Église unie du Canada | l'Encyclopédie Canadienne

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Église unie du Canada

Constituée le 10 juin 1925, l’Église unie du Canada résulte de la fusion de l’Église presbytérienne du Canada (voir Églises presbytériennes et réformées), de l’Église méthodiste (voir Méthodisme) (du Canada, de Terre-Neuve et des Bermudes), des Églises congrégationalistes du Canada et du General Council of Local Union Churches. Dans l’Enquête nationale auprès des ménages (ENM) de 2011, 2 007 610 Canadiens et Canadiennes se sont identifiés comme membres de l’Église unie du Canada.

Église unie à Saskatoon

Histoire

Lorsque l’Église unie du Canada est formée, le General Council représentait un groupe d’assemblées, surtout en Saskatchewan, qui se rassemblent en prévision de la grande union qui doit suivre. Quelques groupes congrégationalistes et environ un tiers des presbytériens votent pour ne pas adhérer à l’union. En 1968, se joint à l’Église unie la conférence de l’Est du Canada de l’Evangelical United Brethren Church (issue d’un mouvement de réveil de style méthodiste qui apparaît à la fin du 18e siècle chez des colons américains de langue allemande), alors que la conférence de l’Ouest du Canada reste à l’écart.

L’Église unie du Canada est la plus importante Église protestante du Canada, comptant un peu plus de 2 millions de membres en 2011.

Croyances et pratiques

Selon son principe directeur, exprimé dans sa déclaration d’union et réaffirmé en 1935, l’Église unie se veut « une Église non seulement unie, mais aussi unificatrice ». Des pourparlers en vue d’une union avec l’Église anglicane du Canada (voir  Anglicanisme au Canada) sont entrepris en 1944 et sont élargis en 1969 pour inclure l’Église chrétienne (Disciples du Christ), mais ils sont rompus avec la première en 1975 et avec la seconde en 1984. Un autre comité mixte explore les possibilités de rapprochement avec le Catholicisme (voir Catholicisme au Canada). L’Église unie s’engage en faveur de l’œcuménisme depuis ses débuts et participe activement au Conseil canadien des Églises et au Conseil œcuménique des Églises depuis leur formation. Elle participe également à l’Alliance réformée mondiale et au Conseil méthodiste mondial. Ces dernières années, elle dialogue activement avec des représentants d’autres groupements religieux.

La partie doctrinale de la déclaration d’union, avec laquelle les candidats à l’ordination doivent se déclarer « essentiellement d’accord », est rédigée dans le style traditionnel du protestantisme évangélique (voir Mouvements évangélique et fondamentaliste). En 1940, l’Église publie une confession de foi non officielle qui insiste davantage sur les relations personnelles que sur les relations juridiques avec Dieu. En 1969, elle diffuse un credo qui n’est pas conçu pour remplacer les déclarations plus traditionnelles, mais pour exprimer la foi chrétienne en des termes à la fois acceptables dans un contexte œcuménique et faciles à comprendre à notre époque. En pratique, l’Église unie réunit une grande diversité de croyances. Les opinions libérales ont eu une certaine prédominance, mais les dernières années sont marquées par un retour en force de l’évangélisme conservateur. Le Renouveau charismatique exerce également une nette influence.

Les assemblées sont libres de décider du style de leurs offices religieux, qui sont généralement informels, parfois expérimentaux, mais rarement improvisés. De la documentation est publiée de temps à autre et peut inclure l’ordinaire du service religieux. Voices United (1996) contient des hymnes composés récemment dont beaucoup viennent de pays en voie de développement. Compte tenu de l’évolution liturgique du 20e siècle, on a aujourd’hui tendance à se soucier davantage de l’ordonnance logique des offices et à accorder plus d’importance aux sacrements. Quant à la robe noire de l’officiant, elle est souvent remplacée par divers vêtements plus colorés. Ces dernières années, l’emploi d’un lectionnaire est devenu quasi universel.

L’Église est dotée d’un gouvernement conciliaire formé de corps législatifs ou « cours », à savoir, au palier inférieur, 1575 responsabilités pastorales, puis 94 presbytérats et 13 conférences et, enfin, un conseil général biennal. Les assemblées élisent leurs propres dirigeants : des anciens pour les affaires spirituelles et des économes pour les affaires financières. Les organismes régionaux et nationaux comptent un nombre à peu près égal de laïcs et de ministres. Les cours supérieures établissent les politiques de l’Église et légifèrent sur les questions dont l’importance dépasse le palier local, mais les assemblées ont beaucoup d’autonomie. Par contre, l’administration, dont le siège est à Toronto, est fortement centralisée.

Une tendance à la décentralisation se manifeste actuellement. Chaque conférence a maintenant son personnel et détermine ses priorités financières. Certains ministres sont ordonnés alors que d’autres reçoivent le mandat de s’occuper de l’éducation ou d’autres genres de service. Les assemblées choisissent normalement leurs propres ministres, quoique l’Église ait voix au chapitre quant aux nominations. Les femmes peuvent exercer n’importe quelle charge et peuvent notamment, depuis 1936, être ordonnées ministres. On compte actuellement plus de 610 femmes ordonnées, et Lois M. Wilson est la première femme élue au poste de modérateur (1980). Robert B. McClure, qui est longtemps missionnaire médical en Chine, au Proche-Orient et en Inde, est le premier modérateur laïc.

Les organisations bénévoles attirent toujours une forte participation féminine. En 1962, la Woman’s Missionary Society, une ancienne organisation, fusionne avec la Woman’s Association, qui se spécialise dans la collecte de fonds au niveau local, pour former le Comité des femmes de l’Église Unie du Canada. Celui-ci, lors de sa fondation, est l’organisation féminine la plus importante du Canada, mais l’abandon pour la ségrégation fondée sur le sexe diminue son attrait. Son pendant masculin, United Church Men, n’a jamais eu autant de succès.

L’enseignement théologique est donné dans un certain nombre de centres et collèges, généralement en étroite collaboration avec d’autres confessions. D’autres établissements aident à former les laïcs à des rôles de direction ou donnent une éducation permanente aux ministres. L’Église unie maintient une tradition (qui provient surtout des méthodistes) de participation à l’éducation laïque. Elle a aujourd’hui certaines relations officielles avec six universités et collèges postsecondaires. La maison  The Ryerson Press, qui encourage pendant nombre d’années, sous la direction éditoriale de Lorne Pierce de la littérature canadienne, tant religieuse que profane, constitue un autre héritage méthodiste.

Convictions et aperçu

Dans une grande mesure, l’Église doit son existence à la conviction que seuls des effectifs nombreux et solides peuvent répondre aux besoins d’une population canadienne diverse et dispersée. En conséquence, elle se charge toujours d’œuvres qui ne semblent appartenir spécifiquement à aucune autre confession. Ainsi, elle soutient des maisons de refuge, des aumôneries dans les ports, des navires missionnaires, des hôpitaux en régions isolées et des ministères auprès de divers groupes ethniques, autochtones en particulier. De plus, elle aide financièrement une proportion considérable d’assemblées isolées en milieu rural. À l’étranger, l’ancienne pratique voulant que les terres de mission soient dotées en ressources et dirigées à partir du Canada est remplacée par un partenariat avec les Églises locales, dont aucune n’a d’antécédents confessionnels correspondant exactement à ceux de l’Église unie. Les missionnaires œuvrent dans divers pays en fonction des besoins, toujours à la demande et sous la supervision de l’Église qui les accueille.

La majorité de la population canadienne connaît probablement l’Église unie surtout pour la franchise de ses prises de position sur des questions morales et sociales, qui lui font souvent perdre des membres. James R. Mutchmor, secrétaire de l’évangélisation et du service social de 1938 à 1963, engendre une forte publicité en dénonçant l’alcoolisme, le jeu et la pornographie, mais il amène également l’Église à prendre des positions progressistes sur des questions comme les relations de travail et le traitement des prisonniers. Après son époque, le centre d’intérêt passe de la morale personnelle à la justice sociale, à laquelle l’Église travaille généralement en collaboration avec d’autres confessions. Une décision prise en 1988, à savoir que l’orientation homosexuelle ne serait pas un empêchement automatique à l’ordination, suscite beaucoup de controverses. Le Renewal Fellowship, un groupe conservateur au sein de l’Église, est le noyau dur d’une opposition tenace. L’un des défis persistants de l’Église unie est la façon de concilier l’évangélisation et le service social, tout en maintenant son engagement envers tous deux. Dans l’ensemble, elle réussit mieux à élaborer une critique prophétique de la société qu’à formuler une théologie constructive.

Orkney United Church
L'Orkney United Church et la Orkney School.

Lecture supplémentaire

Liens externes