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Théorie et analyse

Théorie et analyse. La théorie musicale est une discipline qui regarde principalement la structure de la musique. Les théoriciens de la musique étudient notamment les techniques d'analyse et de pédagogie, la théorie « pure », les mécanismes de perception psychoacoustique et l'histoire de la théorie.

Théorie et analyse

Théorie et analyse. La théorie musicale est une discipline qui regarde principalement la structure de la musique. Les théoriciens de la musique étudient notamment les techniques d'analyse et de pédagogie, la théorie « pure », les mécanismes de perception psychoacoustique et l'histoire de la théorie. De par son objet même, cette discipline s'exerce dans une perspective globale plutôt que nationale, ce qui fait que nos théoriciens se spécialisent rarement en musique canadienne. (Gail Dixon fait exception avec ses travaux d'analyse sur la musique de John Beckwith, Harry Freedman, Jean Papineau-Couture, Barbara Pentland et d'autres.) Les colloques de théoriciens au Canada ont rarement abordé des sujets spécifiquement canadiens; en fait, la relative absence de contenu national les a distingués jusqu'à présent des conférences tenues dans d'autres pays. Bien que cette tendance puisse s'expliquer, comme on l'a dit, par le propos même d'une bonne partie de la théorie musicale, il est à souhaiter qu'un plus grand nombre de théoriciens canadiens en viennent à reconnaître la musique de leur pays comme un objet d'étude riche et pratiquement vierge, digne d'une analyse approfondie.

Avant 1980, il ne se donnait pratiquement pas au Canada de cours universitaires avancés en théorie musicale et c'est aux États-Unis que la plupart des étudiants obtenaient leur diplôme. À partir de 1991 cependant, la maîtrise fut offerte dans les universités de l'Alberta, d'Ottawa, de la Saskatchewan, de la Colombie-Britannique, de Western Ontario et McGill; les trois dernières institutions ont également mis sur pied un programme de doctorat.

Le titre de premier théoricien canadien de la musique revient sans doute à Robert Talbot, qui publia à Québec, en 1940, un ouvrage intitulé Cycle des quintes : des propriétés de l'intervalle de quinte dans la science, dans l'histoire, dans la pédagogie de la musique. L'une des rares publications du genre à surgir dans les décennies suivantes fut Tonality and Musical Structure (London 1970) de Graham George, où l'auteur propose une théorie originale de la relation entre la forme et le changement de tonalité. Par la suite, la discipline de la théorie musicale connut un tel essor qu'en 1990, on comptait plus de deux douzaines de théoriciens éminents dans les facultés de musique des grandes universités canadiennes, dont Bo Alphonce (Université McGill), William Benjamin et Wallace Berry (tous deux à l'Université de la Colombie-Britannique), William Caplin (Université McGill), Gail Dixon (Un de Western Ontario), Anne Hall (Université Wilfrid Laurier), Edward Laufer (Université de Toronto), Christopher Lewis (Université de l'Alberta), Jean-Jacques Nattiez (Université de Montréal) et Richard Parks (Université de Western Ontario). Les théoriciens élargissant leur champ d'intérêt, certains d'entre eux explorent des domaines et métholodogies où se combinent la théorie, la musicologie et d'autres disciplines non musicales. Parmi ces derniers, on retrouve au Canada : István Anhalt, Regula Burckhardt Qureshi et Jay Rahn. De plus en plus de jeunes théoriciens très bien formés trouvent des emplois dans les grandes facultés de musique canadiennes, assurant par là le développement de la spécialité. On trouve des Canadiens dans presque tous les domaines de recherche et leur apport est hautement reconnu dans le milieu international.

Avant 1986, il ne s'était jamais tenu au Canada de conférence consacrée exclusivement à la théorie musicale. Jusque là, les travaux des théoriciens étaient présentés dans le cadre de rencontres plus générales, comme celles de la SMUC, mais si l'on souhaitait communiquer ses résultats de recherche à ses pairs, on se voyait contraint de le faire en dehors du pays. Pour corriger la situation, on organisa un premier colloque en 1986 à l'Université McGill, un deuxième en 1988 à l'Université de l'Alberta et un autre en 1990 à l'Université de Western Ontario. D'autres conférences biennales sont prévues, et l'on envisage la possibilité d'ouvrir au Canada une branche de la Society for Music Theory américaine ou encore de créer une organisation équivalente au Canada. Quelle que soit l'issue du débat, il semble que la théorie de la musique ait définitivement acquis ses lettres de noblesse dans l'érudition musicale au Canada.

Voir aussi Théorie - Manuels.