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Don Owen

Donald Owen, réalisateur, producteur, monteur, scénariste (né le 19 septembre 1931 à Toronto, en Ontario; décédé le 21 février 2016 à Toronto). Don Owen a été un cinéaste pionnier qui a notamment réalisé deux des films canadiens-anglais les plus importants des années 1960. Son premier long métrage de 1964, en grande partie improvisé, Nobody Waved Good‑bye (Départ sans adieux), représente une étape importante dans l’évolution du cinéma narratif au Canada et, en 1967, son troisième, The Ernie Game (Ernie), remporte deux prix au Palmarès du film canadien dans les catégories Meilleur long métrage et Meilleure réalisation. Les films de Don Owen explorent généralement le rôle des artistes et des exclus dans la société, mêlant souvent des éléments dramatiques, documentaires et d’improvisation.
Don Owen, cinéaste

Formation et début de carrière

Après avoir étudié l’anthropologie à l’Université de Toronto où il exerce également ses talents de poète en herbe, Don Owen commence à travailler comme scénariste sur des films industriels et en tant que machiniste et réalisateur adjoint à la CBC. Il intègre l’Office national du film en 1960; là, il contribue à faire évoluer l’art de la prise de vue avec des courts métrages fondateurs comme À Saint‑Henri le cinq septembre en 1962. Tout en travaillant à l’ONF dans le cadre de la légendaire unité B sous les ordres de son réalisateur en chef Tom Daly, il dirige les courts métrages Runner (Le coureur), en 1962, sur le coureur olympique Bruce Kidd et Toronto Jazz, en 1963, qui dresse le portrait des orchestres de jazz de Lenny Breau, Don Thompson et Alf Jones.

Carrière : les points saillants

En 1963, Tom Daly confie à Don Owen la réalisation d’un documentaire dramatisé sur un agent de probation et un délinquant juvénile. Cependant, au lieu de s’en tenir aux limites de ce qui lui est demandé, le cinéaste réalise, en 1964, Nobody Waved Good‑bye (Départ sans adieux), un long métrage désormais légendaire, improvisé pour l’essentiel, traitant de la colère d’un adolescent et du fossé entre les générations. Au départ, la réaction de l’ONF est plutôt mitigée; toutefois, le film est présenté au Festival du film de New York où il reçoit des critiques élogieuses. Il sort ensuite en salle au Canada en 1965 et remporte, cette même année, le prestigieux prix Robert Flaherty récompensant un documentaire attribué par la British Academy of Film and Television Arts (BAFTA).

Départ sans adieux

Après Nobody Waved Good‑bye, Don Owen réalise, en 1966, Notes for a Film about Donna and Gail, une œuvre fascinante mais relativement inaboutie, et, en 1967, The Ernie Game (Ernie), l’une des rares coproductions entre l’ONF et Radio‑Canada, un drame pénétrant à propos de l’esprit rebelle de la jeunesse de la fin des années 1960. Initialement conçu comme faisant partie d’une trilogie marquant le centenaire du Canada, ce film remporte deux prix lors du Palmarès du film canadien dans les catégories Meilleur long métrage et Meilleure réalisation, et est retenu dans la dernière liste pour l’obtention de l’Ours d’or au Festival du film de Berlin.

Don Owen réalise également deux courts documentaires extrêmement créatifs pour l’ONF : High Steel (Charpentier du ciel), en 1965, à propos d’ouvriers mohawks qui participent à la construction des gratte‑ciel de New York, remporte un prix au Palmarès du film canadien dans la catégorie Meilleur montage et le Youth Film Award du meilleur court métrage au festival de Berlin, tandis que Ladies and Gentlemen... Mr. Leonard Cohen (Mesdames et messieurs, M. Leonard Cohen), qu’il coréalise, en 1965, avec Donald Brittain, est également récompensé au Palmarès du film canadien dans la catégorie Meilleur documentaire télévisé. Le cinéaste réalise aussi un certain nombre de courts métrages fameux sur l’art et les artistes : Monique Leyrac in Concert en 1966; Gallery : a View of Time en 1967; Snow in Venice, en 1970, sur l’artiste Michael Snow; Richler of St. Urbain Street en 1971 à propos de l’écrivain Mordecai Richler et Cowboy and Indian en 1972 sur le photographe Robert Markle et l’artiste Gordon Rayner.

Après une interruption de près de dix ans durant laquelle il ne sort aucun film en salle, Don Owen réalise, en 1976, Partners, une allégorie iconoclaste sur les relations américano‑canadiennes qui rencontre quelques difficultés avec la censure en raison de scènes de sexe explicites. Unfinished Business, une suite un peu terne de Nobody Waved Good‑bye, sort en 1984 et obtient cinq sélections pour les prix Genie, notamment dans les catégories Meilleur réalisateur et Meilleur scénario. Turnabout, un film réalisé pour la télévision en 1987, marque la fin de la carrière de l’artiste en tant que réalisateur. Durant les dernières années de sa vie, il se concentre sur la peinture et sur l’écriture de poèmes.

Nobody Waved Good-bye

Héritage

Nobody Waved Good‑bye et The Ernie Game constituent toujours, à ce jour, deux des films les plus importants réalisés au Canada en anglais dans les années 1960. Nobody Waved Good‑bye, une œuvre inspirée mélangeant cinéma‑vérité et fiction, doit absolument être vu par qui souhaite comprendre véritablement la culture cinématographique canadienne. Ce film est inscrit, en 1984, dans la liste des dix meilleurs films canadiens de tous les temps à l’occasion d’une enquête menée par le Festival international du film de Toronto et est désigné comme un « chef‑d’œuvre » par le Trust pour la préservation de l’audiovisuel du Canada qui œuvre, jusqu’en 2009, à la protection du patrimoine audiovisuel canadien.

En 2005, le Festival international du film de Toronto organise une rétrospective des films de Don Owen et publie une monographie intitulée Don Owen : Notes on a Filmmaker and His Culture rédigée par Steve Gravestock, le programmateur canadien principal du festival.

Après la mort de Don Owen à 84 ans, le commissaire du gouvernement à la cinématographie et président de l’ONF Claude Joli‑Coeur déclare : « ses fictions et ses documentaires reflétaient son temps » et Andrea Sheffer, directrice générale du Fonds indépendant de production, estime, quant à elle : « Il était un véritable pionnier qui a donné au cinéma fait au pays sa véritable nature canadienne. Il a ouvert la voie à de nombreux cinéastes venus après lui qui ont soudain pu se dire “nous pouvons désormais faire des films parlant du Canada, il n’y a pas besoin qu’ils aient l’air américains ou qu’ils ressemblent à des films américains”. Je pense que son œuvre a constitué, au cours des années 1960, un tournant capital. »

Prix

  • Meilleur montage (High Steel), Palmarès du film canadien (1966)
  • Meilleur documentaire télévisé (Ladies and Gentlemen... Mr. Leonard Cohen), Palmarès du film canadien (1966)
  • Meilleur documentaire (Notes for a Film about Donna and Gail), Palmarès du film canadien (1967)
  • Meilleure réalisation pour un long métrage (The Ernie Game), Palmarès du film canadien (1968)

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