Territoires du Nord-Ouest (1870-1905) | l'Encyclopédie Canadienne

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Territoires du Nord-Ouest (1870-1905)

Les Territoires du Nord-Ouest forment le premier territoire canadien, créé le 15 juillet 1870. En tant que territoire, la région devient une partie du Canada. Cependant, à l’époque, elle ne présente pas la population, les ressources économiques et les infrastructures nécessaires pour obtenir le statut d’une province. Par conséquent, elle tombe sous la juridiction du gouvernement fédéral. Ce territoire immense s’étend vers l’ouest – depuis la frontière disputée du Labrador, couvrant les Prairies, le nord du Québec et de l’Ontario actuels, allant au-delà des Prairies jusqu’à la Colombie-Britannique – et vers le nord, du quarante-neuvième parallèle à l’océan Arctique. Il connaît de nombreux changements de frontières jusqu’en 1905, quand les provinces de la Saskatchewan et de l’Alberta sont découpées dans la partie sud-ouest de la région. En 1906, la portion restante est nommée Territoires du Nord-Ouest.

Territoires du Nord-Ouest, 1870

Création

Après la Confédération de 1867, le gouvernement canadien étend son contrôle vers l’ouest afin d’assurer l’avenir politique et économique du pays. Dans ce but, il achète en 1870 la Terre de Rupert et le Territoire du Nord-Ouest à la Compagnie de la Baie d’Hudson pour 1,5 million de dollars (300 000 £) et, ce qui a encore plus de valeur pour la compagnie, un énorme octroi de terres. La petite province du Manitoba est créée le 15 juillet 1870 à l’intérieur de ce territoire. Le reste est reconstitué sous le nom de Territoires du Nord-Ouest. Tout ceci est accompli sans la moindre consultation des peuples autochtones. Ceci est entrepris rétrospectivement, avec la négociation des traités des années 1870, de 1899 et d’après 1905 (voir Peuples autochtones : traités). Au début, le gouvernement fédéral choisit de confier le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest au lieutenant-gouverneur du Manitoba, basé à Winnipeg, et a un conseil nommé.

Transformation des frontières extérieures

Les frontières extérieures des Territoires du Nord-Ouest changent à de nombreuses reprises.

La province de l’Ontario est agrandie vers le nord en 1874. À cette époque, la frontière entre le Manitoba et l’Ontario est disputée, et le conflit se résout finalement en faveur de l’Ontario. La province du Manitoba est agrandie vers l’est, l’ouest et le nord en 1881. Les disputes territoriales avec l’Ontario se poursuivent jusqu’en 1889, quand le gouvernement fédéral ajoute des parties importantes des Territoires du Nord-Ouest au nord de l’Ontario. En 1898, le territoire du Québec est aussi agrandi vers le nord.

Territoires du Nord-Ouest, 1898

Le 1er septembre 1880, l’Angleterre transfère au Canada l’archipel Arctique, qui est ajouté aux Territoires du Nord-Ouest. En 1896, la découverte d’or au Yukon transforme radicalement la situation et rend nécessaire la création d’un gouvernement local. En 1898, le gouvernement fédéral sépare officiellement le Yukon des Territoires du Nord-Ouest (voir Le Yukon et la Confédération). En 1912, les territoires du Québec, de l’Ontario et du Manitoba sont agrandis jusqu’à leurs frontières actuelles.

Le district de Keewatin est créé en 1876; ses frontières, qui changent périodiquement, s’étendent au nord du Manitoba jusqu’à l’océan Arctique et à l’est jusqu’à la baie d’Hudson et le nord de l’Ontario.

Modifications des frontières intérieures

En 1882, le gouvernement fédéral créé quatre districts provisoires dans le sud et l’ouest des TNO : Assiniboia, Saskatchewan, Alberta et Athabasca. En 1895, d’autres districts provisoires sont créés : Ungava (le nord du Québec actuel), Mackenzie (entre le 60e parallèle et l’océan Arctique), Franklin (l’archipel Arctique) et le Yukon. La même année, le territoire de l’Athabasca, auparavant limité au nord de l’Alberta, est agrandi vers l’est jusqu’à Keewatin.

Territoires du Nord-Ouest, 1905

Le développement initial et l’Acte des Territoires du Nord-Ouest

Pour le gouvernement, il a toujours été clair que les prairies et la région de Parkland, dans les territoires de l’ouest, seraient prioritaires pour la colonisation blanche et le développement économique. Il négocie sept Traités numérotés avec les peuples autochtones entre 1871 et 1877, couvrant les territoires immédiatement à l’ouest de l’Ontario jusqu’aux montagnes Rocheuses. Le but est de permettre une colonisation pacifique. Le gouvernement fait également repérer un trajet pour un chemin de fer transcontinental, et en 1873, il met sur pied la Police à cheval du Nord-Ouest pour y appliquer la loi.

L’administration des politiques du gouvernement est confiée au département de l’Intérieur (créé en 1873). En 1875, l’Acte des Territoires du Nord-Ouest est promulgué pour assurer un cadre de gouvernance et, à mesure que la colonisation progresse, une transition graduelle d’un gouvernement nommé vers un gouvernement représentatif pour ce qui est des questions locales. Il prévoit aussi des règlements pour l’établissement de systèmes scolaires confessionnels (protestant et catholique), ainsi qu’un statut officiel pour les langues anglaise et française (voir Question des Écoles du Nord-Ouest).

Développement des TNO

L’Acte des Territoires du Nord-Ouest prévoit un lieutenant-gouverneur distinct et un conseil nommé, et situe la capitale, en 1876, à Battleford; en 1883, elle est déplacée à Regina. La colonisation agricole, les infrastructures et les centres urbains pour la soutenir se développent régulièrement après l’achèvement du Chemin de fer Canadien Pacifique (CP) en 1885. Le recensement de 1885 de l’Assiniboia, la Saskatchewan et l’Alberta dénombre une population totale de 48 362 personnes, dont 20 170 (41,7 %) Indiens inscrits. Le recensement de 1906 en Saskatchewan et en Alberta dénombre 443 175 personnes, dont 12 861 (2,9  %) Indiens inscrits.

La tragédie de la Rébellion du Nord-Ouest, au printemps et au début de l’été 1885, est provoquée par la frustration concernant les réclamations non résolues des Métis, et le ressentiment autochtone en raison du non respect des traités (voir Revendications territoriales des Autochtones). Il y a aussi beaucoup de mécontentement parmi les colons blancs, qui ont l’impression que leurs intérêts sont négligés par un gouvernement distant à Ottawa. Ceci les amène à réclamer le contrôle territorial du budget et des questions politiques pertinentes et, ultimement, le statut de province. L’assemblée territoriale est presque entièrement élue dès 1888, et se voit octroyer le gouvernement responsable en 1897. Le statut officiel de la langue française est aboli en 1892, et les TNO imposent un contrôle centralisé de l’État sur le système scolaire confessionnel.

Territoires du Nord-Ouest, 1912

Pendant la période territoriale, le gouvernement fédéral conserve le contrôle des terres publiques et des ressources naturelles (sauf dans les réserves) de la région, pour assurer le contrôle national du processus de colonisation et l’intégration de l’Ouest dans l’économie nationale. Le gouvernement territorial se voit par conséquent enlever l’accès aux revenus des terres et des ressources et le contrôle du développement dont jouissent les provinces (sauf le Manitoba). D’autres motifs de mécontentement pour l’Ouest sont les tarifs préférentiels avantageux pour le centre du Canada, des années de monopole pour assurer la viabilité du CP, les énormes octrois de terres aux compagnies de chemin de fer et à la Compagnie de la Baie d’Hudson, et les tarifs de transport de marchandise établis pour le bénéfice des compagnies de chemin de fer au dépens des agriculteurs. La lutte pour arracher le statut provincial à une autorité fédérale résistante, conduite principalement par Frederick Haultain, contribue à installer dans les Territoires une profonde méfiance à l’égard d’Ottawa, une tradition de protestation, et un engagement envers les idéaux de contrôle local et de démocratie directe.

Les protestations croissantes portent fruit en septembre 1905, quand le gouvernement de sir Wilfrid Laurier crée les provinces de Saskatchewan et d’Alberta. Cependant, le processus est très controversé, car Ottawa intègre le système d’écoles publiques et séparées dans les constitutions provinciales, et conserve le contrôle des terres publiques et des ressources naturelles des nouvelles provinces.

Voir aussi : Gouvernement territorial; Frontières historiques du Canada.

Territoires du Nord-Ouest, 1999

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