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Jim Prentice

Jim Prentice, le 16e premier ministre de l’Alberta et chef du Parti progressiste-conservateur de l’Alberta (2014-2015), ministre du Cabinet fédéral (2006-2010) et avocat (né le 20 juillet 1956 à South Porcupine, en Ontario; décédé le 13 octobre 2016 près de Kelowna, en Colombie-Britannique).

Jim Prentice, le 16e premier ministre de l’Alberta et chef du Parti progressiste-conservateur de l’Alberta (2014-2015), ministre du Cabinet fédéral (2006-2010) et avocat (né le 20 juillet 1956 à South Porcupine, en Ontario; décédé le 13 octobre 2016 près de Kelowna, en Colombie-Britannique). Avocat ayant travaillé dans le domaine des revendications territoriales autochtones, Jim Prentice a siégé au Cabinet de Stephen Harper où il a été responsable des portefeuilles des Affaires autochtones et du Nord canadien, de l’Industrie et de l’Environnement. Avant de retourner en politique et d’accéder au poste de premier ministre de l’Alberta, il a occupé un poste supérieur à la CIBC de 2011 à 2014. Il se retire de la vie politique en 2015 après avoir perdu sa majorité parlementaire aux mains du Nouveau Parti démocratique de l’Alberta, mettant fin à 44 ans de gouvernement progressiste-conservateur dans cette province.

Jeunesse et éducation

Jim Prentice est né à South Porcupine, en Ontario, une petite ville située à environ 10 km à l’est de Timmins. Il était l’un des cinq enfants d’Eric et Wilma Prentice. Son père, Eric, a brièvement joué pour les Maple Leafs, de Toronto, pendant la saison 1943-1944 et est le plus jeune joueur à avoir signé un contrat avec le club. Son oncle, Dean Prentice, a joué pendant 22 ans dans la ligue. Jim Prentice était un très bon joueur de hockey, mais une blessure majeure au genou alors qu’il jouait au hockey junior a mis fin à sa carrière de hockeyeur.

À 13 ans, Jim Prentice et sa famille déménagent à Grande Cache, en Alberta. Plus tard, il obtient un baccalauréat en commerce de l’Université de l’Alberta, puis un diplôme en droit de l’Université Dalhousie, à Halifax. Pour payer ses études, il travaille dans les mines du sud de l’Alberta.

Jim Prentice entreprend sa carrière d’avocat en 1980. Il se spécialise en droit de la propriété et en revendications territoriales autochtones. De 1993 à 2000, il copréside la Commission des revendications des Indiens du Canada, qui joue le rôle de médiateur entre les Premières Nations et le gouvernement fédéral en ce qui a trait aux revendications sur la propriété.

Au départ, il s’implique en politique dans les coulisses du Parti progressiste-conservateur de l’Alberta. Il se présente à l’élection provinciale de 1986 sous la bannière de ce parti, mais perd dans le comté de Calgary-Mountain View.

Politique fédérale

En 2002, Jim Prentice remporte l’investiture du Parti progressiste-conservateur (PC) fédéral dans le comté de Calgary-Sud-Ouest, mais il se retire de la course pour laisser la voie libre à Stephen Harper, nouveau chef de l’Alliance canadienne, geste qui sera chaudement applaudi. Ainsi, Stephen Harper est facilement élu à la Chambre des communes à titre de porte-étendard de la droite politique.

En 2003, Jim Prentice est candidat à la course à la direction du Parti progressiste-conservateur à la suite de la démission de Joe Clark. Il perd contre Peter MacKay lors du vote final. Peu après, Peter MacKay et Stephen Harper conviennent d’une fusion entre le Parti progressiste-conservateur et l’Alliance canadienne. En décembre 2003, Jim Prentice se lance brièvement dans la course à la direction du nouveau Parti conservateur, mais se retire rapidement, faute de financement.

Jim Prentice entre à la Chambre des communes en 2004. Il y représente le comté de Calgary-Centre-Nord et agit à titre de porte-parole de l’opposition en matière d’Affaires indiennes et du Nord canadien. Il est réélu en 2006 et en 2008.

Années au Cabinet

L’arrivée au pouvoir des conservateurs de Stephen Harper en 2006 marque le début de la carrière de Jim Prentice au sein du Cabinet. De 2006 à 2010, il est à la tête de trois portefeuilles : Affaires indiennes et du Nord canadien, Industrie et Environnement.

Ministre des Affaires indiennes et du Nord canadien

Jim Prentice est ministre des Affaires indiennes et du Nord canadien du 6 février 2006 au 13 août 2007. Les dirigeants autochtones déplorent que Jim Prentice et le gouvernement de Stephen Harper aient abandonné l’accord de Kelowna, un accord de financement de plusieurs milliards de dollars qui avait été négocié entre le gouvernement fédéral (alors dirigé par Paul Martin), les gouvernements provinciaux et territoriaux et cinq organisations autochtones. Jim Prentice réplique en affirmant que le budget de 2006 du gouvernement conservateur octroyait davantage de fonds aux enjeux autochtones que les quatre budgets précédents combinés.

À titre de ministre des Affaires indiennes et du Nord canadien, Jim Prentice s’attire les éloges pour son rôle dans la finalisation et la mise en œuvre de la Convention de règlement relative aux pensionnats indiens.

Ministre de l’Industrie

Alors que Jim Prentice est ministre de l’Industrie du 14 août 2007 au 29 octobre 2008, il bloque la vente d’une compagnie canadienne pour 1,3 milliard de dollars et tente de réformer la législation en matière de droits d’auteurs.

En mai 2008, Jim Prentice annonce que le gouvernement de Stephen Harper bloque l’acquisition de la division des technologies spatiales de MacDonald, Dettwiler and Associates (MDA), située à Vancouver, par la firme américaine Alliant Techsystems (ATK), car elle n’offre aucun avantage net au Canada. Il s’agissait de la première fois qu’un ministre bloquait une prise de contrôle étrangère depuis la Loi sur Investissement Canada, de 1985.

En se portant acquéreur de MDA, la firme américaine aurait mis la main sur des technologies développées avec l’argent des contribuables canadiens. De plus, les critiques craignaient que le Canada ne puisse contrôler l’information fournie par le satellite Radarsat-2, que le pays utilise pour surveiller l’Arctique.

Alors qu’il est ministre de l’Industrie, Jim Prentice aborde aussi la législation en matière de droits d’auteurs. Parmi les dispositions du projet de loi controversé C-61, la Loi modifiant la Loi sur le droit d’auteur, il aurait été illégal de contourner les verrous numériques des œuvres protégées. Les critiques font valoir que la législation vise à servir les intérêts américains et craignent que les Canadiens soient exposés à des poursuites de plusieurs millions de dollars. Le projet de loi meurt au feuilleton lorsque le Parlement est dissous et que des élections sont déclenchées en 2008. Un projet de loi similaire, le C-11, Loi sur la modernisation du droit d’auteur, est adopté en 2012.

Ministre de l’Environnement

Le dernier poste que Jim Prentice occupe dans le gouvernement de Stephen Harper est celui de ministre de l’Environnement. Il est à la tête du ministère du 30 octobre 2008 au 4 novembre 2010, date de sa démission du Cabinet. Son mandat est marqué par le conservationnisme. Deux jours avant sa démission, il annonce qu’en raison des effets potentiels sur l’environnement du lac Fish, en Colombie-Britannique, le gouvernement bloque le projet de développement d’une mine de cuivre. Le gouvernement national Tsilhqot’in, qui s’était opposé au projet, accueille favorablement la décision du gouvernement. Jim Prentice élargit aussi le réseau de parcs nationaux du Canada, et travaille de concert avec les États-Unis pour s’attaquer à des enjeux environnementaux comme les émissions des véhicules, ainsi que le piégeage et le stockage du dioxyde de carbone.

Toutefois, pendant son mandat de ministre de l’Environnement, le gouvernement conservateur est aussi critiqué pour son approche en matière d’environnement (ce qui continue d’être le cas même après son départ). En 2009, lors d’une conférence sur les changements climatiques tenue à Copenhague, une coalition de groupes environnementaux décerne au Canada le titre de « Fossile de l’année », car elle considère qu’il avait été le « pire pays lors des négociations ». Aussi, en 2010, le gouvernement conservateur apporte d’importants changements à la réglementation sur l’évaluation environnementale pour « rationaliser le processus d’examen réglementaire des grands projets énergétiques ». Les critiques lui reprochent d’avoir littéralement vidé le processus d’examen environnemental.

Cependant, en général, Jim Prentice est largement salué comme un ministre du Cabinet compétent et efficace. Un proche du gouvernement écrit qu’il est « l’un des ministres les plus solides ». D’autres l’appellent le « chef des opérations » du gouvernement. Dans un éditorial publié après sa démission, le Globe and Mail écrit ceci :

« Spécialiste de la loi indienne et ancien commissaire aux revendications territoriales, M. Prentice a joué un rôle clé au sein du Parti conservateur pour rejoindre les Autochtones. De plus, tout au long de son mandat, il n’est pas tombé dans la partisanerie dont faisaient preuve bon nombre de ses collègues. »

Malgré ses réussites à titre de ministre du Cabinet et le fait qu’on le désignait comme un possible successeur à Stephen Harper, Jim Prentice démissionne le 4 novembre 2010 pour occuper le poste de premier vice-président à la direction et vice-président du conseil à la Banque canadienne impériale de commerce (CIBC).

Retour au secteur privé

En janvier 2011, Jim Prentice se joint à la CIBC, où il renforce la présence de la banque dans l’infrastructure énergétique, l’exploitation responsable des ressources et les pays de l’Asie-Pacifique.

Au printemps 2014, la société d’énergie Enbridge lui demande de l’aider à mener les négociations avec les Premières Nations de l’Alberta et de la Colombie-Britannique pour la construction de l’oléoduc Northern Gateway. Jim Prentice déclare alors qu’« il n’y aura pas d’oléoducs sur la côte Ouest sans partenariats économiques avec les Premières Nations ».

Il ne consacre toutefois pas beaucoup de temps au dossier, puisqu’il annonce, le 21 mai 2014, qu’il se lance dans la course à la direction du Parti progressiste-conservateur de l’Alberta.

Politique provinciale

Le 23 mars 2014, Alison Redford, alors première ministre de l’Alberta, démissionne de son poste en plein scandale financier au sujet de ses frais de voyage et de son train de vie perçu comme opulent. Dave Hancock occupe le poste de premier ministre jusqu’à la tenue d’un congrès à la direction.

La réputation de Jim Prentice lors de son retour à la vie publique en fait le favori lorsqu’il se porte candidat à la direction du parti. Le 6 septembre 2014, il devient aisément chef du parti, puis, le 15 septembre 2014, il est assermenté comme 16e premier ministre de l’Alberta par le lieutenant-gouverneur Donald S. Ethell.

« En tant que province et peuple, nous avons raison d’être fiers de notre histoire », affirme Jim Prentice lors de sa cérémonie d’assermentation. « Toutefois, nous n’avons pas terminé de bâtir l’Alberta. Nous avons le privilège et la responsabilité de définir l’avenir. Aujourd’hui, l’Alberta est sous une nouvelle administration. »

Jim Prentice abandonne rapidement un projet de loi impopulaire visant à réformer les régimes de retraite publics et privés, et met au rancart le nouveau design des plaques d’immatriculation tant décrié. Il met aussi en vente la flotte d’avions du gouvernement.

Jim Prentice est premier ministre à la suite de son assermentation, mais il ne siège pas encore à l’Assemblée législative de l’Alberta. Pour y remédier, il se présente lors d’une élection partielle. Le 27 octobre 2014, il est élu dans le comté de Calgary-Foothills avec 58,2 % des suffrages exprimés. Les observateurs croyaient que les scandales du gouvernement d’Alison Redford couleraient Jim Prentice et le Parti conservateur aux élections, mais le parti a remporté quatre élections partielles. Il s’agit d’un sérieux revers pour Danielle Smith, chef du Parti Wildrose et principale rivale de Jim Prentice.

Élections provinciales de 2015 et démission

La tenue d’élections à une date fixe en Alberta signifie que Jim Prentice et son gouvernement progressiste-conservateur doivent affronter l’électorat lors de l’élection provinciale de 2016. Le premier ministre déclenche toutefois des élections anticipées au printemps 2015; beaucoup tiennent alors pour acquise la réélection de Jim Prentice. Pourtant, c’est bien l’inverse qui se produit : en présence de pertes d’emploi massives, d’une baisse des revenus dans le secteur pétrolier et d’une certaine frustration de la population face aux politiques gouvernementales – notamment, un budget peu réjouissant présenté juste avant les élections –, le soutien au parti progressiste-conservateur, au pouvoir depuis 44 ans, s’est amenuisé.

Jim Prentice remporte son siège dans la circonscription de Calgary-Foothills lors des élections provinciales du 5 mai 2015; son parti perd toutefois la majorité parlementaire aux mains des néo-démocrates de Rachel Notley. Le parti progressiste-conservateur finit troisième, le Parti Wildrose devenant l’Opposition officielle. Ce soir-là, Jim Prentice annonce sa démission immédiate en tant que chef de parti et membre de l’Assemblée législative.

En janvier 2016, Jim Prentice devient membre étranger invité au Canada Institute du Wilson Center à Washington, D.C. En juin, il commence à travailler chez Warburg Pincus, une société privée d’investissement, en tant que conseiller industriel pour son Energy Group. Jim Prentice décède dans un écrasement d’avion près de Kelowna, en Colombie-Britannique, le 13 octobre 2016, laissant dans le deuil son épouse, Karen, et ses trois filles.

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