez-moi ») sont essentiels à la visite et mettent en place un parcours actif qui combine la reconnaissance de l'espace et la mémoire. Le participant écoute ce qu'on lui dit, pendant qu'elle réinvente un lieu chargé de force mythique et symbolique (ses randonnées se déroulent souvent dans des jardins, autour de quelques pâtés de maisons ou à l'intérieur d'un musée). Ce que propose l'artiste, c'est non seulement un parcours géographique mais aussi la découverte d'un territoire intérieur. Les participants suivent ses pas sur des surfaces variées - ciment, herbe, allées de pierres, ponts, sentiers recouverts de copeaux, escaliers, pente escarpée - qui leur font traverser le site et les aident à suivre l'histoire. Les sons associés au fait de fouler ces surfaces texturées mettent en scène l'interrelation entre le moi intérieur et le moi extérieur, et rendent « apparentes » les actions physiques et mentales. Une sensation d'émerveillement en même temps qu'un choc surviennent chez le visiteur lorsque les événements ou les scènes décrites sur l'enregistrement représentent simultanément l'environnement physique réel, comme c'est souvent le cas.

Les randonnées de Janet Cardiff tournent habituellement autour des mêmes thèmes - souvenirs, déplacement et désir. Des pensées, sons, conversations et événements disparates sont placés dans une séquence qui suggère le suspense et le mystère. En fait, elle crée des espaces virtuels... ancrés dans la réalité. Elle amène ses visiteurs à la croisée de la fiction et de la réalité, du réel et du virtuel, des expériences passées et nouvelles, dans un lieu d'une intensité hypnotique et émotive générée par ses mots, ses sons et ses images.

Janet Cardiff collabore souvent avec son mari, George Bures-Miller. Ils ont représenté le Canada à la 49e Biennale de Venise avec The Paradise Institute (2001), une salle de cinéma de 16 places où les spectateurs regardent un film de mystère et deviennent les témoins de la perpétration probable d'un crime qui se joue à la fois à l'écran et parmi l'assistance. The Paradise Institute a connu un immense succès et les artistes ont remporté le prix spécial de la Biennale di Venezia, remis pour une première fois à des Canadiens. Le couple remporte aussi le prix Benesse, récompensant un artiste ou un groupe d'artistes qui tente de bâtir un paysage artistique nouveau dans un esprit d'innovation et d'expérimentation.

Son Forty Part Motet lui vaut le Prix du millénaire du MUSÉE DES BEAUX-ARTS DU CANADA en 2001. Cette installation retravaille la musique chorale de la Renaissance. J. Cardiff se sert d'une pièce du compositeur anglais Thomas Tallis (1514-1585), Spem in Alium, pour enregistrer séparément 40 voix du Salisbury Festival Choir, puis faire jouer ces enregistrements en utilisant 40 haut-parleurs positionnés en des endroits stratégiques de la salle. L'artiste place le visiteur de la galerie en plein cœur de l'un des morceaux de polyphonie chorale les plus complexes jamais composé. Elle crée un lieu où le visiteur peut « entrer dans la musique » et s'approcher des différentes voix. Au centre de la salle, les gens entendent toutes les voix en même temps, mais en déambulant dans la salle, ils peuvent écouter chacune des voix à tour de rôle.

Janet Cardiff et George Bures-Miller vivent et travaillent actuellement à Berlin (Allemagne). Ils ont récemment présenté des expositions à la ART GALLERY OF ALBERTA (2010), au Hamburger Bahnhof de Berlin, en Allemagne (2009), à la Fruitmaker Gallery d'Édimbourg (2008), au Museu d'Art Contemporani de Barcelone (2007), au Louisiana Museum for Moderne Kunst à Humlebæk, au Danemark et au Cobra Museum voor moderne Kunst à Amstelveen, aux Pays-Bas (2006), au Hirshhorn Museum and Sculpture Garden à Washington, mais aussi à la VANCOUVER ART GALLERY (2005), à la galerie Luhring Augustine de New York (2004), au Contemporary Arts Center de Cincinnati (2003), au MUSÉE DES BEAUX-ARTS DE L'ONTARIO (2002), au Musée des Beaux-arts du Canada (2002) et aux Oakville Galleries d'Oakville (2000). Une récente rétrospective de mi-carrière intitulée, Janet Cardiff : A Survey of Works, Including Collaborations with George Bures Miller, a été inaugurée au P.S. 1 Contemporary Art Center, à Long Island (Queens) en 2001 pour se déplacer ensuite à Montréal, Oslo et Turin.