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Industrie océanographique

La recherche d'hydrocarbures au large des côtes, moteur du développement de l'industrie marine, démarre pour de bon au début des années 60 dans les eaux peu profondes du golfe du Mexique.

Industrie océanographique

La recherche d'hydrocarbures au large des côtes, moteur du développement de l'industrie marine, démarre pour de bon au début des années 60 dans les eaux peu profondes du golfe du Mexique. Depuis lors, la recherche s'étend aux eaux côtières de la mer du Nord, de l'Australie, de l'Asie du Sud-Est, de l'Inde et du Canada. Plus de 40 pays y prennent part, créant un marché potentiel d'exportation de services et d'équipements, qui a un grand impact sur le développement de l'industrie marine canadienne.

En 1978, à l'initiative du gouvernement fédéral, un groupe de travail dénombre 180 entreprises engagées dans l'industrie marine. Quarante d'entre elles sont spécialisées et la majeure partie de leurs revenus dépend de ce marché. À la fin de 1982, le nombre d'entreprises dans ce domaine a augmenté d'environ 15 p. 100. Les exportations comptent pour environ 50 p. 100 des ventes de l'industrie et portent sur des équipements (plates-formes de forage, SUBMERSIBLES, accessoires de forage en mer) et des services de plongée et d'ARPENTAGE sous-marins.

Plates-formes de forage

Les plus grands équipements produits au Canada pour le travail en mer sont les diverses plates-formes qui supportent l'équipement de forage. Entre 1978 et 1982, MIL Davie (anciennement Davie Shipbuilding Ltd.) de Lauzon, au Québec, le plus grand chantier naval au Canada, se lance résolument dans ce domaine au moment où le nombre de commandes de construction de bateaux classiques diminue dans le sillage d'une récession mondiale des transports maritimes (voir CONSTRUCTION NAVALE ET RÉPARATION DE NAVIRES). En 1983, Davie reçoit des commandes de construction de 12 plates-formes autoélévatrices sous licence du concepteur, Marathon le Tourneau de Vicksburg au Mississippi. La plupart de ces systèmes, conçus pour fonctionner directement sur le fond marin d'eaux relativement peu profondes, sont destinés au golfe du Mexique. Durant les années 80, aucune des plates-formes autoélévatrices construites au pays n'est conçue pour servir dans les eaux canadiennes, bien que de telles plates-formes supportées par le fond de mer, mais construites à l'étranger, soient utilisées dans les eaux peu profondes sans glace au large de l'ÎLE DE SABLE, en Nouvelle-Écosse. La récession dans l'industrie pétrolière à la fin des années 80 influence défavorablement les ventes.

En 1987, Davie ne reçoit aucune commande de construction de plate-forme. Plusieurs entreprises canadiennes, dont Mobil Oil Canada Ltd. et Dome Petroleum Ltd., cherchent à mettre au point des systèmes reposant sur le fond marin et capables de résister aux chocs d'une GLACE MARINE mouvante.

Dans les régions où banquises et ICEBERGS présentent des dangers, comme dans la MER DE BEAUFORT dans l'ouest de l'Arctique et aux Grands Bancs au large de Terre-Neuve, la stratégie la plus utilisée est de les éviter. On y utilise donc des plates-formes de forage mobiles, soit des navires, soit des plates-formes semi-submersibles (c'est-à-dire des plates-formes montées sur des pontons stabilisateurs flottant, submergées, amarrées ou positionnées par des moteurs sur le site du forage). La première plate-forme semi-submersible est en construction en 1982 aux chantiers Saint John Shipbuilding & Dry Dock Co. Ltd. de Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick.

Véhicules sous-marins

C'est dans le domaine de la HAUTE TECHNOLOGIE associée à l'exploration des eaux plus profondes des plateaux continentaux du monde que les Canadiens sont probablement les plus réputés, en particulier dans la conception et la construction de véhicules et de systèmes sous-marins habités et téléguidés. Un des constructeurs canadiens de submersibles les plus connus (jusqu'à sa mise en règlement judiciaire en 1978) était International Hydrodynamics Co. Ltd. de Vancouver, fabricant de la famille Hyco de sous-marins habités, et portant les noms des signes du zodiaque. En 1976, sa meilleure année, Hydrodynamics emploie 165 personnes, mais un surplus de submersibles sur le marché mondial, accompagné de restrictions draconiennes dans les opérations en mer du Nord d'un important client britannique, entraînent finalement la liquidation de cette entreprise novatrice.

On se sert de submersibles depuis une vingtaine d'années, mais depuis le milieu des années 70, les véhicules téléguidés (qui n'exigent pas d'équipements de survie complexes et coûteux) sont suffisamment perfectionnés pour concurrencer les submersibles habités. Les submersibles téléguidés fabriqués par International Submarine Engineering (ISE) Ltd. de Port Moody, en Colombie-Britannique, sont utilisés en Extrême-Orient, en mer du Nord, au Moyen-Orient et dans d'autres régions productrices de pétrole.

ISE est fondée par son président, James MacFarlane, en 1974, lorsque le domaine en est encore à ses premiers balbutiements. À la fin de 1987, ISE a déjà conçu et construit plus de 158 systèmes, la plupart destinés à l'exportation. ISE fabrique une famille de submersibles qui sont généralement inhabités et commandés à l'aide de câbles par un opérateur à la surface. La conception et la mise au point de la nouvelle technologie se font à toute vitesse. Les premiers sous-marins téléguidés sont équipés de caméras et servent à l'inspection des PIPELINES. Les machines modernes commandées par ordinateur effectuent des tâches plus complexes, dont des inspections de plates-formes et des boucles des chaînes d'ancrage, à des profondeurs de plus de 1000 m. L'appareillage de diagnostic à bord des modèles les plus récents permet aux techniciens au laboratoire d'ISE, à Port Moody, de surveiller les travaux à l'intérieur d'un submersible fonctionnant à partir d'un navire de forage aussi loin qu'en Australie.

En 1983, ISE construit un submersible de forage à des profondeurs encore plus grandes (environ 2500 m, un record mondial). En 1987, il l'adapte pour des profondeurs de 5000 m. ISE met aussi au point le premier d'une série d'une nouvelle génération de submersibles autonomes, les ARCS (autonomous remotely controlled submersible).

En plus des submersibles habités et des submersibles téléguidés autopropulsés, les entreprises canadiennes conçoivent et construisent aussi des dispositifs sous-marins remorqués destinés à accomplir diverses tâches allant de la localisation des sous-marins ennemis à la détection d'épaves ou de structures géologiques susceptibles de renfermer des gisements d'hydrocarbures. Un chef de file dans ce domaine est Fathom Oceanology Ltd. de Mississauga, en Ontario, qui ne cesse de se développer depuis sa fondation en 1978. Fathom produit notamment des habitacles en forme de poissons pour les détecteurs et les systèmes de remorquage de bateau associés, des accessoires de plate-forme de forage (par exemple, gaines de câbles, tuyaux et tubes ascenseurs) et des dômes de SONAR pour les bateaux et de l'équipement maritime associé. L'expertise de l'entreprise s'étend au-delà de l'aspect purement mécanique des systèmes de remorquage sous-marins, dans la micro-informatique et l'électronique.

En 1986, Fathom exporte environ 75 p. 100 de ses ventes, tandis que les marines d'Amérique du Nord et d'Europe occidentale fournissent la moitié des revenus de l'entreprise qui s'élèvent à 19,4 millions de dollars. Le système remorqué BATFISH, conçu par le Bedford Institute of Oceanography et équipé pour le transport d'appareils de recherche océanographique, est construit par Guildline Instruments de Smiths Falls en Ontario.

La plongée

Il faut encore des plongeurs habiles pour effectuer les tâches les plus délicates de l'industrie marine. Les plongeurs canadiens sont exposés à d'énormes pressions et à d'autres dangers potentiels, aussi sont-ils bien payés. En 1987, les plongeurs des champs pétrolifères et gaziers au large gagnent jusqu'à 60 000 dollars par année. Les spécialistes qui travaillent à l'étranger gagnent encore davantage, d'où la crainte d'une pénurie au pays de personnes hautement qualifiées. Aujourd'hui, environ 75 p. 100 des plongeurs au service de l'industrie marine intérieure sont canadiens. Seule Terre-Neuve favorise ses ressortissants dans cette industrie.

Les plongeurs dans les cloches travaillent à des profondeurs supérieures à 330 m. Des tests montrent que les humains peuvent survivre (pas très efficacement) à des profondeurs supérieures à 660 m. Avant 1968, on n'avait jamais entendu dire que des plongeurs non protégés travaillaient à une profondeur de 200 m, quand Phil Nuytten, président de Can-Dive Services Ltd. de Vancouver, un pionnier dans la mise au point d'équipements sous-marins, établit, avec une équipe de plongeurs canadiens et américains, un record de PLONGÉE commerciale à cette profondeur.

À mesure que les humains descendent de plus en plus profondément dans les océans, de nouveaux problèmes surgissent et, bien que la technologie ait fourni quelques solutions, de nombreux dangers ne sont encore que partiellement maîtrisés. On a trouvé que la compression rapide survenant aux profondeurs où travaillent les plongeurs leur cause des tremblements musculaires incontrôlables, des étourdissements et des nausées.

Par conséquent, les plongeurs restent maintenant jusqu'à 24 h dans une chambre de plongée hyperbare, s'adaptant lentement à une énorme pression. Ce délai d'attente pour régler un problème sous l'eau peut coûter des dizaines de milliers de dollars en temps. Les plongeurs se plaignent parfois des méfaits de la pression : raideurs douloureuses, craquements et enflures des articulations et inconforts engendrés par le moindre mouvement. La pression provoque parfois la gangrène des os, un problème dont on ne comprend pas encore bien la cause.

Le danger le mieux connu des plongées profondes est probablement le malaise de décompression, la « maladie des caissons », qui survient lors d'une remontée trop rapide. Au cours de la descente, sous une pression croissante, des gaz se dissolvent dans le sang. La diminution de la pression durant la remontée forme des bulles de gaz. Si cette formation est trop rapide, des bulles peuvent se loger dans les articulations et causer de vives douleurs et même la mort. Les plongeurs doivent remonter lentement ou, comme c'est souvent le cas pour les travaux rapides dans des eaux trop froides, ils doivent passer des heures, des jours ou même des semaines dans une chambre de décompression superficielle pour diminuer graduellement la pression externe sur le corps. Comme les plongeurs sont payés pour le temps passé dans la chambre, les plongées profondes, même de courte durée, coûtent très cher.

Quand on le peut, on diminue les dangers et les coûts connexes en utilisant des armures articulées à pression d'une atmosphère qui permettent aux plongeurs de respirer à la pression atmosphérique au niveau de la mer. Ces armures coûtent cher (jusqu'à 250 000 dollars l'unité), mais leur sécurité est plus grande, leur temps de réponse est plus petit, et elles font sauver du temps et économiser des gaz respiratoires. Une décompression de deux semaines peut coûter plus de 100 000 dollars en oxygène et en hélium respiratoires.

Can-Dive (anciennement partie du groupe Oceaneering International de Houston au Texas, devenue une entreprise indépendante à fonds canadiens) met au point en 1986 un habit de plongée atmosphérique appelé Newtsuit. Cet habit articulé avec des bras et des jambes permet de marcher sur le fond de l'océan ou sur des plates-formes sous-marines jusqu'à une profondeur de 300 m.

Cette entreprise met aussi des submersibles au point. En 1984, en collaboration avec ISE, elle construit le Haida, un engin télécommandé qui peut descendre jusqu'à 700 m. DEEP ROVER, lancé la même année, est construit à Dartmouth en Nouvelle-Écosse, en association avec Deep Ocean Technology de San Francisco. C'est une « bulle » acrylique individuelle, appelée « hélicoptère sous-marin », qui peut descendre jusqu'à 1000 m.

Voir aussi EXPLOITATION MINIÈRE EN MER; OCÉANOGRAPHIE; PLONGÉE SOUS-MARINE.

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