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Jeffrey Spalding

Jeffrey John Spalding, C.M., artiste, professeur, conservateur et directeur de galeries d’art (né le 5 novembre 1951 à Édimbourg, en Écosse; décédé le 14 octobre 2019, alors qu’il était en route pour Toronto, en Ontario). Durant la majeure partie des années 1970, Jeffrey Spalding produit des œuvres abstraites, principalement des toiles, générées par des processus prédéterminés et systématiques. Son engagement initial envers les méthodes procédurales de création artistique émerge alors qu’il est à l’école secondaire, en 1968 et 1969. Il perfectionne ce processus lors de ses études universitaires à l’Université de Guelph, entre 1969 et 1972, où en association avec Eric Cameron, Jeffrey Spalding produit une série de sérigraphies et de toiles abstraites, géométriques et aux angles aigus. Il utilise des procédés élaborés à partir de la théorie des couleurs primaires, ainsi que des systèmes alphabétiques et numériques. 

Jeffrey Spalding

Jeffrey Spalding s'exprimant lors d'un événement à Toronto en 2017.

Éducation et début de carrière

 Jeffrey Spalding entreprend des études supérieures à l’Ohio State University en 1975 (maîtrise en éducation artistique). Parallèlement, il commence des études en 1973 au tout nouveau programme de maîtrise des beaux-arts du Nova Scotia College of Art and Design University (NSCAD) (diplômé en 1976). Il est associé au collège en tant qu’étudiant et enseignant pendant une grande partie de cette décennie, et devient professeur adjoint en 1977. En 1976 et 1977, Jeffrey Spalding est également conservateur adjoint à la Galerie d’art de Nouvelle-Écosse à Halifax. En 1977 et 1978, il est directeur de la Anna Leonowens Art Gallery au NSCAD.

Premières œuvres et techniques

La logique des premières œuvres de Jeffrey Spalding est appliquée dans The Black Paintings (1973 à 1975), une remarquable série de canevas carrés (122 cm sur 122 cm), couverts uniformément de 150 couches presque transparentes de peinture acrylique mélangée à de l’eau. Ces toiles sont élaborées à partir d’un principe de la théorie des couleurs selon lequel le mélange du pigment des trois couleurs primaires, ou celui de deux couleurs complémentaires, crée du noir. Lorsque ce mélange de peinture et d’eau est appliqué couche après couche sur le canevas, il se crée un noir impénétrable. Chaque toile apparaît initialement comme un carré noir indifférencié, laissant voir des gouttes de couleur sur les bords exposés de la toile non encadrée, et offrant ainsi un indice sur le processus. Une série de toiles ultérieures, The Diary Paintings (1976 à 1979) explore le sens psychologique des couches de peinture. Ces toiles sont constituées de couches de peinture appliquées successivement, de couleur différente chaque jour pendant un mois, et chaque nouvelle couche obscurcissant la précédente. Le tout est achevé par une couche d’un gris neutre au dernier jour.


Toiles imagistes et stratégies procédurales

De 1978 à 1981, Jeffrey Spalding travaille comme conservateur d’art au Glenbow Museum de Calgary. C’est dans cette ville qu’il réalise ses premières peintures imagistes, en continuant d’utiliser les mêmes méthodes procédurales utilisées pour ses œuvres abstraites. Cependant, il utilise cette fois-ci des processus systématiques pour produire des structures imagistes, des représentations de sujets qui ont de toute évidence une signification personnelle, ainsi que des intérieurs et des perspectives inspirés des environnements domestiques et professionnels de l’artiste. Dans ces œuvres, l’imagerie potentiellement expressive et associative, ainsi que l’objectivité déclarée des moyens utilisés pour l’accomplir, deviennent une source de tension continue et irrésolue.

Les stratégies procédurales continuent d’être une préoccupation dans les œuvres de Jeffrey Spalding tout au long des années 1980. Mais un plus grand degré d’illusionnisme apparaît graduellement dans ses œuvres à mesure que l’élément narratif se manifeste. Une petite toile intitulée Niagara, créée entre 1979 et 1983, amorce une longue série de vues panoramiques des chutes Niagara qui, en se référant ouvertement aux traditions de l’art du sublime et du paysagisme romantique des peintres du 19e siècle, implique des questions culturelles et esthétiques définissables. Vers la fin de cette décennie, de nouvelles images de phénomènes spectaculaires apparaissent dans les œuvres de Jeffrey Spalding (par exemple Event paintings, de 1989 à 1990), toujours en référence au panorama, mais maintenant occupées presque entièrement par des effets de lumière et par l’atmosphère dans le ciel.

Les images de paysages romantiques continuent d’intéresser Jeffrey Spalding. En 1996, il reprend les préoccupations procédurales de ses premières œuvres abstraites, en entreprenant une série de toiles géométriques.


Postes de curateur et de professeur

En 1982, Jeffrey Spalding est nommé directeur et conservateur de la galerie d’art de l’Université de Lethbridge. Il y monte la collection d’œuvres d’art la plus importante et la plus exhaustive du pays, mettant l’accent sur l’art canadien, britannique, américain et international du 19e et du 20e siècles. En tant que professeur d’art et aide-doyen du département des arts à l’École des beaux-arts de cette université, Jeffrey Spalding enseigne les programmes d’atelier et d’histoire de l’art. En 1995, le nouvel Institute for Modern and Contemporary Art de Calgary nomme Jeffrey Spalding codirecteur des programmes.

En 1999, Jeffrey Spalding se joint à la faculté de la Florida State University, et est nommé directeur de son musée d’art, The Appleton Museum of Art à Ocala, en Floride. Il occupe ces fonctions jusqu’en novembre 2002. Il devient ensuite directeur de Galerie d’art de la Nouvelle-Écosse jusqu’en 2007. Il est également président du Glenbow Museum de Calgary jusqu’en janvier 2009, ainsi que directeur artistique et conservateur en chef du Museum of Contemporary Art de Calgary, de 2009 à 2014. Il est aussi président de l’Académie royale des arts du Canada, de 2007 à 2010, ainsi que conservateur en chef de la Galerie d’art BeaverBrook, à Frédéricton, de 2014 à 2017.

Jeffrey Spalding meurt à l’âge de 67 ans des suites d’un accident vasculaire cérébral, lors d’un voyage de Frédéricton à Toronto.

Distinctions et collections

Jeffrey Spalding devient membre de l’Ordre du Canada en 2007 et reçoit la Médaille du jubilé de diamant de la reine Elizabeth II en 2012. Ses œuvres font partie des collections de nombreux importants musées d’art du Canada, dont le Musée d’art contemporain de Montréal, la Vancouver Art Gallery, la Galerie d’art de la Nouvelle-Écosse, la Galerie d’art de Beaverbrook et le Musée des beaux-arts du Canada.