Protestantisme | l'Encyclopédie Canadienne

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Protestantisme

Lorsqu'une majorité catholique soigneusement arrangée rejette certaines réformes à la diète de Spire (Allemagne) en 1529, la minorité défaite reçoit le nom de « protestants », dérivé d'un mot latin qui veut dire « témoigner en faveur de quelque chose ».
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(avec la permission de Maclean's)

Protestantisme

Né de la Réforme dans l'Europe chrétienne du XVIe siècle, le protestantisme est la tradition religieuse du CHRISTIANISME occidental qui rejette l'autorité papale de Rome. On considère que les protestants ont tous en commun trois convictions fondamentales : 1) la Bible est l'autorité suprême en matière de vérité religieuse; 2) l'être humain n'est sauvé que par la grâce de Dieu, c'est-à-dire par un don non mérité; 3) tous les chrétiens sont prêtres, c'est-à-dire qu'ils peuvent intercéder auprès de Dieu pour les autres et pour eux-mêmes, témoigner, confesser leurs péchés et être pardonnés.

Lorsqu'une majorité catholique soigneusement arrangée rejette certaines réformes à la diète de Spire (Allemagne) en 1529, la minorité défaite reçoit le nom de « protestants », dérivé d'un mot latin qui veut dire « témoigner en faveur de quelque chose ». Le rejet de l'enseignement et de la pratique catholiques prend rapidement pour cible l'autorité du pape, souvent appelé « Antéchrist » par les protestants. Le rejet de la papauté est le seul trait commun de tous les protestants à toutes les époques.

Émergence de la civilisation occidentale

On a dit que les trois autres convictions protestantes ont eu une influence décisive sur la formation de la civilisation occidentale. Par exemple, la vénération qui entoure la Bible a favorisé l'alphabétisation et l'éducation populaire. Paradoxalement, l'expérience de la gratuité du don de Dieu a porté les protestants à préconiser une morale stricte et à travailler beaucoup; c'est ce que le sociologue Max Weber appelle l'« éthique protestante ». Le « sacerdoce des fidèles » est à l'origine de la démocratie moderne et a suscité une activité terrestre qui, ironiquement, a favorisé la sécularisation (optique qui fait abstraction du sacré). Les spécialistes sont en profond désaccord quant au bien-fondé de ces affirmations, mais la plupart des protestants sont heureux d'y souscrire.

En réalité, la pratique du protestantisme a souvent occulté les trois caractéristiques contestées. Bien que les protestants s'accordent pour reconnaître l'autorité de la Bible, ils l'interprètent souvent différemment et n'insistent habituellement pas sur les mêmes aspects. On remarque que les protestants parlent de la grâce de Dieu, mais agissent comme si tout dépendait de leurs efforts humains. Quant au sacerdoce des fidèles, sa valeur est affaiblie par le respect porté aux ministères conférés par ordination de la Parole, des sacrements et du travail pastoral.

Contrastes avec les catholiques

Contrairement aux catholiques (voir CATHOLICISME), les protestants ne célèbrent généralement que deux sacrements (le baptême et l'eucharistie) et mettent l'accent sur la prédication ainsi que sur le caractère relativement informel de leurs offices religieux dominicaux. Les assemblées protestantes chantent souvent en choeur. Les temps forts de leur calendrier religieux sont Noël, Pâques et la Pentecôte (fête de la descente du Saint-Esprit et de la fondation de l'Église). Quelques confessions protestantes seulement (les anglicans surtout) comptent des évêques parmi leur clergé, lequel comprend habituellement des femmes, quoique en petit nombre. Les laïcs tiennent généralement une place importante dans la vie de la communauté, qui demeure la cellule essentielle et typique des Églises protestantes.

Les premiers explorateurs français amènent des aumôniers protestants au Canada, et les violentes querelles entre ceux-ci et les aumôniers catholiques marquent le début d'une tendance qui continuera à marquer l'histoire religieuse du Canada. Vers 1659, toutefois, il est devenu évident que les protestants ne seront pas tolérés en Nouvelle-France. Après la CONQUÊTE britannique, c'est maintenant aux protestants à tenir le haut du pavé; jusque vers l'époque de la Deuxième Guerre mondiale, ils dominent la culture et les institutions du Canada anglais. La suprématie protestante est finalement neutralisée par l'arrivée d'immigrants européens, dont beaucoup sont catholiques, juifs ou chrétiens orthodoxes, et par la sécularisation. Les protestants constituent aujourd'hui 36 p. 100 de la population canadienne; à peine un peu plus de la moitié d'entre eux appartiennent à l'ÉGLISE UNIE DU CANADA et à l'Église anglicane du Canada (voir ANGLICANISME).

Aspects distinctifs

Le protestantisme s'est manifesté de façon caractéristique au cours de l'histoire canadienne. Les luthériens ont occupé une place considérable dans les pays d'Europe continentale, mais pas au Canada anglais. En Angleterre, l'Église anglicane était l'Église dominante, situation qu'elle n'est jamais parvenue à atteindre au Canada. Aux États-Unis, les confessions protestantes se sont multipliées mais, au Canada anglais, les unions entre Églises se sont effectuées plus facilement, et quelques confessions ont atteint une grande importance. Jusqu'à l'immigration non protestante et la sécularisation qui ont marqué le XXe siècle, les protestants du Canada n'ont guère eu de motifs de protester.

Nous avons vu que les historiens sont en désaccord sur la nature de l'héritage protestant; aujourd'hui, beaucoup s'interrogent sur l'avenir du protestantisme. Les protestants marient des non-protestants de plus en plus fréquemment et librement. La société canadienne est de plus en plus sécularisée; la vie religieuse elle-même est une affaire plus privée que jadis. En raison de l'intérêt nouveau que les catholiques canadiens accordent à l'étude de la Bible, à l'expérience de la grâce de Dieu dans le RENOUVEAU CHARISMATIQUE et à l'importance des ministères et des vocations laïques, les trois convictions déclarées du protestantisme semblent moins proprement protestantes. Du côté protestant, l'affection et le respect que beaucoup ont manifestés à certains papes récents donnent lieu à des conjectures selon lesquelles le seul pilier immuable du protestantisme est peut-être en voie de s'écrouler.

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