Médecine vétérinaire, histoire de la | l'Encyclopédie Canadienne

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Médecine vétérinaire, histoire de la

Depuis des siècles, l'être humain se préoccupe de la guérison des maladies chez l'ANIMAL et chez l'homme.

Médecine vétérinaire, histoire de la

Depuis des siècles, l'être humain se préoccupe de la guérison des maladies chez l'ANIMAL et chez l'homme. Toutefois, la MÉDECINE humaine est devenue une profession bien avant la médecine vétérinaire, dont l'enseignement officiel commence avec l'ouverture d'écoles vétérinaires en France, à Lyon (1761) et à Alfort (1766). Les diplômés de ces établissements ne sont probablement pas venus au Canada car l'immigration française est interrompue par la CONQUÊTE britannique en 1760. En Angleterre, l'art vétérinaire acquiert ses lettres de noblesse en 1791, année où est créé le HAUT-CANADA. Les diplômés du Edinburg Veterinary College, fondé en 1823 en Écosse, sont les premiers vétérinaires connus au Canada détenteurs d'un diplôme d'une école à charte. M.A. Cuming de Saint-Jean (Nouveau-Brunswick), diplômé en 1846 d'Édimbourg, est probablement le seul vétérinaire de la colonie en 1851.

Enseignement de la médecine vétérinaire

Les maréchaux-ferrants, sans formation en médecine vétérinaire, sont plus nombreux que les vétérinaires diplômés avant et bien après 1866, année de la première collation des grades au Canada pour les personnes ayant suivi une formation formelle (voir FORGE, OUVRAGE DE). Andrew SMITH, diplômé du Edinburg College en 1861, crée le premier cours officiel de médecine vétérinaire à Toronto en 1862. De 1866 à 1908 (époque où le Ontario Veterinary College passe aux mains du gouvernement provincial), plus de 3000 étudiants suivent la formation de deux ans. Or, un grand nombre de diplômés viennent des États-Unis et quittent le Canada; le pays continuent donc à souffrir d'un manque de vétérinaires. L'école de Andrew Smith quitte Toronto en 1922 mais existe toujours sous le nom d'Ontario Veterinary College, à l'UNIVERSITÉ DE GUELPH.

En 1866, Duncan MCEACHRAN fonde un autre collège privé à Montréal dont les normes d'admission sont très sévères. Le collège devient plus tard une faculté de l'U. McGill mais ferme en 1903, faute de fonds. Le collège francophone qui naît de ses cendres existe depuis 1886. Fondé par V.T. Daubigny, ce collège fusionne en 1894 avec deux autres écoles du Québec pour devenir l'École de médecine comparée et de science vétérinaire de Montréal. En 1928, celle-ci déménage à l'Institut agricole d'OKA dirigé par les trappistes et, en 1947, elle passe aux mains du gouvernement du Québec et est établie à Saint-Hyacinthe. Elle est affiliée à l'U. de Montréal. Un collège, fondé en 1895 et affilié à l'U. Queen de Kingston (Ontario), ferme ses portes en 1899. Un quatrième collège, le Western College of Veterinary Medecine, voit le jour en 1963 à l'U. de la Saskatchewan, et reçoit ses premiers étudiants en 1965.

Associations de vétérinaires

Les diplômés de l'Ontario Veterinary College désirent voir la société reconnaître leurs qualifications et préférer leurs services à ceux du maréchal-ferrant. En 1874 naît la Ontario Veterinary Medical Association, sous l'égide du professeur Smith. Elle se constitue sous le nom de Ontario Veterinary Association (OVA) en 1879. D'autres associations de vétérinaires sont créés au Manitoba (1881), au Québec (1902), en Alberta (1906), en Colombie-Britannique (1907), en Saskatchewan (1908-1909), en Nouvelle-Écosse (1913), au Nouveau-Brunswick (1919) et à l'Île-du-Prince-Édouard (1920).

Chacune est autonome et reconnue par une loi provinciale adoptée en vertu de l'article 92 de l'ACTE DE L'AMÉRIQUE DU NORD BRITANNIQUE, 1867. Chaque association a ses propres règlements et décide qui, en vertu de la possession d'un diplôme reconnu, est autorisé à pratiquer la médecine vétérinaire. Au recensement de 1871, on compte 247 « maréchaux-ferrants et médecins vétérinaires » dont la plupart résident en Ontario; les autres sont en Nouvelle-Écosse et au Nouveau-Brunswick. Mais les Territoires du Nord-Ouest ne comptent pratiquement pas de vétérinaires. La médecine vétérinaire se développe donc selon des directives provinciales qui, pendant de nombreuses années - dans certains cas jusqu'à maintenant - se caractérisent par un provincialisme étroit. Cette attitude est probablement liée aux honoraires peu élevés, à la crainte de l'opposition venant de nouveaux diplômés et à l'incapacité d'avoir une vue d'ensemble de la profession. L'idée d'une association nationale suscitait donc peu d'intérêt. De plus, l'American Veterinary Medical Association, fondée en 1863, répond aux besoins des mieux nantis qui peuvent se permettre de se rendre à ses assemblées annuelles.

Entre 1871 et 1911, le nombre de médecins vétérinaires atteint 1150 et se répartit ainsi : 50 p. 100 en Ontario, 30 p. 100 dans l'Ouest et 20 p. 100 dans les provinces de l'Est. L'empirisme continue à gagner du terrain malgré les efforts des associations provinciales pour réserver les soins des animaux de la ferme à leurs membres. Au début des années 1890, les écoles de médecine dentaire vétérinaire de Toronto offrent des cours à quiconque peut se payer la brève formation et le diplôme. Les professeurs ne sont pas nécessairement vétérinaires. En 1896, la Veterinary Science Company de London (Ontario) est fondée et dispense, par l'intermédiaire de la London Veterinary Correspondence School, un cours de médecine et de chirurgie vétérinaires. Outre ce cours par correspondance, elle offre un manuel et confère un diplôme. Les titulaires se sentent de ce fait autorisés à pratiquer partout au Canada. Une loi provinciale ferme l'école en 1921, mais 77 éditions du manuel ont eu le temps d'être publiées et des diplômes sont accordés dans le monde entier. Pendant de nombreuses années, les associations provinciales ont à traiter les demandes de ces « diplômés » de London qui cherchent à devenir membres et bénéficier des avantages qui y sont associés.

Après la Deuxième Guerre mondiale, la question d'une association nationale de vétérinaires refait surface dans l'Ouest. Le besoin devient manifeste lorsque le gouvernement fédéral dissout le Royal Canadian Army Veterinary Corps (RCAVC) sans consulter les associations. Aucun regroupement national n'existe pour s'y opposer. De plus, des vétérinaires européens, forcés à quitter leur pays, immigrent au Canada et les associations s'interrogent sur leurs compétences. Une association nationale est nécessaire pour représenter la profession, évaluer les compétences des vétérinaires immigrants et établir une réciprocité entre les comités d'évaluation de chaque province.

En 1912, la British Columbia Veterinary Medical Association (BCVMA) propose un organisme national et, vers 1920, la plupart des provinces sont d'accord. En 1921, on fonde un Conseil vétérinaire canadien qui compte des représentants de chaque association provinciale. Or, la même année, lors d'une conférence à Ottawa, un projet de loi visant la formation d'une association nationale avorte à cause d'une mésentente entre les provinces. En 1923, une association canadienne des vétérinaires est fondée par les vétérinaires assistant à une assemblée nationale à Montréal mais l'organisation s'éteint faute de fonds et d'appui des provinces.

La Western Canadian Veterinary Association (WCVA), formée dans les années 30, demeure stérile jusqu'en 1945 surtout à cause de la difficulté à concilier autonomie provinciale et affiliation nationale. Le problème vient d'une clause qui donnerait à l'association nationale l'autorité nécessaire pour permettre aux diplômés reconnus de pratiquer partout au Canada. Un Dominion Veterinary Council, formé en 1943-1944pour tenter encore une fois d'organiser une association nationale défend l'idée d'un organisme national permettant à chaque province de se réserver le droit d'imposer ses propres examens. Le conseil réussit à amorcer les discussions entre les provinces mais ne se réunira qu'une seule fois.

En 1945, une Association de l'Ouest renouvelée propose une association nationale et contourne les points sensibles d'affiliation nationale et de comité national d'examens. C'est en grande partie grâce aux efforts de l'Albertain B.I. Love, représentant de la WCVA, que les idées des présidents des associations de l'Est commencent à prendre forme et que, vers avril 1946, des plans pour une association nationale sont élaborés. Le 30 juin 1948, la loi établissant l'Association canadienne des vétérinaires reçoit la sanction royale.

Vétérinaires de la Gendarmerie royale

En 1873, la police à cheval est mandatée par la loi pour desservir les Territoires du Nord-Ouest. En juin 1874, les hommes quittent Toronto en train accompagnés de 244 CHEVAUX sous les soins de John Luke Poett, médecin vétérinaire de Stratford (Ontario). Poett, diplômé en 1860 du Edinburg College, exerce dans la province depuis 1869, d'abord à London, puis à Stratford. Poett est un des premiers vétérinaires dans les Territoires du Nord-Ouest et le premier vétérinaire diplômé à faire partie de la police à cheval. Poett occupe différents grades de sous-officier (1874 à 1877 et 1884 à 1895), pour arriver à celui de sergent d'état-major.

La POLICE À CHEVAL DU NORD-OUEST (P.C.N.-O.) se charge, au nom du gouvernement fédéral, du contrôle des maladies chez les animaux domestiques qui accompagnent les colons américains arrivant dans les Territoires. Au début, la lutte contre les maladies contagieuses concerne surtout les chevaux mais elle s'étend bientôt aux bovins. En 1884, Poett inspecte près de 2800 bovins importés pour dépister des maladies de la peau et la pleuropneumonie contagieuse. En 1895, la P.C.N.-O. compte neuf autres vétérinaires qualifiés. Ces hommes sont responsables de la santé des chevaux (782 en 1895) et jouent le rôle d'inspecteurs d'animaux importés jusqu'à ce que le nombre de vétérinaires dans les Territoires soit suffisant pour qu'ils remplacent les vétérinaires de la P.C.N.-O. (vers 1896).

Deux médecins vétérinaires s'occupent des chevaux des forces gouvernementales chargées de réprimer la RÉBELLION DU NORD-OUEST. L'un d'eux, J.G. RUTHERFORD, diplômé de l'OVC en 1879, quitte une pratique toute récente à Portage la Prairie pour devenir officier breveté dans la Winnipeg Field Battery et médecin vétérinaire au service des forces du général Middleton. Par la suite, il exerce à Portage, se lance en politique (provinciale et fédérale) et met sur pied la Direction générale de l'hygiène vétérinaire au ministère de l'Agriculture; il en sera le directeur général vétérinaire (1902).

Vétérinaires de l'Armée

Avant 1910, il n'existe pas de corps de vétérinaires dans l'Armée canadienne; les médecins vétérinaires sont alors des officiers non brevetés ou des officiers d'armes faisant partie des formations à cheval ou d'artillerie. En 1910, l'Army Veterinary Service (AVS) est fondé; il est composé de gradés et de médecins vétérinaires titulaires du grade d'officier. Ce service, qui fait partie de la milice canadienne, comprend le Canadian Permanent Army Veterinary Corps (CPAVC), les officiers vétérinaires inscrits aux listes officielles du Corps, les sous-officiers et les soldats enrôlés dans ce corps d'armée; le Canadian Army Veterinary Corps (CAVC), les officiers vétérinaires inscrits aux listes du Corps et affectés au corps à cheval de la milice active; et, finalement l'éphémère Regimental Veterinary Service (RVS) qui comprend les officiers de l'état-major du corps à cheval.

Le service vétérinaire de l'Armée possède ainsi une force permanente et un groupe d'officiers servant dans la milice, répondant chacun au quartier-maître général de la milice canadienne. L'officier supérieur du CPAVC administre le service et ses subordonnés sont les principaux officiers vétérinaires des districts ou régions militaires. Il existe un Veterinary Remount Establisment et des écoles pour la formation des gradés et des hommes de troupes. En 1912, le conseil de la milice publie les règlements stipulant les tâches et les fonctions de tous les officiers, des écoles et hôpitaux vétérinaires, et d'autres divisions du Canadian Army Veterinary Service.

Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, tout est déjà en place pour que, trois mois plus tard, les vétérinaires canadiens partent pour l'Angleterre avec les soldats et les chevaux. De plus, un Service des remontes commence à acheter des chevaux pour approvisionner les unités existantes et remplacer les pertes outre-mer.

Les vétérinaires canadiens s'enrôlent dans les Corps vétérinaires de l'Armée canadienne ou britannique et chaque corps recevra le titre « royal » en reconnaissance de services rendus. Environ 300 vétérinaires canadiens servent, pour différentes périodes, de 1914 à 1918, principalement en Europe; ils servent aussi en Inde, en Égypte, en Mésopotamie et en Russie. Plusieurs seront décorés pour avoir sauvé la vie des chevaux sous le feu ennemi. Des unités mobiles transportent les corps des chevaux blessés vers les stations d'évacuation qui elles se chargent d'envoyer les cas graves vers les hôpitaux de la base pour traitements ou chirurgie. Des hôpitaux pour traiter les chevaux souffrant de la gale sont essentiels afin de mettre un frein à ce parasite débilitant. À la fin des hostilités, quelques officiers vétérinaires demeurent en Europe jusqu'en 1920 afin d'aider à disposer des chevaux, dont certains sont envoyés à l'abattoir ou servent de chevaux de trait en Belgique et en Italie.

En 1915, en raison d'une grave pénurie d'officiers vétérinaires dans l'armée britannique, on permet aux finissants canadiens en médecine vétérinaire de se soustraire aux examens finals s'ils s'enrôlent comme sous-lieutenant dans le Corps britannique. Certains se prévalent de l'offre, sont diplômés in absentia et, environ trois semaines plus tard, se retrouvent en Angleterre en qualité d'officiers vétérinaires. À la fin de la guerre, le personnel vétérinaire du Corps expéditionnaire canadien (1914-1918), soit 72 officiers et 756 gradés, aura pris soin de 24 000 chevaux.

En 1929, le RCAVC compte 12 officiers et 38 gradés répartis dans six détachements. Le CAVC consiste en 100 officiers et 55 gradés dans 11 sections. Le remplacement des chevaux par les véhicules motorisés met fin aux établissements vétérinaires. En 1940, les deux corps sont dissous et, pendant la Deuxième Guerre mondiale, très peu de vétérinaires servent dans des fonctions reliées à leur profession. La plupart appartiennent à un groupe s'occupant de guerre bactériologique; leur travail demeure classifié. Les progrès technologiques ont mis fin à la présence de vétérinaires dans l'Armée canadienne mais ce n'est pas le cas en Grande-Bretagne et aux États-Unis.