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Rob Stewart

Robert Stewart, réalisateur, écrivain, photographe, défenseur de l’environnement (né le 28 décembre 1979 à Toronto, en Ontario; décédé le 31 janvier 2017 près d’Islamorada, en Floride). Rob Stewart est un cinéaste documentaire écologique, un conservationniste et un activiste fasciné par la vie sous-marine et la photographie depuis son enfance. Ses documentaires à caractère environnemental Sharkwater (2006) et Revolution (2012) battent des records au box-office au Canada et remportent de nombreux prix internationaux. Rob Stewart est porté disparu le 31 janvier 2017 en plongeant dans les Keys de la Floride et est retrouvé mort après trois jours de recherche.
Image: Tom Sandler Photography/CFC/flickr cc.\r\n

Enfance et formation

Rob Stewart naît à Toronto de l’union de Brian et Sandra Stewart, cofondateurs de Tribute Entertainment Media Group. Enfant, il voyage à plusieurs reprises avec sa famille dans les Caraïbes, où il se découvre une fascination pour les requins, qu’il capture et garde dans la baignoire de sa chambre d’hôtel. À l’âge de treize ans, il commence à prendre des photographies sous l’eau; cinq ans plus tard, il obtient sa certification d’instructeur de plongée sous-marine. Il complète un baccalauréat ès science en biologie à l’Université Western Ontario, et étudie par la suite la biologie marine et la zoologie au Kenya et en Jamaïque.

Photographie de la faune et Paul Watson

Après ses études, Rob Stewart se forge une réputation en tant que photographe sous-marin : il travaille à la pige, mais aussi comme photographe en chef des publications de la Fédération canadienne de la faune. Lors d’un voyage aux îles Galapagos en 2002, il découvre les pratiques de pêche à la ligne de fond (lors desquelles une ligne de plusieurs kilomètres de long capture tout sur son passage, y compris les oiseaux de mer, les tortues et les requins). Scandalisé, il produit un documentaire afin de sensibiliser le public aux problèmes qui affligent les populations de requins dans le monde.

À l’origine, il souhaite produire une version sous-marine de Baraka ou de Winged Migration, exclusivement constituée de visuels sous-marins. Mais lorsqu’il se rend aux Galapagos sur le Farley Mowat, un navire commandé par l’environnementaliste Paul Watson, sa caméra est témoin d’un affrontement entre le bateau et des chasseurs de requins. Bien que Paul Watson et son équipage aient la permission des autorités du Costa Rica, ils sont tous arrêtés, et Rob Stewart est presque poursuivi en justice pour tentative de meurtre avant d’être expulsé du pays.

Sharkwater (2006)

Le cinéaste retourne clandestinement au Costa Rica pour filmer des scènes de prélèvement des ailerons de requin par dépeçage à vif. Au cours des années qui suivent, il filme du contenu pour son film un peu partout dans le monde, souvent avec beaucoup de difficulté et à ses propres risques et périls. Il peine à assembler les différentes scènes afin de former un ensemble cohérent.

Après qu’il participe à un séminaire donné par le célèbre gourou de la scénarisation Robert McKee, Rob Stewart décide de donner à son film un ton plus dramatique en mettant sa personnalité et ses propres efforts au centre du récit. Lorsque Sharkwater est présenté au Festival international du film de Toronto en 2006, il reçoit une nomination au prix Génie dans la catégorie du meilleur film documentaire, en plus d’être sélectionné dans le palmarès des dix meilleurs films de l’année au Canada. Sharkwater établit aussi un nouveau record, celui des meilleures recettes lors du week-end d’ouverture pour un documentaire canadien. Le film est distribué à l’échelle mondiale et devient l’un des documentaires canadiens les plus lucratifs de l’histoire. Il joue un rôle primordial dans la défense des requins; au lendemain de la sortie du documentaire, au-delà de 80 pays interdisent la pêche aux ailerons de requin. Rob Stewart publie également un livre de photographies et de commentaires intitulé Sharkwater: An Odyssey to Save the Planet, qui sert d’accompagnement au film.

Revolution (2012)

Lors de sa tournée mondiale pour promouvoir Sharkwater, le cinéaste se fait demander, lors d’une projection à Hong Kong, pourquoi il est aussi décidé à sauver les requins alors que des scientifiques avancent que les océans seront totalement dépourvus de vie d’ici 2048. Cette question soulève en lui le désir d’explorer, dans un deuxième documentaire, une grande variété de sujets environnementaux, de la déforestation à la dépendance aux combustibles, en passant par l’érosion de la vie marine. Rob Stewart réussit à trouver du financement pour son projet, mais il prétend avoir perdu beaucoup de ses commanditaires privés après avoir prononcé un discours encourageant la « révolution » sur la Colline du Parlement.

Tournant encore une fois autour de la personnalité photogénique et intrépide du cinéaste, le documentaire Revolution (2012) remporte de nombreux prix dans divers grands festivals et établit un record, se classant au deuxième rang des meilleures recettes lors du week-end d’ouverture pour un documentaire canadien, après Sharkwater. Le livre qui accompagne le film, Save the Humans, est publié par Random House Canada en 2012.

Autres projets

Rob Stewart donne des conférences et des séminaires sur l’environnement à de nombreux endroits, notamment l’université Yale et le Musée royal de l’Ontario. Il fonde United Conservationists, une organisation internationale qui « fournit aux gens les outils nécessaires pour être des défenseurs efficaces de la protection de leurs écosystèmes tant à l’échelle locale que mondiale », de même que Fin Free, une société de conservation des requins dédiée au « massacre mondial des requins ». Il est aussi membre du conseil d’un certain nombre de groupes de conservation, dont Wildaid, Shark Savers, Shark Free, Shark Research Institute et MEGA Global Initiative de la NASA.

En juillet 2014, Rob Stewart parcourt la France à vélo, vêtu d’un costume de requin en spandex dans le but d’amasser des fonds pour l’organisme de charité britannique Big Change. Il coréalise aussi The Fight for Bala (2015), un court documentaire produit pour le Huffington Post à propos d’une petite communauté dans la campagne ontarienne se battant pour arrêter le développement d’une centrale électrique proposée.

Décès

Le 31 janvier 2017, Rob Stewart fait de la plongée sous-marine près de Islamorada dans les Keys de la Floride, tournant des images pour Sharkwater: Extinction, une suite à son premier documentaire couronné de succès. Dans l’espoir de filmer un poisson-scie, une race de requin insaisissable facilement effrayée par le bruit et les bulles d’un équipement de plongée, Rob Steward plonge avec un appareil à circuit fermé, un système fermé qui convertit le dioxyde de carbone que le plongeur expire en air respirable. Même si Rob Stewart est un plongeur très expérimenté et un instructeur de plongée certifié, il n’a jamais utilisé un tel appareil avant janvier 2017 et n’a obtenu sa certification que le 27 janvier.

Quatre jours plus tard, l’instructeur qui l’a certifié, Peter Sotis, plonge avec Rob Stewart pour explorer l’épave d’un navire à vapeur canadien au large des Keys de la Floride Keys à la recherche du poisson-scie. Après avoir plongé trois fois à une profondeur d’environ 70 m (il n’a jamais été aussi creux), les hommes refont surface vers 17 h et donnent le feu vert aux membres d’équipage de leur bateau de plongée. Cependant, quelques minutes après l’embarquement, Peter Sotis perd connaissance et pendant que les membres de l’équipage se précipitent pour le ranimer, ils perdent Rob Stewart de vue. Ils signalent immédiatement sa disparition et en moins de cinq minutes, une recherche de la Garde côtière est lancée. La recherche est annulée après 72 heures, mais quelques minutes plus tard, une équipe de plongeurs découvre le corps de Rob Stewart au fond de l’océan à environ 100 m de l’endroit où il a été vu la dernière fois.

Héritage et hommages

Après la mort de Rob Stewart, près de 200 000 $ sont recueillis par l’entremise de financement participatif pour aider sa recherche et sont donnés à Fin Free, sa société de conservation des requins. Les hommages affluent de personnalités publiques comme le maire de Toronto, John Tory et les documentaristes Les Stroud et Adrian Grenier. Dans le Globe and Mail, son mentor Paul Watson écrit « [Rob Stewart] m’a dit une fois qu’il comprenait que son travail était dangereux, mais que le moindre de ces dangers était de se faire tuer par un requin… Il manquera beaucoup à sa famille et ses amis, ses concitoyens canadiens et aux gens dévoués et engagés autour du monde qui n’oublieront jamais son travail, son courage, son talent, sa détermination, son imagination et sa grande passion pour la vie, la beauté et la vérité ».

Le 25 février 2017, Cineplex projette Sharkwater dans certains théâtres à travers le pays; l’entrée au public est gratuite en échange d’un don au Fonds mondial pour la nature (WWF) Canada. Aux prix Écrans canadiens 2017, George Stroumboulopoulos, un ami de Rob Stewart, annonce que le prix Écran canadien du Meilleur programme ou série documentaire (nature et sciences) sera désormais nommé en l’honneur du cinéaste et que 25 000 $ sera remis au lauréat du prix pour les cinq années à venir.

Prix

Sharkwater

  • Prix du public, Atlantic Film Festival (2006)
  • Prix du jury, Meilleur documentaire, Ft. Lauderdale International Film Festival (2006)
  • Prix du public, Ft. Lauderdale International Film Festival (2006)
  • Prix Spirit of Independents, Ft. Lauderdale International Film Festival (2006)
  • Prix de la Guilde, Documentaire, Guilde canadienne des réalisateurs (2007)
  • Meilleur documentaire jeunesse, Bergen International Film Festival (2007)
  • Prix Jameson Audience, Meilleur documentaire international, Encounters South Africa International Documentary Film Festival (2007)
  • Prix du public, Durban International Film Festival (2008)

Revolution

  • Prix Most Popular Environmental Film, Vancouver International Film Festival (2012)
  • Prix du public, Meilleur documentaire, Atlantic Film Festival (2012)

Écrits

Sharkwater: An Odyssey to Save the Planet (Key Porter Books, 2007)

Save the Humans (Random House Canada, 2012)

Liens externes