Culture Archaïque | l'Encyclopédie Canadienne

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Culture Archaïque

Pointe de projectile de type Snook Kill
Trouvé aux sites archéologiques de Pointe-du-Buisson - Archaïque Post-Laurentien, 4200 à 3000 AA (photo de Luc Bouvrette, avec la permission de Collection Pointe-du-Buisson/Musée québécois d'archéologie)
Culture archaïque laurentienne
Une importante innovation technologique de cette période (il y a de 3000 à 6000 ans) est l'industrie bien développée de la pierre polie. Parmi ces objets en provenance de Spednik Lakes, au Nouveau-Brunswick, on trouve un poids de pierre pour les filets, des pointes de flèche et des gouges de pierre ainsi que des couteaux en ardoise polie (avec la permission du Musée canadien des civilisations).
Archaïque maritime, artefacts de l
Provenant du site de Cow Point, des outils et des objets décoratifs, caractéristiques de la culture archaïque maritime (pendentif de pierre perforée, baïonnettes en ardoise polie, herminette de pierre, pointes de lance de pierre taillée et pointes de lance en ardoise) (avec la permission du Musée canadien des civilisations).
Pointe de projectile
En provenance du Nord du Labrador. Pointe de lance ou de dart fabriquée par le peuple de tradition archaïque maritime, dans une pierre grise translucide appelée chert ramah; elle contient du manganèse (avec la permission de la Memorial University of Newfoundland).

Culture Archaïque

La culture archaïque regroupe diverses manifestations culturelles qui s'échelonnent sur près de sept millénaires, soit de 10 000 ans à 3000 ans avant aujourd'hui (AA). Généralement, on divise cette période en 3 épisodes culturels distincts, soit l'Archaïque inférieur ou ancien (10 000 à 8000 ans AA), l'Archaïque moyen (8000 à 6000 ans AA) et l'Archaïque supérieur (6000 à 3000 ans AA).

Selon les régions et les traits culturels, les spécialistes classent les cultures de l'Archaïque sous différentes appellations: Maritimiens dans les provinces maritimes et la côte du Labrador (voir Culture archaïque du Labrador), Laurentiens dans la vallée du Saint-Laurent et le sud de l'Ontario, Bouclériens dans le nord-ouest québécois et le nord ontarien et au Manitoba, Planussien en Saskatchewan et en Alberta et Platéliens, cultures de la côte Ouest ou de l'intérieur du Nord-Ouest sur la côte ouest du Canada.

L'Archaïque inférieur et moyen

À l'échelle canadienne, on retrouve très peu de vestiges de l'Archaïque inférieur et moyen (10 000 à 6000 ans AA) dû en partie aux conditions climatiques extrêmes qui existaient à cette période. Il se pourrait également que les secteurs présentant un potentiel élevé soient maintenant submergés et se trouvent sous les eaux des Grands Lacs ou de l'Atlantique ou encore perchés sur les hautes terrasses boisées et donc inaccessibles, en raison des fluctuations énormes des niveaux d'eau à cette période. Enfin, la persistance de la culture paléoindienne dans certaines régions et le chevauchement entre les cultures paléoindienne et celle de l'Archaïque dans d'autres secteurs complique l'enregistrement archéologique.

C'est sur la côte nord du golfe du Saint-Laurent au Québec et au Labrador où l'élévation du littoral a favorisé la préservation des sites que l'on a retrouvé le plus grand nombre de gisements archéologiques datant des périodes de l'Archaïque inférieur et moyen. Outre le fait que la technologie lithique évolue et se diversifie avec le temps selon les régions, le passage de la période paléoindienne à la période archaïque est marqué par une utilisation plus importante de pierre récoltée localement ou provenant de sources plus rapprochées et l'avènement d'innovations technologiques, notamment l'herminette en pierre polie.

L'Archaïque supérieur

Avec le temps, les conditions environnementales deviennent de moins en moins contraignantes. Vers 6000 ans avant aujourd'hui, les réseaux hydrographiques se stabilisent et rejoignent progressivement leurs berges actuelles. L'habitat froid et austère laissé lors du retrait du glacier continental fait place à un paysage plus accueillant qui devait ressembler sensiblement à celui que les premiers explorateurs européens découvrent lors de leur arrivée en sol canadien. Dans un même temps, s'installe peu à peu une végétation variée de forêt boréale ou formée de toundra arctique selon la latitude qui colonise rapidement les terres fraîchement émergées.

C'est pendant cette période que les groupes de l'Archaïque supérieur (6000 à 3000 ans AA) s'implantent définitivement sur le territoire canadien et que la régionalisation culturelle des populations s'accentue. Comme à la période paléoindienne, les groupes de l'Archaïque supérieur adoptent un mode de vie nomade qui implique des déplacements saisonniers en fonction de la disponibilité des ressources alimentaires. Cependant, leurs modes d'acquisition de la nourriture semblent les porter à limiter sensiblement leurs déplacements et à exploiter des territoires beaucoup plus restreints.

Les stratégies de subsistance privilégiées par les populations de cette période varient considérablement selon la disponibilité des ressources régionales. Tandis que les Maritimiens adoptent une diète alimentaire basée essentiellement sur les ressources marines (phoque, morse, espadon, etc.), les Laurentiens et les Bouclériens se rabattent sur la pêche et la chasse au caribou et au chevreuil. Quant à eux, les Planusiens chassent intensivement le bison et les Platéliens taquinent le saumon et poursuivent le chevreuil alors que les groupes identifiés sur la côte ouest canadienne incorporent les coquillages dans leur diète alimentaire.

Les campements, qui se trouvent le plus souvent le long des berges des rivières, sont pour la plupart de dimensions modestes. Néanmoins, on rencontre des camps beaucoup plus importants sur le bord des grands cours d'eau, parfois à l'intérieur des terres ou sur le littoral maritime. Les habitations à cette période diffèrent sensiblement selon les régions. Par exemple, on retrouve les vestiges de petites huttes rectangulaires ou circulaires chez les Laurentiens tandis que les Platéliens construisent des structures semi-souterraines imposantes, regroupées parfois au sein de petits villages.

À cette période, leur boîte à outils se complexifie et comprend des instruments en pierre polie, en plus de la pierre taillée, et l'emploi de l'os comme matériau de base pour fabriquer des aiguilles, des hameçons, des harpons et des poinçons se généralise progressivement. Les pointes de projectiles minces et le plus souvent symétriques, typiques de la culture paléoindienne, sont remplacées graduellement par des pointes à encoches ou à pédoncules, de formes irrégulières et plus épaisses ou par des pointes lancéolées. Selon les régions, les objets en pierre taillée (pointes de projectiles, microlames, bifaces, racloirs, grattoirs, etc.) sont produits à partir de matériaux variés, parfois d'origines locales: cherts, jaspe, quartzite, calcédoine et rhyolite principalement. Les objets en pierre polie regroupent des polissoirs, des gouges, des haches, des herminettes et des pointes en ardoise entre autres. On retrouve même des objets façonnés à partir de cuivre natif provenant du lac Supérieur dans l'est du Canada (pointes de projectiles, haches, hameçons, harpons et poinçons divers) et des vestiges de vannerie en écorce de cèdre rouge, dans l'Ouest canadien.

La transition graduelle d'un mode de vie nomade à une forme embryonnaire de semi-sédentarisme et l'adoption de la poterie domestique en céramique annoncera la venue imminente d'une période marquée d'une suite de changements culturels significatifs que les spécialistes appelleront la culture Sylvicole.

Voir aussi Préhistoire; Archéologie.