Archéologie méditerranéenne | l'Encyclopédie Canadienne

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Archéologie méditerranéenne

ItalieL'UNIVERSITÉ DE L'ALBERTA est active dans le sud de l'Italie depuis quelques décennies déjà, dans les régions anciennes de Lucanie et Apulie. Ce travail a débuté avec l'excavation de quelques sites indigènes préromains, tels Botromagno, Monte Irsi et Roccagloriosa.

Archéologie méditerranéenne

  Il y a maintenant plusieurs années que les spécialistes canadiens contribuent de façon importante aux études archéologiques grecques, romaines, et levantines. Depuis 1969, le CONSEIL DE RECHERCHES EN SCIENCES HUMAINES DU CANADA (CRSH) autorise le plein financement des programmes de recherche archéologique. Ce financement a permis à des professeurs et à leurs étudiants d'entreprendre des projets de recherche à long terme en Italie, Grèce, Égypte, Tunisie, Turquie, Syrie et Jordanie, où ils travaillent souvent en collaboration avec les autorités locales ou avec d'autres universités européennes ou nord-américaines.

Italie
L'UNIVERSITÉ DE L'ALBERTA est active dans le sud de l'Italie depuis quelques décennies déjà, dans les régions anciennes de Lucanie et Apulie. Ce travail a débuté avec l'excavation de quelques sites indigènes préromains, tels Botromagno, Monte Irsi et Roccagloriosa. Des recherches plus récentes se sont concentrées sur le développement des établissements, l'utilisation du territoire et les changements sociaux pendant la période romaine. Un certain nombre de sites ont été fouillés, dont San Giovanni di Ruoti et Masseria Ciccotti.

Depuis 1987, une équipe canado-italienne, Helena Fracchia (Université de l'Aberta) et Maurizio Gualtieri (Université de l'Alberta/Université de Péruge), en collaboration avec la Surintendance archéologique de la Basilicate, mène un projet de reconnaissance dans la vallée supérieure de Bradano, à l'est de la Basilicate. Des fouilles à grande échelle ont également été menées à Masseria Ciccotti, l'un des sites principaux de cette région, situé près de la ville moderne de Oppido Lucano. Les recherches dans cette région se concentrent sur le développement des établissements et l'utilisation du territoire pendant la période romaine. Le site de Masseria Ciccotti fut occupé entre le 1er siècle av. J.-C. et le 5ème siècle ap. J.-C. Les trouvailles sur le site, en particulier les mosaïques figurées du 3ème siècle ap. J.-C., font partie de l'exposition permanente au Musée archéologique de Muro Lucano.

Depuis 1990, Fracchia et Gualtieri ont aussi fouillé un site qui fut longtemps occupé à Ossaia, près de Cortona dans la province de Tuscane. Ce travail a été mené en collaboration avec la ville de Cortona, l'Université de Péruge, et la Surintendance archéologique de Toscane. Le site est passé d'un sanctuaire étrusque rural entre les 5ème et 2ème siècles av. J.-C., à une villa impériale qui appartenait à Gaius et Lucius César entre le 1er siècle av. et ap. J.-C. Au cours du 2ème siècle ap. J.-C., le site fut transformé en un centre de production de tuiles, briques, amphores et lampes, avant de devenir une fois de plus une résidence opulente dans le milieu du 3ème siècle ap. J.-C. Ce projet qui se poursuit actuellement se concentre sur l'utilisation, les changements sociaux et la base économique du site. Le matériel recueilli lors ce cette fouille fait partie de l'exposition permanente au Musée de l'Académie étrusque dans la ville de Cortona.

Certains sites de la période impériale romaine ont été découverts dans la vallée de la rivière Basantello en Apulie, au cours d'une opération de reconnaissance. Alastair Small (Université de l'Alberta/Université d'Edinburgh) étudie une zone rurale de peuplement romain à Vagnari. Les estampilles sur les briques indiquent que l'endroit faisait partie d'un large état impérial et était un centre de production de briques et de tuiles pendant la période impériale romaine. Après une étude de surface poussée et de la prospection géophysique, des fouilles ont débuté en 2005 au site de San Felice, qui est relié à celui de Vagnari. Ce travail fut dirigé par J. Hans vanderLeest (U du Mt. Allison), avec la collaboration de Myles McCallum de l'Université du Nevada (Reno) et des collègues britanniques. Les fouilles ont révélé le complexe substantiel d'une villa, incluant un large péristyle datant de la fin du 1er au début du 3ème siècle ap. J.-C.

L'UNIVERSITÉ DE LA COLOMBIE-BRITANNIQUE est aussi active en Sicile. Les fouilles menées dans la ville de Monte Polizzo, dans l'ouest de la Sicile, sont maintenant terminées. L'investigation d'un site indigène punique à Monte Polizzo contribue à redresser un biais qui a favorisé jusqu'à maintenant l'investigation, et donc la connaissance, des sites coloniaux grecs et/ou romains. Plus particulièrement, ces recherches se sont concentrées sur le développement culturel de Monte Polizzo et l'interaction avec les sites voisins phénicio-puniques, grecs, et indigènes. Ces fouilles se sont déroulées dans le cadre du Project archéologique sicilien-scandinavien, développé par la Surintendance de Trapani et l'Université de Gothenburg. Le projet s'est par la suite élargi pour englober d'autres équipes d'universités d'Europe et d'Amérique du Nord. L'Université de Stanford (Californie) et une équipe de l'Université de la Colombie-Britannique ont travaillé ensemble sur l'acropole de Monte Polizzo, sous la direction de Franco De Angelis. Jusqu'à maintenant, ces fouilles ont permis d'identifier cinq phases d'occupation, à partir de l'âge du bronze jusqu'à l'aire moderne.

Grèce

L'Institut canadien d'archéologie à Athènes facilite le travail des chercheurs en Grèce.

Depuis 2004, une équipe de l'Université de l'Alberta dirigée par Margriet Haagsma, et la 15ème Éphorie des antiquités préhistoriques et classiques à Larissa, collaborent sur un projet à Kallithea, le site possible de l'ancienne ville de Peuma à Achaia Phthiotis, Thessalie. Ces vestiges archéologiques sont ceux d'un centre urbain fortifié, situé sur le sommet d'un mont d'une hauteur de 600 m. L'acropole fortifiée ainsi qu'un petit temple furent construits au cours des périodes archaïque tardive ou classique. Le centre urbain qui s'étend tout autour a été construit vers la fin du 4ème ou le début du 3ème siècle av. J.-C., et contient des maisons et des rues disposées selon un plan quadrillé. L'agora et les édifices publiques adjacents faisaient partie de ce plan régulier et bien préservé, qui comprenait également un autre petit temple. La zone d'habitation était entourée d'un mur de fortification, avec 49 tours, deux portes de ville principales, et trois poternes ou portes dérobées. Les vestiges et leur distribution suggèrent que le site fut occupé de façon limitée au cours des 6ème et 5ème siècles av. J.-C., qu'il fut occupé intensément à partir de la fin du 4ème siècle jusqu'à la fin du 3ème siècle av. J.-C., puis encore de façon limitée au cours du 2ème siècle av. J.-C. Le Kastro (château) à Kallithea offre une excellente occasion d'étudier les développements de la planification des villes et des maisons en Thessalie; il permet également aux chercheurs d'explorer dans plus de détails les dynamiques de peuplement et d'abandonnement dans cette région pendant les périodes archaïque, classique et hellénique.

L'Université de la Colombie-Britannique mène des projets en Grèce depuis 1984, quand Hector Williams a initié les fouilles qui se sont poursuivies jusqu'en 1994 à Mytilène. Les archéologues ont mis au jour un sanctuaire de Demeter et Kore, ainsi que la chapelle mortuaire des Gattelusi, une famille qui gouvernait le nord de l'Agée entre 1355 et 1462. Les nombreuses découvertes de poterie, lampes, figurines, poids de métier à tisser, de sacrifices d'animaux et de restes de plantes qui ont été faites dans le sanctuaire, donnent une excellente idée de ce qu'était un centre de culte pendant la période classique.

Depuis 1994, Williams a aussi mené un autre projet de recherche à Stymphalos, une ville classique et hellénique modeste située dans les montagnes de l'Arcadie. Le site a été complètement cartographié au cours d'un projet pionnier de reconnaissance géoarchéologique à grande échelle. L'équipe a dévoilé des vestiges associés à un théâtre ainsi qu'une section d'une palaestra (gymnase), certaines rues et maisons dont les restes d'une porte massive avec des décorations en bronze, un sanctuaire avec un petit temple, et des centaines d'offrandes votives sous forme de statues, bijoux, figurines et poterie. Une bonne partie des défenses de la villes ont aussi été retrouvées, avec au moins cinq édifices doriques (dont deux avec des tuiles de toit en marbre), et cinq cimetières chrétiens des 5ème et 6ème siècles ap. J.-C. Les périodes allant du paléolithique moyen jusqu'au début de l'âge de bronze sont également représentées au site. Après une période d'abandon, des gens se sont probablement réinstallés au site au début de la période impériale. C'était peut-être des vétérans romains dont l'armement a été retrouvé dans une villa qui fut détruite par un tremblement de terre autour de l'an 40 ap. J.-C. Le site a également été l'objet de différent types d'exploration géophysique : les résultats ont donné une bonne idée de la ville enfouie.

Depuis 1976, l'UNIVERSITÉ DE TORONTO a reçu du financement à grande échelle pour mener des fouilles sur le site crétois de Kommos, sous la direction de Maria et Joseph Shaw. En tant que l'un des plus gros projets archéologiques outremers, Kommos a donné l'occasion à une équipe de spécialistes internationale, d'examiner en détails la vie, l'architecture et les environs d'un petit, mais apparemment important village (les archéologues évaluent la population à 300 ou 400 habitants) du 2ème millénaire av. J.-C. Une découverte inattendue fut celle d'un sanctuaire remarquable construit sur la partie sud du site, qui semble avoir été utilisé à partir de l'époque sub-minoenne tardive jusqu'au début de l'Empire romain.

L'UNIVERSITÉ DE MONTRÉAL, sous la direction de Jacques Perrault et en collaboration avec le Service archéologique grec, travaille sur le site d'Argilos, une colonie grecque fondée par des gens venus de l'île d'Andros vers 650 av. J.-C. La ville fut un centre prospère du 6ème au 3ème siècles av. J.-C. Les vestiges bien préservés de maisons, de rues pavées, et de grandes quantités de poterie illustrent le développement urbain d'une ville grecque sur plus de trois siècles.

Tunisie

La ville de Leptiminus (Lamta) en Tunisie a prospéré à partir des temps puniques jusqu'à la période byzantine (d'environ 500 av. J.-C. à 700 ap. J.-C.). Peu d'éléments architecturaux survivent encore, mais les vestiges d'un amphithéâtre et d'un bain publique sont visibles dans l'enceinte du musée archéologique. En 1995, l'UNIVERSITÉ DU MANITOBA s'est jointe à un projet international de reconnaissance et de fouilles sur le site, sous la direction de Nejib Ben Lazreg. L'équipe canadienne, menée par Lea Stirling, s'est concentrée sur un complexe d'ateliers de fabrication de pots avec fours, en usage entre les 1er et 3ème siècles ap. J.-C., ainsi que sur un cimetière romain qui date du 2ème au 4ème siècle ap. J.-C.

Syrie

Après avoir fouillé, entre 1986 et 1993, les sites du bronze ancien (environ 2800-2400 av. J.-C.) de Tell 'Atij et Tell Gudeda, Michel Fortin de l'UNIVERSITÉ LAVAL a entrepris un autre projet en Syrie. L'équipe canadienne, dirigée par Fortin et Elizabeth Cooper (Université de la Colombie-Britannique), a étudié le site de Tell 'Acharneh entre 1998 et 2004. Tell 'Acharneh est un large site qui couvre une étendue de 70 ha. Il est situé à environ 35 km au nord-ouest de la ville actuelle de Hama. Tell 'Acharneh a été occupé pendant l'âge du bronze et l'âge du fer (entre 2500 et 700 av. J.-C.) et pourrait possiblement être le site de l'ancienne ville de Tunip. Le site contient aussi une fortification médiévale datant de la fin du 11ème siècle ap. J.-C., c'est-à-dire du temps de la première croisade. En 2004, une équipe Syro-canadienne a mené une opération de reconnaissance géoarchéologique dans la vallée de Ghab, où Tell 'Acherneh est situé. Environ 40 sites archéologiques ont été découverts jusqu'à maintenant.

Jordanie

Depuis 1991, John P. Oleson du Département d'études grecques et romaines à l'UNIVERSITÉ DE VICTORIA dirige des reconnaissances et des fouilles à Humayma (auparavant « Humeima »), le site de l'ancienne ville de Hawar, situé au sud du désert Hisma en Jordanie. Ce petit poste de traite et d'arrêt de caravanes a été fondé par le roi nabatéen Aretas III dans les années 80 ap. J.-C., afin de servir de centre pour la sédentarisation des nomades nabatéens de la région. Après la conquête romaine au 1er siècle ap. J.-C. et une brève période de prospérité pendant les périodes byzantine et islamique ancienne, le site fut abandonné vers 750 ap. J.-C. Le but principal du projet de fouilles est de reconstituer les circonstances de la fondation, croissance et déclin de Humayma, et de comprendre les raisons de son occupation militaire. Ce projet fera la lumière sur le caractère de la culture « romaine » à cet endroit, et sur les interactions entre les Romains et la petite population indigène du désert.

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