Peuplement
À cause de son emplacement, la vallée d’Edmonton, où abondent eau, forêt et faune, attire l’homme depuis des millénaires. Les vestiges sont peu nombreux, mais on découvre en 1976 un grand campement renfermant des outils de pierre de la période préhistorique moyenne (entre l’an 3000 et l’an 500 avant notre ère) sur un cap surmontant la partie nord de la rivière Saskatchewan. Il s’agit sans doute d’un endroit où des chasseurs et des cueilleurs semi-nomades se rencontraient régulièrement.

Les Européens commencent à explorer les plaines de l’Ouest au XVIIIe siècle. La colonisation suit en 1795, lorsque la Compagnie de la Baie d’Hudson (CBH) et la Compagnie du Nord-Ouest y construisent le premier d’une série de postes de traite fortifiés près de la ville actuelle de Fort Saskatchewan. Après la fusion de ces deux entreprises (en 1821), le Fort Edmonton devient le principal centre de commerce de la fourrure dans l’Ouest. Il semble que ce fort doive son nom à Edmonton, une partie de la ville actuelle de Londres en Angleterre, qui est le lieu de naissance d’un adjoint du gouverneur de la Compagnie de la Baie d’Hudson. En 1830, le fort est rebâti une dernière fois, là où se trouve maintenant l’immeuble de l’Assemblée législative de l’Alberta. Il est de moins en moins utilisé après l’abandon par la Compagnie de la Baie d’Hudson de ses droits sur la Terre de Rupert (en 1870).
Croissance
La colonisation permanente à l’extérieur du fort ne commence pas avant les années 1870, et même alors, elle connaît une lente évolution. Le fait que le Chemin de fer du Canadien Pacifique passe par Calgary (en 1883) n’arrange pas les choses. On prolonge ce chemin de fer vers le nord en 1891 jusqu’à Strathcona, sur la rive sud de la partie nord de la rivière Saskatchewan. Edmonton n’est raccordée au réseau transcontinental (Chemin de fer Canadien du Nord) qu’en 1905. À cette époque, elle est déjà la capitale de la jeune province de l’Alberta et le centre d’approvisionnement d’une immense région agricole en pleine expansion.
Parallèlement à Strathcona, Edmonton connaît une prodigieuse période de croissance. Au moment de la fusion des deux villes, en 1912, la population totale s’élève à plus de 50 000 habitants, et atteint 75 000 peu après. Par contre, elle redescend à 50 000 durant la Première Guerre mondiale. Pendant les 25 années suivantes, le sort d’Edmonton est intimement lié à celui de l’arrière-pays agricole. Elle grandit quand cette économie prospère, mais elle stagne et décline quand la conjoncture se détériore. En 1941, elle n’est encore qu’une petite ville de 93 800 habitants, la neuvième en importance au Canada. Elle se voit alors confinée à une vocation locale, et à une économie bâtie autour du commerce en gros, du transport et du traitement des produits agricoles, notamment l’emballage de la viande. À cette époque, le seul changement important est le nouveau rôle qu’assume Edmonton en tant que centre de transport aérien, pour les vols transcanadiens et de brousse (voir Aviation de brousse) vers le Nord.
Deuxième Guerre mondiale, Edmonton amorce une période de croissance continue et se donne un nouveau caractère, celui de centre stratégique des opérations militaires du Nord, y compris la construction de la route de l’Alaska, et, plus tard, celui de centre d’entretien et de transformation de l’industrie pétrolière. Depuis, Edmonton est le centre le plus important de raffinage du mazout et de l’industrie pétrochimique dans l’Ouest du Canada. Dès 1981, elle est la cinquième plus grande ville du Canada (selon la région métropolitaine de recensement). Ce titre lui est ravi par Calgary en 2001, et ensemble, les deux villes éclipsent complètement Winnipeg, l’ancien centre commercial des Prairies.
Avec l’exploitation des sables bitumineux à Athabasca, au début des années 2000, Edmonton connaît un important regain de croissance. Ainsi, de 2006 à 2011, la population d’Edmonton passe de 1 034 945 à 1 159 869, une augmentation de 12,1 %.
Paysage urbain

La croissance fait disparaître ce qui existait de la ville de 1941. Seule la rue principale Strathcona y échappe et fait aujourd’hui partie de la zone de conservation du vieux Strathcona. Le centre-ville, en particulier, est sans cesse reconstruit depuis les années 1950. Quelques immeubles dignes de mention survivent, et plusieurs sont restaurés pour se conformer à la mode, mais ils sont écrasés par les tours qui dominent maintenant le ciel d’Edmonton. Seuls quelques édifices anciens donnant directement sur la rivière (l’immeuble de l’Assemblée législative, celui du gouvernement et l’hôtel Macdonald) restent encore bien en vue.
Les rives de la rivière, qui constituent l’attrait naturel exceptionnel d’Edmonton, ont une influence importante sur le paysage. La rivière est à la fois une barrière, traversée par plusieurs ponts, et un site d’une grande beauté. Des tours d’habitation et des quartiers résidentiels s’y disputent la vue de chaque côté, et des parcs, des terrains de golf et des pistes boisées s’étendent sur son parcours. L’architecture moderne, dont les terrasses en gradins du Centre des congrès Shaw sont un exemple, complète le tableau. En aval (vers le nord-est) vers Fort Saskatchewan et au-delà, la vallée est devenue, au cours des 50 dernières années, le lieu d’implantation du plus grand complexe industriel en Alberta.
La structure industrielle de Fort Saskatchewan est particulière : la plupart des autres banlieues d’Edmonton servent de dortoirs aux travailleurs de la grande région métropolitaine. L’expansion métropolitaine coïncide avec la croissance de l’après-guerre et conduit, en 1950, à l’établissement du premier organisme de planification régionale au Canada. Un service de planification urbaine est créé en même temps et s’assure que les nombreux nouveaux quartiers résidentiels d’Edmonton sont conçus avec soin.
Malgré cette planification soignée, la croissance récente d’Edmonton n’est pas de tout repos : une étude en 2013 montre que 93 % du développement de 2006 à 2011 a lieu en périphérie, ce qui amène son lot de problèmes associés à l’étalement urbain (comme le coût des routes et l’impact environnemental).
Un autre signe de cette expansion est l’agrandissement important de son territoire, qui passe de 110 km2 en 1941 à 684,4 km2 en 2011. Malheureusement, cette expansion s’effectue au détriment de terres agricoles parmi les plus riches de l’Alberta.

Edmonton abrite aussi le plus grand centre commercial de l’Amérique du Nord, le West Edmonton Mall. À 5,3 millions de pieds carrés, il est équipé d’un parc d’attractions et d’une piscine à vague intérieurs, et, bien entendu, de la plus grande aire de stationnement du monde.
Population
Du début des années 1940 au début des années 1980, Edmonton est l’une des villes canadiennes dont la croissance est la plus rapide. Jusqu’en 1961 environ, l’accroissement naturel de la population est élevé, mais la migration en constitue le principal facteur. En effet, en Alberta, la migration de la campagne à la ville et l’immigration européenne atteignent toutes deux un sommet. Au cours des dix années suivantes, l’immigration est en chute libre, tandis que l’accroissement naturel s’amplifie, comme en fait foi à ce moment la jeunesse de la population d’Edmonton.
Le schéma change encore dans les années 1970 avec la baisse des taux de natalité et la hausse de l’immigration. Cependant, la majorité des immigrants viennent maintenant des autres provinces. Cette tendance cesse dans les années 1980, et Edmonton connaît son taux de croissance le plus bas des temps modernes. Néanmoins, de 1941 à 1991, la population d’Edmonton se multiplie par huit. Depuis ce temps, et surtout depuis 1996, elle connaît de nouveau une croissance élevée, l’immigration provenant cette fois autant d’ailleurs au Canada que d’outre-mer.
Selon le recensement de 2016, le groupe ethnique le plus important, soit 17,4 % de la population de la ville, se déclare d’origine canadienne; il est suivi par ceux d’origine anglaise et écossaise, formant 16,8 % et 13,8 % de la population respectivement. Les minorités visibles représentent 37,1 % de la population de la ville, les Asiatiques du Sud, les Chinois, les Noirs et les Philippins constituant les communautés les plus importantes de ce groupe. De plus, 5,5 % se déclare autochtone; il s’agit d’une population relativement importante par rapport à des villes dans d’autres provinces.
Économie et main-d’œuvre
L’économie d’Edmonton repose depuis ses débuts sur la richesse de ses ressources. La ville est le centre principal d’approvisionnement et des services d’un territoire immense qui s’étend du centre de l’Alberta à l’océan Arctique. L’agriculture, la production d’énergie (charbon, champs pétrolifères conventionnels, sables bitumineux et gaz naturel), la foresterie et, plus récemment, les mines de diamants dans les Territoires du Nord-Ouest et le Nunavut sont les éléments de base sur lesquels reposent le commerce et les services d’Edmonton. Les entreprises de transformation et de fabrication augmentent aussi, surtout depuis qu’Edmonton cherche à diversifier son économie.
Malgré cette évolution, l’industrie d’Edmonton repose encore sur les ressources naturelles et demeure fortement dépendante de celles-ci (le raffinage du pétrole, les produits pétrochimiques, les matières plastiques, les engrais, etc.). Son industrie dépend également des besoins en ressources d’autres industries, notamment les tuberies, l’équipement lourd et la transformation des métaux, quoique les entreprises d’Edmonton aient varié leurs expertises dans des domaines comme la construction, les services d’ingénierie, la production d’électricité, les opérations bancaires et le commerce de détail.
En ce qui concerne l’emploi, la plus grande croissance d’Edmonton depuis 1951 se produit dans le secteur tertiaire, ce qui est normal pour un centre d’administration publique (fédéral et provincial) et le lieu d’accueil de l’Université de l’Alberta. On trouve aussi une quantité d’industries de pointe, principalement en biotechnologie et en technologie de l’information, qui sont indispensables à la restructuration de l’économie d’Edmonton. On note aussi le regroupement, au milieu des années 1990, des services militaires de l’Ouest canadien à une nouvelle « superbase » appelée « base de soutien de la 3e Division du Canada Edmonton » (« Edmonton Garrison », pour les intimes).
Transports
Depuis les années 1830, Edmonton est le pivot du réseau des transports dans l’Ouest canadien. Comme centre moderne du rail, elle occupe une position clé dans le réseau transcontinental de transport de marchandises du CN, et entretient également des liens étroits avec le réseau du Chemin de fer du Canadien Pacifique et de VIA Rail. En tant que centre de transport routier, elle est la mieux située dans l’Ouest du Canada. Elle se trouve à l’intersection de la route Yellowhead et de la route 2 d’Alberta (renommée « autoroute Reine Élizabeth II » en 2005), en direction sud vers Calgary et les États-Unis et en direction nord vers la route de l’Alaska. Elle domine aussi le transport des produits pétroliers de toutes sortes, position attribuable à la proximité des champs pétrolifères de Leduc, Redwater et Pembina. Dans les années 1940 et 1950, ces derniers sont les plus importants champs pétrolifères de l’Alberta.
Leduc que se trouve l’aéroport international d’Edmonton, ouvert en 1957. Il offre le service de lignes principales vers les villes canadiennes, américaines, latino-américaines et européennes. Le premier aéroport, près du centre-ville, est construit en 1927 et est fermé en 2013. Il joue un rôle phare dans l’établissement d’Edmonton comme porte vers le nord, mais son importance s’étiole après l’ouverture de l’aéroport international.
Edmonton est la première ville canadienne de taille moyenne à construire un système de transport léger sur rail (TLR) en 1978. La première ligne est prolongée à plusieurs reprises. La ville prévoit, à long terme, ajouter d’autres lignes qui s’étendraient à partir du centre-ville.
Présentement, la plupart des gens circulent néanmoins dans des voitures privées, bien qu’un réseau d’autoroutes se dessine graduellement. Le dernier tronçon de l’Anthony Henday Drive, une autoroute à plusieurs voies mieux connue sous le nom d’« Edmonton Ring Road », est en construction. Une fois complétée, l’autoroute entourera la périphérie d’Edmonton et reliera la route transcanadienne à l’autoroute Reine Élizabeth II.
Communications
Edmonton Journal et l’Edmonton Sun, et sept stations de télévision et de nombreuses stations de radiodiffusion. Ensemble, ils couvrent une grande étendue dans le Centre et le Nord de l’Alberta, tandis que certains services de radiodiffusion atteignent toute la province. Ceux-ci comprennent CTV Two Alberta et CKUA (le premier diffuseur public au Canada), et les services de radio et de télévision français de Radio-Canada.
La ville compte une industrie d’édition petite, mais diversifiée, dont plusieurs éditeurs de livres et différentes publications communautaires et spécialisées.
Administration et politique

Jusqu’en 1984, Edmonton avait une forme de gouvernement municipal reposant sur un conseil de commissions dotées chacune d’un mandat de trois ans. Le conseil de commissions est remplacé par un comité de direction dont le renouvellement des membres se fait par roulement. Le conseil municipal comprend un maire élu au suffrage universel et 12 conseillers représentant chacun une circonscription électorale. Le maire actuel est Don Iveson, qui est élu en 2013 après avoir rempli deux mandats au conseil municipal. En 2017, il est réélu à la mairie pour un nouveau mandat de quatre ans.
Quoique la plupart d’entre eux se présentent comme indépendants, l’élection de candidats appartenant à un même parti a à l’occasion connu un certain succès. Le plus connu de ces partis, l’Urban Reform Group of Edmonton (URGE), est issu des manifestations protestataires de citoyens pendant les années 1970. Ce parti n’existe plus, mais il témoigne de la tendance des citoyens d’Edmonton à donner un appui important au Parti libéral et au Nouveau Parti démocratique en Alberta. Un certain nombre de politiciens municipaux d’Edmonton, comme Laurence Decore, Brian Mason, Lance White et Ethel Sylvia Wilson, quittent leur poste pour siéger au niveau provincial ou à la Chambre des communes.
Edmonton a longtemps été propriétaire de services publics, une histoire qui remonte aux années 1890. Cette situation change du tout au tout dans les années 1990, où, partout, on privatise les services gouvernementaux. En premier lieu, le réseau de téléphone est vendu à Alberta Government Telephones (maintenant Telus). Ensuite, les services publics d’électricité et le réseau d’aqueduc deviennent EPCOR, une société privée dont l’unique actionnaire est la ville d’Edmonton. La société EPCOR vend maintenant ses services bien au-delà d’Edmonton.
Au cours de son histoire, Edmonton a généralement pu annexer des parcelles de territoire pour satisfaire ses besoins d’expansion, bien que cela ait souvent amené des conflits avec des municipalités de banlieue. Un conseil de région est créé en 2008 pour coordonner les politiques de planification et de transport entre Edmonton et les 24 municipalités de la région. Depuis 2013, Edmonton cherche à annexer une région importante au sud de la ville dans le but de faciliter sa croissance future.
Vie culturelle
Orchestre symphonique d’Edmonton, l’Edmonton Opera et le Citadel Theatre sont trois des plus grands organismes dans le domaine des arts d’interprétation au Canada. Nombres d’artistes et performeurs importants viennent d’Edmonton, dont les auteurs Rudy Wiebe et Lynn Coady, l’artiste du hip-hop Cadence Weapon, le groupe électronique Shout Out Out Out, le musicien country Corb Lund et l’artiste visuelle Aaron Paquette.
Les groupes ethniques nombreux sont également une source vivante de culture populaire. Chaque année, des douzaines de festivals d’art et de folklore sont présentés à Edmonton, qu’on surnomme d’ailleurs la « ville canadienne des festivals ». Y a lieu notamment l’Edmonton International Fringe Theatre Festival, le premier et le plus important du genre au Canada, l’Edmonton Folk Music Festival, l’Edmonton International Jazz Festival et le Works Art & Design Festival. L’événement The 10-day K-Days a vu le jour en 1879 alors qu’il constituait une foire agricole.
Citons parmi les scènes et les salles d’exposition le Northern Alberta Jubilee Auditorium, le Musée des beaux-arts de l’Alberta, la Stanley A. Milner Library, le Citadel Theatre, le Francis Winspear Centre for Music et le Timms Centre for the Arts (1995) de l’Université de l’Alberta, l’une des universités chefs de file du Canada. Le Northern Alberta Institute of Technology et l’Université Grant MacEwan sont deux autres importants établissements d’enseignement. On peut ajouter à cette liste le Royal Alberta Museum, le Muttart Conservatory, le John Janzen Nature Centre, le parc historique de Fort Edmonton et le centre municipal des sciences, le Telus World of Science.
Dans le domaine du sport, Edmonton compte les équipes professionnelles suivantes : les Eskimos d’Edmonton, de la Ligue canadienne de football, les Oilers d’Edmonton, de la Ligue nationale de hockey, et les Rush d’Edmonton, de la Ligue nationale de crosse.
Les principales installations sportives sont le stade du Commonwealth (construit pour les Jeux du Commonwealth de 1978 et agrandi afin d’accueillir 60 000 spectateurs aux Jeux mondiaux universitaires de 1983), là où jouent les Eskimos, le centre aquatique Kinsmen (bâti aussi pour les Jeux du Commonwealth), la Place Rexall, où jouent les Oilers, le complexe Edmonton Northlands, où l’on trouve une piste de course et des espaces pour accueillir des expositions, et le Telus Field, où jouent les Trappers. Ces dernières années, la Ville présente des événements sportifs variés d’envergure internationale (athlétisme, natation, rugby, soccer, baseball et patin artistique), et constitue un rendez-vous régulier pour les circuits de triathlon et de marathon. En outre, les finales canadiennes de rodéo se tiennent chaque année à Edmonton.