Chant - Pratique et enseignement | l'Encyclopédie Canadienne

Article

Chant - Pratique et enseignement

Chant - Pratique et enseignement.

Le présent article traite de l'évolution de l'art vocal au Canada depuis ses premières manifestations jusqu'à nos jours, tout en soulignant l'apport exceptionnel de nombreux chanteurs et chanteuses qui, plus que dans toute autre discipline artistique, ont contribué à la renommée du Canada à l'étranger, ceci dès la seconde moitié du XIXe siècle. Un aperçu de l'enseignement du chant au Canada complète cet article.

1. Introduction

2. Chanteurs et chanteuses

3. Enseignement

4. Prix et concours

1. Introduction. Le chant, individuel ou collectif, a sans doute été la première manifestation artistique en Nouvelle-France et le moyen d'expression musicale le plus largement répandu par la suite. Dès leur arrivée en 1534, Jacques Cartier et ses compagnons entendirent sans doute les chants traditionnels des autochtones, chants qui deviendront l'objet de recherches et d'études de la part des historiens et des ethnologues. Les Français furent sans doute les premiers à faire entendre de la musique européenne en Amérique du Nord; ils chantèrent une messe et des hymnes à leur arrivée. Ils apportaient aussi avec eux des chansons folkloriques de diverses régions de France, et le très grand nombre d'entre elles qui ont été recueillies depuis, à partir d'Ernest Gagnon au milieu du XIXe siècle, témoigne de leur importance dans la vie des premiers colons (voir Musique folklorique canadienne-française).

Non seulement le chant était-il à l'honneur à l'église lors des offices et cérémonies religieuses, mais on sait qu'il était intégré à la vie quotidienne : réunions sociales, voyages, métiers et travaux de la ferme, assemblées politiques, fêtes patriotiques, distributions de prix de fin d'année scolaire, concerts de charité, etc. Le chant, ne nécessitant a priori aucune formation particulière ni le concours d'un instrument, était à la portée de tous, et chacun pouvait l'utiliser selon ses talents, sans même connaître les moindres rudiments de la musique. Pourtant, dès le Régime français, plusieurs marchands et hauts fonctionnaires possédaient des cahiers d'Airs sérieux et à boire, publiés en grand nombre à Paris, et qui exigent un niveau certain de formation musicale, comme celle qui faisait partie d'une bonne éducation à l'époque, tandis que l'épistolière Élizabeth Bégon relate comment dans les salons montréalais on se réunissait chantait à table. Si les cantiques spirituels sur les airs d'opéra de Lully et Campra, dont des livres ont survécu, servaient pour les récréations dans les couvents, les mêmes airs faisaient l'objet de parodies bachiques.

Ce n'est que vers la fin de XVIIIe siècle que le chant au Canada en vint à être considéré comme un moyen d'expression artistique, dont la pratique nécessite des études et l'acquisition d'une technique comprenant émission, pose de voix, respiration et interprétation. La venue un peu plus tard de troupes d'opéra avec des chanteurs formés en Europe a sans doute fait réaliser aux amateurs que la voix à son état naturel était insuffisante et qu'elle pouvait être améliorée par l'étude, contrairement au préjugé voulant qu'une belle voix pouvait être endommagée si on la confiait à un professeur. Il faudra cependant attendre le milieu du XIXe siècle pour assister à la venue au Canada des premiers professeurs spécialisés. Jusque-là, l'étude du chant se confondait avec celle de la musique en général, comme le prouve le Traité élémentaire de musique vocale (Québec 1845) de T.F. Molt, lequel est, malgré son titre, un simple ouvrage de théorie musicale et de solfège où il n'est aucunement question de la voix elle-même.

2. Chanteurs et chanteuses. Il est étonnant qu'en dépit de cette situation, le Canada ait réussi à produire à cette époque une cantatrice qui atteindra rapidement les plus hauts sommets sur le plan international. Emma Albani n'avait étudié qu'avec son père lorsqu'elle se fit entendre pour la première fois en public en 1856, mais déjà l'excellence de la formation reçue était manifeste, et il ne lui faudra que deux ans d'études en France et en Italie avant d'être, à partir de 1870, consacrée comme une vedette de premier plan.

Par la suite, de nombreux chanteurs et chanteuses nés au Canada, ou arrivés très jeunes et ayant reçu au moins une partie de leur formation au Canada, connaîtront une renommée nationale et souvent internationale, à l'opéra et à l'oratorio, au concert et en récital, établissant ainsi la renommée du Canada comme pays producteur de chanteurs et chanteuses au talent exceptionnel. Parmi eux, on remarque Pierrette Alarie, Milla Andrew, Nancy Argenta, Odette Beaupré, Émile Belcourt, Donald Bell, Colette Boky, Jean Bonhomme, Pierre, Benoît et René Boutet, John Boyden, Cédia Brault, Victor Braun, Kathleen Brett, Donna Brown, Edmund Burke, Christopher Cameron, Yves Cantin, Clarice Carson, Pierre Charbonneau, Fernande Chiocchio, Claude Corbeil, Claudine Côté, Alan Crofoot, Tracy Dahl, Odette de Foras, Rosita del Vecchio, France Dion, Pauline Donalda, Mark DuBois, Paul Dufault, Graziella Dumaine, Céline Dussault, Jeanne Dusseau, Pierre Duval, Louise Edvina, Allan Fast, Gina Fiordaliso, Sarah Fischer, Maureen Forrester, Lyne et Hélène Fortin, Judith Forst, Paul Frey, Don Garrard, Éva Gauthier, Jacques Gérard, Gaston Germain, Jeanne Gordon, Sandra Graham, Elizabeth Benson Guy, Denis Harbour, Mary Henderson, Ben Heppner, Kathleen Howard, Jean-Pierre Hurteau, Frances James, Raoul Jobin, Edward Johnson, Edward L. Johnson, Marie Laferrière, Béatrice La Palme, Gaétan Laperrière, Gabrielle Lavigne, Suzie LeBlanc, Louise Lebrun, Grégoire Legendre, Christine Lemelin, Daniel Lichti, Nicole Lorange, Germaine Manny, Richard Margison, Lois Marshall, Nicholas Massue, Ermanno Mauro, Kevin McMillan, Katharina Megli, François-Xavier Mercier, Morley Meredith, James Milligan, Norman Mittelman, Allan Monk, Erik Oland, Cornelis Opthof, Marie-Danielle et Yolande Parent, Mona Paulee, Mariana Paunova, Irene Pavloska, Mark Pedrotti, Claude-Robin Pelletier, Adriane Pieczonka, Rodolphe Plamondon, Albert Quesnel, Louis et Gino Quilico, Sonia Racine, Christiane Riel, Catherine Robbin, Joseph Rouleau, Irene Salemka, Sylvia Saurette, Robert Savoie, Michael Schade, Léopold Simoneau, Teresa Stratas, Lillian Sukis, Janice Taylor, Micheline Tessier, Heather Thomson, Marie Toulinguet, Huguette Tourangeau, Édith Tremblay, Bernard Turgeon, André Turp, Peter van Ginkel, Lyn Vernon, Richard Verreau, Jon Vickers, Irena Welhasch, Edith Wiens. Plusieurs sont devenus ensuite professeurs, certains poursuivant néanmoins une carrière active.

Tout en abordant le répertoire traditionnel, un certain nombre se sont spécialisés dans l'interprétation d'oeuvres contemporaines, particulièrement celles des compositeurs canadiens, comme Billie Bridgeman, Josèphe Colle, Jocelyne Fleury, Rosemarie Landry, Margo MacKinnon, Phyllis Mailing, Mary Morrison, Marie-Danielle et Yolande Parent, Gary Relyea, Roland Richard, Patricia Rideout, Roxolana Roslak et Pauline Vaillancourt.

3. Enseignement. Dans les couvents, collèges et séminaires, le chant était enseigné comme matière complémentaire dès le début du XIXe siècle et même avant, souvent par des professeurs d'une compétence limitée, rarement spécialisés. À Montréal, l'un des premiers professeurs de marque fut Mme Petipas qui, avec son mari M. D'Anglars, donna des cours particuliers et enseigna dans divers établissements de 1868 à 1880 alors que le couple repartit pour la France. « Ces distingués artistes introduisirent en cette ville l'enseignement sérieux et raisonné du chant et de la déclamation française » écrivait Le Canada musical (1er août 1880).

À la même époque, des prêtres comme L.-A. Barbarin et J.-J. Perrault enseignaient l'art vocal à leur façon, en vue du chant liturgique, et c'est de ce milieu que sortit Guillaume Couture qui se perfectionna à Paris, entre 1873 et 1877, auprès de Romain Bussine, élève du célèbre Manuel Garcia. Couture ne fera pas carrière comme chanteur mais formera plusieurs élèves dont Achille Fortier, Édouard LeBel, Ada Moylan et Rodolphe Plamondon. À Paris, Bussine recevra ensuite Fortier, Marie Contant, Charles Labelle et Céline Marier qui feront tous carrière dans l'enseignement.

Par la suite, l'enseignement du chant au Canada s'établira peu à peu sur des bases plus solides, avec la venue de maîtres éminents de l'étranger comme de professeurs canadiens ayant approfondi leurs connaissances dans les grandes écoles et conservatoires de France, d'Italie, d'Angleterre et d'Allemagne. Il en résultera des générations de chanteurs qui, en plus de voix remarquables, ne s'identifieront pas nécessairement à une tradition ou à une école particulières. Le chanteur canadien se distinguera en effet par son aptitude à chanter dans plusieurs langues et sa capacité d'adaptation à divers styles.

Parmi d'autres professeurs actifs depuis le début du XXe siècle, citons, à Montréal, Louise André, Albert Clerk-Jeannotte, Albert Cornellier, Adelina Czapska, Marie Daveluy, Reine Décarie, José Delaquerrière, Edith et Luciano Della Pergola, Bernard Diamant (aussi à Toronto), France Dion, Lucille et Robert Evans, Roger Filiatrault, Sarah Fischer, Gaston Germain, Ruzena Herlinger, Salvator Issaurel, Margaret Kalil, Roger Larivière, Arthur Laurendeau, Ria Lenssens, Jacqueline Martel, Jeanne Maubourg, Carmen Mehta, Dina Maria Narici, Alice Raymond, Frank H. Rowe, Albert Roberval, Jan Simons et Mme A.C. Wieland. À Québec se détachent particulièrement les noms de Rolande Dion, Adine Fafard-Drolet, Louis Gravel, Émile Larochelle, Guy Lepage, F.-X. Mercier et Isa Jeynevald-Mercier.

À Toronto et dans d'autres villes de l'Ontario, l'enseignement a été principalement dispensé par Dorothy Allan Park, Dalton Baker (aussi à Vancouver), Giuseppe Carboni, Bertha Carey Morrow, Gina Cigna, Francesco D'Auria, Eduardo Ferrari-Fontana, Nina Gale, Howell Glynne, Albert Ham, Elliott Haslam, Emmy Heim, Irene Jessner, Weldon Kilburn, George Lambert, Campbell McInnes, Otto Morando, Aksel Schiøtz, Helen Simmie, Rechab Tandy, Adine Tremblay, Bernard Turgeon, Ernesto Vinci (aussi à Halifax et à Banff) et Albert Whitehead.

Parmi les professeurs actifs à Winnipeg, on remarque W.H. Anderson, Nina Dempsey, Thérèse Deniset, Simone Estelle (à Saint-Boniface toutes deux), John Goss (aussi à Vancouver), Stanley Hoban, George Kent, May Lawson, Doris Lewis, Victor Martens (aussi à Kitchener et Waterloo), Frederick Newnham (aussi en Nouvelle-Écosse), Gladys Whitehead (aussi à Hamilton) ainsi que J. Roberto Wood et son épouse. En Alberta, Odette de Foras, Glyndwr Jones (aussi à Vancouver), Jean Létourneau et Lucien Needham ont formé plusieurs élèves, de même qu'Alicia Birkett et Helen Sherry en Saskatchewan. En Colombie-Britannique, on relève les noms de Nancy Paisley Benn, Donald Brown, Isabelle Burnada, Catharina Hendrikse, Gideon Hicks, Phylis Inglis, Frances James, Phyllis Mailing, Avis Phillips et William Morton, Teodor Brilts, Audrey Farnell, Eleanor Jerrett, Gloria Richard et Mariss Vetra (aussi à Toronto) ont été parmi les professeurs de chant réputés dans les Provinces maritimes.

4. Prix et concours. Dès la fin du XIXe siècle, des chanteuses comme Béatrice La Palme et Ada Moylan furent titulaires de bourses Strathcona. Quant au Prix d'Europe, il fut attribué pour la première fois à un chanteur en 1916 alors que Graziella Dumaine en fut la titulaire. Lionel Daunais l'obtint en 1926. Dans les années 1950, des concours radiophoniques comme « Singing Stars of Tomorrow », « Nos futures étoiles » et « Opportunity Knocks » permirent de découvrir un nombre considérable de jeunes chanteurs, dont plusieurs ont fait des carrières internationales. Le Concours international de musique de Montréal a été consacré au chant en 1967, 1970, 1973, 1977, 1981, 1985 et 1989. Parallèlement au concours de 1977, un « Colloque sur le chant » prit place avec la participation d'éminentes personnalités comme Rose Bampton, Clarice Carson, Maureen Forrester, Don Garrard, Bidú Sayão, Gerald Moore, Lotfi Mansouri et Terry McEwen. Le Concours national de chant a été tenu à Guelph, Ont., en 1967, 1977, 1982 et 1987.

Voir aussi Atelier d'opéra de McGill, Chant choral, Maîtrises, Mélodie, Opéra et opérette - Représentation, Oratorio - Présentation du répertoire international, Oratorios canadiens - Composition et présentation, Regina Cons. Opera, University of Toronto Opera Division.

Lecture supplémentaire

Liens externes