Canaux et voies navigables intérieures | l'Encyclopédie Canadienne

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Canaux et voies navigables intérieures

Ces deux fabuleux parcours sont d'abord empruntés un peu avant la fin du XVIIIe siècle par Alexander MACKENZIE, qui atteint alors l'embouchure du fleuve qui porte aujourd'hui son nom (1789). Il est le premier Européen à traverser le continent nord-américain (jusqu'à Bella Coola) en 1793.
Saint-Laurent, voie maritime du
Sault Ste. Marie, écluses de Soo à
À Sault Ste. Marie, en Ontario, les navires océaniques et de lac évitent les rapides en passant par les écluses de Soo, ouvertes en 1895, et par quatre écluses américaines qui gèrent une circulation plus importante que ne le fait n'importe quel système au monde (avec la permission de Colour Library Books).
Rideau, canal
Avec les édifices du Parlement en toile de fond, à Ottawa (Corel Professional Photos).
Écluses sur le canal Rideau
Le canal Rideau, construit pour relier la rivière des Outaouais au lac Ontario, à Kingston, est l'un des plus gigantesques travaux d'ingénierie effectués dans le nouveau Canada (aquarelle réalisée par W.H. Bartlett, avec la permission des Bibliothèque et Archives Canada/C-367).

Canaux et voies navigables intérieures

Le Canada n'a pas son pareil avec ses 800 000 km2 d'eau douce. Ses lacs, qui forment la majeure partie de sa large surface, sont reliés entre eux par un réseau hydrographique. Le fleuve Mackenzie, par son réseau drainant une surface de l 870 000 km2 d'eau douce, occupe le septième rang mondial. Traversant la moitié du continent, la voie maritime du Saint-Laurent et des Grands Lacs est encore plus connue. Par les voies navigables canadiennes, on peut se rendre en canot des eaux de marée, près de Québec, aux confins du Nord-Ouest, sur la côte arctique, et même jusqu'à la côte du Pacifique, par-delà les montagnes.

Ces deux fabuleux parcours sont d'abord empruntés un peu avant la fin du XVIIIe siècle par Alexander MACKENZIE, qui atteint alors l'embouchure du fleuve qui porte aujourd'hui son nom (1789). Il est le premier Européen à traverser le continent nord-américain (jusqu'à Bella Coola) en 1793. Il figure parmi les presque légendaires explorateurs et marchands de fourrures de son temps. Formant la Compagnie du Nord-Ouest, ces hommes et leurs guides et interprètes autochtones ou métis sont les pionniers de l'exploration des principales voies d'eau de l'Ouest et du centre Ouest du pays.

Ils doivent contourner d'importants obstacles, dont les rapides de la rivière St. Marys, là où elle se sépare du lac Supérieur. C'est en ce lieu que la Compagnie du Nord-Ouest construit l'une des premières écluses au Canada (1819), à vrai dire très petite, tout comme les écluses des rapides de Soulanges, sur le Saint-Laurent, de taille encore moindre. Ces travaux sont entrepris en 1779 par le corps des Royal Engineers sous la direction du gouverneur Haldimand. D'une profondeur de moins de 0,5 m au-dessus du seuil, ces écluses primitives inaugurent le réputé réseau des canaux canadiens, dont certains sont encore en usage sous leur forme initiale, tandis que d'autres ont été agrandis ou réaménagés (voir TRAITE DES FOURRURES, ROUTES DE LA).

Le canal de Lachine, qui contourne les rapides du Saint-Laurent, en amont de Montréal, est le premier véritable canal, construit de 1821 à 1825. Cette initiative de commerçants montréalais engloutit d'importants fonds publics. Les autres canaux de cette époque sont ceux de l'Outaouais, au nombre de trois (1819-1834), et le CANAL RIDEAU (1826-1832), construits pour former, à l'intention des militaires, une voie navigable supplémentaire entre Montréal et Kingston après la guerre de 1812. Pour cette raison, le gouvernement en finance la construction, même si leur utilisation est plus commerciale que militaire.

Les canaux de l'Outaouais servent jusqu'en 1961, date à laquelle ils sont submergés au profit d'un barrage hydroélectrique d'Hydro-Québec. La navigation y est encore possible grâce à une nouvelle écluse adjacente à la centrale hydroélectrique de Carillon. On utilise encore régulièrement le canal Rideau, pratiquement inchangé depuis 150 ans. Les rapides de la rivière Richelieu, en amont de Saint-Jean (Québec), sont contournés par le canal Chambly (1833-1843). L'écluse de Saint-Ours, près de Sorel, permet aux navires d'accéder au lac Champlain par le Saint-Laurent, donc au canal Champlain (États-Unis) et à la rivière Hudson. Par contre, les écluses étroites du canal Chambly (7,1 m de largeur seulement) continuent de provoquer des embouteillages sur cette voie internationale de navigation.

D'ambitieux projets de canaux sont réalisés dans les provinces maritimes. Le canal Shubenacadie reliant Halifax à la baie de Fundy, mis en chantier en 1826, n'est terminé qu'en 1861 et ne connaît qu'une faible affluence durant à peine dix ans. Le petit canal St. Peter's, reliant le lac Bras d'Or à l'océan, est construit de 1854 à 1869. Élargi par la suite, on l'utilise encore. Le projet le plus ambitieux, déjà envisagé en 1686, étudié à plusieurs reprises mais non encore réalisé, est celui d'un canal traversant l'isthme de Chignecton. Un important chemin de fer maritime est mis en chantier en 1882 comme solution de rechange, mais on abandonne ce dernier projet en 1891.

Ces premiers canaux, ainsi que le réseau du CANAL TRENT, qui suit les anciennes routes indiennes à travers les lacs Kawartha, ont pour but de faciliter la progression des petits bateaux à vapeur. Le canal Chambly et le canal Grenville (un des canaux de l'Outaouais) sont les seuls à ressembler aux canaux européens. Comme ceux-ci, ils sont dotés de sentiers pour le halage des péniches par des chevaux.

Pendant la seconde moitié du XIXe siècle, la population canadienne se déplace et, faute de routes carrossables, le transport par bateaux à vapeur s'étend aux rivières et aux lacs. Pendant longtemps, sir John A. Macdonald a sa cabine réservée sur l'un des bateaux à vapeur qui fait le service quotidien entre Ottawa et Montréal. Certains de ces trajets seront encore exploités pendant un bon nombre d'années au XXe siècle. Le trajet Montréal-Québec-Saguenay, par exemple, existe jusqu'en 1965. Sur le fleuve Mackenzie, ce service est encore offert, mais les bateaux sont munis de moteurs diesel.

La plus importante réussite dans l'aménagement des voies navigables canadiennes est la canalisation du Saint-Laurent, aujourd'hui devenue la VOIE MARITIME DU SAINT-LAURENT . Ses débuts remontent à la construction du canal de Lachine (1825), suivie de près par la réalisation du premier CANAL WELLAND en 1829. Quarante petites écluses en bois servent à élever les navires de 100 m du lac Ontario au lac Érié. Elles leur permettent ainsi de franchir l'escarpement abrupt du Niagara. Construit grâce à l'entreprise privée, le canal Welland sera ensuite acquis par le gouvernement, tout comme le canal de Lachine.

En fait, les deniers publics financent toutes les améliorations apportées aux voies navigables canadiennes, et le gouvernement assure leur fonctionnement. En 1845, le canal Welland est refait en maçonnerie et avec des écluses plus importantes. C'est l'une des premières grandes réalisations de la Commission des travaux publics (nouvellement créée) du Canada-Uni. La Commission procède aussi à l'aménagement de plusieurs canaux de petite taille servant à contourner les rapides du Saint-Laurent entre les lacs Saint-Louis et Ontario. Il s'agit des canaux de Beauharnois (plus tard appelé Soulanges), de Cornwall et de Williamsburg. Ce groupe de canaux n'est achevé et utilisé de façon régulière qu'au milieu du XIXe siècle. De 1834 à 1850, les canaux de l'Outaouais et le canal Rideau, ainsi que les rivières qu'ils desservent, forment la voie maritime.

Après la Confédération de 1867, le transport intérieur devient une des priorités du nouveau gouvernement. Les années 1870 et 1880 voient la reconstruction et le réaménagement des canaux. Ainsi, les écluses du canal Grenville, troisième des canaux de l'Outaouais, sont enfin reconstruites et ne causent plus d'embouteillages. Le nouveau canal Carillon remplace le précédent de même que le canal à écluse simple appelé chute à Blondeau. Toutes les écluses des canaux de Lachine et du Saint-Laurent sont alors reconstruites selon des dimensions normalisées, soit 84 m de longueur et 14 m de largeur pour une profondeur de 4,2 m (14 pi) au-dessus du seuil. Le troisième canal Welland, nettement amélioré par rapport au second, est terminé en 1887. Pour desservir le nouveau réseau fluvial du Saint-Laurent, on établit graduellement une flotte d'environ 200 vapeurs de marchandises massifs et inélégants, mais efficaces. Cette flotte, connue sous le nom de « quatorze pieds », est utilisée sans relâche pendant 75 ans.

Après 1909, le Saint-Laurent est sous la juridiction de LA COMMISSION MIXTE INTERNATIONALE, un tribunal canado-américain. Les discussions sur l'éventuel agrandissement d'un réseau de canalisation reprennent de plus belle. En empruntant l'Outaouais, on pourrait diminuer de 483 km la navigation vers les Grands Lacs. Cependant, les élections générales de 1911 mettent un terme aux espoirs de voir un canal maritime dans la baie Georgienne.

La construction du quatrième canal Welland débute en 1913 comme solution de rechange à une voie sur le Saint-Laurent. Ce canal de renommée mondiale même s'il n'a que huit écluses, est une entreprise entièrement canadienne officiellement inaugurée en 1932. Ses écluses, de 260 m de longueur sur 24 m de largeur, ont favorisé le développement d'une flotte de bateaux dits « des Grands Lacs » assurant le transport en vrac. Plus tard, ces mêmes écluses serviront à déterminer la taille des écluses de la voie maritime du Saint-Laurent lors de sa construction (1954-1959) (voir CARGOS DES GRANDS LACS).

Aujourd'hui, la voie maritime du Saint-Laurent, incluant le quatrième canal de Welland, constitue l'un des plus grands canaux maritimes du monde. Elle permet les entrées et les sorties des navires affrétés à l'intérieur comme à l'extérieur du continent nord-américain. Les grandes lignes de transport de passagers d'antan ont pratiquement disparu, cédant la place aux omniprésents bateaux de plaisance, surtout dans les canaux les moins importants. Si l'on s'écarte des principales voies navigables, on découvre avec plaisir les lacs et les rivières du Canada, l'un de ses attraits les plus remarquables. Ces cours d'eau, toujours aussi fréquentés, donnent tout son sens à la devise du « Dominion » du Canada : « D'un océan à l'autre et du fleuve jusqu'aux confins de la terre. »

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