Le Parti
vert du Canada, l’un des partis
politiques du paysage fédéral, considère que l’environnementalisme
est la solution pour développer une société durable. Trois candidats du Parti
vert ont été élus à la Chambre
des communes lors des élections fédérales d’octobre 2019. Elizabeth
May, la chef du parti depuis 2006, a démissionné de son poste en novembre
2019. Annamie Paul, une avocate des droits
de la personne de Toronto, est devenue la première Canadienne
noire et la deuxième Canadienne
juive à diriger de façon permanente un parti politique fédéral lorsqu’elle
a été élue chef du Parti Vert le 3 octobre 2020.
Idéologie
Fondé en
1983 et inspiré par la réussite de ses partis-frères en Nouvelle-Zélande et en
Allemagne, le Parti vert cherche à élargir le traditionnel débat gauche-droite
en mettant un accent particulier sur la protection de l’environnement et la
préservation des ressources naturelles. En 2002, le Parti vert adopte les six
principes fondamentaux de la Charte des Verts mondiaux : la
sagesse écologique, la justice sociale, la démocratie participative, la
non-violence, le développement durable et le respect de la diversité.
Au Canada, le chef fondateur du parti est Trevor Hancock, qui dirige l’organisation de 1983 à 1984, suivi de Seymour Trieger (1984-1988), de Kathryn Cholette (1988-1990), de Chris Lea (1990-1996), de Wendy Priesnitz (1996-1997), de Harry Garfinkle (1997), de Joan Russow (1997-2001), de Chris Bradshaw (2001-2003), de Jim Harris (2003-2006) et d’Elizabeth May (2006-2019).
Orientation politique
Au fur et à
mesure que l’activisme écologique passe des mains des groupes d’intérêts à
celles d’un nouveau parti politique, des questions apparaissent : quelle
sorte de parti est-ce et où se situe-t-il dans le paysage politique? Le Parti
vert préconise-t-il une idéologie complètement nouvelle? Comment pourra-t-il
aller au-delà d’un problème unique et adopter un point de vue global qui couvre
un large éventail d’enjeux sociaux?
Si le Parti
vert penche vers la gauche, comment peut-il se différencier d’un parti
social-démocrate tel que le Nouveau Parti démocratique
? De nombreux activistes du Parti
vert se défendent d’être « de gauche ou de droite », voyant plutôt
l’organisation comme un amalgame de politiques progressistes sur le plan
social, conservatrices sur le plan fiscal et écologique en matière
d’environnement. Elizabeth May
, devenue chef du Parti vert en
2006, guide le parti dans une direction plus centriste.
D’autres
sujets de débat fondamentaux surgissent, notamment en ce qui a trait à la
centralisation — ou la décentralisation — de la prise de décisions au sein du
parti et à la manière de coordonner les partis verts des provinces avec le
parti national.
Premières difficultés
Le Parti
vert présente des candidats aux élections fédérales
depuis 1984. Au cours de
chacune des quatre premières élections, le parti présente moins de 100
candidats. La situation change en 2004, sous la direction de Jim Harris, alors
qu’il compte des candidats dans chacune des 308 circonscriptions fédérales.
Depuis, le parti ne cesse de prendre de l’importance. En 2004, il recueille plus de 582 000 voix (soit 4,3 % de l’ensemble des voix). En 2006, le parti recueille plus de 664 000 voix (4,5 %) ; ce résultat déçoit pourtant de nombreux membres, qui s’attendaient à une performance beaucoup plus spectaculaire du parti sous la direction d’Elizabeth May, leader de renom. Deux ans plus tard, aux élections de 2008, le parti connaît un regain considérable, obtenant plus de 937 000 voix (6,8 % de l’ensemble des voix).
Élection fédérale de 2011
Lors des
élections fédérales de 2011, le Parti vert ne récolte que 576 221 voix (soit
3,9 % de l’ensemble des voix). Toutefois, c’est une importante victoire
pour Elizabeth May, qui remporte un siège dans la circonscription britanno-colombienne
de Saanich-Gulf Islands et
devient ainsi la première députée à représenter le parti au Parlement
. Depuis, Elizabeth May a été nommée
parlementaire de l’année (2012) par ses collègues de la Chambre des communes,
députée la plus assidue (2013) et meilleure oratrice (2014). À partir de
décembre 2013, May ne fera plus cavalier seul à la Chambre des communes
; en effet, un second représentant
fédéral se joint à elle, en la personne de Bruce Hyer, ancien député néo-démocrate
ayant rejoint les rangs de son
parti.
Élection fédérale de 2015
Les
élections de 2015 sont une déception pour les verts, qui espéraient poursuivre
une ascension continue. Elizabeth May est la seule candidate du Parti vert à
être élue dans le pays, et le Parti recueille 3,5 % des suffrages, soit
légèrement moins que le résultat obtenu en 2011.
Élections fédérales de
2019
Toutefois,
l’appui pour le Parti vert augmente à l’approche des élections fédérales
d’octobre 2019. En mai 2019, Paul Manly remporte l’élection partielle de Nanaimo
-Ladysmith
, sur l’île de Vancouver
, devenant ainsi le deuxième député
élu sous la bannière du Parti vert. Le même mois, les verts publient Mission :
Possible, leur plan d’action climatique de 20 étapes. En août 2019,
Elizabeth May annonce un plan visant à aider les travailleurs de l’industrie du
pétrole et du gaz à faire la transition vers une économie basée sur l’énergie
renouvelable. En septembre 2019, les sondages démontrent que le Parti vert se
trouve en quatrième place, tout juste derrière le Nouveau Parti démocratique
de Jagmeet Singh
.
Au cœur de
la plateforme de la campagne de 2019 du Parti se trouve la quasi-élimination de
l’utilisation de combustibles fossiles ainsi que le développement d’une économie
durable. Ceci inclut l’opposition continue à l’expansion du pipeline et à
l’augmentation correspondante du passage de pétroliers. Les verts proposent
également une stratégie nationale complète sur le climat et l’énergie, un plan
pour la taxe sur le carbone et les
dividendes
,
ainsi que la fin des subventions gouvernementales liées aux industries des
combustibles fossiles. De plus, la plateforme comprend la mise en place d’un
régime national d’assurance-médicaments et l’élimination des frais de scolarité
pour les étudiants de niveau postsecondaire. Le Parti vert promet également
plus de soutien aux aînés, un revenu de subsistance garanti, un engagement
soutenu en faveur de la réconciliation avec les peuples autochtones
du Canada et un appui
renouvelé pour la recherche scientifique.
À la fin du
mois de septembre, le parti publie un document soulignant les coûts et les
avantages économiques de sa plateforme. Cependant, certaines promesses clés du
Parti, telles que l’élimination progressive de la production de sables
bitumineux, n’y sont pas incluses. Des analyses indépendantes effectuées par le
directeur parlementaire du budget (DPB) et l’Institut des finances publiques et
de la démocratie (IFPD) de l’Université d’Ottawa mettent en doute l’exactitude
et la fiabilité des chiffres du Parti vert.
Le 21 octobre
2019, les verts remportent trois sièges, Elizabeth May et Paul Manly sont
réélus dans leur circonscription en Colombie-Britannique
, tandis que Jenica Atwin remporte
la circonscription de Fredericton
, au Nouveau-Brunswick
. C’est la première victoire du
Parti vert du Canada dans les provinces de l’Atlantique
. Bien qu’il s’agisse d’une réussite
importante, ce n’est cependant pas la percée escomptée par de nombreuses
personnes. Malgré tout, Elizabeth May est optimiste et croit que le parti peut
apporter une « contribution importante » au nouveau gouvernement
minoritaire libéral.
Elizabeth
May démissionne du poste de chef du parti le 4 novembre 2019. Elle
continue de siéger comme députée et de rester chef du caucus parlementaire.
Jo-Ann Roberts, ancienne journaliste, a pris la relève en tant que chef intérimaire.
Congrès de la direction de
2020
En raison
de la pandémie COVID-19, le congrès de la direction du Parti Vert se tient en
ligne du 26 septembre au 3 octobre 2020. Le nombre de membres du
parti ayant le droit de vote – 34 680 – est presque dix fois supérieur au
nombre de membres ayant participé à la dernière élection à la direction en
2006. Le taux de participation à la convention en ligne 2020 est élevé,
puisque 23 877 membres, ou 68,8 % des personnes éligibles, votent.
Annamie Paul, une avocate des droits de la personne de Toronto, est élue chef du Parti vert, devant sept autres candidats, au huitième tour de scrutin. Enfant d’immigrants des Caraïbes, cette femme bilingue est devenue la première Canadienne noire et la deuxième Canadienne juive à diriger de façon permanente un parti politique fédéral. Elle a auparavant été conseillère auprès de la Cour pénale internationale et de la mission du Canada auprès de l’Union européenne. Paul briguera la circonscription de Toronto-Centre, libérée par la démission de Bill Morneau, lors d’une élection partielle prévue le 26 octobre. Elle a terminé quatrième dans la circonscription aux élections fédérales de 2019.

Progrès provincial
Des partis
verts provinciaux existent dans la majorité du Canada. Certains d’entre eux ont
d’ailleurs réalisé d’importants progrès au cours des élections les plus
récentes. Le Parti vert de Colombie-Britannique remporte son premier siège à
l’Assemblée législative lors des élections provinciales de 2013. Lors des
élections de 2017, les verts élisent trois candidats à la législature de la
Colombie-Britannique. Depuis, ils soutiennent le gouvernement minoritaire NPD
dirigé par John Horgan en échange de compromis environnementaux. Au
Nouveau-Brunswick, les verts remportent un siège en 2014, ainsi que trois
sièges aux élections provinciales de 2018. En 2015, le premier candidat vert
est élu à l’Assemblée législative de l’Île-du-Prince-Édouard
. En 2019, le Parti remporte huit
sièges à l’Î.P.E et devient l’opposition officielle, une première pour le Parti
vert. Le Parti remporte également un siège en Ontario lors des élections provinciales
de 2018
Défis
Le Parti
vert doit surmonter, au cours de son histoire, de nombreux obstacles dans sa
quête pour s’imposer sur la scène politique canadienne. La stratégie des partis
au Parlement
est en règle générale de ne
pas tenir compte des verts, les diffuseurs excluent parfois le parti des débats
télévisés mettant en vedette les principaux leaders et les systèmes électoraux
n’attribuent pas les sièges proportionnellement au nombre de votes. En 2019,
près de 6 % des électeurs appuient le parti, dont les députés élus
représentent pourtant moins de 1 % de la Chambre des communes
. C’est pourquoi certains citoyens
hésitent à voter pour le parti puisque, pour eux, il s’agit d’un vote perdu. En
ce qui concerne le Parti vert, un système électoral plus proportionnel pourrait
véritablement changer la donne.
Le Parti
vert est passé du statut de parti marginal à un statut de petit parti important
(avec des sièges à la Chambre des communes et dans quatre législatures
provinciales).