William Lyon Mackenzie King | l'Encyclopédie Canadienne

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William Lyon Mackenzie King

William Lyon Mackenzie King, premier ministre du Canada de 1921 à 1926, de 1926 à 1930 et de 1935 à 1948 (né le 17 décembre 1874 à Berlin [Kitchener], en Ontario; décédé le 22 juillet 1950 à Kingsmere, au Québec). William Lyon Mackenzie King a été la figure politique dominante d’une époque de grands changements. Il a été chef du Parti Liberal de 1919 à 1948, et premier ministre pendant près de 22 ans. Il est le premier ministre canadien ayant exercé ses fonctions le plus longtemps. Durant son mandat, il a guidé le Canada à travers l’industrialisation, une grande partie de la crise des années 1930, et la Deuxième Guerre mondiale. Au moment où il a quitté son poste, le Canada avait acquis une plus grande indépendance de la Grande-Bretagne, et une voix internationale plus importante. Il a également mis en œuvre des politiques comme l’assurance-chômage.

William Lyon Mackenzie King

Jeunesse et éducation

William Lyon Mackenzie King est né à Berlin (maintenant Kitchener), en Ontario, et il est le fils de l’avocat John King et de son épouse Isabel, la fille de William Lyon Mackenzie, le dirigeant de la rébellion du Haut-Canada de 1837. Il a deux sœurs et un frère : Isabel « Bella » Christina Grace (1873–1915), Janet « Jennie » Lindsey (1876–1962), et Dougall « Max » Macdougall (1878–1922). La famille est très unie, mais elle n’a que peu d’argent. William Lyon Mackenzie King est surnommé « Willie » par sa famille, et il est très proche de sa mère, qui a une influence durable sur lui tout au long de sa vie et de sa carrière.

En 1891, William Lyon Mackenzie King s’inscrit à l’Université de Toronto, où il étudie la politique, l’économie, l’histoire constitutionnelle, et le droit. Sa famille déménage à Toronto peu après, son père prend un emploi de chargé de cours à temps partiel à la Osgoode Hall Law School. William Lyon Mackenzie King obtient son diplôme avec mention honorable et il obtient son baccalauréat en art en 1895, suivi d’un baccalauréat en droit 1896, et d’une maîtrise en arts en 1897 à l’Université de Toronto. Il entreprend ensuite des études supérieures en économie politique à l’Université de Chicago et à l’Université Harvard, où il obtient une maîtrise en 1898. En 1900, il accepte un poste au nouveau ministère du Travail, mettant fin à ses travaux de doctorat à Harvard sur les conditions de travail dans l’industrie des vêtements. Il obtient son doctorat de Harvard en 1909.

Alors qu’il est jeune homme, William Lyon Mackenzie King devient engagé dans la réforme sociale (mais pas dans le socialisme). Il est inspiré par l’œuvre d’Arnold Toynbee, un historien de l’économie anglaise qui s’est consacré à l’amélioration de la vie de la classe ouvrière. Membre à vie de l’Église presbytérienne, il est également influencé par le mouvement Social Gospel.

Mackenzie King with Portrait of His Mother

Journalisme

Alors qu’il est étudiant de premier cycle, William Lyon Mackenzie King contribue régulièrement au journal étudiant de l’Université de Toronto, The Varsity. Par la suite, il écrit des articles pour le Evening News de Toronto, le Toronto Star, le Globe de Toronto, et le Mail and Empire (voir aussi Globe and Mail), entre autres.

Débuts de carrière dans le domaine du travail et des relations industrielles

En 1900, William Lyon Mackenzie King se voit offrir un poste au nouveau ministère du Travail fédéral. Cet été-là, il devient le premier rédacteur en chef du Labour Gazette, le journal officiel publié par le ministère entre 1900 et 1978. En septembre, il devient le premier sous-ministre du Travail du Canada. Son intérêt pour le domaine du travail coïncide avec l’expansion du secteur manufacturier et des tensions croissantes dans les relations industrielles. En tant que sous-ministre du Travail, William Lyon Mackenzie King agit à titre de conciliateur lors de plusieurs grèves. Il est la principale influence derrière la Loi sur les enquêtes en matière de différends industriels de 1907; il s’agit d’une loi historique qui retarde le déclenchement des grèves et des lock-out dans les services publics et le secteur minier jusqu’à ce qu’une commission de conciliation ait conclu une entente ou publié un rapport.

William Lyon Mackenzie King décide de quitter la fonction publique et de se présenter aux élections. En 1908, il est élu député libéral de North York. En 1909, il est nommé ministre du Travail au sein du Cabinet de sir Wilfrid Laurier.

William Lyon Mackenzie King est défait aux élections fédérales en 1911 et aux élections de 1917, qui portent sur la question de la conscription. Il maintient ses liens avec le Parti libéral. Durant la guerre, il travaille en tant que consultant en matière de travail et il est employé par la Fondation Rockefeller. Dans son livre Industry and Humanity (1918), il expose son point de vue selon lequel l’industrie est constituée de quatre parties : le capital, la gestion, la main-d’œuvre, et la société. William Lyon Mackenzie King soutient que le gouvernement agissant dans l’intérêt de la société a intérêt à ce que les conflits de travail soient résolus de manière pacifique.

Premier ministre

Lors du congrès à la direction du Parti libéral de 1919, William Lyon Mackenzie King est élu pour succéder à Wilfrid Laurier. Deux ans plus tard, les libéraux remportent les élections fédérales par une faible majorité, et William Lyon Mackenzie King devient premier ministre. Il cherche à regagner la confiance des agriculteurs de l’Ontario et de l’ouest du Canada qui ont soutenu le Parti progressiste nouvellement formé, mais ses réductions des tarifs de transport et des taux de fret ne suffisent pas à les convaincre. Après les élections de 1925, les libéraux ne restent au pouvoir qu’avec le soutien du Parti progressiste. (Voir Élections de 1925 et de 1926.)

Dès la première session du nouveau Parlement, il devient clair que les progressistes veulent retirer leur soutien en raison d’un scandale au sein du ministère des douanes. William Lyon Mackenzie King demande donc au gouverneur général, le vicomte Byng, de dissoudre le Parlement. Cependant, le vicomte Byng refuse et fait appel à Arthur Meighen pour former un gouvernement conservateur; toutefois, il est défait quelques jours plus tard à la Chambre des communes. (Voir Affaire King-Byng.)

William Lyon Mackenzie King

Lors des élections de 1926, William Lyon Mackenzie King insiste sur le caractère présumé inconstitutionnel du gouvernement d’Arthur Meighen. (Voir aussi Constitution du Canada.) Les libéraux remportent toutefois la victoire grâce au soutien des progressistes qui les préfèrent aux conservateurs et à leurs tarifs de transport beaucoup trop élevés.

Au cours des années prospères qui suivent 1926, le gouvernement libéral de William Lyon Mackenzie King se montre prudent et il réduit la dette fédérale. Sa seule initiative est la création d’un régime de pensions de vieillesse. William Lyon Mackenzie King insiste sur l’autonomie canadienne dans ses relations avec le Royaume-Uni. Il contribue également à définir le statut de Dominion lors de la Conférence impériale de 1926. Selon la déclaration de Balfour qui en résulte, les dominions britanniques sont définis comme membres autonomes et égaux des nations du Commonwealth. William Lyon Mackenzie King est satisfait de cette définition, car il est loyal à l’Empire britannique tout en étant le grand défenseur de la souveraineté canadienne. (Voir aussi Affaire Tchanak; Traité du flétan.)

Crise des années 1930

Malgré ses études en économie, William Lyon Mackenzie King est hésitant à reconnaître l’ampleur de la crise économique des années 1930. Il ne note même pas le krach boursier de 1929 dans son journal personnel. Au début, il ne croit pas que la dépression affectera sérieusement le Canada. Il refuse de fournir un financement fédéral aux provinces qui sont aux prises avec le chômage. À l’opposé, les conservateurs de R.B. Bennett promettent des mesures agressives. Conséquemment, les libéraux sont défaits lors des élections de 1930.

William Lyon Mackenzie King s’avère efficace comme chef de l’Opposition. Tout en conservant l’unité de son parti, il accuse R.B. Bennett de ne pas tenir ses promesses et il lui reproche la hausse du chômage et l’augmentation des déficits. Cependant, la seule politique alternative que William Lyon Mackenzie King propose est une réduction des barrières tarifaires. Les politiques de R.B. Bennett comprennent des camps de secours pour les chômeurs, la Loi sur le rétablissement agricole des prairies, la Commission canadienne du blé, et ce qui est connu sous le nom de New Deal de Bennett. Elles échouent toutes à régler les difficultés du pays.

En 1935, le Parti libéral mène sa campagne électorale avec le slogan « King ou chaos ». Il remporte les élections avec une majorité confortable. William Lyon Mackenzie King négocie des accords commerciaux avec les États-Unis en 1935, puis avec la Grande-Bretagne et de nouveau avec les États-Unis en 1938. Cependant, le ralentissement économique de 1937 laisse le gouvernement aux prises avec des coûts de secours élevés, et aucune réponse économique cohérente.

Deuxième Guerre mondiale

William Lyon Mackenzie King se voit obligé de porter plus d’attention aux affaires internationales en raison des développements à l’étranger, comme la crise de l’Éthiopie et celle de Munich. (Voir aussi Affaires mondiales Canada.) Il espère que la guerre avec l’Allemagne sera évitée par conciliation. Tout comme d’autres dirigeants de l’époque, William Lyon Mackenzie King est impressionné par Hitler lorsque les deux se rencontrent à Berlin en Allemagne, le 29 juin 1937. Il note dans son journal intime que Hitler « est un homme qui aime véritablement son prochain ». Bien qu’ils discutent de plusieurs sujets, William Lyon Mackenzie King ne mentionne pas la politique anti-juive du Parti nazi pendant la rencontre. Il existe une discrimination généralisée contre les juifs même au Canada. La politique d’immigration du pays est influencée par un point de vue antisémite. (Voir Paquebot Saint Louis.)

Au moment de leur rencontre en juin 1937, Hitler assure William Lyon Mackenzie King que l’Allemagne n’a aucun désir de guerre. Cependant, les événements révèlent rapidement les vraies intentions de l’Allemagne, anéantissant les espoirs de William Lyon Mackenzie King d’éviter une autre guerre. Alors que la probabilité d’une guerre augmente, il insiste pour que le Parlement canadien (et non le gouvernement britannique) décide de la participation du Canada. Pour rendre une telle décision plus acceptable, particulièrement pour les Canadiens français, il promet qu’il n’y aura pas de conscription pour le service outre-mer. La Grande-Bretagne déclare la guerre à l’Allemagne en septembre 1939. Le Parlement canadien est convoqué à une session d’urgence et, ne rencontrant qu’une opposition purement symbolique, William Lyon Mackenzie King déclare que le Canada entre en guerre. (Voir Le Canada : en route vers la Deuxième Guerre mondiale; Deuxième Guerre mondiale.)

W.L. Mackenzie King

William Lyon Mackenzie King déclenche des élections éclair en 1940. Son gouvernement est réélu avec une majorité accrue. La coopération entre le gouvernement et les dirigeants du monde des affaires et des syndicats permet à la production industrielle canadienne de se retrouver sur un pied de guerre. Conséquemment, les taux de chômage chutent de façon spectaculaire. La remarquable expansion industrielle implique des ententes financières spéciales avec les États-Unis et une planification économique à l’échelle continentale.

Également en 1940, William Lyon Mackenzie King instaure l’assurance-chômage et son programme de reconstruction, fondé sur les principes de l’économie keynésienne, qui comprend des allocations familiales et des propositions en vue d’un programme d’assurance-maladie. Ces mesures ont pour but d’apaiser les Canadiens qui craignent un retour de la crise des années 1930 après la guerre et qui se tournent vers le gouvernement pour une plus grande sécurité sociale.

Conférence de Québec, 1943

Durant la guerre, les premières victoires de l’Allemagne incitent certains Canadiens à promouvoir la conscription. Toutefois, William Lyon Mackenzie King craint une crise politique et il tente de trouver un compromis. En 1940, il adopte la conscription pour la défense du Canada seulement (les hommes ne sont pas recrutés pour combattre outre-mer). Dans un plébiscite en 1942, une majorité de Canadiens se déclarent favorables à ce que le gouvernement soit relevé de sa promesse de ne pas utiliser la conscription pour le service outre-mer; mais les Québécois s’y opposent. Le taux élevé de morts et de blessés en 1944, et la baisse du taux d’enrôlement volontaire entraînent de longs débats au sein du gouvernement, ainsi que la démission du ministre de la Défense, James Layton Ralston. En novembre, William Lyon Mackenzie King accepte subitement d’envoyer une partie des forces de la défense de l’intérieur en Europe; cette décision est acceptée à contrecœur même par les Canadiens français. (Voir aussi William Lyon Mackenzie King et l’effort de guerre; Conférences de Québec 1943 et 1944.)

Les libéraux remportent de peu les élections de 1945. William Lyon Mackenzie King ne joue pas un rôle décisif dans la période de l’après-guerre. Il préfère se limiter à un rôle minimal pour le gouvernement au pays et à l’étranger. On le persuade de donner sa démission à titre de premier ministre en 1948, et Louis St-Laurent lui succède. William Lyon Mackenzie King meurt deux ans plus tard.

Croyances controversées

Les réalisations politiques de William Lyon Mackenzie King sont souvent éclipsées par des révélations voulant que cet homme apparemment convenable et drabe ait été un adepte du spiritisme; il cherche fréquemment à entrer en contact avec sa défunte mère, et d’autres membres de sa famille et amis décédés. William Lyon Mackenzie King tient un journal intime détaillé pendant une bonne partie de sa vie. Ce journal est transcrit et publié en une série de volumes éditée par Pickersgill and Forster; il fournit aux biographes et aux historiens un regard fascinant sur les croyances de William Lyon Mackenzie King, et sur sa vie personnelle et spirituelle.

La publication du livre A Very Double Life de C.P. Stacey en 1976 donne lieu à des spéculations intenses au sujet de la vie sexuelle et spirituelle de William Lyon Mackenzie King. Il est dépeint comme ayant mené une vie semblable à celle de Jekyll et Hyde. Par contre, Allan Levine argumente dans King : William Lyon Mackenzie King : A Life Guided by the Hand of Destiny (2011) que les excentricités de William Lyon Mackenzie King ont influencé ses décisions politiques, et que sa foi et sa spiritualité font partie intégrante de sa personnalité.

Legs

William Lyon Mackenzie King continue d’intriguer les Canadiens. Des critiques soutiennent que sa longévité politique est due à ses évitements et ses indécisions, et qu’il a échoué à faire preuve d’un leadership créatif. Ses défenseurs allèguent que William Lyon Mackenzie King a progressivement transformé le Canada, un pays difficile à gouverner, tout en conservant la nation unie.

Voir aussi Mackenzie King, l’alchimiste; Chronologie : élections et premiers ministres fédéraux.

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