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Mousse

La mousse est une petite plante terrestre, mesurant habituellement moins de 10 cm de hauteur, caractérisée par l’absence de vrais tissus conducteurs (xylème, phloème) et par une dominance du stade gamétophytique (sexué). Les mousses constituent le groupe le plus nombreux et le plus développé de la classe des bryophytes (qui comprend aussi les hépatiques et les anthocérotées). Les bryophytes sont parfois appelées « les amphibiens du monde des plantes », car elles dépendent de l’eau pour leur reproduction. Il existe plus de 10 000 espèces de mousses dans le monde, dont environ 1250 se trouvent en Amérique du Nord. Certaines régions du Canada comptent moins d’espèces : 466 en Alberta, 445 à Terre-Neuve, 430 en Ontario. Les mousses poussent bien dans les climats humides, et les zones côtières du Canada en présentent une plus grande diversité que l’arrière-pays.

Spaigne
La mousse possède une structure semblable à celle des racines (à gauche) qui fixe la plante au substrat et de petites feuilles qui sont pour la plupart constituées d'une seule épaisseur de cellule (à droite) (illustration de Claire Tremblay).

Évolution

De nombreux botanistes croient que les mousses ont évolué à partir des plantes vasculaires primitives (c’est-à-dire munies de vrais tissus conducteurs). D’autres croient plutôt qu’elles se sont développées à partir d’un ancêtre de l’algue verte. On estime qu’elles font partie d’un petit groupe réduit ayant perdu son potentiel évolutif parce qu’elles ont une dominance de la génération gamétophytique et sont dépourvues de tissus conducteurs spécialisés (facteur qui limite la taille).

Description et reproduction

Les mousses présentent une alternance de générations, c’est-à-dire que leur cycle de vie comprend deux stades : le gamétophyte vivace et indépendant (mousse verte typique), et le sporophyte éphémère (génération asexuée), qui demeure dépendant du gamétophyte.

Le sporophyte produit des spores que le vent disperse. Certaines spores engendrent de nouveaux gamétophytes. Ces derniers produisent des cellules sexuelles (œufs, spermatozoïdes) qui, une fois fertilisées, produisent un autre sporophyte. Le gamétophyte possède des rhizoïdes (structures semblables à des racines qui fixent la plante à son substrat), une tige simple ou ramifiée, et de petites feuilles (dont la plupart n’ont qu’une seule couche de cellules). Le sporophyte est muni d’un pied enchâssé dans le gamétophyte et d’une capsule de spores habituellement portée par une sorte de tige appelée soie (ou seta). La reproduction asexuée de certaines mousses se fait par gemmation (petits groupes de cellules produites par les tissus du gamétophyte) ou par bulbilles (petits organes caducs) logées à l’aisselle des feuilles. La plupart des mousses se reproduisent aussi par fragmentation, c’est-à-dire par séparation de presque n’importe quelle partie de la plante, ce qui en engendre une nouvelle. N’ayant pas de vrais tissus conducteurs, les mousses absorbent l’eau directement par les tiges et les feuilles.

Les mousses se présentent sous plusieurs formes, les plus communes étant les touffes gazonnantes, les coussins, les tapis et les trames. Les plantes individuelles vivent habituellement en étroite association et on peut en trouver plusieurs centaines dans une touffe ou un même coussin.

Le saviez-vous?
La seule plante considérée comme éteinte au Canada est une mousse. Appelée macounie luisante (Neomacounia nitida), elle a été nommée d’après John Macoun, un botaniste autodidacte qui a recueilli la plante près de sa maison à Belleville, en Ontario, entre 1862 et 1864. La mousse n’a pas été enregistrée depuis. Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada a désigné la macounie luisante comme étant disparue en 2002. (Voir aussi Plantes disparues au Canada.)


Habitat

Les mousses poussent en divers endroits, mais préfèrent les habitats humides et ombragés. Quelques-unes sont aquatiques (surtout les mousses aquatiques, du genre Fontinalis) ; d’autres poussent dans des milieux très secs (surtout les mousses du genre Andreaea). Les surfaces de croissance sont, entre autres, les rochers, les arbres, le bois pourri, l’humus et le sol. La présence de mousses de cuivre peut être un indice d’une haute teneur en métaux lourds dans le substrat. Les mousses de fumier croissent seulement sur le fumier et dans d’autres substrats riches en azote. Les mousses de tourbe (genre Sphagnum) forment des dépôts qui peuvent parfois atteindre plusieurs mètres d’épaisseur. La tourbe est utilisée en horticulture et comme carburant. Les mousses, qui constituent une partie importante de la couverture des sols des forêts boréales de conifères, recouvrent aussi une partie importante de la toundra arctique et de la végétation montagneuse. Certaines mousses sont de bonnes colonisatrices et envahissent rapidement les sols dénudés ou perturbés, en les consolidant par leurs pousses denses.

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